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Propagande Macron : inventaire de semaine.

Photo Gianni Berengo Gardin (Villata di Vercelli)

Petit inventaire du début juin 2020 où l’on se rend compte que la Propagande Macron passe massivement par ses supports (du Monde à France Info). Voici donc une promenade-bibi autour de ces tous petits détails – souvent inaperçus – qui servent les grandes Manipulations elyséennes.

B comme Bandeau.

Invitée du Quotidien de Yann Barthès, Laurence Boone est présentée comme Directrice du machin OCDE. Voilà qui impressionne et en jette au téléspectateur. Mais d’où vient-elle ? Jetons un coup d’œil sur son parcours : Chef économiste du groupe AXA. Conseillère économique de François Hollande. Amie de Macron. Prof à Science-Po. Ex-économiste de Barclays Capital France. Et comme cette invitation ne suffit pas, Yann Barthes, très courtisan, l’attend impérativement pour d’autres aventures.

Autre petit détail qui fait la Grande Propagande. Sur France-Info, nous avons eu droit quotidiennement au Sociologue Jean Viard venant nous seriner ses impressions sur le Covid19. Sociologue, voilà un qualificatif, rappelé à chacune de ses interventions, qui impressionne ! Mais faisons un pas de côté et regardons attentivement où va se nicher la Propagande : bouh le vilain FranceInfo qui nous a caché l’appartenance de Jean Viard à… En Marche.

C comme Charognards.

« Travailler (rend libre) », l’obsession de Truchot

Au Top Ten, Olivier Truchot, (r)assis sur son fauteuil de BFMTV/RMC, payé par l’argent de l’évasion fiscale de son Boss, entre dans la Légende des Charognards en insultant les profs : «La plupart des profs n’ont pas travaillé».

Autre journaleux : Bruno Duvic. Lui est plus subtil dans son émission d’avant le 13h sur France-Inter. Pour justifier sa prise de position (la même que celle de Truchot), il s’affuble de l’Objectivité via l’exemple d’un seul collège où, dit-il, en généralisant sans complexe, seuls 4 enseignants sur 10 travaillaient.

Et puis, il y a Anne-Sophie Lapix sur France2TV qui, jamais sortie elle aussi de son studio, lance le sujet pro-macroniste du jour avec le même refrain « Les professeurs sont des lâches, des fainéants, des grugeurs ». Une sacrée chaîne publique que nous tenons là !

L comme Londres.

Souvenez-vous : nous étions en septembre 2016, Macron n’avait pas encore crié sa joie de construire son Grand Projet. Il faisait attendre sa réponse à ses Courtisans qui le pressaient d’annoncer sa candidature présidentielle 2017. Cela n’avait pas empêché alors Macron de se rendre à Londres chercher son pognon pour sa campagne (12,75 millions d’euros quand-même). Aujourd’hui, re-belote, il court chez son Premier Cercle londonien pour préparer 2022. Dire que c’est un pauvre con de citoyen qui vient, ici, vous faire part de ce rapprochement et qu’aucun Media Mainstream ne passe la Manche pour aller y voir.

M comme Montaigne.

En ces temps de confinement/déconfinement, on a vu arriver des tas de sommités littéraires (de seconde zone quand-même) nous faire partager leurs joies et leurs souffrances. Suis tombé sur cet étonnant jugement de Montaigne : « L’écrivaillerie est peut-être le symptôme d’un monde débordé ». Une rectification : ôtons le mot « peut-être » et remplaçons-le par « sûrement ».

Montaigne toujours mais là, il s’agit de l’Institut Montaigne qui fait la loi libérale dans le Milieu. Il est une mesure sur laquelle l’Institut s’acharne : le temps de travail. Pas loin de traiter les Français de feignasses. Son grand complice (Le Monde), six ans après, lui vient à nouveau à la rescousse en réouvrant le « débat ». Faudrait aller bosser un peu plus longuement, bande de connards ! Quant à ces exploiteurs, Laurent Bigorgne, Xavier Niel, Macron, ils travaillent toujours main dans la main. Ensemble. Et pas que 35h.

O comme Olivennes.

Denis Olivennes, vieux débris sarko-hollando-macroniste, continue son ballet des chaises tournantes. Après sa promotion 1996 des «Young Leaders» de la French-American Foundation (Tiens, tiens, comme Macron, Hollande, Juppé, Vallaud-Belkacem, Montebourg, Moscovici), après Air France, Canal Plus, Lobs, la FNAC, Lagardère, le voilà Directeur Général de Libération. Un délégué syndical de la FNAC le résumait en une phrase : « On n’a jamais connu un mec si brutal ». Imaginant le Monde D’Après, BiBi vous offre en exclusivité la prochaine mouture du Monde d’Après de… Libération.

Libération. Le Monde D’Après.

P comme Profbashing.

Devant le tollé du reportage de France2, la Chaine a fait appel à son Médiateur qui va enquêter. Une façon de nous dire que Voyez, on donne la parole aux contradicteurs etc. La Direction de cette Chaine ne se doute pas que – par ce subterfuge – elle copie son Maître élyséen. Retenons la «coïncidence» : Macron a instauré sa commission d’enquête «indépendante» (défense de rire) sur la gestion du coronavirus. On n’est jamais aussi bien servi que par soi-même.

T comme Touquet.

