Syrie : photos d’hier et d’avant-hier.

Il y a un peu plus d’un an, BiBi s’est rendu sac à dos en Syrie. Damas, Homs, Hama, Palmyre, Alep. Il y a rencontré des Syriens dans une Syrie vivante, très silencieuse sur Bachar Al Assad. Hier, dans l’émission d’Envoyé Spécial et dans le reportage de Manon Loizeau, il a revu ces terres de poussière, ces combattants acharnés, ces enfants croisés, ces hommes et ces femmes si hospitaliers. BiBi renvoie ses lecteurs à ses premières impressions de voyage (Lien ici). Il rajoute quelques photos d’hier et avant-hier en pensant très fort aux combats sans merci que les Syriens mènent de Homs à Hama, d’Alep à Bosra.

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Huit Flèches de BiBi.

1. Guéant va au cinéma.
Monsieur Claude fait savoir au Point (24 novembre) qu’il s’est rendu en bon citoyen de base dans «une salle de cinéma ordinaire et non en séance privée» pour voir le film «Polisse». Il ne serait pas étonnant qu’armé de son Carnet secret notre Monsieur Claude ait noté tous les acteurs à consonance étrangère au générique.

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2. De Margerie bien secoué.
Monsieur Christophe de Margerie répète depuis des mois qu’il veut «secouer sa maison Total», quatrième Major mondiale. Le PDG de Total sait de quoi il parle, lui qui secoua Toulouse il y a 10 ans avec le pétard explosif de chez AZF.

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3. Les Feux de Genève.
A Genève, 115684 armes à feu ont été enregistrées l’an passé (soit une arme pour 4 habitants). (Source : la Tribune de Genève). BiBi ne sait pas si on a compté dans la statistique les armes à feu des innombrables équipes de Sécurité bancaire. Pour avoir la réponse, il faudra s’armer de patience.

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4. Promo Askolovitch.
Claude Askolovitch, nouvelle recrue transférée du JDD au Point, n’a pas perdu de temps. L’ami de BiBi vient de sortir un livre sur Patrick Bruel. Wow ! Déjà 2 pages et cinq photos dans l’hebdo-Pinault. C’est Anna Cabana, journaliste au Point, qui en fait l’éloge. Une tactique entre amis très au Point.

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5. Promo Drucker.
Non content de squatter les écrans TV avec sa formidable émission du dimanche, Michel Drucker fait tourner délicieusement la Machine France 2. Son livre «Qu’est-ce qu’on va faire de toi ?» sera adapté pour les télévisions publiques. Le tournage se fera t-il à Eygalières, là où Monsieur Michel tente de faire construire sa troisième maison provençale (300 m2 habitables) grâce à la bénédiction de Nathalie Kosciusko-Morizet et malgré les protestations de la Ligue des Alpilles ?

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6. Promo Grospiron de Haute-Savoie.
Edgar Grospiron, rouleur de bosses, ex-Président d’honneur de la Mascarade Annecy 2018, a trouvé une solution de repli depuis sa démission. Il ouvre, hilare, les 24 pages publicitaires du Point pour faire la promotion du ski, de la montagne, de la neige et du plaisir (coûteux) :
«Je me sens plus fort du fait d’être conscient du danger… Mais je vais toujours imaginer une solution de repli en cas de pépin». Résumons : Gagar s’est sucré avec Annecy 2018 (voyages, dîners et séjours tous frais payés). Une fois contesté, il démissionne et trouve la solution de repli : ouvrir les 24 pages de Tendance-Montagne de l’Hebdo-Pinault. Une tactique là aussi très au Point.

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7. Promo Carlat-Bruni.
Le village de Carlat en Auvergne s’est jumelé avec le hameau italien de Bruni dans les Dolomites italiennes. Une délégation auvergnate s’est rendue dans le village italien. On ne dit pas si Brice Hortefeux était du voyage. BiBi l’aurait très bien vu faisant les louanges des Auvergnats dans son discours.

