Blogueurs politiques : entre silences, allégeance et critiques.

Après la mise sur la touche de Nicolas Sarkozy, les bloggeurs de « Gauche » s’interrogent sur leur place dans le paysage du Net. La défaite du sarkozysme les laisse désormais sur un sol mouvant. Les voilà plutôt hésitants, entre silences (leurs billets s’arrêtent début juin), départs en vacances (définitifs ?), billets politiques sans convictions et défense molle du Président. Je me suis donc penché sur cette période transitoire que traversent ces blogs de « Gauche ».

J’ai trouvé ce petit passage dans le Blog d’un des plus influents membres de la Communauté bloguesque : 

«Je ne sais pas ce qu’est un «blogueur de gouvernement». Je fais partie de ces blogueurs qui suivent François Hollande depuis octobre 2010 et qui, progressivement, lui ont apporté un soutien total, ce que je vais continuer à faire tant qu’il ne rompt pas avec ses engagements sans une raison valable».

«Sans une raison valable». C’est justement là où se situe(ra) le combat politique : sur la  justification qui sera donnée aux renoncements du Président. Et cette justification – juste ou injuste – ne sera pas unanime. Elle sera l’objet de conflits, de dissensus, de combats et d’enjeux politiques (à l’intérieur de la Gauche même). 

Espérons que Hollande – qui bénéficia d’un «soutien total» du blogueur – ne  vienne justifier  les pertes d’emploi, l’Europe telle quelle, la soumission au Marché pour «des raisons valables». Des raisons valables déjà avalisées hélas par les socialistes espagnols, les socialistes grecs et les Monti de tous poils glorifiés en héros (par Sieur Attali). 

Des débats fleuret moucheté (on n’en est pas encore à sortir les couteaux) pointent dans cette partie de la blogosphère politique : «Nous ne sommes pas censés, suite à une transformation miraculeuse le 6 mai, accepter le monde tel qu’il est, sous prétexte que nos champions sont aux manettes. Je suis d’ailleurs persuadé que rester critiques est le meilleur moyen de rendre service à la gauche».Ce sont  Marc Vasseur et Pire Canaille. qui ont lancé l’offensive avec leurs premières Flèches.

On peut être d’accord avec eux. Seule réserve : pour ma part, je n’ai pas de champion(s) car le jeu politique n’a rien à voir avec la Champion’s League. Quant à résumer ma propre «position» dans le champ blogguesque et «politique», j’en ai déjà dit deux mots dans un commentaire à Captain Haka :

«Voilà une belle question : «Comment continuer à bloguer quand on n’est plus dans l’opposition ?».
J’avoue : je ne suis concerné ni par la réponse (même pas par une réponse à-côté) ni par cette question de fond (qui mériterait en préambule une interrogation sur la façon de poser le mot.. opposition).

C’est que 1.  pour tout dire – je suis en perpétuelle… opposition avec… moi-même 🙂 Et que ça ne date ni de Jospin, ni de Sarkozy : de bien plus loin, c’est sur.

2. C’est vrai que «Blogueur du Gouvernement», ça ne fait pas bien dans le Tableau de la Nouvelle Ère. Bien peu se revendique(ro)nt de défendre ouvertement  Hollande et son équipe (les bloggeurs n’aiment pas qu’on les traite d’aveugles, ils adorent nous servir de l’esprit-critique) mais, paradoxalement, le blogguer qui émettrait la moindre critique sur les mesures prises (ou non) se verra renvoyé à coup sûr à Celui-qui-fait-le-Jeu-de-la-Droite, se verra catalogué en Acteur de la Désunion de la Gauche etc. On voit déjà (pas de délation, ce n’est pas mon genre)  que certains Justes Acharnés d’Hier deviennent des petits Censeurs d’Aujourd’hui.

3. Reste qu’en parcourant les blogs de ma blogroll, certain(e)s blogueurs se sont tus (tués ?). Dommage. Leurs derniers billets datent de début juin. Et là, y a quand-même quelque chose qui – ding dingue dong – cloche.

Mon embryon d’analyse :

Peut-être que dans ces silences, il y aurait à comprendre – après l’Urgence d’avoir chassé le détestable Petit Mec de l’UMP – que c’est LE POLITIQUE et non forcément/seulement LA POLITIQUE dont il faut/faudrait dorénavant s’occuper. En ne me décrétant pas «Blog politique» (mais blog multithématique sur e-buzzing), en écrivant sur le Politique qui traverse Sport, Littérature, Voyages et autres domaines de la vie sociale, j’ai peut-être évité ce désenchantement, ces silences (même si j’ai ralenti de beaucoup mes billets en écrivant par ailleurs)… Bon, voilà pour mes premières post-impressions après la Grande Victoire Prolétarienne de mai-juin. A suivre donc ».

