Monthly Archives: juin 2010

Le Grand Voyage de BiBi.

«Comme le Monde a sa géographie, l’Homme intérieur a sa géographie  qui est une chose matérielle » écrivait Antonin Artaud.

Lieux et Liens.

BiBi a traversé Limoges, s’est arrêté à Montignac (Dordogne), a fait halte dans les vallons de la Haute-Loire. Itinéraire en trois étapes avec, en bénéfice, un merveilleux lot-surprise, commun à chacune des trois étapes : le nom du Lieu singulier s’est noué autour des Personnes de Rencontre. Merveilleuse correspondance entre Lieu (toponymique) et Lien (humain). Que serait la Provence sans Van Gogh ? Que seraient la Jungle et le Tigre sans les visions du poète William Blake ? Que serait BiBi sans ces Rencontres de Voyage?

Avant le Départ.

En mettant une incise dans le temps ordinaire ( triple halte prévue et organisée sur 3 jours), BiBi-Voyageur anticipait déjà le plaisir subtil du déplacement, il en rêvait, il commençait même à respirer différemment, il laissait tout le temps antérieur se diluer : tout était A-venir. Les jours précédents, il vivait dans une certaine ébriété née de la Nouveauté et ressentait les lenteurs du Temps comme autant d’accélérations.

Trois étapes.

Trois noms sous écorces (Limoges-Montignac-La Tour) et voilà la greffe qui prend sur le tronc de la Rencontre humaine. Des hommes, des femmes nouvelles, comme surgis d’un bois, parlent et viennent lui parler. Mots de bois tendre Rue Alphonse Daudet, échos psalmodiés de la Place des Armes, éclats de rire au Village de la Tour. Autant de sources qui chantent, brise du soir comme souffle du matin, autant de «choses matérielles » qui donnent du grain et du poids nouveaux à la Vie.

La Rencontre.

Un Ami- BiBi disait : «Tu as beau voyager dans tous les sens, c’est toujours toi que tu retrouves au coin de la Rue ou au coin du Bois ». Il avait tort l’Ami. Sa sentence ignore que le Voyage – même s’il ne dure pas  – est une sorte d’Incendie généralisé qui brûle à l’intérieur, est un Feu de Forêt singulier qui s’alimente à la Parole inouïe de l’Autre. Oui, ce que cette parole maladroite de l’Ami oublie, c’est que la Rue (ou le Bois) sont peuplés, immensément peuplés. Dans la Rencontre humaine, la floraison verbale devient Bouquet. La palette de sons émerge alors des quatre coins de l’Hexagone et toutes les «Réserves de Printemps» demandent à être dilapidées.

Et elles le furent, magnifiquement-parlant.

Le Retour.

Toutes ces Minutes Heureuses partagées marquent déjà le cadran de nos Vies disséminées. Un peu de soi est parti ailleurs, s’est émietté entre Pollen et Promesse. Il est cependant heureux qu’il y ait un Retour. Bien sûr, le Manque épouse les Douleurs du Lundi mais BiBi retrouvera ses couleurs du Mardi. Tout le pousse déjà à un Nouveau Départ. Élans déjà présents, pieds qui fourmillent et manches relevées. L’été appelle déjà une nouvelle Invitation au Voyage : BiBi n’attendra pas l’hiver pour, à nouveau, lier Lien et Lieu.

Ali Bongo sur les traces de son papa.

Décoré en février dernier de la Légion d’Honneur par Chouchou pour services rendus à Bouygues, à Bolloré & Co, Ali Bongo s’est vu attribué des bons points par l’hebdo Le Point. Le fils d’Omar Bongo se refait une virginité : 5 pages entières au milieu des articles dits « sérieux ». A peine voit-on que ce sont des pages de publi-reportage avec le mot COMMUNIQUE très peu visible, en haut à droite. Ainsi tout est bien : Le Point vous rétorquera que c’est de la Publicité et Ali Bongo peut donner à voir un semblant de sérieux et de considération justifiée.

La phrase d’introduction donne en effet le ton : «S’il est encore trop tôt pour dresser un bilan des premières réformes, leur impact sur le quotidien des Gabonais et le changement de méthode se sont déjà fait sentir ». Ah bon, Bongo ?

On conseillera aux journaleux du Point de lire la page 3 du Canard Enchaîné de la semaine dernière (Article : « Ali Bongo bien plus fort que Papa»). C’est que le fiston veut «marquer la différence avec les anciennes pratiques» (Défense de rire !). Il vient de s’offrir un pied-à-terre parisien, une petite propriété de rien du tout de «4500 m2 habitables entourés de 3700 m2 de cour et de jardin». Le prix ? 100 millions d’euros.

Rien de changé pour les bons gars Bongo du Gabon : tel papa, tel fiston.

Les Flèches de BiBi (Spécial Sarkozy).

Le raté du Match.

Sur la 119 ième page de Paris-Match (20-26 mai), on parle de l’attentat de Karachi. Sont cités : Chirac et Balladur. Il en manque un : devinez lequel ?

UMP pour l’UPM.

Le 13 juillet, on fêtera le troisième anniversaire de l’Union Pour la Méditerranée. Sa seule journée de lancement avait coûté plus de 15 millions d’euros au contribuable. Aucun projet n’est encore sorti de l’eau. Avec la Grèce qui coule, l’euro flottant et le Navire européen qui tangue, les très profondes résolutions de l’UMP (pardon : de l’UPM) sont comme les boites noires au large du Brésil : jamais repêchées.