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8. Y a pas la fin du sketch.
BiBi reçoit la chaine suisse TSR. Il y avait vu l’émission «Festival du Rire à Montreux» et avait beaucoup ri au sketch d’un Gaspard Proust très cru sur Sarkozy et sa Chochotte. Re-diffusion sur France 4 avec une présentation de Stéphane Guillon quelques mois plus tard. Mais plaisir-BiBi annulé par l’absence du sketch de Gaspard Proust non-diffusé ce soir-là. Censure ? Les tweets-BiBi envoyés à @stephaneguillon n’ont apparemment pas fait rigoler notre célèbre humoriste puisqu’il ne répondit point. (PS : il semble aussi impossible désormais de voir cette fin de sketch sur YouTube… pourtant visible il y a quelques mois).

Citations d’Intellectuels : de Godard à Sarkozy.

Jean-Luc Godard

«On ne peut penser à quelque chose que si l’on pense à autre chose» dit Jean-Luc Godard. C’est ce genre de pensée godardienne que BiBi admire. Et c’est sur ce double théorème du rapprochement imprévu, c’est à partir de ces correspondances, de cet espace d’entre-deux que se construisent ses films.

Dernièrement, le Cinéaste fut interviewé chez lui, à Rolle par Edwy Plenel, Ludovic Lamant et Sylvain Bourmeau. BiBi vous renvoie à ces trois extraits mis en ligne sur You Tube. Et insistera sur ce passage où Godard répond à de jeunes cinéastes (28’30 ») en disant que… «Le Cinéma se cherche, se trouve mais ne s’apprend pas».

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Charles Péguy

«Un mot n’est pas le même dans un écrivain et dans un autre. L’un se l’arrache du ventre. L’autre le tire de la poche de son pardessus».

Tom Ungerer.

Une Flèche de cœur avec cette citation ciblée de Tom Ungerer : «Les enfants ne sont pas des imbéciles : ils savent très vite comment se font les enfants. Par contre, ils ne savent pas comment se font les adultes».

Franz Werfel.

Cet écrivain, poète expressionniste allemand, avait fui le nazisme en passant par les Pyrénées et le Portugal. Plus tard, il revint, désabusé mais lucide, sur ses choix politiques d’entre les deux guerres, sur ces moments où il critiqua férocement la République (de Weimar) au nom de la Démocratie prolétarienne. Il comprit – après-coup – qu’il avait rejoint objectivement les Nationalistes et Nazis qui cherchaient eux aussi à détruire la République : «Nous avons été les chauffeurs de l’Enfer dans lequel le Monde était en train de sombrer». Comme quoi, il ne faut pas se tromper d’adversaires et ne pas confondre quand même le pédalo… avec le bateau qui coule.

Le Collectif de Pratiques Sociales.

Association dont le Collectif veut nouer Inconscient, Idéologie et Social. BiBi signalera leur billet sur l’indignation des Indignés… («Tous les indignés ne s’indignent pas de la même chose, ni surtout de la même manière, ni avec les mêmes perspectives. Il s’agit, non pas d’une entité, mais d’un composite, d’un hybride»).

… et encore les interventions du Philosophe Saül Karsz : «C’est vrai que tout fout le camp ?»

Extrait : «Voilà l’hypothèse que je souhaite soumettre au lecteur. A savoir : nous vivons à l’époque de la révolution néolibérale. Telle est la vérité contemporaine. (…) Ce ne sont pas uniquement des réformes, grandes ou petites, qui sont en cours. Ni non plus des modifications substantielles dans la production et la distribution – effrontément inégalitaires – des biens et des ressources. Sont également en cause la manière de naitre, de vivre et de mourir, la manière de penser, de se penser et de ne pas penser, les modalités du vivre-ensemble». Voilà qui vaut le coup d’aller y voir, non ?

Sarkozy géographe.