On se demande à quoi s’occupent nos grands journalistes (à part rester assis devant Twitter pour pomper leurs articles) ? Hé bien, ils fabriquent des livres. Cette fois c’est Renaud Dely (avec Marie Huret) qui s’y collent. Un livre sur la Maison du Touquet (celle des Macron). Invité au Qofficiel de Yann Barthès, il se garde bien d’évoquer ce « petit » détail qui – évidemment – desservirait sa pub : rappeler que l’ami intime du couple présidentiel a les clés de la Maison. L’ami intime ? Ben oui, le pseudo-policier-qui-matraque, l’ami Benalla.

Londres,Wuhan : peste bubonique et coronavirus.

Au milieu des troubles actuels, intimes ou non, m’est revenu un travail écrit que j’avais mené à bien il y a quelque quinze ans en arrière. Une pièce de théâtre que j’avais proposée à quelques troupes locales. Refusée. Et aussi à quelques éditeurs de théâtre. Refusée. Un travail que j’avais « protégé » à la Société des Auteurs. Je viens de le relire après l’avoir ressorti de mes tiroirs. Son titre ? «Les Pestiférés. Londres 1666».

Pourquoi cette réminiscence aujourd’hui ? Certainement à cause de la prégnance de la confusion actuelle et de la présence grandissante de cette peur due au rampant coronavirus. Les analogies entre hier et aujourd’hui sont nombreuses.

Ce thème, cette idée d’écrire sur la peste londonienne m’était peut-être venue à la suite du 11 septembre (et de ses suites avec les calamités de la guerre d’alors en Irak). Mais ce qui a été beaucoup plus décisif dans ce rappel mémoriel n’a pas été le souvenir du livre d’Albert CamusLa Peste»), lu il y a bien longtemps. Non, c’était la lecture du Journal de Daniel Defoe sur la Peste mais aussi et surtout la découverte fortuite mais fascinante du Journal d’un certain Samuel Pepys au début des années 2000.

La plupart d’entre vous doivent ignorer qui était ce fonctionnaire, administrateur anglais du XVIIème siècle qui travaillait à l’Amirauté (la Marine royale anglaise). Né en 1633 à Londres, Samuel Pepys était de souche plutôt modeste. Ce qui va le rendre célèbre pour la postérité, c’est qu’il va tenir au jour le jour, un Journal dans lequel il rassemble les faits de sa vie de travail, de sa vie familiale (avec ses querelles et ses bonheurs), de sa vie amoureuse avec le récit de ses folles épopées extra-conjugales. En 10 ans, il va emplir six gros carnets avec une précision extraordinaire et des détails passionnants. Une plongée dans la vie de la Cité de Londres exceptionnelle.

Par peur de la cécité, son travail de diariste cessera néanmoins en 1670. Avant cela, autour des années 1660-66, Samuel Pepys connaîtra trois grands évènements : la Peste (1665), l’Incendie de Londres et la deuxième guerre de rivalité commerciale et maritime contre la Hollande.

Alors que le nombre de morts atteint des sommets (1/6ème de la population londonienne) Samuel Pepys est miraculeusement préservé. Il continue de travailler même s’il déménage provisoirement sa famille hors de Londres. La ville compte plus de deux mille morts de la Peste encore en 1666.

Ma pièce démarre en 1665, année de la Peste. Henry (très accaparé par la guerre navale contre les Hollandais) et Elisabeth Dickinson préparent le mariage de leur fille Isabella avec un comédien (ce qui, à l’époque, est mal vu). Dans la Maison, les valets et servantes parlent tout bas de la Peste et ont peur que le Maitre des lieux ne les renvoient. Alors que toute la famille, polarisée par le prochain mariage, pense enfin à se réfugier hors de Londres et fuir la peste bubonnique, une Enquêtrice va ordonner à tous les membres de cette famille de rester en quarantaine par décret. Monde inversé : ce sont les pauvres qui doivent visiter les Maisons (dont celle des Dickinson) et déterminer puis signaler tout membre atteint de la peste. Monde désormais à l’envers où les Dominés tiennent (mais très provisoirement) le pouvoir.

Pour présenter mon travail à l’extérieur, j’avais écrit un texte de présentation en ouverture de ma pièce. Le voici :

Aujourd’hui, je lis des tweets de personnes qui pensent que le coronavirus va mettre le Capitalisme à bas et qu’il y a lieu de se réjouir. Terrible illusion : le Capitalisme ne s’écroulera pas de cette façon. Il a des réserves insoupçonnées. Structurellement et idéologiquement, il est capable de se maintenir et de nous faire payer cher, très cher son maintien et ses errances. Reste que cette pandémie – dont nul ne sait quand elle s’achèvera (rappel d’importance : la Science ne sait pas tout) entraînera paradoxalement des effets de connaissance sur ce Régime qui nous asservit depuis trop longtemps, sur ce Régime si brutal, sans pitié pour les plus faibles. Et, bien entendu, ces effets sont et seront précieux dans les luttes et les combats à venir.

C’est à tous ces combattant(e)s que je pense. A ce merveilleux personnel hospitalier moqué, ignoré, qui, depuis plus d’une année, s’est associé aux gilets jaunes pour crier sa détresse et brandir sa révolte sans faiblir.

PS : Sait-on jamais ? Pour qui s’y intéresse (de préférence éditeurs & gens de théâtre), mon texte est… disponible.