« Ecrire, c’est détruire les barrières » (Michel Butor)

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Le Monde est plein de surprises. Il n’ y a pas si longtemps, BiBi s’était souvenu de quelques passages d’un entretien de Madeleine Santschi avec l’écrivain Michel Butor. Et voici qu’au hasard du deuxième Salon du Livre d’artistes et de la Création éditoriale qui se tient ce week end à Lucinges (Haute-Savoie), BiBi vint écouter l’écrivain pour une table ronde sur ses «Livres de Dialogue».

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Les livres de dialogue de Michel Butor sont des ouvrages imprimés luxueusement (ou faits à la main). Ouvrages tirés en peu d’exemplaires, livres co-réalisés avec ses amis photographes, peintres, sculpteurs qui lui ont donné cet oxygène nécessaire au bonheur de son écriture.
Michel Butor a écrit une œuvre multiforme dans laquelle tout se mêle si étroitement que rien ne peut en être séparé. En 2002, il disait : «Travailler avec les peintres a été et reste un bain de jouvence. Je me sens un vieux romancier [Butor a eu 85 ans le 14 septembre] du siècle passé mais un jeune poète tout prêt à entrer dans le siècle nouveau».

Après le film «Sur le Vif/Rencontre avec Michel Butor» eut lieu la table ronde (voir Clip). Dans leur travail à deux, Bertrand Dorny insistera sur cette essentielle confiance à être, à échanger avec Butor. «Et si vous avez un doute – comme tout artiste qui crée – Michel vous sécurise». L’éditeur Emès Manuel de Matos parlera plus d’une «collaboration d’Amour» rajoutant malicieusement qu’il se pourrait bien qu’ «aimer l’Autre soit aussi de le dévorer»

Michel Butor rajoutera : «Je suis très respectueux de ce que font mes amis. Je fais ce que je peux pour les suivre. Il faut qu’il y ait une confiance extraordinaire pour qu’ils me permettent d’écrire sur leur peinture».

Sur le dialogue (inséparable d’une profonde Connivence), Michel Butor dit encore : «Je me pose toujours la question : pourquoi a-t-il fait ça ? Comment a-t-il fait ça ? Et j’ai souvent le trac lorsque je dois écrire sur la peinture même car je risque de tout foutre en l’air. Il faut faire attention car j’ai l’impression d’avoir leur regard qui me surplombe». «Je fais toujours des brouillons pour mes textes, des brouillons qui sont quelquefois très raturés, très repris puis ensuite j’essaye le texte dans un premier exemplaire».

Avec émotion, il évoquera «ces scribes du Moyen-Âge qui copiaient avec une telle régularité dont le travail et la virtuosité étaient extraordinaires».

Sur la photographie, il dira encore : «Il est possible que mes écrits aident le photographe qui n’a pas forcément vu ce qu’il voyait».

Et Emès de Matos de finir en voyant en Michel Butor un artiste «très vert», «disponible pour la provocation».

9 Responses to « Ecrire, c’est détruire les barrières » (Michel Butor)

  1. Michel Butor, par-delà les siècles et les siècles (hier soir j’ai vu « Habemus Papam…), écrivain-artiste, c’est assez rare ceux qui pratiquent la transversalité.

    Merci de ce rappel !

  2. […] « Ecrire, c’est détruire les barrières » (Michel Butor) RT @fbon: RT @pensezbibi http://t.co/iHnBB0QK | Michel Butor, "livres de dialogue"… Source: http://www.pensezbibi.com […]

  3. Je n’ai malheureusement pas pu assister à cette rencontre, car je suis arrivé à Lucinges que dans l’après-midi. J’ai cependant réalisé un compte-rendu texte et image des deux jours passés lors de ce très agréable salon du livre d’artistes de Lucinges dans lequel intervenait en voisin Michel Butor. On peut également y écouter Michel Butor lire son texte sur Lug.

    http://t.co/TMQvNBY0

  4. BiBi dit :

    @Pierre Ménard
    Peut-être dans le prochain Salon où… l’on causera. 🙂

  5. Nanouchka dit :

    Merci pour tous vos commentaires et les vidéos en ligne. Trois jours inoubliables avec la complicité de l’écrivain, des artistes plasticiens et des éditeurs.

  6. jeanpaul de la mata dit :

    Ecrire, c’est souvent supporter les états d’âmes des intellos qui se la joue sur le net…la plupart du temps sous des pseudos évidemment…hé,hé ?

  7. BiBi dit :

    @jeanpaul de la mata
    Je sens poindre une sourde animosité contre les « intellos », un grand zeste d’anti-intellectualisme dans tes propos. Y aurait pas un peu de l’esprit du « Duce » et du « Petit Moustachu » en Toi ?

  8. de la mata jeanpaul dit :

    D’autant plus que parmi eux…y’ a plein d’efféminés…hé,hé ?

  9. BiBi dit :

    @de la mata
    Tu veux dire des bibipèdes dans mon genre ?
    Ceux qu’il faut craindre, ce sont ces bipèdes qui ne touchent jamais à la… bibine.

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