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Henry, Domenech, Sarko : main dans la main.

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La France (sportive) serait écoeurée, honteuse. Mais pourquoi l’être ? Nous sommes en Guerre et en temps de Guerre, tous les coups ( y compris le coup de main) sont permis. On peut regretter cette Logique ( BiBi en est le premier marri) mais elle est là, suplombant toutes les autres possibles.

Derrière cette équipe de France de Football, il y aura l’image de la Triche, une image qu’elle va traîner derrière elle et qui fait désormais partie de notre identité nationale dans le concert sportif international.

Henry, égratigné ici même pour sa pauvre participation au jeu de cette pauvre équipe fait déjà preuve d’amnésie et gomme l’intentionnalité de son geste (les images télévisuelles sont implacables pour montrer sa double main). Il dira presque que c’est le ballon qui est venu malencontreusement à sa main, main qui se trouvait là par hasard. On peut penser, sans vraiment se tromper, qu’Henry ne sera plus seulement perçu comme Capitaine légitime, comme porteur des couleurs nationales mais aussi – de façon latente – comme un Usurpateur.

L’Amnésie sur cette Triche a déjà commencé : silence de Sarkozy notre Président, silence de Rama Yade, silence d’un Domenech, silence des Commentateurs TF1. Rappelons qu’en finale de la dernière Coupe du Monde, c’est le quatrième arbitre qui regarda sur son écran de contrôle le coup de boule de Zidane et qui en informa l’arbitre de champ. Ce qui sera drôle, c’est qu’on va s’acharner à vouloir écarter ce geste de Triche, on voudra le faire absolument oublier. Ce trou de mémoire sur un geste qu’on voudra évacuer, sur lequel on ne voudra plus revenir (BiBi entend déjà les commentateurs, les journalistes, les Sponsors dire sur cette qualification : «Allez, on ne va pas remuer les vieilles histoires») reviendra – Freud l’a déjà écrit – par la fenêtre et pèsera d’autant plus par son «effacement». Et pèsera sur toute joie prochaine, un sentiment de malaise diffus.

On peut s’attendre que, pour un temps, l’Ethique de la Sportivité, les beaux Discours sur la Beauté du Sport, apanage de nos Dominants, soient remis au placard. Pour un Temps seulement. On a pu justifier le geste de Zidane en 2006 mais celui d’Henry sra plus difficile à digérer. Mais soyons sans crainte : on arrivera à le justifier (dans ce cas-là, on s’efforcera de le gommer).

A écouter les commentaires raisonnables, ceux des amoureux d’un Sport qui porteraient des valeurs de solidarité, de propreté, BiBi se dit qu’ils sont d’un autre temps, d’un temps qui n’a jamais existé. Le Football d’hier, d’aujourd’hui, c’est la Guerre. Et une majorité de Dominés participent à ce jeu social en se positionnant du côté des Dominants. Qui ne sera pas d’accord avec Chouchou, fier mais sans ostentation hier sous l’œil et le micro de TF1, disant que l’important est de se qualifier ? BiBi pense que toute victoire sportive est plus que du Sport. Et l’Equité, la Dignité, la Justice resteront celles qu’elles ont été depuis la naissance du Sport : des valeurs souterraines, dominées.

En Sport comme ailleurs, la lumière des Projecteurs ( de la Pensée) éclaire mais elle peut éclairer jusqu’à – dans nos comportements et conduites – nous rendre aveugles. BiBi, lui, n’a qu’une bougie. Avec sa flamme habituelle, il essaye de sortir de l’Ombre mais il est possible que, lui aussi, il encourage la France dans ses premiers matches en Afrique du Sud. C’est que… comme le disait Lacan, nous sommes des Sujets divisés.

Retour sur Raoult le Censeur et l’exquise Marie.

Eric et Marie

Sur le site de Causeur.fr, on peut lire une intervention d’Odile Cohen, avocate. Son article reparle des propos tenus par Eric Raoult qui ne sont pour Madame Cohen qu’une «sotte injonction» ! Après le discours d’usage sur la défense des écrivains (mais bah, ce n’est qu’une « tempête dans un verre d’eau» !), la collaboratrice de Causeur s’attaque à Marie N’Diaye en rappelant justement ses propos : «Cette France est monstrueuse…» Jusque là, tout va bien.

