Yearly Archives: 2011

BHL fait la pub du JDD, canard-laquais de Lagardère.

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Il est 10 heures et quart ce vendredi et BiBi écoute France-Info. C’est la première fois qu’il entend la voix d’Olivier Jay, directeur du JDD. Un gazouillis matinal auquel BiBi, fidèle lecteur du Journal, prête grandement attention. Le JDD a abandonné son édition du samedi et veut se refaire un look (à l’instar d’Europe 1, autre média du Groupe Lagardère). Rappelons que c’est Denis Olivennes qui est le nouveau patron de ce nouveau pôle d’information qui regroupe Europe 1, Paris Match et le JDD.

Sitôt l’interview de Jay fini, BiBi s’en va se divertir à la lecture du Télérama de la semaine et ô surprise, voilà le canard-laquais de Lagardère qui continue de le poursuivre avec… une publicité plein page de BHL. Le Philosophe à la chemise blanche a revêtu une robe de magistrat et il défend les couleurs du Journal dominical avec cette légende : «Quand BHL défend les droits de l’homme en Iran, c’est d’abord dans le JDD». (Cliquez sur le cliché de la version originale pour l’agrandir).

Il y a un mois à peine, pendant les évènements tunisien et égyptien, le Chef de file de cette intelligentsia était surnommé Chef de «l’Intelligentsia du Silence». Titre justifié puisque, depuis 1994, BHL en 474 textes n’a jamais parlé de la Tunisie (Pour Égypte, c’est une seule fois). Ceci ne l’empêche pas de se décerner sur son site le titre de «Grand témoin des révolutions du printemps» (1).

Reconnaissons que Bernard-Henri a été très occupé ce dernier mois : il lui a fallu se dépenser sans compter pour convaincre Monique Canto-Sperber, directrice de l’ENS, d’empêcher la tenue de la Conférence de Stéphane Hessel. Admirons dans le même temps son courage et son dévouement : au cours de janvier/début février, BHL a été l’invité d’Europe 1, de Canal Plus, de France-Inter. Il a écrit dans le Monde, dans le Point tout en occupant un siège d’importance au Monde et sur la chaîne Arte, sans oublier ses revues tenues de mains de Maitre et ses passages fréquents dans les Maisons d’édition.

Alors, face au Bulldozer Lagardère-Olivennes-BHL, BiBi a donc sorti sa lime à ongles, a affûté tranquillement ses griffes et a paraphé ses griffonnages. Les lecteurs-BiBi avaient déjà connu le costard à veste (retournée) d’Eric Besson, le pyjama de Frédéric Mitterrand, voilà donc la robe de BHL en quatre modèles d’exclusivité.

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(1). Que le printemps n’ait pas commencé peu importe pour notre Philosophe à la Chemise blanche. Le défilé BHL est toujours en avance de deux ou trois longueurs sur la saison.

 

Le Nouvel Europe 1 ? Apolitique, évidemment !

Denis Olivennes qui fait de la politique comme Monsieur Jourdain faisait de la prose (sans le savoir) a quitté le Nouvel Observateur pour se mettre au service d’Arnaud Lagardère à Europe 1. Le Monsieur a également pris la tête de la direction opérationnelle du nouveau pôle d’information de Lagardère Active.

Dans le dernier numéro d’un Télérama bien complaisant, le voilà qui clame haut et fort : «On ne doit pas voir les empreintes digitales des journalistes». Mais, hélas, le voilà aussitôt rajoutant : «Arlette Chabot, (1) que je viens de nommer à la tête de la rédaction manifeste régulièrement son indépendance». Arlette Chabot et son indépendance ? A la question posée par un étudiant  à l’Ecole de Journalisme de Bordeaux («Pourquoi participez-vous au dîner du Siècle ?»)  notre Camarade Arlette, vieille amie de Giscard d’Estaing, journaleuse évidemment toute a-politique, répond : «Les gens qui ont réussi dans la vie s’y rencontrent. J’y suis depuis trois ans, ça ne me gêne pas». C’est bien connu : au Siècle, cercle des Capitaines d’Industrie et du gratin médiatique, on ne discute pas politique et on y discute qu’avec des «gens qui ont réussi dans la vie» !