On vient de découvrir un grand Intellectuel à l’Elysée. Non, BiBi n’inaugure pas un cours de paléontologie. Il veut juste signaler cet épisode très comique. Dernier Conseil des Ministres : Juppé raconte son voyage au Nigéria. Nicolas Ier intervient de façon intempestive : «Surtout ne confondez pas le Nigéria et le Niger». Il n’a alors pas entendu un de ses Ministres maugréer : «J’avais envie de lui dire : tu nous prends pour des tocards ou quoi ?». BiBi sait maintenant à quoi s’occupe Carla après sa tétée. Elle donne des leçons de géographie à son pauvre petit Nicolas.

« Serons-nous heureux demain ?  » (3).

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Des blogueurs se sont adressés à des Intellos de renom et leur ont posé la Question : « Quid de votre Bonheur libéral promis hier ? ». En écho parallèle, BiBi met en ligne une intervention de J.M. Geng (suite et fin) publiée en 1978 dans la Revue Actuels : « Serons-nous heureux demain ? »

Premier volet du billet ici.

Second volet du billet ici.

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«Quand à prêcher l’insoumission, comme prêcher quoi que ce soit d’ailleurs, cela me fait doucement rigoler. Comment ne pas voir la complicité profonde qui unit cette attitude d’une fraction des intellectuels à la multiplication des petites soumissions quotidiennes de l’espace-temps urbain (horaires, programmes, contrôles, parcours, signaux, attitudes etc).

Nous circulons à l’intérieur d’un tissu banalisé, donc invisible, de contraintes et de soumissions sociales. Nous ne faisons que passer d’un code à l’autre (Code pénal, Code de la Route, Code civil, Codes symboliques). Le contrôle social programme le discours et l’attitude de l’Insoumission (un code comme un autre), lui donnant même la possibilité de s’exprimer quand il reste à l’intérieur de certaines limites intellectuelles ou esthétiques. Quand, au contraire, l’Insoumission risque de devenir contagieuse, d’échapper au contrôle social qui la manipule, on trouvera au petit matin devant sa porte, pour l’étouffer silencieusement, 2500 policiers armés (…).

Donc pas l’Insoumission, conséquence logique et complice de la soumission généralisée ; mieux vaudrait – si c’était possible – déserter le champ politique dans son ensemble. Mais c’est impossible. Nous n’avons pas aujourd’hui le pouvoir de sauter la question du pouvoir : il ne faut pas, parce que la politique a longtemps refoulé la vie en nous, refouler le Politique de nos vies. (…)

Et je sais, pour l’avoir expérimenté, ce qu’il faut payer en isolement, en censure, pour une attitude qui ne s’aligne sur aucun modèle et ne s’inféode à aucun courant de pensée repérable.

Le problème est de savoir s’il est possible d’imaginer aujourd’hui un militantisme réservé, désabusé, ironique – qui aurait donc la politesse de son désespoir et qui ne refoulerait pas ses doutes. Vous l’avez remarqué, tout cela n’est pas assuré : je n’ai même pas la certitude de mon doute. Il me serait donc difficile d’enrôler le désespoir dans mon argumentation et j’admire ceux qui y parviennent (…).

Je ne chanterai pas le chant des lendemains qui chantent, mais sans fredonner pour autant cette berceuse désenchantée, presque officielle, que nos Maîtres politiques actuels aiment à entendre sur les Intellectuels qui mangent à leurs tables, – la mélopée du bon choix abstentionniste.

La Droite n’a jamais demandé à SES intellectuels autre chose ni plus qu’un scepticisme actif, rongeur, contagieux et surtout opportun. Voilà pourquoi je jouerai ce bon tour que j’espère peu original : en guise de bon choix pour la France et sans illusions excessives ni désespoir prématuré, verser dans l’urne électorale l’obole empoisonnée de mes sentiments incurablement anticapitalistes. Je ne serai pas le seul : il y aura d’autres philosophes pour choisir la gauche en râlant, «le dos au mur et la tête vide». Nous aurons toujours le petit bonheur de faire trembler quelques ordures».

« Serons-nous heureux demain ? » (2).

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Première partie du billet ici.

