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Olivier Jay (du JDD) et le Taxidermiste.

 

JOURNALEUX : BiBi a une prédilection pour les Journaleux du Journal Du Dimanche. Il les suit à la trace et il aime beaucoup disséquer leur plan de carrière. C’est que, cul assis entre deux chaises, ces Journaleux vont et viennent entre chaises vides et chaises tournantes. Ainsi, pendant deux années, Olivier Jay resta dans l’ombre de Christian de Villeneuve aujourd’hui remercié par de bien belles louanges assassines (Dans les Sphères des Puissants, le panégyrique est bien souvent synonyme de couronne mortuaire). Aujourd’hui, voilà notre Jay au sommet de l’Olivier.

JOLIE PLUME COLORÉE : BiBi, relisant un des derniers articles de ce nouveau Dirlo, avait relevé : « Les vraies cibles de notre Président [Sarkozy], ce sont les patrons, les banquiers et certains dirigeants ». Ou encore, (il y a tout juste un an) : «Les États fournissant aux banques les liquidités nécessaires pour financer les entreprises, une certaine reprise de l’économie devrait intervenir assez rapidement». Jolie plume de Jay, non ?

FABLE FABULEUSE : BiBi, impressionné par ses fables colorées, en avait même plagié une : «Maitre Jay, perché sur son olivier, tenait dans son bec, un mirage/ Mais Maître BiBi, par l’odeur alléché/ lui tint à peu près ce langage /Et bonjour, Monsieur Jay du JDD/Que vous êtes joli /Que vous me semblez beau !»

ENVOL POUR 2012 : Seul aux commandes, fier oiseau sur sa branche, Jay est donc devenu Directeur de la Rédaction du JDD par la bonne grâce de Didier Quillot, président très sarkozyste du Directoire Lagardère Active. Un proche, aux pieds de l’Olivier, résume : «Très travailleur, Jay est l’homme aux mille et un réseaux. A la fois habile et subtil, il réalise un rêve qu’il visait depuis près de deux ans ».

OISEAU ZELE : Après être sorti du nid IEP, Jay a pépié dix ans durant dans Les Échos, journal dont le proprio est aujourd’hui Bernard Arnault. Il dirigera ensuite les Rédactions numériques de Bayard (2000-2005) puis survolera les toits de l’Usine Nouvelle (2006). Au JDD, il saluera bien bas Michel Pébereau (qui tient régulièrement chronique de Science-fiction dans le JDD), déploiera ses ailes dans l’animation ininterrompue des Ateliers MEDEF. Là, gazouillant, il tutoie le Ciel du Libéralisme et les Rapaces du CAC 40, montant souvent Lagarde autour de Christine. Pas de doute, c’est bien là que «l’Homme aux mille et un réseaux » a pris son envol et continuera d’y tremper sa plume.

GAZOUILLIS INTERDIT : Cher Olivier, ne faites pas l’erreur de demander un gazouillis au compte Twitter de BiBi comme le fit votre Monsieur Claude (Askolovitch). Le Jay doit se méfier car chaque dimanche, BiBi dépouille votre journal, BiBi dissèque vos articles, BiBi tanne vos Journaleux et BiBi démoule vos mensonges. C’est que… BiBi – renseignez-vous – est sûrement un valeureux taxidermiste.

Les Flèches de BiBi (1/7mars).

PAUVRE MARTIN OU LES LARMES DE BOUYGUES.

Lors de la présentation des résultats de ses entreprises (TF1 en tête), Martin Bouygues a beaucoup pleurniché sur les harcèlements subis par ses Compagnies : « Quels sont les métiers en France qui en 22 ans ont eu à subir 24 lois et 16 décrets ? » Il a ensuite poursuivi par cette magnifique supplique : «Qu’avons-nous fait au Bon Dieu pour mériter un tel traitement ? » Une phrase en béton, non ?

LE MUR DES LAMENTATIONS.

1. Ironie : au-dessus de la phrase de Martin Bouygues rapportée par Libération, on lit un petit article à propos de la Pub sur le Mur des Lamentations. On y apprend qu’une Start-Up y a projeté en caractères rouges géants le logo de Coca-Cola. Dans l’article, on ne dit pas si la phrase de Patrick Le Lay («Notre boulot, c’est de vendre à Coca-Cola du temps de cerveau humain disponible ») a été, elle aussi, projetée ?  Mais peut-être a-t-elle été seulement psalmodiée ?

2. BiBi aurait bien voulu faire partie des Murmures de ce Mur pour agrandir son audience. Mais, pas question de s’y lamenter ou d’y alimenter son blog. C’est que «BiBi» est déjà pris en Israël : c’est le surnom de Benjamin Netanyahu.

B.H.L ET SON BLOC-NOTES DU « POINT ».