Autre élu de Lagardère : Olivier Duhamel, éternel collaborateur des Matins de France Culture (radio repaire de la Gauche de la Gauche comme chacun sait). Ce socialiste tendance très très tiède, courant Sciences-Po, Oui-ouiste convaincu, tient la tranche politique de 7 h40. Pour Olivennes, ce «Duhamel n’est pas un homme de droite». La preuve ? Il est un éminent membre du Siècle où il doit probablement défendre les intérêts supérieurs du prolétariat.

Europe 1 refait donc sa vitrine.

Guy Carlier, dont l’admiration pour Sarkozy ne se dément pas, est élevé au grade de Fou du Roi.

Jean-Pierre Elkabach ne suivra pas le conseil de Georges Marchais – celui de se taire. Il sera toujours là : apolitique, naturellement. Il lui en faut du culot pour lâcher ça : «Il faut en finir avec l’invasion des faits divers et des peoples abêtissants». Ah, ce Jean-Pierre ! BiBi se souvient comment il s’adressa à notre Chouchou pour que le Président lui-même intervienne, donne ses conseils avisés pour le choix d’un journaliste par la station. (Article Acrimed).

Et puis, il y a Patrick Roger.[ ATTENTION : PAN SUR LE BEC de BIBI sur Patrick ROGER d’Europe 1. Celui du Monde est un homonyme 🙁 Lire Commentaire (5)] Mais bon sang mais c’est bien sur ! Patrick Roger ! Sur le stupéfiant travail de ce journaleux – qui présentera Le Grand Direct de l’Info de 12 heures à 13 heures 30 à la place de Morandini, BiBi convie ses lecteurs à lire l’incroyable billet que ce lèche-bottes écrivit pour la défense d’Eric Woerth. Apolitique en diable !

Enfin, faut-il rappeler ce que tout article cache en ne l’évoquant que par la bande, en en parlant que comme une banale banalité ? Il le faut : Europe 1 (2) est donc propriété et chasse gardée de notre Grand Marchand de Canons, petit frère de Sarkozy : le tentaculaire Arnaud Lagardère.

Lui aussi, apolitique et gentil amateur de tennis.

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(1) Souvenir-souvenir !  Arlette Chabot présenta ses excuses – avec moult génuflexions – au grand démocrate Jean-Claude Juncker. Ce dernier attaqua un journaliste de France 2. Crime de lèse-majesté : ce dernier osa présenter le Luxembourg comme une gigantesque lessiveuse d’argent sale.

(2) Que les lecteurs pro-Europe1 ne viennent pas protester contre le mauvais esprit-BiBi ! Ils se tromperaient lourdement en croyant que BiBi assimile TOUS les journalistes de la Station à des journaleux. ( BiBi salue ici par exemple Guy Birenbaum). Il se trouve juste que les mauvais herbes font ménage avec les fruits et légumes et que seuls les proprios du Jardin ci-dessus nommés sèment de la mauvaise graine.

Les Flèches de BiBi : Spécial Remaniement.

Un Grand Chef pré-Voyant.

1. Nicolas Sarkozy sur l’Egypte le 1er février : «En ce qui concerne l’Egypte, la diplomatie américaine n’a pas été cohérente. La diplomatie française a été plus digne (…) Je vois d’ailleurs que notre diplomatie fait des émules. Finalement, tout le monde rend hommage à Moubarak».

2. Sarkozy au sujet d’Alliot-Marie : «Je l’ai soutenue parce qu’il n’est pas question de céder à la pression mais cette affaire crée un climat délétère dans l’opinion». Comme on s’en est rendu compte, Nicolas n’a pas cédé à la pression.

3. Nicolas n’a pas cédé à la pression : «Fillon s’est montré très sévère avec MAM et ses vacances en Tunisie. Mais elle peut lui dire merci. C’est grâce à lui qu’elle s’en sort». Quel pouvoir ce François !

Baroin le paillasson.

Le benêt François Baroin voulait organiser la riposte contre ces diplomates qui critiquent injustement la politique étrangère de Sarkozy. Le vendredi 25 février, arrogant et fiérot, Baroin, porte-parole du Gouvernement, écartait la démission de MAM en haussant les épaules : «La question de sa démission ne se pose pas». Deux jours plus tard, MAM s’en allait. Quel pouvoir ce François !

