Elle me disait… (8)

Elle me disait

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La rencontre a eu lieu. Par sept fois déjà.

Rencontres improbables mais si l’on tend l’oreille, on découvre le murmure du ruisseau, le grondement souterrain des eaux profondes, les échos d’une préhistoire. Elle, lui. Si l’on descend encore plus bas, on ne perçoit que quelques bribes. A première vue et à première audition, les associations paraissent incongrues, incohérentes, barbaresques. Puis les mots jusque là figés, jusque là décomposés, se recomposent.

Alors on n’entend plus : on l’écoute. Pour la huitième fois.

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Monica Vitti

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Elle me disait : «Faux problème de savoir si les mots coupent court ou font trop long. C’est à toi, et seulement à toi, de tisser ou de trancher».

 Elle me disait : «Le lieu exemplaire de mon rapport au monde ? Une montgolfière en captif».

Elle disait : «On a des mots, on se bataille sur les livres, on croise le fer, on sort les couteaux : reflets surfaits contre lames de fonds».

Elle me disait : «D’abord enterrer les mots de tous les jours pour ensuite les ressusciter toutes les nuits».

Elle me disait : «Les poètes vieillissent mais la poésie n’a pas d’âge».

Elle me disait : «Tu veux voyager ? Tu veux partir ? Alors commence par défaire ta valise».

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Elle me disait 8

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Elle me disait : «Fais un tour en dehors de toi-même. Tu éviteras ainsi de trop tourner en rond».

Elle me disait : «Je suis entrée dans ce livre comme, lorsque enfant, j’entrais dans la salle d’attente du dentiste».

Elle me disait : «Aie de la compassion pour le dur travail des plagistes mais sois sans pitié pour la paresse des plagiaires».

Elle me disait : «Le mensonge dit la ruse de l’enfant. Le parler vrai dit sa détresse. Maintenant va te débrouiller avec lui».

Elle me disait : «L’adulte lui a dit : «La pluie me désole». L’enfant a répondu : «Le soleil me console».

Elle me disait : «Dispute des amants ? Et leur colère noire s’achèvera sur la blancheur des draps».

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OKAY

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Elle me disait : «Des fois les mots sont ta bouée. Des fois ils ne sont là que pour te noyer».

Elle me disait : «A trop vouloir fuir l’averse, tu as croisé la tornade».

Elle disait : «Quel bien immense cela fait de se glisser dans la peau d’un imbécile !»

Elle disait : «Entre mémoire des mers et retours sur terre : vague à l’âme, océan de misère».

Elle me disait : «C’est en plongeant dans l’Inconnu que tu apprendras à nager».

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Et pour les épisodes précédents :  

1/   2/   3/  

4/   5/   6/  

7/

One Response to Elle me disait… (8)

  1. Robert Spire dit :

    Je suis impatient du prochain bug: « Quoi de neuf, Docteur »?

    « Le mensonge dit la ruse de l’enfant… » Les adultes croient facilement les mensonges, l’apprentissage de l’obéissance en eux est accompli.

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