Mais l’ensemble de sa démonstration va prendre un tour bizarre car l’avocate va renvoyer dos à dos le cher Raoult et l’ecrivain Prix-Goncourt. Pour appuyer sa démonstration, elle va tronquer/rectifier les dires de Marie N’Diaye : «Ceci étant clairement dit, on a cependant le droit de trouver que Marie NDiaye est parfaitement à côté de la plaque. La France serait « monstrueuse », la droite, c’est la « mort et la vulgarité ? ».

CETTE France est subitement devenue : « LA France ». Petit tour de passe-passe (in)conscient ? Madame est avocate et on aurait aimé qu’elle fasse – comme probablement lors de ses plaidoiries – très attention aux mots, aux phrases, aux tournures employées. Or en transformant «Cette France» en «La France», c’est tout le sens et la portée des propos de Marie N’Diaye qui sont dénaturés. Il s’ensuit que la pseudo-démonstration est parfaitement déplacée. A vouloir ménager la chèvre et le chou, Madame l’Avocate se retrouve dans l’enclos, chèvre ligotée et corde au cou, à chevroter et à prendre la défense des Maîtres.

Plus direct et plus offensif est l’article publié par l’écrivain Christian Salmon ( Le Monde lundi 16 novembre). Il écrit : « La Déclaration d’Eric Raoult porte atteinte non pas seulement à la liberté d’expression d’un écrivain, il met en cause la liberté tout court, celle qu’a tout citoyen de trouver en effet « monstrueux » de reconduire manu militari des Afghans dans leur pays en guerre, « monstrueux » de traquer des enfants sans papiers dans les écoles maternelles, « monstrueux » de criminaliser ceux qui prennent leur défense etc… »

Un article sans Chèvre ni chou… ce chou gras qui fait la soupe un peu indigeste de Madame Cohen.

Maroc : Retour à Mazagan (ex-El Jadida).

Mazagan avant, après.

Sous le protectorat français, version soft de la Colonisation, les villes marocaines d’Essaouira, Mohammedia, El Jadida, portaient respectivement le nom de Mogador, Fedala et Mazagan.

Aussi lorsque BiBi tomba sur l’article du Figaro à propos de l’hôtelier sud-africain, Sol Kerzner qui posait ses valises à Mazagan, il fut certes intrigué mais il comprit très vite les raisons du retour de ce patronyme européanisé. On gommait «El Jadida» pour revenir à Mazagan.

C’est que le 31 octobre, eut lieu l’inauguration du «Mazagan Hôtel Resort». Le Resort, pour les pauvres que nous sommes, est un complexe touristique complet : à Mazagan, on trouve ainsi une zone de 250 ha au bord d’une magnifique plage «publique» de 7 kilomètres de long sur lequel on a construit un hôtel de 500 chambres, 67 villas (il en reste quelques unes à acheter), 8 restaus, un spa, un golf de 18 trous dessiné par Gary Player et on est à une heure de Casablanca.

Comme toujours, ces inaugurations sont prétextes à un bal grandiose et à une belle Fête prolétarienne. Autour des braseros et des méchouis, on pouvait reconnaître Patrick Bruel, la Princesse fan de rap Clotilde Courau, Jean-Michel Jarre, Naomi Campbell, Lindsay Lohan, Naomi Watts, divers princes et princesses et membres du gouvernement marocain. Manquaient les habitués (Clint Eastwood, Mariah Carey, Morgan Freeman, Matt Damon) mais 300 artistes «populaires» firent le bonheur des invités présents. 2000 agents ont décoré les lieux de 100000 fleurs et autant de bougies sans oublier les 50 chevaux parés pour l’occasion.

Le grand hôtelier Sol Kerzner dit inaugurer un concept «d’hôtellerie haut de gamme abordable» avec ce 5 étoiles aux mille lits. Quatre millions de clients aux revenus abordables sont attendus pour cette première année.  Sa collaboratrice Marie-Béatrice Lallemand (ex-Crillon, Martinez) s’est vue confier les rênes de ce Resort par le boss que le Figaro décrit comme «un homme de 74 ans très simple, au style décontracté, au verbe posé».

Sur le bonhomme, il faut chercher longtemps pour que de son verbe posé, il nous parle des raisons pour lesquelles il fut soupçonné de corruption en Afrique du Sud (Sun City) en 1992. Afrique du Sud qu’il quitta pour se réfugier politiquement et économiquement à Nassau, aux Bahamas où il achète l’Atlantis, le complexe le plus flamboyant au Monde avec ses 2300 chambres. La Crise touche, paraît-il, sa chaîne One & Only.

Sol le regrette, lui qui «reste discret sur les comptes de sa Société, Kerzner International». En ce  moment, pendant la construction de l’«Atlantis The Palm » à Dubai, il coupe dans les effectifs en licenciant plus de 800 personnes aux Bahamas.

