Category Archives: Les Fictions BiBi

« J’ai rencontré Madame Hortefeux… »

En cette fin d’après-midi, BiBi rencontra Madame Hortefeux venue rendre visite à une tendre et chère amie de la Villa Montmorency.

C’est toujours très agréable de rencontrer Valérie.

Madame revenait d’un Noël à Marrakech. Elle était passée le matin-même Place Vendôme où elle avait acheté ce ravissant manteau pour la saison hivernale. « Vivement l’été » s’écria t-elle. Lui demandant où elle passerait la période estivale de cette année pré-électorale, elle s’anima en lançant un sonore : « Mais… à Saint-Tropez, voyons, BiBi… chez ma Charlotte Rampling !». Charmante Valérie ! Cependant…. passa dans son regard une lueur d’inquiétude.


Le dessin a été tiré d’un SPIROU 1974 et il a été difficile de trouver la signature du dessinateur sur la planche d’origine. Si un admirateur (de BiBi ou… de Valérie) en connaît l’auteur…

La réponse est venue de @canard5 : l’auteur de cette planche est Maurice Tillieux.

Le fromage blanc à 0% d’Alain Minc.

BiBi fait le tour des Palaces parisiens. Après s’être glissé sous les tables du «Siècle», après avoir été l’hôte de marque de Felix Marquardt au Diner de l’Atlantique, le voilà débarquant un matin au Plaza Athénée, le luxueux palace 5 étoiles de la Rue Montaigne.

Une jeune fille bien encadrée.

BiBi participe au jeu d’écriture numéro 5 du Blog à Mille Mains. Cette fois-ci, il s’agit de rêver, d’écrire à partir d’une esquisse au crayon de Marlène qui représente une enfant à la fenêtre. BiBi présente son petit travail : « Une jeune fille bien encadrée ».

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« J’avais 19 ans. J’habitais Savigny, HLM Le Picasso, huitième étage. Le travail au magasin m’ennuyait à en mourir. Dans mes rares moments de repos, je restais le nez collé à la fenêtre de ma chambre. Que pouvais-je espérer de mon avenir de caissière chez SPAR ? Un mari plombier ou – au mieux – un receveur des Postes ? Une flopée de gosses ? Suivre les copines qui traînaient à Paris pour trouver un improbable Prince Charmant ? Qu’avais-je à rêver face à cet horizon bouché par ces trois impassibles immeubles grisâtres et sans vie ?

Alors, un jour, j’ai tout, absolument tout quitté.

J’ai tout quitté grâce à Federico, mon voisin espagnol dont j’étais tombé un peu amoureux : il me parlait sans arrêt de Cadaquès, son petit village natal sur la côte catalane, là où les hivers n’existent pas, où les maisons sont blanches, où le bleu du ciel nous fait de merveilleuses promesses.

A Cadaquès, c’est l’oncle de Federico qui m’a aidé à trouver cette place de serveuse au Café Central. On y voyait du monde et des artistes connus comme les Rolling Stones et Françoise Hardy. Il y avait aussi ce grand escogriffe qui se promenait, une canne à la main. Il parlait un espagnol mâtiné de catalan. Il s’exprimait aussi en un français un peu rude et dans un anglais bien approximatif. A ses apostrophes répétées, «Mais, viens à la maison, ma petite !», j’avais toujours refusé. Jusqu’au jour où j’ai dit à Federico «Entre toi et moi, c’est fini, fi-ni !». Mal m’en prit : sur pressions de sa famille, je perdis mon travail et me suis retrouvée à la rue. Je n’eus alors pas d’autre solution que celle d’aller frapper à la porte de mon bonhomme.

Il m’a nourri et logé. Il s’enfermait dans son atelier, entouré de ses tableaux, de ses sculptures, de ses esquisses. Je me souviens que c’est au troisième jour qu’il est venu me chercher dans ma chambre. J’eus à peine le temps d’enfiler mes espadrilles pour le suivre  jusqu’à son atelier. «Avance-toi jusqu’à la fenêtre et regarde la mer !» C’est tout ce que j’avais à faire : m’avancer jusqu’à l’encadré de la fenêtre et ne plus bouger. Je l’ai alors entendu derrière moi poser son chevalet, sortir sa palette et ses pinceaux.

Je suis restée dix ans chez lui, à Cadaquès.

Lorsque je suis revenue en France, je suis retournée à Savigny. La ville avait beaucoup changé et j’y ai acheté une petite maison.

Plaisir immense de la décorer ! Sur le mur de ma chambre, j’ai placé le seul tableau qu’il m’avait permis d’emporter. Je l’avais nommé : «Jeune fille à sa fenêtre». Oui, cette adolescente de dos, un peu lymphatique face à la mer, cette jeune fille qui perd son regard sur les eaux bleutées de la Méditerranée et sur la côte catalane, c’est moi.

