Les Affaires du « Siècle » (1).

Louis et son Club

Chaque quatrième mercredi du mois, il faut se rendre sur les coups de 20 heures dans cet endroit situé à proximité d’une célèbre Place parisienne (photo1). Là, en ouvrant les yeux sur les invités qui s’y pressent et s’y bousculent, vous comprendrez à quel point est puissante la connivence entre Politiques et Médias dans le Pays des Droits de l’Homme.
Jusqu’en 1983, les femmes ne pouvaient entrer dans ce Club prestigieux (non ne cherchez pas, ce n’est pas le PSG). Depuis cette date, une centaine d’entre elles ont obtenu le fameux laissez-passer. Non, nous ne sommes pas non plus dans une réunion de la Ligue Communiste Révolutionnaire ou à une Fête du Magazine Gala. Ce n’est pas non plus le Club des Supporters des Bleus avec Francis Lalanne et ses copains, ni le lancement d’un livre de Daniel Picouly, ni même une réunion secrète des membres de l’Eglise de S.
De plus, vous ne trouverez nulle part un carton d’invitation dans votre boite aux lettres, pas même la trace d’un compte-rendu de la soirée. Il n’existe pas de bulletin interne et lire un simple entrefilet à ce sujet dans le Canard Enchaîné serait rarissime. Et pourtant, à l’entrée de cette belle demeure, vous y reconnaitriez des têtes pensantes bien connues, des journalistes au grand style, des politiciens de la Haute voltige, des retraités qui n’ont pas désarmé, des Femmes exquises et de fameux, très fameux Capitaines d’Industrie.


Si vous désirez devenir membre de plein droit du Club, il y faudra quelques conditions. D’abord vous devrez régler la cotisation annuelle de 200 euros et votre part au repas du mercredi (environ 80 euros). Ensuite, il faudra vous rappeler que c’est le Conseil d’administration de l’Association, composé d’une douzaine d’élus, qui décide des admissions. Les candidatures soumises par les membres (personne ne se porte personnellement candidat) doivent trouver au moins deux « parrains » (non, non, ne riez pas !) au sein de ce club huppé.
Depuis janvier 2008, il vous suffira d’obtenir la bénédiction du chef, Denis Kessler, PDG du groupe d’assurances SCOR et ancien vice-président du MEDEF (photo 2) et de celle d’Étienne Lacour qui en assure le secrétariat général, pour pouvoir rejoindre les 550 membres de droit auxquels s’ajoutent 200 nouveaux chaque année. Inutile de vous dire qu’on se bouscule au portillon !
Ce même Etienne Lacour, affable et très courtois, vous désignera la place à prendre, le rôle et le rang à tenir. Vous remarquerez les magnifiques tables dressées dans les Salons très chics et après quelque temps de présence, vous relèverez que ces plans de table – 7 à 8 personnes par table – sont finement, soigneusement et stratégiquement étudiés. La disposition n’est pas laissée au seul hasard : c’est qu’il s’agit d’y favoriser les échanges « intellectuels » entre toutes ces personnes triées sur le volet sous l’œil d’un chef de table qui veut éviter – démocratie et transparence obligent ! – les apartés.
Mais… avant (et après) le prestigieux dîner qui débute à 21heures, l’apéritif au bar est alors l’occasion de communiquer en toute discrétion vos bons plans, vos informations diverses, les petits services entre amis et toutes vos autres amabilités. Tous les convives doivent respecter les règles d’or du cercle, à savoir la courtoisie et la discrétion, notamment en sachant garder le secret sur la teneur des conversations.
Entre gens du Monde, vous le savez bien, on se doit de bien se tenir.

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