Le Labyrinthe du Quotidien.

L’Oasis de BiBi.

Explorer l’anodin.

Voilà ce en quoi BiBi croit. C’est un projet obstinément subversif pour BiBi. Il n’ira pas non plus suivre complètement Nietzsche sur son «  insurmontable besoin de nuire à tout ce qui règne – hommes ou opinions » car BiBi ne globalise pas. Il aime ce qu’en règle générale, la Société méprise. Par exemple, BiBi aime poser les questions qui n’ont pas trouvé réponse, il prête la plus grande attention à toutes ces innombrables questions qui restent lettre morte. BiBi est instantanément attiré par les petits riens, les petites choses qui n’ont l’air de rien, les moments perdus, les êtres que l’on dit insignifiants, par exemple un ouvrier de la grande industrie qui bafouille, la concierge qui tire les cartes, la disgrâce physique si magnifiquement rendue par Diane Arbus, les types qui radotent dans leur coin, les petits vieux qui poussent des cris inaudibles au fond des cafés, les chiens qui boitent et les chats qui griffent. De tout ce qui échappe à la Puissance, à la Lumière factice des projos, au Succès, au Profit maximum, BiBi est preneur. Tout ce qui ne sert à rien, qui est au rebut : voilà sur quoi porte la curiosité de BiBi. BiBi ne sépare en aucune façon les petites démarches de son quotidien de sa tenue du Site. Il associe tous ces gestes à son travail de rédaction. Tant il est vrai que lors de ces démarches, il y a toujours une imprévisible rencontre avec l’autre. Il y a toujours des circonstances cocasses, des paroles inattendues, un timbre de voix au téléphone, un détail infime qui ouvre les grands horizons, une réaction bizarre révélatrice de l’Essentiel. Aimer ces choses, ces situations, ces personnes en situation, aimer ces moments, ces êtres. Tout ce que la Société et son Pouvoir hait ou méprise parce qu’elle ne peut en venir à bout.   Explorer l’anodin. Ici. Là-bas. Pour BiBi, cela s’accompagne d’un désespoir momentané et non d’un désespoir perpétuel. Et cet état là, est celui qui nait le plus souvent dans l’acte d’écrire ou dans celui de lire. L’écriture est là comme révélateur…mais dans le même temps, BiBi nargue ceux qui pensent que l’Ecriture est sacrée. C’est la vie qui est sacrée et l’écriture n’est là que comme témoin de ce sacré. Le Royaume de BiBi est du côté de la Déperdition et non de l’Accumulation. Il laisse aux autres la Puissance, le Vertige des Espaces à occuper, la Fureur du Tout Voir. BiBi n’aime que les caves, les couloirs qui ne mènent pas à grand-chose, la vie souterraine et les impondérables.

BiBi aime le labyrinthe du Quotidien.

Aujourd’hui, il est retourné lire Georges Haldas : « Bien sur ne pas se prendre au sérieux. Mais déclarer qu’on ne se prend pas au sérieux est d’une parfait hypocrisie. On badine pour cacher qu’on se prend, en réalité, très au sérieux. Alors que l’important n’est pas là. Il est que c’est la vie qu’il faut prendre, à travers nous-même, au sérieux. Faute de quoi elle se charge de nous le faire payer ».

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