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Journalistes et…bloggeurs : faut-il les critiquer ?

Le Groupe de Jean-René Fourtou (patron de Vivendi) se fait le Serviteur zélé de Nicolas Sarkozy. Il y entraîne de vieux copains « journalistes » – Gérard Carreyrou, Etienne Mougeotte, Charles Villeneuve etc – pour renflouer les caisses (de résonance) des Puissants. A l’opposé, des journalistes mi-narquois, mi-désespérés, le plus souvent dans la précarité, tentent de nous informer.

En 1976, les Partis de Gauche stigmatisaient déjà le Pouvoir et les fortunes financières qui tenaient – via Robert Hersant (« Herr Sant » pour le Canard Enchaîné) – la Presse et les Médias. La dessinatrice Chantal Montellier, travaillant alors occasionnellement à France-Nouvelle (hebdo du PCF), livrait ses états d’âme, intitulant ironiquement sa planche en « Une Histoire excessive »…

Une Histoire brutale, toujours d’actualité…

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Le thème du «Journalisme & journalistes» réapparaît aussi chez les Blogueurs puisque Sarkofrance fait un billet intitulé : «Il faut critiquer les journalistes», billet où l’on apprend qu’il sera futur journaliste (bon courage !). Étrange titre de sa part : 1. il faudrait critiquer LES journalistes (sa prochaine corporation) et 2. Il FAUDRAIT critiquer les journalistes.

Pour BiBi, les meilleurs écrits qui touchent au journalisme prolétaroïde restent les articles et le livre d’Alain Accardo Journalistes au quotidien» au Mascaret) et sur l’Aristocratie journalistique, le livre «Les Editocrates» à la Découverte.

Alain Accardo s’y demande pourquoi les journalistes dans leur grande masse ne s’insurgent pas davantage contre le fait qu’ils soient considérés comme des marionnettes. Pour lui, il faut D’ABORD analyser le champ qu’ils occupent et sortir de la vision réductrice qui ne prendrait en compte que les rouages qui les broient. Des journalistes – heureusement – se révoltent mais ce phénomène semble très limité et n’enraye nullement le fonctionnement du système.

Le milieu est individualiste, narcissique au possible et souvent malheureux (on boit beaucoup dans le métier) : il demande du capital symbolique accumulé, une visibilité sociale (les grandes signatures), une reconnaissance par ses pairs etc. Et si on reste – pour les plus jeunes – dans la précarité, on est en même temps gratifié par le fait d’avoir (un certain) droit de vie et de mort sur l’existence sociale des acteurs de la vie du pays. Cette fascination est la base objective qui entretient solidarité et défense de la profession tant bien même les journalistes sont en état de perpétuelle concurrence.

Enfin un point tout aussi important : avec les acteurs du Net, il y a certes du changement mais on assiste à un agrégat entre Médias qui se refont une santé électronique et Nouveaux Entrants dans le champ du Marché informatif (bloggeurs, créateurs de Sites informatifs etc). Les grands sites des journaux se sont vite mis au pli pour truster le Top niveau. Quant aux bloggeurs, ils visent, eux aussi, à capitaliser de la notoriété (BiBi s’inclut dans le jeu). A la moindre occasion, ils cherchent à être «influents», ils font du lien, se dotent d’Instance de consécration (voir la folie et la soumission qui saisit tout bloggeur aux résultats mensuels du Wikio, voir la fascination pour le nombre d’abonnés sur réseaux sociaux etc).Temps de recomposition entre Journalisme à l’ancienne et l’Info-Net mais les clivages demeureront. Chez certains, on appelle ça à juste titre la Guerre idéologique.

Sarkofrance écrit : «Un journaliste m’a dit un jour de 2008 que les polémiques d’antan avait disparu. Qu’on manquait de joutes inter-journaux. Qu’il faut secouer ses contradicteurs, sans dépasser les bornes. Il a toujours raison». BiBi observe pourtant le même phénomène de retenue dans la blogosphère (est-ce la politique du lien qui intimide ?). BiBi se souvient de hauts faits d’armes où il s’aventura à analyser/critiquer des bloggeurs de gauche au Congrès de Reims ou à râler contre le billet d’un benaliste chez un bloggeur lyonnais. Ouh la la :  que c’était bon ! Y avait au moins de la Joie et de la Pensée.

Il serait peut-être alors temps d’écrire un billet avec ce titre : «Pourquoi il faut critiquer les bloggeurs»?