*

Avant de vous quitter, sachez qu’une autre porte-BiBi s’est ouverte, porte que vous pouvez pousser en vous rendant à  mon compte FACEBOOK… (Abonnements bienvenus !) Enfin, un petit salut estival à mes camarades de Gauche (sans guillemets), ceux de la Gauchosphère, ceux de Dazibaoueb, à Cui Cui l’Oiseau, à Rue Affre, à Pas Perdus, aux eclectiques Confins, Celestissima, Michelle Brun, à l’excentrique Librelulle, une poignée de main à… la Main de Singe et un gros bisou à la photographe de Back-To-Intro.

6 Responses to Blogueurs politiques : entre silences, allégeance et critiques.

  1. lediazec dit :

    La tendance serait à l’orphélinat ?

  2. BiBi dit :

    @lediazec

    Oui peut-être mais… faudrait pas croire qu’un orphelin soit né de rien. Il n’a certes pas eu de père et mère mais il a bien eu quelqu’un et quelqu’une pour exister.

    Quant à la tendance qui voudrait que pour exister désormais, un blog doit tuer père et mère, je n’y crois pas. Tout blogueur (tout humain) n’est pas né de rien ( d’aucune histoire, d’aucun Passé) même s’il en est persuadé, même s’il veut en persuader les autres.

  3. Rodrigue dit :

    – C’est l’histoire d’un type qui fait de l’argent sur de l’argent, sur de l’argent, sur de l’argent, sur de l’argent…
    – Et l’autre… le dernier ?
    – Lequel ?!! Connais pas !

  4. lediazec dit :

    Loin de moi une telle idée, mon cher BiBi. Je fais partie de ceux qui pensent que pour bien vivre, il faut arrêter de tuer père et mère, ou qui que ce soit d’autre, sans pour autant être dupe sur leur part de responsabilité… Comme disaient les grand-mères : « faut jamais mettre tous les oeufs dans le même panier »…

  5. Marco dit :

    On est bien sur la même ligne. LA « politique » a besoin qu’on s’y interesse, quel que soit le camp qui l’exerce.
    Après le dernier quinquennat, il était obligatoire de souffler un peu, de se reposer de toutes les couleuvres qu’il a fallu avaler.
    Maintenant, l’important pour moi est de surveiller l’aptitude de ce gouvernement prétendument à gauche à réaliser les promesses électorales. Au vu de la planche savonnée par l’équipe sortante et du contexte de mondialisation, il faut être lucide : les miracles n’existent pas, une politique trop « sociale » serait immédiatement torpillée de l’extérieur… Donc, réaliser ce qui a été promis serait déjà pas si mal. Cela n’empêche pas de rester attentif…

  6. BiBi dit :

    @lediazec
    Ce n’est pas à ton propos que je… ruminais.
    Je suis trop ton Blog collectif pour en douter une seconde 🙂
    Non, je trouve curieux que certains blogueurs ne revendiquent pas haut et fort l’appartenance au parti du Président. Que diable, on peut être à fond pour lui… Quel mal y a t-il ?
    Or les bloggeurs les plus acharné(e)s dans la défense des Socialistes (du temps de Sarkozy) me semblent tout à coup timides, frileux, en retrait et ramènent cet argument gnan-gnan difficile à supporter :  » Oui on soutient mais faudrait pas croire, on garde notre esprit critique. Et ra-gna-gna… » Bouh.

    @alteroueb (Marco)
    Bien entendu, nous ne sommes pas des machines à écrire. Souffler, prendre du temps est absolument nécessaire. Mais ce manque de souffle tient à autre chose qu’à une nécessité basique et vitale. Il y a autre chose.

    Tant que les blogs politiques cassaient du sucre ( à juste titre) sur la politique de Sarko qui pondait une merde par jour, tout… »allait bien ». Y avait de la matière pour faire des billets en veux-tu, en voilà. Tout tournait autour, tout roulait « impec ».

    Pour ma part, accro au Politique, c’est plus « comment articuler les champs différents – de l’art au livre, de la peinture au Sport – au Politique » qui m’interesse et que j’essaye ici de faire partager.

    Du coup, je continue à faire diversité dans mes billets (moins souvent car je me remets à écrire ailleurs que dans mon blog)mais ce changement ne m’a pas désorienté ou perturbé comme chez beaucoup.

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