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A propos des livres de Patrick Champagne et d’Aude Lancelin.

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Deux livres. Celui de Patrick Champagne. Celui d’Aude Lancelin. Quand tu ouvres ces deux livres sur le journalisme, tu tombes sur les écrits d’un sociologue avisé et d’une journaliste, longtemps restée au coeur du Système et qui, très récemment a été éjectée manu-militari de L’Obs. Tu te dis : c’est obligé, je vais devoir en parler, faire lire leurs travaux.

Mais d’abord en faire ma double affaire : 1. les lire puis 2. écrire un bibillet…

En voulant le rédiger, tu t’aperçois alors – que tout ce que tu vas écrire, tu l’as… déjà écrit. Tu t’es déjà servi des chroniques d’Alain Accardo, de l’analyse de Pierre Rimbert sur LibérationPravda des nouveaux bourgeois» comme l’écrivait Guy Hocqhenghem), du collectif de La Découverte dézinguant les Editocrates, d’un numéro spécial d’Europe sur le polémiste Karl Kraus, des sorties bourdieusiennes etc. Bref, tu vas écrire, réécrire, faire et refaire un peu la même chose, endosser, ré-endosser ta parure de perroquet.

Reprendre et donc, ressasser. Fatigant bien sûr mais indispensable.

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A propos de « Médias contre Médias », le livre de Clément Sénéchal.

Clément Sénéchal 3

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Toujours bienvenus sont les livres critiques sur les Médias. Avec celui de Thierry Guilbert (L’«évidence» du Discours néolibéral» – Analyse dans la presse écrite), celui de Jean Stern («Les Patrons de la presse nationale»), celui, plus ancien d’Alain Accardo sur les «Journalistes au quotidien» (Editions Le Mascaret), le livre de Clément Sénéchal vient complèter la vision que chacun peut se faire de l’extraordinaire domination de l’idéologie libérale sur nos consciences, idéologie qui, toujours, «parvient à se présenter comme évidente, comme dépourvue de toute alternative»(Bourdieu). On veut croire quand-même, malgré tout, à une presse-papier alternative qui irait de Fakir à La Décroissance, des sites Web (Acrimed, Arrêt sur Images, Mediapart) aux blogs critiques et polémiques 🙂 mais le chemin est long pour gagner lecteurs et internautes-citoyens.

Le livre de Clément Sénéchal vient opportunément compléter ce trio Guilbert/Stern/Accardo en se focalisant sur le développement d’Internet qui aurait, selon lui, changé la donne. Le champ du Numérique y est donc analysé dans sa mouvance, dans ses contradictions, traversé qu’il est par des luttes sans concession.

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FUCKIN’WORLD.

Violence des riches

Reste la rage.

Il y a l’analyse posée, la réflexion qui prend du temps, la collecte d’informations et au bout l’assemblage, les morceaux qu’on recolle. On lève le voile sur ce monde tel qu’il est, on revisite les fondamentaux de nos représentations, on voit poindre les éclairages qui prennent sens. Et au final, nous reste la Rage. La rage née, grandissante de ne pas très bien savoir précisément quelles formes concrètes doit prendre notre indignation. C’est qu’il n’y a pas de manuel anticapitaliste prémâché, pas de recettes toutes prêtes. Alors comment s’inventer des nouvelles formes qui mordent aux chevilles des Puissants ? Comment participer en Utopiste indécrottable à un nouvel art de vivre ? Tout bonnement : comment sortir la tête de ce merdier et que faire ? Il y a de bien pauvres réponses : 1. du merdier, on n’en sort pas. 2. quant au faire, on fait sans trop savoir ce qu’on fait. Puis, désabusées, on lit… avant de balayer d’un revers de main tout ce qui va suivre, tout ce qu’on va lire.

Et au final, hébétés, désenchantés, un tantinet lucides, il nous reste les crocs, la rage, il nous reste le qui-vive.

« Quoi ? T’as pas le moral, BiBi ? »

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«T’as pas le moral, BiBi ? Hé ! Hé ! Tu ne devrais pas… tu n’devrais pas lire tous ces livres à la suite : «Roberto Saviano «Le Combat continue (résister à la Mafia)» (Laffont), Pierre Péan «La République des Mallettes» (Fayard), Jean Stern («Les Patrons de la Presse nationale. Tous Mauvais» La Fabrique). Pas si bon que ça pour ta santé psychique et physique».