« L’année qui s’achève a vu disparaître un grand penseur français qui s’appelait Claude Lévi-Strauss ». C’est complètement faux, cher Bernard-Henri, Claude Levi-Strauss n’a jamais existé. C’est ton Monsieur Botul qui l’a confirmé à BiBi.

JEAN-LOUIS BIANCO.

Jean-Louis Bianco, supporter de Ségolène Royal (si, si, ça existe encore) était l’invité de Radio Classique : «Si le projet est partagé, l’alliance Modem-Gauche (!) est tout à fait souhaitable». Du Rose pâle au «Bianco».

VINCENT PEILLON.

Il s’est jugé très maladroit «d’avoir demandé la démission d’Arlette Chabot ». Au tour d’Arlette d’essuyer ses gros Chabots sur le Paillasson-Peillon.

LUC FERRY.

Il déplore la sacralisation de l’Enfant dans le Figaro du 4 mars : « Ce n’est pas le « trop d’autorité » qui fait problème mais sa fulgurante déliquescence dans les familles ». Pourtant, au cours de l’année scolaire 2009, Luc Ferry avait emmené ses filles en croisière sur le Princess Danae (aux frais de la princesse, voir article-BiBi). Elles n’étaient pas du tout en vacances mais Papa Ferry, très cool, avait cédé devant leur insistance pour qu’elles ratent leurs cours et puissent écouter Papa-Cool lors de ses Conférences sur… « L’Enfant-Roi ».

ANDRE GLUCKSMANN.

André Glucksmann, ex-toutou maoïste, est très en colère contre la Realpolitik de son Maitre Sarko vis-à-vis de la Russie de Medvedev et Poutine. Hé oui, philosopher à la (roulette) russe est devenu un vrai casse-tête (chinois).

CHOCHOTTE.

Elle peaufine son prochain voyage à New-York le 30 et 31 mars prochain avec Chouchou (son Maitre-Chanteur). Elle sera à la Duke Ellington School of Performing Arts. Quoi ? s’étonne BiBi, elle aura le temps d’y prendre des cours de chant ?

JEAN-LUC GODARD.

Voilà comment opèrent les Nouveaux Censeurs. L’inénarrable toutou du Figaro Anthony Palou célèbre Jean-Luc Godard qui va fêter ses 80 ans. Le metteur en scène est tour à tour qualifié de « garçon espiègle », de « rebelle », de « mythe », de « vilain petit canard ». Des films ? Pas un mot.

LA PHRASE-BIBI.

Certains attendent le Grand Soir. BiBi redoute plutôt les matins blêmes.

Villepin-Sarkozy : l’inévitable Réconciliation.

La Réconciliation Villepin-Sarkozy est inévitable. Dom et Chouchou vont ranger leurs couteaux et les crocs de boucher. Qu’ils se dépêchent ! 2012 est si vite arrivé. BiBi guettera les prochains numéros de Paris-Match pour voir la jolie photo de ce formidable couple politique. Auparavant, BiBi fait l’état des lieux et vous en dit plus.

Le Big Bazar.

Il n’est pas difficile de s’en rendre compte : au plus haut sommet du Pouvoir, c’est le bazar, le Big Bordel. L’UMP se prépare à la Catastrophe Régionale. Symbole parfait : Valérie Pécresse, première de sa classe, convoquée au bureau du Surveillant général. Les Grands Chefs du Collège France (Levitte, Guéant, Guaino et Soubie) se réunissent en assemblée restreinte et font sonner l’alarme générale. Le Quatuor «a un doute sur la réélection de Sarkozy» et «élabore des stratégies d’alternance» rapporte le Figaro. Nul doute que les Quatre de la Bande font marcher leurs têtes à plein régime pour remettre de l’Ordre.

Le Quatuor, Carla et les Bouseux.

Ils doivent toujours tenir compte de Carla qui fait encore et toujours tourner la tête de Chouchou. Ben oui, si Monsieur Nicolas Sarkozy n’obéit pas, Madame pourrait bien retourner à ses vieux démons. A ceux qui croient qu’il s’agit ici de supputations pipolitiques, qu’ils imaginent un peu Chouchou dans les choux en 2012. Pas de doute, Carla Bruni-Sarkozy changera illico d’affectation mais avec un Président qui rempile, elle pourra continuer de jouer les Coquettes. Le Pool doit donc prendre soin de cet écueil.

Le Canard Enchaîné rapporte les propos de notre Première Dame de France : « J’ai été très clair avec mon Chouchou à propos de sa Visite à la Porte de Versailles : « Ou tu vas voir tes grosses vaches et je me tire en week-end ou tu viens avec moi au Cap Nègre». La réponse chantante de Chouchou à Carlita a été très claire, elle aussi : « Que je t’aimeuh… »

Le Quatuor perd la note.

