Monthly Archives: juillet 2008

Lascaux : des Origines à la Copie.

Lascaux Grands taureaux

BiBi s’est replongé dans les écrits crépusculaires d’un Georges Bataille subjugué par Lascaux (1). BiBi revient des bords de la Vézère et a visité pour la seconde fois le fac-similé de Lascaux 2. Il n’a pas oublié ensuite de se rendre dans les ateliers de Montignac, parfait complément à sa re-découverte de la Grotte.
BiBi avait en tête ces mots de l’écrivain maudit : « Si nous entrons dans la Caverne de Lascaux, un sentiment fort nous étreint que nous n’avons pas devant les vitrines où sont exposés les premiers restes des hommes fossiles ou leurs instruments de pierre. C’est ce même sentiment de claire et brûlante présence que nous donnent les chefs-d’œuvre de tous les temps ».
Ce qui nous saisit immédiatement c’est la force de la Raison qui a ordonnancé ces figures dans un ordre encore à déchiffrer, c’est l’intelligence qui a construit ces ensembles couplés et c’est l’apaisement joyeux de ces innombrables figures. Elles courent dans ce volume et sur ces parois ornées sans qu’on puisse encore en saisir toutes les subtilités. Aurochs, cerfs, chevaux, grande vache noire, bisons adossés forment une sarabande étonnante, une fresque étincelante. « Séquence unique de toute l’histoire occidentale de l’Art pariétal » comme l’écrit Renaud Sanson, maître des lieux.
Le succès économique et populaire de Lascaux 2 a poussé l’équipe de Renaud Sanson à envisager un Lascaux 3 où chacun pourra voir – autre sujet d’admiration de BiBi – un merveilleux travail de copie « objective » (ouverture prévue en avril 2010). Renaud Sanson fait la visite de ses ateliers et commente avec passion chaque étape de son travail de réalisation de fac-similés. Le travail entrepris restituera les fresques dans le moindre détail (avec seulement 4 mm d’erreur possible). Ceci est rendu possible grâce à l’ordinateur et à la projection de photographies positionnées avec une très grande précision. En une demi-heure, Renaud Sanson fait partager ses hésitations dans les interprétations, ses pointes d’acuité forgées et éprouvées depuis près de 30 années de présence à Lascaux.
BiBi aime ce genre de bonhomme qui, venu du théâtre et du cinéma, n’oublie en rien la précision dans les hypothèses qui naissent et renaissent des observations. Il décrit et donne à voir avec passion,en quelques mots, la Scène du Puits. « Lascaux, dit-il, s’est mis à me parler ».
Qu’il sache que BiBi, lui aussi, tend son oreille.

(1) Georges Bataille. Oeuvres complètes IX (pages 10-102)

Deux films au secours de BiBi.

Maman j’ai raté le Kung-Fu

BiBi se sert du Cinéma dans son travail éducatif. Il se souvient récemment d’avoir eu à faire du joint entre les enfants/adolescents dont il s’occupe et les histoires que le hasard cinématographique lui a fait rencontrer.

La première de ces rencontres fortuites fut ce film regardé en DVD avec Julien, un marmot de 12 ans, toujours en demande insatiable, toujours en besoin de lait maternel pour combler vide, trous d’amour et trous d’air. A la rescousse de BiBi, il y eut cette magnifique entame tombant à propos de ce film  » Maman, j’ai raté l’avion » où le petit héros, propriétaire provisoire de la carte bleue de son père, ratant l’avion que toute la famille a pris, va pouvoir réaliser tous ses rêves. Il s’en va dans la plus belle des villes (New-York), va viser le plus bel Hôtel ( le Marriott), réservera la plus belle chambre de ce plus bel hôtel, commandera le plus merveilleux des repas, la plus énorme glace devant la plus belle des télévisions, tout ça dans le lit le plus douillet au Monde. Tout cela durera quelques jours et, dis-moi, Julien, que crois-tu qu’il arrivât à notre petit héros ? »

Un 14-juillet explosif pour une Armée éteinte.