Aujourd’hui, voila Mazagan confisqué (El-Jadida la Belle), pour attirer les touristes fortunés. Quant aux autres (les touristes de fortune), ils passeront leur chemin ou bien payeront désormais un droit d’entrée.

Si BiBi vous parle de ce saccage à Mazagan, cette ville où Orson Wells tourna une partie de son film «Othello» c’est parce que BiBi a fait ses premiers pas sur le sable de cette magnifique plage marocaine et qu’il y a ouvert les yeux le premier jour de sa vie.

Annecy-Mascarade 2018.

  Annecy ça suffit

Au Conseil général de la Haute-Savoie, on fait grise mine. Se profile à vitesse grand V, l’élimination d’Annecy 2018 dans la course olympique. Entre temps, on aura fait plaisir aux députés, on aura fait plaisir surtout à l’Agence de pub qui gère les coûteuses «manifestations» et la promotion de la région. L’Agence Euro RSCG, filiale d’Havas-Sport de Vincent Bolloré (1), avait raflé la mise sans avoir été mise en concurrence, même après sa déculottée de Paris-2012.

Les membres du Conseil Général (et très généreux avec l’argent public) sont refroidis même si ce jeudi 12 novembre Chouchou daigne les recevoir en catimini à 17 heures.

Un article publié en anglais par un expert proche du CIO (Titre : « Around the Rings ») donne Annecy perdant à coup sûr. Pas bon du tout pour le moral de Christian Monteil (2), celui de Bernard Accoyer et du Maire d’Annecy, Jean-Luc Rigault. BiBi espère que les futurs électeurs et contribuables haut-savoyards se souviendront de ce Triumvirat le jour de la défaite d’Annecy-2018 et leur demanderont des comptes et, surtout, les comptes de cette Affaire.

L’expert olympique analyse donc la candidature d’Annecy pour expliquer que le timing est exécrable : «L’envie de la France, c’est d’accueillir les JO d’été de 2020. Pas ceux d’hiver en 2018». Le vœu de Sarkozy est en effet de se parer d’une gloire à la Lula (vainqueur avec Rio-2016). Marc Francina, maire d’Evian et proche de Sarkozy, s’était fendu – on s’en souvient – d’une confidence officieuse de son Chef: «Sarko s’est mis dans l’idée de réussir ce que Delanoë n’a pas réussi : obtenir les Jeux Olympiques d’été à Paris pour 2020. En faisant le forcing pour Annecy 2018, on tuerait les chances de Paris 2020. Surtout qu’on court déjà pour avoir l’Euro 2016 de foot».

Ajoutons qu’Annecy 2018 n’a pas de figure charismatique pour porter le Projet. Ce ne sont ni Aimé Jacquet, ni Antoine Denériaz, ni André Dussolier perdus dans cette galère qui peuvent l’être. Un moment, il avait été envisagé de mettre en première ligne, Guy Drut mais on se rappela in extremis que ce grand champion n’avait pas pu sauter certaines haies dans les tribunaux (olympiques aussi). Jean-Claude Killy, lui, avait pris fait et causes pour Grenoble et il est bien trop occupé ailleurs. N’oublions pas que cet autre sportif UMP est le Président de la commission de coordination des Jeux Olympiques d’hiver de 2014 à Sotchi. (Source : Le Faucigny).

La conclusion de l’expert ne laisse aucun doute : pour Annecy, l’Affaire est dans le lac et les Munichois peuvent fêter leur prochain succès en sortant bières et saucisses.

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(1). Relire ici-même : www.pensezbibi.com/bibi-sports-biz/les-grands-penseurs-dhavas-sport-607

(2). Ce bon Monsieur Christian Monteil avait déjà fait parlé de lui en écrivant à Gilles Perret, réalisateur du film «Walter Bassan, retour en Résistance» : « Ma position de Chef  de l’exécutif départemental sera arrêtée avec une très grande intransigeance dans la perspective de positions de collaborations ultérieures ». Monsieur économise sur les films de Gilles Perret mais ne regarde pas à la Dépense olympique. C’est ça la «grande intransigeance», version UMP bien sûr.

Hongrie, Tchécoslovaquie, Pologne : souvenirs d’avant le Mur.

Rue des Alchimistes

BiBi a lu l’article de Céleste sur son voyage à l’Est. celestissima.org/en-souvenir-de-greta-allemande-de-l%e2%80%99est/Des souvenirs lui sont revenus.