BB, pas BiBi, ni Habibi.

Sarkozy au sujet de Boris Boillon, nouvel ambassadeur à Tunis : «ça ne sert à rien de lui tomber dessus. Il reste l’un des plus prometteurs de nos diplomates». Rappelons les belles paroles de Boillon : «Khadafi a été un terroriste, il ne l’est plus, il ne faut pas laisser libre cours au cliché. Dans la vie, on fait tous des erreurs et on a droit tous au rachat».

MAM d’hier et d’aujourd’hui.

Hier : «Je suis évidemment ministre 365 jours par an, 24 heures sur 24».

Aujourd’hui : «Je serai évidemment sinistre 365 jours par an, 24 heures sur 24».

Dommages collatéraux.

Ludivine Olive faisait partie du noyau familial de MAM. D’abord attachée parlementaire de sa tante, elle fut aussi sa chef de cabinet au RPR, à la Défense, à l’Intérieur et aux Affaires Etrangères (dernier traitement mensuel : 12797 euros). A partir d’aujourd’hui, Olive ne fricotera plus avec les huiles.

Après l’Olive, l’Olivier.

A BFM TV, le dénommé Olivier Mazerolle poussait le 9 février des cris d’indignation. Euh… des cris contre ceux qui épinglaient MAM : «J’en ai assez ! (…) J’ai choisi ce métier pour le débat d’idées, pas pour les raclures». Naze rôle ?

Tapie rouge pour Stéphane.

Fin décembre 2007, «Guéant était intervenu pour arranger les affaires de Stéphane Tapie, le rejeton de Nanard. Menacé d’expulsion pour cause de loyers impayés auprès de la Société Icade ( filiale immobilière de la Caisses des Dépôts), ledit Stéphane a ainsi pu bénéficier de délais de paiement avantageux et d’une ristourne de 15000 euros sur une dette totale de 89000 euros». (Source : Les Dossiers du Canard. Octobre 2010, page 23).

Soutiens de famille.

Germain Djouhri, 30 ans, est le fils d’Alexandre Djourih. Ce dernier est un homme d’affaires très apprécié de Sarkozy et de Villepin. Le fiston sait y faire pour enrichir le carnet d’adresses de son papa : il a épousé la fille de Serguei Chemezov, un proche de Poutine. L’ami Chemezov est l’homme-clé du complexe militaro-industriel de Poutine et il a été décoré de la Légion d’honneur par notre Chouchou de Président. A Londres, où Germain Djourih réside, de mauvaises langues (pas celle de BiBi) disent que Germain s’est rapproché d’un ancien associé de Messier Partners, Jean-Charles Charki. Ce Jean-Charles promet : il se trouve être… le gendre de Claude Guéant. (Source : Capital.fr ).

La République des Copains : Guéant et Djourih.

«Je le vois de temps à autre, dit Claude Guéant au sujet d’Alexandre Djourih. Je l’apprécie. Ce n’est pas un ami intime mais il est très agréable». Libération a consacré 3 pages à Alexandre Djouhri. On y apprend que ce patron de plusieurs sociétés de négoce international, soutien sarkozyste de haute volée, compte dans ses amis personnels Henri Proglio et Yazid Sabeg. On dit aussi que si «les articles sur Djouhri sont rarissimes, ce n’est pas un hasard». Cette discrétion serait due à la volonté d’Anne Méaux, la surpuissante papesse de la Com’ élyséenne, de laisser travailler Alexandre dans l’ombre.

Anne Méaux et Gérard Longuet.

Lorsqu’on tombe sur une personnalité et qu’on cherche ses amitiés, il est toujours étonnant de voir à quel point cette solidarité de classe se montre sans failles. Ainsi, en rappel : Anne Méaux connaît depuis très longtemps Alain Madelin et… Gérard Longuet. Ils allaient taper du gauchiste au bon vieux temps d’après 68 en se pavanant sous les banderoles du Groupe de Droite extrême «Occident». Ce Gérard, hier à l’attaque de Gauchos, est aujourd’hui aux commandes de la Défense.

Billet retour sur Gérard Longuet.

