L’ex-plombier Joe Cocker et ses tubes en or.

Joe Cocker R et Folk

Joe Cocker, ex-plombier de Sheffield, en a fini avec les tubes de plomb. (1) Il va commencer à nous livrer quelques tubes en or. Trois ans après Woodstock, à 28 ans, ce mardi 27 juillet 1972, Joe Cocker vient donner un concert à l’île des Vannes à Saint-Ouen. Le mois suivant, le mensuel Rock et Folk – via Alain Dister et Patrice Blanc-Francard – nous parle enfin de Joe Cocker. Jusque-là, il n’est pas une star à part entière. Dans les numéros du magazine de Rock, il n’est pas une seule fois en Une malgré sa voix exceptionnelle, malgré sa présence scénique (Woodstock, c’est 1969).

Billet-hommage avec souvenirs couplés aux articles de Rock & Folk.

Joe Cocker a beaucoup zoné dans les petits clubs anglais où se produisaient des groupes locaux, couleur jamaïcaine souvent. Pour écouter d’abord avant de faire ses armes dans le sillon de la musique couleur noire anglaise (Animals/ Hollies/Yardbirds). Le succès arrive vite avec ce tube planétaire («With The Little Help From my Friends» des Beatles) que sa voix va transcender.

Après Woodstock, il se joint à Léon Russell et ses Mad Dogs & The Englishmen pour une dure tournée américaine où il se fera exploiter par ce même Léon organisateur et pianiste (de Delanney and Bonnie).

Je me souviens encore du film de cette tournée où Joe Cocker, étincelant sur scène, stoned en interview, psalmodiait : «Si je n’avais pas chanté, j’aurais vraisemblablement tué quelqu’un»).

Exit Léon Russell (pianiste), voici le Chris Stainton Band pour l’accompagner. Le succès de ce groupe «freaky and funky» n’est pas au rendez-vous. Joe Cocker plane sur d’autres nuages et n’ouvre pas que des bouteilles d’eau.

Il revient quand-même à Paris, à Saint-Ouen précisément où près de 5.000 personnes l’attendent. Le chroniqueur de R&F note :

Rock et Folk

Pour débuter, il chanta «Midnight Rider» puis «Woman to woman» avant de poursuivre avec les morceaux de la tournée US. Il enchaînera avec «Early in the Morning» de Ray Charles. Un chœur de filles l’accompagne comme pour imiter Ray Charles (qu’il admire) et ses Raelets. La suite? Un morceau de Steven Stills («Love the one you’re with»), puis «Delta Lady» «Honky Tonk Women», «Cry Me A river» «Black Eyed Lady», «Feelin’Allright» – ma préférée).

Après un concert d’une heure et demie, il y eut deux rappels avec les medleys qui furent l’apothéose («The Letter» et «Hitchcock Railway»). On rappellera que Joe Cocker, incapable de composer, alla souvent puiser génialement dans le répertoire des autres.

Joe Cocker

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Extrait de l’interview (15 mai 1972).

«J’écoute du skiffle, Lonnie Donnegan, du vieux rock… Au début, sur scène, je jouais de la batterie et je chantais en même temps !».

«A mes débuts, je montais sur scène et faisais la musique le soir et je bossais la journée. Vous savez, au fond le rock c’est comme un livre. Si vous l’avez commencé et qu’il vous plaît, vous continuez jusqu’au bout».

«J’ai passé neuf mois à Los Angeles à la fin de la tournée Mad Dogs, je suis juste resté comme ça, à réfléchir. Ensuite je suis revenu en Angleterre… En fait, j’ai pris un an de vacances. Je suis parti en Ecosse, en revenant à l’occasion à Londres et à Sheffield».

Joe Cocker 4

«Les concerts, c’est toujours différent à mesure que le temps passe. J’ai toujours aimé les trucs «live», les concerts»

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De Concert, BiBi en vit un – mémorable – au Palais des Sports de Lyon dans les années 80-85. Joe Cocker, fatigué, épuisé, était entré sur scène, accompagné par deux roadies puis, à la fin du concert, traîné par les mêmes, jusqu’à sa voiture. Entretemps, nous fûmes subjugués par sa présence sur scène.

La presse Rock, elle, n’est pas tendre : «On n’en est plus à une résurrection près… Le problème n’est pas vraiment que Joe Cocker parvienne à chanter ni même à enregistrer de bons disques. Il l’a presque toujours fait, ce serait plutôt qu’il se refasse une santé physique et mentale. Et là, tous ceux qui l’ont vu récemment indiquent qu’il n’en est rien. Joe reste un maudit envers et contre tout, dont le don (sa voix) finit toujours par se retourner contre lui».

Après plusieurs petites morts, Joe Cocker renaîtra pourtant de ses cendres. Les foules vont finir par l’acclamer et les tubes redeviendront tubes en or.

 *

 (1). Une envolée cockérienne (à méditer pour Jacques Séguéla) : «La plomberie ne m’intéressait plus. Je ne voulais pas d’un boulot où l’on bosse pendant des années pour avoir droit à une montre en or à la fin».

One Response to L’ex-plombier Joe Cocker et ses tubes en or.

  1. Un partageux dit :

    Voilà que je me permets de mettre en scène quelques blogueurs dont Pensez Bibi. Pour les engueulades, venir me voir au café du port à Tombouctou le jeudi matin…

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