BiBi a écumé très tôt les Pays au-delà du Rideau de fer, s’y rendant avec des billets SNCF et des visas commandés longtemps à l’avance. C’était à la fin des années 70. On était sous Giscard et au lycée, on étouffait. On écoutait Michel Lancelot sur Europe 1. On lisait Rock et Folk, Best et Extra. Certains essayaient de nous vendre Rouge ou voulaient nous faire adhérer à la Gauche Prolétarienne. On furetait sur les Ondes (sur Ondes courtes, on arrivait à prendre Radio-Luxembourg qui émettait d’une plate-forme pétrolière).

On partait à deux, à trois dans les Pays de l’Est. En 78, Italie, Yougoslavie, Sofia, Mer Noire jusqu’au delta du Danube. En 79, Hongrie (Sopron, Lac Balaton et Budapest). Et Varsovie début août 80. Les JO de Moscou : les Cocos avaient réquisitionné tous les pots de peinture de la Pologne pour repeindre les rues moscovites. La Haine contre les Soviétiques lorsqu’il y avait un boxeur polonais contre le russe. On avait emmené deux bouteilles de Pastis. Ils/Elles buvaient cul sec. Dans la boite de nuit, trainait un exemplaire du Monde : colonne première page, on y parlait des évènements de… Gdansk. On informait nos amies polonaises pas au courant !

On se remboursait l’essence et on payait les Auberges de Jeunesse en traficotant nos dollars au noir. Trois semaines qui nous coûtaient absolument rien. A Budapest, on avait trouvé des chambres universitaires près du Danube. On était les Rois. On payait tout aux filles avec notre change super-avantageux. Le seul morceau d’autoroute était le tronçon Budapest-Lac Balaton. Avec la Simca 1100 TI, on doublait tout le Monde. Les deux allemandes de l’Est voulaient rester avec nous. Elles prenaient la pilule et on se baignait à poil.

En Tchécoslovaquie, on allait avec des potes tchèques dans les bars d’Hôtel huppés. Les Prostituées étaient à 5 dollars la nuit. Pour manger une banane, il fallait se lever tôt tel jour pour aller les acheter au noir au Marché-Gare. Un jour, Michel pissait ses bières contre un mur. Un policier tchèque voulait dresser un PV. Le copain tchèque a expliqué que nous étions journalistes et que nous allions faire rire nos lecteurs sur la Police de Prague qui mettait des PV pour ça. Les flics sont repartis avec leurs souches.

On avait cherché Kafka. Il n’y avait aucun dépliant touristique. Les murs étaient gris, noirs. Le Château faisait peur. Le cimetière juif du Centre-Ville était fermé. On est passé par-dessus pour visiter une heure. A la piscine, on riait de voir les jeunes porter des maillots de bain socialistes ! Un jour, un tchèque m’a demandé si j’avais une sœur : il voulait un mariage blanc pour passer à l’Ouest. A la frontière allemande/tchèque, on est passé comme une lettre à la Poste. On se disait «  Putain, c’est facile ». Mais il y avait une No Man’s Land et au bout de 5 kms, on a vu les chiens policiers, les lampes, les torches dans la nuit et l’inspection minutieuse des coffres de voitures des tchèques qui se rendaient en RFA.

A Budapest, il y avait déjà le Festival Rock mais pas à Margrit-Sziget, au pied du Château. Des freaks, du Hard-Rock (orchestre : Skorpio). Les gens étaient chaleureux. Une fois on a été hébergé par un lanceur de javelot hongrois qui s’était démonté l’épaule avant Mexico 68. En en parlant, il en avait pleuré. Devant l’alcool de prune (interdite au Conducteur).
Ils aimaient la France mais devaient économiser cinq ans pour pouvoir aller financièrement en visite à l’Ouest. Les Allemandes de l’Est avaient un complexe de supériorité. Fallait pas les confondre avec les ploucs des plaines hongroises ou polonaises. Elles connaissaient la pilule de A à Z.

BiBi n’était pas communiste mais il sentait un désaccord latent. Aussi bien en Hongrie qu’en Tchécoslovaquie, la frange de la Jeunesse n’était pas forcément mortifiée mais elle était curieuse, parfois fêtarde, parfois apathique. Combien de fois avons-nous expliqué qu’à l’Ouest, nous aussi on ne roulait pas sur l’Or ! Incompréhension tenace.

C’était 10 ans avant la chute du Mur de Berlin et BiBi n’avait même pas vingt ans.

Photo : BiBi.