Aphorismes en bord de route.

 Parfois, Bibi dans ses promenades ramasse du bois sec. Parfois, il trouve des aphorismes dans les ornières. Ceux-ci, présentés en premier bouquet, ils les a ramassés entre coquelicots et mauvaises herbes.

      
« Entre mémoire des mers et retours sur terre : vagues à l’âme, océan de misère. »

« Il n’est pas de paysage extraordinaire. Il n’y a d’extraordinaire que la rencontre que nous avons avec lui. »

« Une grande force nous prend, une grande joie nous pousse. Et dire que cela a commencé par une grande tristesse, la grande tristesse de l’Exil.»

« Enfant de la terre, je rêvais d’être Écuyer de cirque, je rêvais de tours de pistes et de lointaines tournées autour du monde. Hélas, les labours n’attendent pas, et pour moi, et pour mes percherons. »

« Quelque chose se prépare, quelque chose se trame : et le poème viendra, remportant une victoire sur nous-mêmes. »

« C’est parfois dans le grain de la voix que s’ouvre la graine de la Vie. »

« C’est toujours dans le germe de la Vie que pousse un grain de Folie. »

« C’est malheureux, parfois le Malheur se fait oublier et on en est très très malheureux. »

« Certains ne connaissent pas leur bonheur. Petits heureux. »

« Bienheureux les Pauvres d’esprit. » « Heureux ceux qui possèdent. » L’époque est aux proverbes malheureux. »

« Ne pas confondre : « Certains jouent de malheur » et « Certains jouent du Malheur ». Les premiers font tout pour s’en sortir, les seconds tout pour y rester. »

« En cas de malheur, alpaguez le premier écrivain qui passe et demandez-lui de l’aide : il ne bougera pas, le couard, mais il vous tendra la main pour vous offrir son dernier livre. »

« Pas besoin de poteaux indicateurs pour savoir que le Bonheur est  par là-bas. »

« J’ai écrit il y a longtemps : « Dans la trame des jours, dans le canevas des nuits, tout ne tient qu’à un fil, et les malheurs comme les bonheurs auront maille à partir ». Par bonheur, je n’ai rien à changer aujourd’hui en le relisant, mais cette relecture est aussi mon malheur. »

« Comment veux-tu expliquer tes malheurs puisque tu n’es pas capable d’aligner un seul mot sur tes grands bonheurs ? »

« Tu t’allonges sur ton malheur, tu déjeunes sur l’herbe, tu picores ton bonheur. C’est le bonheur par miettes, dis-tu. Fais quand-même gaffe aux Oiseaux de mauvais augures. »

« Les Malheurs à bons comptes, les bonheurs qui rapportent : les fuir ».

« A force de s’abriter sous les saules pleureurs et d’y rester en larmes, on voit des écrivains en-dessous de tout, sortir leurs grands mouchoirs. Eh oui, le temps est à l’orage et à la pleurnicherie. »
        
« On a des mots, on croise le fer. C’est la bataille du livre, une bataille à couteaux tirés : reflets brillants contre lames de fonds. »

« Nous préférons les barques qui nous retournent aux sujets-bateaux. » 

« Les bibliothèques sont mes seuls endroits fréquentables et les livres avec lesquels je fraie sont mes seules mauvaises fréquentations. »

« Je peux facilement tomber malade si je ne tiens pas un livre, si un livre ne me tient pas. »

« La Maladie de la Lecture nous rendra la Santé resplendissante. »

« Envoyez donc tout balader, partez pour d’autres promenades, descendez de nouvelles rivières, dévalez les pentes, délaissez les pontes, longez les jetées, plongez dans l’été, sautez dans le premier train, ne prenez pas gare, ne restez pas à quai, ne veillez pas trop sur vos écarts de langage, lâchez les gaz et ne réduisez pas votre vitesse, polissez vos mots, sauvez votre peau, ne balisez pas trop votre chemin, bifurquez, dansez, zigzaguez sur les pages. Et en lisant, défense de s’enliser, hein ? Lisez et non, non, non, ne balisez pas.»

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