«Serons-nous heureux demain ?» est la version-réponse-BiBi à la question envoyée par des blogueurs (1) à des Intellectuels de renom, supporters depuis de longue date du Libéralisme enchanteur. La question posée («Quid du Bonheur libéral ?») est une perte de temps pour BiBi. Qu’attendre des réponses possibles de ces Chiens de Garde ? Rien, sinon des justifications bâtardes.

Pour toute argumentation, BiBi a repris cette forte intervention de Jean-Marie Geng (2), publiée en avril 1978 dans la revue ACTUELS (3). Notons qu’en mai de cette même année eurent lieu d’importantes élections pour la Gauche. Beaucoup de similitudes avec la période actuelle…Voilà donc la seconde partie.

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«Si l’on se rabat sur la (petite) scène française, où le Capitalisme domine économiquement et la Droite qui le représente, politiquement, que voit-on ? Des gens, peu nombreux, pour lesquels le rêve de bonheur est précisément lié à la perpétuation de l’ordre social existant (l’argent faisant, pour une bonne part, le bonheur, comme le savent tous les Philosophes, même les «Nouveaux»). Pour d’autres, quelques millions, la fin d’un cauchemar réel, à base économique, passe par le renversement de cet Ordre social qui les exclue. Les plus nombreux sont à mi-chemin, ni riches ni vraiment pauvres – dans une hésitation qui n’est pas que politique. D’ailleurs, même à gauche, et sauf dans les Etats-Majors des Partis, les clairons optimistes et progressistes sonnent mal, sinon faux. Les masses sont souvent sceptiques (…).

Donc les politiciens promettent le bonheur – mais ils ont dans la bouche des mots de Mort : quel discours aujourd’hui, à partir du moment où il domine la scène, ne produit pas spontanément de l’ankylose, du sens épais et redondant, du stéréotype ? Il y a dans les discours religieux, syndicaux, politiques – dans le discours de masse en général – de la Mort qui vient de l’intérieur même de l’énonciation (…).

Considérez ces Colloques internationaux où quelques milliers d’Intellectuels, très hiérarchisés, parlent de dissidence, d’inconscient, de marge, d’autonomie : c’est bien le Pouvoir  et la domination du champ intellectuel qui est en jeu et pas autre chose. Affrontement des Maîtres qui convoitent les suffrages des membres de la tribu ; intrigues des néophytes, des candidats qui guettent l’approbation des Maîtres (…)

Sans doute faudrait-il, pour être heureux, ne pas vouloir le pouvoir – car le Pouvoir est mortifère et rend fou, car ce qui nous définit comme Sujet est impuissance et fragilité, nous mortels ! – mais cela (ne pas vouloir le Pouvoir), il faut pouvoir le vouloir, je veux dire : être en mesure de transcender la question du Pouvoir. Nous sommes encore loin de ce moment historique (pur rêve peut-être), de ce moment où l’Etat s’effondrerait de lui-même» (…)

A suivre. Troisième partie ici.

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 (1).Le Blog «Pensez BiBi» et son humble avis ne sont – une fois encore – pas sollicités dans ces interpellations collectives. (Voir liste au billet numéro 1). Mais comme à son habitude, même n’étant pas invité, BiBi prend la liberté de répondre quand même.

(2). Jean-Marie GENG, polémiste et sociologue de Strasbourg, a écrit trois livres qui ont eu une influence décisive sur BiBi. Outre «Les Mauvaises Pensées d’un Travailleur social», on peut lire «L’Illustre inconnu» (10/18) et le formidable «Censures» (Editions de l’Epi). En 1980, Jean-Marie Geng «change» de nom et devient écrivain de polars sous le nom de Max Genève.

(3). La revue ACTUELS n’est pas à confondre avec Actuel, bi-mensuel goguenard, à l’esprit gauchiste des années 70. Actuels fut une revue littéraire qui se disait «incurablement anti-capitaliste», revue publiée à Frangy (Haute-Savoie) et dont le Directeur fut Henri Poncet. Dans ce même N°4 de la revue, outre la transcription de l’intervention de Jean-Marie GENG, on pouvait aussi lire un entretien de 15 pages avec Jean Genet. C’est dire ce que fut la qualité de la revue…