BiBi est un peu déçu car Charles Pasqua ne fait pas partie du nouveau gouvernement… (On peut rire). Bon… BiBi remet en ligne un de ses vieux billets de circonstance sur Gérard Longuet qui date du 28 septembre… 2009 ! Billet dont il ne retirera pas un seul mot surtout au lendemain de ce piteux remaniement. Pour être complet, retenons aussi ce bon mot de l’Ami Gérard tiré du Monde du 8 juillet 2010 :

«Tout le monde doit être parfait. Le monde politique n’en est pas encore là». (Ici, par contre, Défense… de rire).

[28 septembre 2009] :  » Gérard Longuet revient sur scène. Il accompagne dorénavant Jean-François Copé. L’histoire de Gégé mériterait d’être comptée mais ce serait un peu trop longuet. BiBi fait juste un raccourci pour éclairer l’Internaute amnésique.

Les Sixties avec Imre Kertész et Witold Gombrowicz.

Comment se dépêtrer de ces langages mortifères qui nous envahissent et qui, trop souvent, nous assujettissent ? Il est impossible de viser à l’époussetage complet de notre for intérieur. Impossible d’avoir des pensées nickel-chrome. Impossible car toujours s’accrochent à nous scories, lignes ou blocs de langage insupportables, lambeaux et confusions, mots s’entrechoquant, phrases infinies ou écourtées, sitôt lues, sitôt avalées et/ou rejetées.
Parfois pourtant, pour notre plus grande joie, sous les tonnes de déchets, brillent des petites perles, pierres précieuses, diamants bruts qui donnent toute leur ampleur au pouvoir d’évocation du mot.

Ainsi dans ce «Journal de Galère» d’Imre Kertész, ces extraits recopiés qui nourrissent le Feu de nos intérieurs :
«L’artiste doit entamer son œuvre dans le même état d’esprit qu’un criminel qui commet son forfait».
«Ce n’est peut-être pas le talent qui fait l’écrivain mais le refus d’accepter la langue et les idées toutes faites».
Et encore plus loin, plus brûlant encore :
«Il y a dans la vie d’un homme un moment où il prend conscience de lui-même et où ses forces se libèrent ; c’est à partir de cet instant que nous pouvons considérer être nous-mêmes, c’est à cet instant que nous naissons. Le génie est en germe chez chacun. Mais tout homme n’est pas capable de faire de sa vie sa propre vie».
Nous sommes en 1964.

De cette lignée d’Est, le Voyage-BiBi a commencé à Budapest (Imre Kertész, exilé, vit aujourd’hui en Allemagne) puis s’est achevé (provisoirement) avec Witold Gombrowicz et son Testament (Entretiens avec Dominique de Roux chez Folio).
Lichen tenace dans les pensées-BiBi que ce passage :

« Si Freud et Marx ont démasqué beaucoup de choses, ne serait-il pas utile aujourd’hui de regarder derrière cette façade qu’on appelle «la gauche» ? Moi, ça me gêne que la gauche devienne trop souvent le paravent d’intérêts personnels, avouons-le, parfaitement égoïsto-impérialistes. Un politicien ambitieux, un écrivain soucieux de donner de l’écho à ses paroles, une équipe de journalistes consciente de ce que l’opposition accroît les tirages, un jeune homme désireux de trouver une issue à sa turbulence naturelle… est-ce que tous ces gens-là ne vont pas d’instinct se tourner vers la gauche ? Le socialisme devient un instrument entre les mains du libéralisme, qui se dissimule derrière lui. Le libéralisme, en tant que tel, ne m’effraie pas, mais la mystification sur une trop grande échelle, oui…
Voilà pourquoi je pense que les hommes honnêtes qui appartiennent à la gauche devraient la contrôler, cette gauche, sur ce plan-là. Il est temps d’étudier le conditionnement de la conscience non seulement chez les requins du capitalisme, mais encore chez l’étudiant qui profère des injures dans un meeting…
Mais ce ne sera certainement pas moi qui me chargerai de ce rôle. Je suis un adversaire déclaré de tous les rôles, et encore plus du rôle d’écrivain engagé. Je suis désolé, là, vraiment, je ne puis être d’aucune utilité ».
Nous sommes en 1967.

Quarante-quatre ans plus tard, nous avons encore beaucoup beaucoup beaucoup à apprendre de ces Voix antérieures.