Incipit-Twitter : « Elle me disait… » (1)

Poèmes 444

C’est venu comme ça, cette pulsion à écrire sur Twitter. Tout s’est précipité avec cet Incipit si troublant, avec l’écho de cette voix qui insiste, qui m’appelle, c’est vite devenu un petit théâtre, (et ça se voudrait orgueilleusement à la dimension d’un Opéra fabuleux).

Reste que ces douces caresses claquent comme des voiles au vent, qu’elles résonnent dans mes cathédrales intimes. «Elle me disait…» mais aussi, elle se taisait, elle se repliait sur elle, elle partait ailleurs, sans moi.

Alors pour la retenir, que faire d’autre sinon laisser retentir ses minuscules refrains taillés à la serpe, que faire d’autre sinon en dresser l’inventaire et le partager ?

Elle me disait : «La braise toujours préférable à la cendre».

Elle me disait : «Je déteste le Sens de la Populace, préfère le Sens du Social».

Elle disait : «Gilles Deleuze a raison : Qu’est-ce une pensée qui ne ferait aucunement mal ?»

Elle me disait : «Les hommes cherchent leurs mots. Les femmes, elles, les trouvent ».

Elle disait : «J’veux bien être seule le soir de Noël. C’est avec les 364 autres nuits que ça s’ complique».

Elle me disait : «L’aphorisme que je comprends le mieux est celui que je ne comprends qu’à moitié».

Elle me disait : «Les mots – au contraire de l’écrivant hésitant – sont sûrs d’eux-mêmes».

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Elle me disait : «ça ne va pas chez moi mais heureusement le Monde, lui, va bien».

Elle disait : «Certains font des tableaux avec de la peinture. Les plus étranges sont ceux qui font de la peinture avec des tableaux».

Elle me disait : «Tu crois que c’est la raison qui te guide. Tu ignoreras toujours que c’est le tumulte».

Elle me disait : «Tout ce que tu dis n’est ni juste ni faux mais toujours en suspens. Dépêche-toi de choisir».

Elle me disait : «Tu dissertes et bavardes sur ton enfance, tu ne la fais pas vivre».

Elle me disait : «Tu devrais arrêter de fixer l’horizon et regarder plutôt sous tes pieds».

Elle me disait : «Ce qui t’empêche de bien écrire c’est justement ton souci de bien écrire».

Elle me disait posément : «Vivre ? Aimer ? ça n’ira jamais de soi».

Elle me disait : «Tu crois écrire dans la Nuit alors que tu n’es que dans la grisaille».

Elle me disait : «Dépêche-toi d’écrire car le radeau commence à s’enfoncer».

Elle me disait : «Lance-toi dans l’écriture et oublie que les mots sont des boomerangs».

Nuit Ridicule

Elle me disait : «En écriture, fuir : 1. les alibis esthétiques. 2. La tyrannie des automatismes».

Elle me disait : «Rester seul au bar, porté comme une barque par la marée humaine, par les voix, les présences».

Elle me disait : «T’as des problèmes ? Alors regarde le blé onduler sous les vents».

Elle me disait : «On deviendra vieux le jour où on ne s’indignera plus».

Elle me disait : «Je n’avais jamais vraiment eu peur avant d’avoir vu Anthony Perkins».

Elle me disait : «Dans la vie, c’est obligé, on aime voler mais on y laisse des plumes».

Elle me disait : «Tu crois écrire dans la Nuit alors que tu n’es que dans la grisaille».

Elle me disait : «Je somnole devant ceux qui disent ce qu’ils sont et je me réveille devant ceux qui sont dans ce qu’ils disent».

Elle me disait : «Les poètes ne sont pas toujours en forme. Allez, allez, Zidane, ratait lui aussi ses matches».

la lectrice-bis

Elle me disait : «Parfois les livres ouvrent des vannes, parfois ils font barrage».

Elle me disait : «Tout n’est pas perdu. J’ai vu une mère dans un cimetière faire signe d’amitié au train qui passait».

Elle disait : «Chanter et rire, c’est ce qu’il y a de mieux quand les mots sont trop difficiles à dire».

Elle me disait : «Tu commences une partie de cache-cache. Tu es content, personne ne te trouve puis le temps passe et personne ne vient te chercher».

*

(A suivre… car elle a encore beaucoup d’autres choses à me dire).

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