Ils ne s’en footent pas.

La Réforme des retraites va être rendue publique «autour du 20 juin». Voilà qui est bien joué par l’Equipe-Com de Chouchou. Cette date ne doit en effet rien au hasard. Pendant cette période, les Français seront accrochés à leur poste TV pour les matches qualificatifs des Bleus (17 juin, France-Mexique et 22 juin, France-Afrique du Sud). Sarkozy n’a pas voulu présenter sa réforme plus tard : il ne veut pas prendre le risque de devoir s’expliquer suite à une élimination probable de l’Equipe de France. En cas de défaite sportive, le petit écran perdrait tous ses pouvoirs hypnotiques, ces pouvoirs qui font justement… écran.

Piston d’Or pour les Golden Boys.

Chouchou et Chochotte ont placé leurs Golden Boys bien méritants. Ce sont des places en or pour 1. Mathieu Gallet, passé du Ministère de l’Industrie au Cabinet de Frédéric Mitterrand et qui se trouve bombardé à la tête de l’INA et pour 2. Laurent Solly, playboy de pacotille, ancien chef de cabinet de Chouchou, qui accède à la Direction Générale de Régie publicitaire de TF1. Félicitations.

Anne Fulda.

Dans le Figaro, pensant à son Chouchou, Anne Fulda proclame qu’«en Politique, on ne meurt jamais». Décidément, Anne Fulda est une bonne vivante : elle donnerait sa vie pour faire revivre son ex.

Les Protestants n’ont pas protesté.

On aurait entendu une mouche voler pendant le discours de Sarkozy ce jeudi 27 mai, Boulevard Arago, devant les Protestants français. Aucun d’entre eux n’a protesté contre ce honteux concept de «laïcité positive». Chouchou a ensuite écouté religieusement les propos de Claude Baty, Président de la Fédération Protestante. On n’a pas dit à BiBi si Chouchou était (ou non) accompagné de Tom Cruise, numéro deux de cette autre Église.

Photo : Pierre Chiquelin.

Godard, Kiarostami : cinéastes singuliers.

Ils sont apparus furtivement dans nos lucarnes, tard le soir, fuyants, toujours aussi énigmatiques. Jean-Luc Godard a laissé son petit monde cannois en plan fixe et Abbas Kiarostami s’est réfugié derrière Juliette Binoche, la laissant s’expliquer avec les journalistes présents au Festival (elle finira par adopter le style Kiarostami : se taire tout en -se- donnant à voir).

BiBi se souvient avoir visionné un documentaire sur le réalisateur iranien et il avait admiré son intelligence dans ses tentatives d’explication (moins sur ses prises de vues que sur ses… points de vue). Aujourd’hui, BiBi a retrouvé d’autres traces dans les pages de la revue Politis du 20 mai :

«Toutes les souffrances, toutes les pathologies humaines prennent leurs racines dans une absence de regard. C’est parce qu’on n’est pas vu que l’on souffre. C’est aussi pour cette raison qu’on crée. L’art, comme la vie, a besoin d’être vu. S’il n’est pas vu, l’art est une chose morte. La seule façon d’insuffler de la vie à une œuvre, c’est de poser son regard sur elle ».

Un extrait qui fait écho à cette autre interview de Kiarostami réalisée par Shahin Parhami (Hors-Champ. juin 2004) :

« Il faut déjà avoir digéré ce que l’on a lu ou appris avant même de débuter un projet artistique. Si l’on a vraiment compris une théorie, un concept ou une philosophie, ils vont apparaître subtilement dans notre travail. Une réaction rapide et émotive contre un événement social ou politique réduit le film au niveau d’un journal avec une date de péremption. Quand ces mêmes événements complexes se transforment ou finissent, le film devient sans valeur aucune. Si le cinéaste crée un film avec des idées crues, non digérées en tête, le film devient un slogan animé. Je crois que le véritable art doit être éternel » Clap, clap, clap ! Voilà BiBi qui applaudit à deux mains.

De Jean-Luc Godard, BiBi retiendra ces quelques phrases qui ne font effet qu’une fois la revue refermée (Les Inrocks du 12-18 mai) :

«L’œuvre dans son ensemble, le Grand Œuvre, ça ne m’interesse pas. Je préfère parler de cheminement » ou encore… dans ses rapports conflictuels à Truffaut (dont il n’aimait pas beaucoup les films) : «Vous savez, le plus difficile, c’est de dire à un ami que ce qu’il fait n’est pas très bon. Moi, ça me manque ». En conclusion très touchante, le voilà qui avoue : «Quand on est vieux, l’Enfance revient ».

Pour ce qui concerne plus directement les aspects socio-économiques du Cinéma, les deux réalisateurs ne seront pas surpris d’apprendre que dans certains pays (comme la Norvège), la disparition des projections classiques sera complète à la fin de l’année. Il y a été calculé que, très vite, 2 voire 1% des films occuperont… 99 % des écrans (Avatar et sous-avatars). Dans le journal Le Temps, le journaliste Thierry Jobin précise que «le Numérique ne va absolument pas militer pour la diversité». Écran totalement noir sur nos prochaines nuits blanches ?

En tous les cas, BiBi espère  que les deux films («Copie Conforme » et «Film Socialisme») viendront quand même s’échouer sur ses écrans.