Cabu d’hier et d’aujourd’hui.

Mieux qu’un long discours, je présente un extrait de l’hommage du Canard Enchaîné à Cabu (de son vivant). Cet extrait fait partie des deux pages de présentation du dessinateur multiforme et multimédia. Si chacun a loué sa gentillesse, chacun pourra (re)voir qu’il fut notre contemporain et qu’il ne chercha jamais cette unanimité qui, aujourd’hui, fait descendre dans la rue toutes les tendances politiquement compassionnelles.

Canard

Cabu n’a pas été ce dessinateur en retrait, presque effacé. Dans les années Giscard, il sortait régulièrement le bazooka pour attaquer la Grande Muette (l’Armée) et ses gradés intrigants qui se rallièrent aux adeptes de la Gégène en Algérie. Il se montra aussi féroce contre l’époque giscardienne qui misa tout sur le Nucléaire pour satisfaire les puissants lobbies français.

Armée

Ces dessins dépassaient le directement politique et naviguaient avec une grande liberté vers d’autres sujets d’importance. Ainsi il brocarda les jurys et prix littéraires. Voilà ici un dessin dédié à tous ces pseudo-critiques littéraires impressionnés par les choix des Instances de Consécration, qui centrent leurs émissions (ou leurs pages) sur le dernier Houellebecq et qui oublient combien sont grands nos territoires culturels (hélas souterrains, hélas ignorés). Quand entendrons-nous par exemple Valère Novarina, Charles Juliet, Michel Butor (et tant, tant d’autres acteurs culturels sur lesquels il n’est jamais fait signe) aux heures de grande écoute, dans ces temps pipolittéraires où les critiques oscillent entre les rôles de beaux parleurs et ceux de haut-parleurs ?

Jury

Bien sûr, c’est dans l’accompagnement de notre quotidien politique que Cabu apporta sa touche singulière, ses dessins-bibi. Pour exemple, il crayonna l’ex-Président, celui-là même qui fit hier entendre sa voix pour défendre la Patrie en danger. Trois dessins qui résument le climat politique d’alors, flèches bienvenues sur cibles bien choisies.

Bernadette

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Sarkooo

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Sarkozy conférence

Cabu n’hésita pas à brocarder aussi cette tendance dégradante du Politique à verser dans le people. Il le fit avec élégance, avec cet air de ne pas y toucher (mais qui touchait juste). Deux dessins ici qui, derrière leur apparence, en disent long sur cette terrible époque du Quinquennat sarkozyste (époque qui, ne l’oublions pas, mit de l’huile sur le feu islamiste en créant ce funeste Ministère de l’Identité Nationale)…

Cécilia et Carla

Dans ses derniers dessins parus début décembre 2014 dans les pages du Canard Enchaîné, le dessinateur attaqua tout azimut, se moquant du patron de la CGT, Thierry Le Paon ou encore du cinéma hollandais autour de sa découverte de l’écologie.

LePaon

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Cabu Hollande ecolo

Cabu… indissociable de Wolinski que j’avais rencontré dans un stand de la Fête de l’Humanité aux anciens temps giscardiens. Pour le minot que j’étais alors, j’avais été impressionné par la douceur de son parler, par son élégance quelque peu aristocratique (alors qu’il venait fêter… la classe ouvrière). Ce fut ce décalage complètement assumé, sans prise de tête, qui m’avait alors frappé. Merveilles que furent ses dessins, alliant sans complexe Q et Politique.

Dessins qui diront plus que jamais que la Vie l’emportera. Toujours.

13_wolinski_classe_ouvriere

 

Cliquez sur les dessins pour les agrandir…

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