Pendant ces dix années, j’ai été son égérie.

Car ce grand escogriffe à la drôle de moustache, à la canne dorée et à l’accent rude, c’était lui, Monsieur Salvador.

Dali qu’il s’appelait. Monsieur Salvador Dali ».

Les autres écrits-BiBi au Jeu d’écriture :

Le Bloggeur et son Double.

Parfois, BiBi écrit à la première personne…

La Panne.

«Je suis là, un peu hébété, un peu lézard devant mon écran mais – certitude –  je vais m’atteler à un énième billet sans hésiter. Le Monde ne cesse en effet de venir me bombarder de tous ses signes (cris de foules, chuchotements singuliers, bruits de l’ombre, grondements souterrains ou à ciel ouvert) et me somme de répondre. Je n’ai évidemment aucune idée de ce que sera le contenu du post à venir car pour moi, ce ne sont pas les idées qui me guident, ce sont plutôt les mots. A l’entame de ce billet, c’est le mot « Amitié » qui me pousse en avant : je pense à mes lecteurs-amis et à mes amis lecteurs. L’un d’entre eux me répète : «Chanceux que tu es… de ne jamais tomber en panne d’écriture !». Comme je voudrais pouvoir rester avec lui, penser comme lui ! Comme je voudrais réfléchir à son apostrophe mais le Vent – allez savoir pourquoi – m’emporte déjà bien loin, me pousse tout tout au loin».

La Vie donne beaucoup.

«C’est vrai : je n’ai jamais été guetté par le Grand Assèchement devant mon écran, guère été inquiet sur la possible disparition de l’Inspiration. Je ne me suis jamais arrêté devant ces paralysies, devant ces Blancs qui épongent tout désir d’écrire. S’il fallait trouver des raisons à cela, la première serait peut-être que j’ai commencé à écrire sur le tard. Peut-être encore que je considère le ralentissement, le freinage, le point mort comme autant de moments d’écriture ? Peut-être aussi que j’ai toujours eu en moi cette double Croyance basique – impossible à démolir – que la Vie donne beaucoup et qu’inépuisable, elle donne aussi beaucoup à l’écriture ?»

En masse, en force.

«Bien avant de découvrir analytiquement ce qu’est le Surmoi (le Censeur), je l’avais quelque peu tenu éloigné de ce «moi-même». Certains s’échinent toute une vie à faire sauter ce blindage conceptuel, ils cherchent à s’alléger du poids pesant d’un lourd Passé, ils tentent d’enrayer la Machine œdipienne et faire barrage à toutes les autres choses qui empêchent l’Ecriture de se déployer… mais moi, non : j’ai d’autres soucis en tête. Celui par exemple d’arrêter les phrases qui arrivent ici en masse et en force, celui de canaliser les innombrables tournures qui se chevauchent plein écran ou celui, encore, de brider les formules qui s’y étalent avec morgue (ou indifférence)».

L’écriture pauvre.

«J’ai toujours été plus proche (et dans le même temps : à cent lieues) de tous ceux qui ont bourlingué dans les Territoires de Folie : Walser, Bernhard, Blanchot, Haldas. Tous ces noms qui, trop souvent brandis dans notre Jungle de la Starisation, seraient plutôt des étendards de Vanité. Aussi stoppons ici tout autre Inventaire et laissons ces amis, artisans de l’écriture pauvre, à leur nécessaire Solitude».

Muets, mutiques, mutants.

«Ne jamais entendre les écrivains : bouche ouverte sur leurs productions, les voilà aussitôt embarqués dans le Chaudron de la Trahison. Ils perdent le Nord, ils perdent la tête, ils perdent même toute considération à expliquer en détail leurs menus travaux. Ils ne sont alors pas jugés par leurs lecteurs mais par l’Œuvre elle-même qui vient leur dire ceci : «Pauvre Pomme, tu ne m’as pas assez travaillé, tu n’as pas assez souffert pour moi ! Car si tu avais écrit juste, tu n’aurais pas eu besoin de venir m’expliquer et m’exhiber sur toutes les Places publiques».

Photo : back-to-intro.com

Obscures espérances d’un Blogueur.

–  Plus de 750 billets en deux ans et demi. Toujours du plaisir, BiBi ?

Du plaisir ? Ce mot-là, je le lis presque partout «plaisir d’écrire» «bloguer, c’est un plaisir» etc. J’avoue que j’ai du mal avec ça. Je connais plutôt les humeurs rageuses, les sauts brusques, les attentes qui dévorent, les stagnations dans la Pensée, les impatiences de l’enfant, le manque de fulgurances et tant de pertes d’éléments que j’aurais voulu mettre en ligne. Contre ce mot «plaisir», j’aurais juste envie de rapporter ici le constat implacable d’Artaud : «Ecrire est une cochonnerie». Alors, le Plaisir là-dedans ? Euh…pas si simple.