JDD du 14 juillet

Avant de s’arrêter sur le titre de la Une du JDD (« Un 14-juillet explosif« ), BiBi a regardé le cliché du Président syrien rigolard serrant la main d’un Petit Nikos figé et emprunté. Il s’est dit que finalement le Grand Bachar (El-Assad) a une tête plutôt sympathique, beaucoup plus sympathique que celle du Petit Nikos, un peu coincé et qui ressemble un peu à Laurent Gerra ( notre Président fait d’ailleurs beaucoup plus rire que l’humoriste).Veste de costume finement rayée, accroche-coeur à la boutonnière, il donne une poignée de main bizarre et peu convaincante. Cette photo sur le perron de l’Elysée est manifestement destinée aux journaux du Dimanche, en particulier celui du Frère Lagardère.
La Une est à dominante tricolore. Pour une fois, Roselyne Bachelot a abandonné son teint rose bébé : elle y est sérieuse, sous son meilleur profil, presque grave pour annoncer aux adolescents que  » finie la Fête, la Rigolade et les beuveries ! – je vais m’occuper de vous ! » Il faut interdire, préserver une fois de plus notre Jeunesse contre les méfaits de l’alcool et du mauvais vin, la protéger contre elle-même. Il y a quelque temps, le JDD nous parlait des méfaits du portable jusque dans les cours de récré, des fichages-Rachida-Dati à propos de la Racaille organisée. Et voilà que le Discours de la Protection des Enfants de la Patrie continue.

Célébrations mensuelles de la Parole.

Celebrations de la Parole.

1. Claire Chazal fermant le journal télévisé de ce samedi et faisant la publicité du Festival de la Correspondance de Grignan. Charmant village de France avec Philippe Jacottet comme mentor discret ( « Monsieur Jacottet, me dit la libraire d’un air désolé, il ne monte jamais au village ! »). « Peu me chaut, pourrait lui répondre BiBi, l’important ce sont ses livres ». Ce que la présentatrice préférée des Français ne rajoute pas au reportage long de quatre bonnes minutes, c’est qu’une certaine… Claire Chazal en est la vedette. Notre Diva cathodique y lit des lettres et récite… les douces tirades du Petit Nikos. Là, non, non, BiBi en rajoute de sa plume mais il maintient l’info principale passée sous silence : Claire Chazal est bien la vedette, la grande pointure de ce Festival. Elle n’a pas osé vous le dire. Claire est une grande modeste !

2. Le Petit Nikos, ce jour justement, déclare avec fierté et délectation que « toutes les grèves passent inaperçues ». C’est vrai, mais il aurait tort de croire que ce qui n’est pas visible n’existe pas. Un mot et une question aux syndicats désorientés par les grosses ficelles du Petit Nikos : comment certains des responsables syndicaux peuvent encore croire à la Participation et au « dialogue » social avec ce Pouvoir ?

3. Bernard Lavilliers encore : BiBi ne connaît pas d’autre chanteur français qui n’a pas comme lui sa langue dans sa poche. Au concert du Festival de Montjoux (jeudi 4 juillet à Thonon-les-Bains), il a eu quelques amabilités sur Brice Hortefeux, le « Cardinal rouquin », et des petits vers en prose qui sortaient du Politiquement correct. BiBi te suit, Bernard…

4. Daniel Bilalian, directeur des Sports de France-Télévisions lâche : «  J’espère que les autorités chinoises permettront à cet évènement (les JO) d’être débridé. » Bilalian est un drôle de pékin.

5. En attrapant au hasard, L’Art du Roman, déjà lu, je redécouvre un passage de Milan Kundera que j’avais souligné : «  Unir l’extrême gravité de la question et l’extrême légèreté de la forme, c’est mon ambition de toujours. Et il ne s’agit pas d’une ambition purement artistique. L’union d’une forme frivole et d’un sujet grave dévoile nos drames (ceux qui se passent dans nos lits ainsi que ceux que nous jouons sur la grande scène de l’Histoire) dans leur terrible insignifiance ».
BiBi a comme cette impression (fugace) que c’est ainsi que naissent et meurent ses propres articles.