Nos Quatre Têtes pensantes sont en rage et en rogne. «Les Conseillers font assaut de virilité, s’approprient les idées d’un autre, médisent souvent, parfois même à l’oreille du Président ou alors feignent la camaraderie. Au fond d’eux, ils se détestent. Il se détestent», rapporte Le Point. Mais ne nous y trompons pas. C’est toujours le lot des membres des Partis de Droite au Pouvoir : ils se détestent mais, lorsque l’heure de la Rentrée va sonner, chacun se met très docilement en rang derrière le Chef à son Appel. De tous côtés, ça traîne les pieds, ça regimbe mais pas question d’oublier l’Essentiel qui est de conserver le Pouvoir. Et le Boss, criant à pleins poumons, «Silence dans les rangs. Unité et Mobilisation»sera parfaitement obéi.

Le Quatuor tente de jouer une Nouvelle partition.

Une réorientation s’impose. Déjà, le Quatuor avait cogité dur sur la prestation télévisée TF1. La nouvelle mise en scène de l’Opération Charme se poursuit. Z’avez pas vu Chouchou ? Au Rwanda, en Vendée, il surmonte son agoraphobie et prend des bains de foule. Avec les fonctionnaires, il se fait mielleux et flatteur, les qualifiant de « dévoués », d’«honnêtes» et de «compétents» (ben voyons).

Les photos du Figaro font dans la pure séduction. Elles oscillent entre la gravité et le sourire généreux. Les 3 clichés du 2 mars sont significatifs : devant les Sauveteurs d’Aiguillon-sur-Mer, le visage est soucieux, attentif. Devant Chirac et Giscard, le sourire est couleur dentifrice (on fête la réconciliation). Avec Medvedev, ils se serrent la main (Sarko reçoit en grand Chef d’Etat) et devant Gazprom, il soufflerait comme un nouveau vent très libéral de Liberté.

Villepin, Monsieur 8%.

La Tribune de Genève titre : «Au Salon de l’Agriculture, Villepin éclipse Aubry». Dominique ne cache pas son allure d’Aristo. Le costard est fripé, juste ce qu’il faut pour caresser Berlioz, monumental taureau de 1500 kgs. Dominique a pris de la hauteur au Salon : parlant de Chouchou, il ne l’attaque pas sur son esprit vengeur mais sur sa «politique ».

Et tout à coup, l’hypothèse saute aux yeux de BiBi : «Mais bon sang, mais c’est bien sûr». Oui, leur réconciliation est inévitable. Ils n’ont guère d’autre solution que cette obligation absolue de s’entendre. Désunis en 2012, il y aura désastre pour les deux. Aussi, il est plus que vraisemblable que dans les prochains mois, on assiste à un rapprochement sensible puis de plus en plus prononcé pour la « gagne ».

Les membres du Pool ne sont pas des idiots : ils demanderont de ranger les couteaux et les crocs de boucher (via Bruno Lemaire et les Villepinistes), ils demanderont à Frère Lagardère de gommer leur animosité réciproque dans le choc des photos, ils appelleront Martin Bouygues pour qu’il ouvre ses antennes, ils sonneront Val et Hees pour qu’ils rappliquent dare-dare, ils organiseront le Sommet du G20 en invitant Dominique. On verra Carla et Dom ouvrir ensemble le Musée d’Art Bernard Arnault. On demandera au publicitaire Stéphane Fouks d’y mettre tout son gros poids, on se fera des promesses : 2017 et le portefeuille des Affaires étrangères (ou la Présidence d’Unitaid) pour Dominique contre un retrait de Dom aux Présidentielles 2012.

Mais cela suffira t-il ?

Pensées en vrac.



BiBi a lu ces derniers mois le JDD et la Chronique mensuelle de Philippe Sollers. Il a trouvé la supposée photo d’Howard Hughes et les 4 clichés de Tuesday Weld dans le Monde Magazine. Le livre d’Eugène Durif (« Laisse les hommes pleurer ») est édité chez Actes-Sud.

BiBi a lu régulièrement les blogs suivants : Plume de Presse, Dazibaoueb, Ruminances, Céleste, Cerise, Librelulle, Coucou, GdC, Ervedo, Pas perdus, Gwendal, Nouvel Hermès, Piratages, Cromwell, Philippe Marx et SarkoFrance.

« Shutter Island » : parabole du Cinéma.