–  Avec ton Blog, où voudrais-tu en venir ?

Je voudrais m’immiscer entre l’Essentiel et le Quotidien, lier notre Vie profonde avec les menus évènements de notre vie ordinaire. Vaste programme, hein ? C’est qu’il n’y a pas d’un côté les grandes questions (to BiBi or not to be) et de l’autre, les actes banals du Quotidien. Mais je n’y arrive pas vraiment. Regarde ces tentatives embryonnaires (Quizz du week-end, Potins pipolitiques, Flèches de BiBi). Peu concluants, hein ? Alors que je voudrais aller de l’avant, faire du nouveau, zigzaguer sans me retourner, je me vois happé par la répétition, incapable de tenir ce double pari initial : allier dans mon écriture «la légèreté du Pollen et la gravité du granit».

–  Plus vraiment d’inspiration ?

Un billet étayé, quasiment un par jour. Et tant d’autres choses, hors-Blog, à écrire. Le Blog rapproche certes… mais il sépare encore plus, il t’éloigne des Centres de Vie. Écrire, lire dès lors, c’est renoncer. Je ne relirais plus jamais Dostoievski, Maurice Blanchot, je ne replongerais plus dans le Quichotte, je ne me retaperais plus Kafka, ses récits, son journal. Et que dire de toutes ces Beautés du Monde que je rate. Il me faudrait une seconde vie. Où trouver ce temps, ce Temps qui me devient une denrée rare ? L’inspiration, dis-tu ? Mais c’est elle qui me nargue et qui se moque de moi. Écrire – heureusement  (mais dois-je dire «heureusement» ?)  – reste quand même, par moments, une respiration.

–  Qu’est-ce qui –au moins– t’a satisfait jusqu’ici dans la tenue de ton blog ?

Je pourrais te répondre en chantant l’hymne de Mick Jagger «I can’t Get no Satisfaction». Mais en cherchant bien, je trouve cet additif à mon pseudo plutôt bien : «Optimiste de plus en plus inquiet». A condition de le lire en basculant le fléau de la balance vers l’Inquiétude. Et puis, autre «réussite» : mon avatar photographique («Chemin de la Liberté») qui en dit long. Des lettres sont rongées, elles sont rognées et à moitié effacées mais – ultime sursaut vital – on arrive quand même à le lire.

–  Tu ne jouerais pas au faux-modeste ? Ton Blog est en plein essor :  une superbe place de 498 ième au Wikio général et 350 visiteurs par jour qui t’apprécient…

Pour écrire, il faut aussi un écart avec ceux qui t’apprécient, il faut un pas de côté, une certaine indifférence, des moments de solitude essentielle. Pas pour se draper dans sa superbe, plutôt pour s’obliger à se rassembler en soi-même… Et puis aussi pour sortir la tête hors de l’eau où nous plongent les brutalités de ce Monde, les horreurs et les insanités du calamiteux Pouvoir actuel. L’accueil, les compliments, le petit lot de reconnaissance… OK mais on aurait vite tendance à se laisser porter et emporter. Bon, je veille au grain mais il me faut ces moments de Solitude essentielle. Tu vois, je suis loin, très loin de déplier en chaque occasion cette abracadabrantesque banderole de blogueur : «Des liens, bordel, des liens».

–  Il y a une constante dans ton Blog : ni vulgarité, ni agressivité.

Quand quelque chose de vrai est écrit sur un mode agressif ou vulgaire, cela cesse d’être vrai. Mais tu me connais : dans la vie, je suis souvent les deux. J’essaye de m’armer dans le silence, d’affûter mes flèches et mes mots en catimini, à distance des Poulaillers insupportables du Pouvoir et des aboiements de Chiens de Garde qui tiennent le Palais Sarkozyste. Indispensable d’atteindre les cibles avec justesse, précision et – pourquoi pas – avec férocité : nous sommes en guerre, non ?

–   Autre chose pour finir ?

J’ai l’impression que parfois, mon humour est un alibi esthétique. J’ai relu quelques uns de mes billets (en particulier «Les Flèches») et je me dis que cette casquette d’«humoriste pipolitique» est trop grande ou trop petite pour moi. Peut-être qu’un bibi à la place d’une casquette… Il faudrait peut-être que cesse toute parole et tout écrit… qu’enfin je me détourne, me découvre ailleurs. Mais bon – pour finir – je ne sais pas faire autre chose.

–  Merci à toi, BiBi.