6. PPDA discute avec France-Télévision, avec M6.
La Gloire, cette vermine.

7. La photographie de Hans-Gert Pöttering, président du Parlement européen, de José Manuel Barroso, président de la Commission européenne et du Petit Nikos. Ils sont côte à côte, main (levée) dans la main et rigolards sous les projos à la lumière bleutée. Insupportable arrogance de l’Argent et du Pouvoir. BiBi pense aux grévistes de tout poil dont ils se moquent à la tribune avec cette idée que Grévistes = Mauvais français. Pourtant le Petit Nikos est – théoriquement – le Président de TOUS les Français (grévistes et non-grévistes) non ?

8. Irlande, Pologne, Tchéquie : petits pays de grands écrivains. Ils nous ont donné quand même James Joyce, Witold Gombrowicz et Franz Kafka. Tous les trois préférables à la voix des Grands (pays) et à leurs petits arrangements.

9. Dans son dernier CD, Carla Bruni chante la chanson d’un poète anarchiste italien, Francesco Guccinni. S’il manque à Carla une fiche signalétique sur cet anarchiste, elle n’aura qu’à demander à Brice Hortefeux lors d’un prochain repas. Notre Ministre aura bien des renseignements sur ce métèque de rital.

10. BiBi part en voyage en Dordogne jusqu’au 14 juillet et voguera sur la Vézère. Il en ramènera des articles préhistoriques…

A bibientôt !

Ingrid, BiBi & Christian du JDD.

Ingrid

Un internaute m’écrit : « Pourquoi lire le JDD ? ». La réponse de BiBi, c’est qu’il y a toujours beaucoup à apprendre des pensées de son adversaire. Et faut avouer que BiBi aime bien sonner les cloches du Frère Lagardère, sa tête de turc aperçue gigotant dans une loge de Wimbledon cette semaine, s’agitant en supporter de son enfant de cœur (le tennisman perdant Richard Gasquet). BiBi se réjouit évidemment de la libération d’Ingrid Betancourt qui – veut-il croire – n’est pour rien dans tout ce déferlement et ce fourbis médiatiques. Mais BiBi est quelque peu groggy : il n’y comprend pas grand-chose à ce bombardement d’informations, à cette accumulation et à cette overdose de reportages sur la franco-colombienne.
Il ne trouve cependant pas étonnant que le JDD en fasse sa Une. C’est qu’on a besoin d’une Figure sainte pour ouvrir la Messe dominicale et rassembler le troupeau tricolore. Le Royaume-Uni avait eu l’icône de Diana pour pleurer all together. Les Français avaient eu la Victoire de 98 pour rire aux éclats, ils ont Ingrid pour relever la tête dix ans plus tard. « La France, souligne l’édito savoureux, a besoin de victoires ».
Mais cette France, quelle est-elle ? C’est d’abord la France du Journalisme bien sûr. Discret satisfecit de la Corporation pour la Corporation et auto-promotion du JDD. Les medias ont fait « leur métier, c’est-à-dire, ont posé toutes les questions et polémiques » et ont surtout « raconté les faits ». Cette Une du JDD, chers lecteurs, n’est-elle pas là pour le prouver ? Ah, ironise BiBi, d’habitude, cette Presse ne le fait pas ? Elle n’exposerait pas toutes les questions et toutes les polémiques ?
Chaussons nos lunettes et ajustons-les : dans le cliché choisi d’Ingrid Betancourt, il s’agit déjà d’associer l’émotion (les mains jointes disent la surprise et la béatitude devant l’accueil de tout un peuple) à la prière (les mains jointes sont un indiscutable moment de ferveur religieuse). Ingrid Betancourt nous rappelle que le premier qui l’avait aidé avait été Dieu en personne et que sa libération tenait du « Miracle » (titre en pages 2 et 3). Plus fort que tout, le JDD va nous expliquer ce miracle dans son numéro spécial.