Lorsque BiBi chercha ce que voulait dire «Shutter» dans le titre « Shutter Island » de Martin Scorsese, il fut surpris de sa traduction : « volets ». Il remarqua aussi que le film était une sorte de voyage kafkaien et que, lors d’une séquence, l’un des personnages faisait même référence à l’écrivain pragois. BiBi se souvint alors avoir lu un petit dialogue entre Gustav Janouch et Franz Kafka sur le mot « volets ». Gustav Janouch parlait cinoche avec Franz et lui rappelait un proverbe tchèque : «L’œil est la fenêtre de l’âme». A quoi, l’homme de Prague rajouta énigmatiquement : «Oui, et les films sont des volets de fer ».

«Shutter Island» : un film à volets. Une île comme un volet de fer.

Un matin de 1954, le Marshal Teddy Daniels et son nouveau coéquipier, Chuck Aule, débarquent sur Shutter Island, une île  au large de Boston. Là, un ancien fort de la guerre de Sécession a été reconverti en hôpital psychiatrique pour criminels particulièrement dangereux. Les deux policiers doivent retrouver une patiente, internée après avoir noyé ses trois enfants. Elle a mystérieusement disparu. Les deux enquêteurs fédéraux vont devoir affronter la méfiance des médecins, la violence d’un ouragan qui submerge l’île et ils vont devoir – particulièrement pour Léonardo Di Caprio – faire face à leurs propres démons.

Il  eut l’île au Trésor, l’île du Docteur Moreau, l’Île nue de Kaneto Shindô, espaces privilégiés pour construire une intrigue accrocheuse. « Shutter Island » s’ouvre magnifiquement sur un bateau de ligne émergeant dans le blanc de l’écran et dans la blancheur de la brume. Cette île est comme le Prague de Kafka, immense, petite, omniprésente, endroit d’où l’on cherche à partir, à s’évader. Scorsese aurait pu écrire à l’instar de Kafka : «Cette île [Prague] ne nous lâchera pascette petite mère a des griffes» ou encore : «Dans ce petit cercle est enfermée toute ma vie», «Les recoins obscurs continuent de vivre en nous».

Du coup, cette île n’est pas un bout de terre singulier, un espace hors-temps mais elle est le Monde tout entier. Rien de ce qui est humain (ou inhumain) n’y est absent. Tout de l’Histoire humaine s’y concentre : la Vérité, les Mensonges,  les Camps d’extermination (Di Caprio, ex-soldat US, se souvient à plusieurs reprises de son expérience de tuer les responsables allemands du Camp de Dachau), le Réel, la Fiction et l’arête Bien/Mal sur laquelle s’échine l’acteur (et le spectateur).

On pourrait se laisser aller à l’intrigue, aux multiples rebondissements, aux flashbacks ( il y en a beaucoup. Trop ?), aux coups de théâtre. On pourrait rester à cette Question finale du film, au dilemme du héros, prêt à se faire lobotomiser ou énucléer : «Que vaut-il mieux ? Vivre en monstre ou mourir en Homme de bien ?»

On peut aussi émettre l’hypothèse que cette « Shutter Island » aux volets de fer, cette île d’où  Leonardo Di Caprio ne ressort pas car il découvre que c’est le Monde (un mélange inextricable de fictions et de vérités) est pour Martin Scorcese…  le Monde du Cinéma.

On y décèle nombre de séquences qui rappellent les films hitchcockiens (l’intrigue se passe dans les années 50-60, années terribles de la Guerre froide, quasi-atomique), séquences filmées en successions de plans qui rappellent les premiers trucages scéniques (au fond, les falaises, la tempête ; au premier plan bien découpé : le héros dans tous ses états). Les Oiseaux d’Alfred sont ici remplacés par les rats. L’arrivée du bateau (en noir sur fond blanc), le phare, les flics très hitchcockiens, les vues sur la mer, le Fort mystérieux (aussi mystérieux que le Château de Kafka) évoquent les films de jeunesse noire de Scorcese, dévoreur de pellicule et historiographe du Cinéma.

Cette île, c’est le Cinéma avec ses caciques, ses volets de fer, ses contraintes d’airain, ses contraintes policières d’Hollywood, puissance maléfice de ceux qui le gouvernent. C’est aussi le Cinéma dans sa Signifiance, dans son Intertextualité ( le film rappelle « Shock Corridor » de Samuel Fuller et le «Vol au dessus d’un nid de Coucou» dans leur logique infernale et similaire : qu’est-ce qui est vrai ? faux ? de la fiction ? du Réel ? Où est ce qui est vrai ? ce qui est faux ?) Le Cinéma permet de faire plonger un personnage dans une trame, de le mettre en scène pour qu’il croise et affronte cette Épreuve humaine par excellence : qu’est-ce – singulièrement, universellement – le Bien et le Mal ? Et non moins important : « Où se mettre ? Où se pencher ? »

A la fenêtre de l’Âme pour l’ouvrir ? Derrière les volets de fer pour les fermer ?

A vous évidemment de voir et d’aller (au cinéma)… y voir.