Canard faiblard et Questions à Jacques Rosselin.

A la suite d’échanges de tweets sur l’article du Canard Enchaîné (reproduit ci-dessus), BiBi et Jacques Rosselin ont fait un trop court échange. BiBi revient plus longuement sur le respect de la vie privée et revient sur l’Affaire Tristane Banon. Résultat ? Sur le Droit/Devoir des journalistes, BiBi a autant de questions à poser que de réponses à donner.

Lorsque BiBi a posé le tweet suivant «Le Canard Enchaîné faiblard : la liberté s’arrête dvt la chambre à coucher. Et si on crie à mort pour en sortir, faut pas faire de billet ?», Jacques Rosselin a répondu : «@pensezbibi sur le Canard, tu n’es pas sérieux. Je propose de lever l’omerta sexuelle sur tous ceux qui le réclament. A commencer par toi».

Cher Jacques, il y a méprise et là, BiBi doit préciser plus longuement car il existe de possibles malentendus sur Twitter  avec les seuls 140 caractères du Tweet. Il ne s’agit en aucun cas d’aller fouiner derrière les portes de la chambre à coucher. La vie privée et sa protection sont des Droits essentiels : BiBi et Jacques sont d’accord là-dessus.

L’avis-BiBi sur le Canard Enchaîné portait uniquement les deux derniers paragraphes (encadrés) qui parlaient de l’Affaire Tristane Banon. Pour le reste de l’article, aucun problème : BiBi était entièrement d’accord avec le Canard Enchaîné.

BiBi trouvait juste l’argument terminal sur l’exception Tristane Banon bien faiblard («A l’époque, cette affaire n’avait aucune traduction judiciaire, et surtout la victime concernée et sa famille réclamaient le silence… au nom du respect de leur vie privée » et surtout – propos bien léger du Canard  – «Pour TOUT DIRE, il n’y a eu qu’UNE affaire, celle de Tristane Banon» ) Mais précisément, dans ce cas très précis, devait-on considérer qu’il ne s’agissait que de vie privée dès lors que la tentative de viol est racontée en détail par la victime, en l’occurrence TB, sur une chaine de télévision accessible, audible et compréhensible par tous (Paris Première) ?

BiBi posa juste cette question en retour sur Twitter à @rosselin : «Canard faiblard. OK  Tristane n’a pas voulu poursuivre mais elle a raconté ça publiquement sur Paris Première. Droit de le reprendre non ? »

Et BiBi insista encore auprès de @rosselin : «Il s’agit pas de lever «l’omerta » sexuelle. Respect de la vie privée. Mais si t’écoutes ta voisine hurler toutes les nuits, tu bouges ?») et il reprit : si «l’information s’arrête toujours à la porte de la chambre à coucher, que faire si on crie à mort pour en sortir ?»

BiBi trouva le Canard encore faiblard en donnant des leçons à Tristane pour l’accabler quelque peu sur son silence et sur son refus de porter plainte. Dans son boulot, BiBi a rencontré beaucoup de jeunes filles abusées sexuellement qui n’avaient pas du tout envie d’aller porter plainte. Il sait les conditions effroyables qu’elles ont à traverser pour tenir debout (des lazzis à l’opprobre généralisé, de la terrible solitude aux cauchemars et traumas qui peuvent les empêcher de vivre, les engloutir et les détruire).

La situation de Tristane a sa spécificité :

1. DSK : c’est un homme puissant qui commet cette tentative et

2. Tristane Banon s’est exprimée à la télévision devant des journalistes (voir les présents ce jour-là autour de la table : JM Aphatie silencieux, Thierry Ardisson qui se gausse etc.) et devant des journalistes rivés à leur petit écran qui n’ont (n’avaient) certainement pas manquer une seule miette de ce récit hallucinant.

Alors, les Questions-BiBi porteront sur cette SEULE Affaire Banon (puisque le Canard lui-même l’isole) : les journalistes ont-ils le droit de reprendre les propos de Tristane et de les commenter ? N’ont-ils pas le devoir de les reprendre même s’il n’y a pas de suite judiciaire ? Et faut-il suivre le cher Canard, lorsqu’il écrit que désormais «Tout [dans cette affaire] était dit» ?

6 Responses to Canard faiblard et Questions à Jacques Rosselin.

  1. rosselin dit :

    La vie sexuelle n’est pas une info, un délit sexuel en est une. Si DSK a violé ou tenter de violer Tristane Banon, il aurait du être condamné.

    Cette affaire Banon est lamentable du début à la fin. La première personne à blâmer selon moi est la mère de Tristane, élue PS, qui a longtemps incité sa fille au silence pour des raisons confuses, puis s’est répandu dans les médias dès que #DSK était à terre pour s’offrir une bonne conscience pour pas cher.

    Certains journalistes disent avoir cherché à rebondir après le témoignage de Banon, creusé, puis laissé tomber après leur début d’enquête. Les raisons de ces renoncements mériteraient d’être éclaircies : dossier trop mince ou censure ? Je ne le sais pas.

    Pour le reste, lorsque l’on voit certains patrons de sites d’info ou de médias se jeter sur ces fait-divers, sauter sur leur chaise en glapissant « omerta » ! « omerta » ! omerta » ! pour faire oublier leur propre connivence ou remettre en question la loi sur la protection de la vie privée, on ne peut que déplorer l’amalgame. Pas facile, c’est vrai, de faire grimper son audience ou de vendre du papier lorsqu’on se limite à de l’info de qualité…

    JR

  2. BiBi dit :

    @rosselin
    Mais là, dans le cas très spécifique de Tristane Banon & mother, ce n’est pas simple d’y voir clair.
    Le témoignage sans pression (Tristane Banon n’est pas venue à Paris Première en parlant sous la contrainte) se fait dans le média et n’est pas porté – hélas – en justice. Autour d’elle, silence radio (et télé et presse etc).
    OK, la mère a voulu préserver la fille et… sa famille politique en voulant que tout ce petit monde fasse silence. Comme quoi, les faits sont têtus : on évacue le problème par la Porte du Conscient mais il réapparaît par la fenêtre de l’Inconscient (ou de l’Imprévu) et là, oui, ça risque de faire encore plus de dégâts chez Tristane Baron.
    Quant à savoir si des journalistes ont repris l’info sur Tristane Banon en son temps, je n’ai – comme toi – rien entendu.
    Tu écris : « Les raisons de ces renoncements mériteraient d’être éclaircies : dossier trop mince ou censure ? » Entièrement d’accord pour poser la question.
    Et c’est là-dessus, uniquement là-dessus que je trouve bien faiblard l’éditorial de mon hebdo préféré qui clame dans ses derniers mots que « tout était dit« .
    Merci pour ta réponse et Bien à Toi.

  3. Tony dit :

    Ah je ne sais pas qui c’est, mais j’aime bien ce Rosselin…

    « Cette affaire Banon est lamentable du début à la fin. La première personne à blâmer selon moi est la mère de Tristane, élue PS, qui a longtemps incité sa fille au silence pour des raisons confuses, puis s’est répandu dans les médias dès que #DSK était à terre pour s’offrir une bonne conscience pour pas cher. »

    Moi c’est pareil, dès que la maman est dans l’histoire, ça me fait gerber.
    En regardant le CV de Mme Mansouret un esprit mal tourné trouve les raisons encore plus « confuses »…
    Pour sûr, de sa cellule de Rikers, DSK ne sert plus a rien et a personne.

  4. BiBi dit :

    @Tony
    Jacques Rosselin s’occupait de « Courrier International » avant de fonder l’hebdo « Vendredi » qui fut un pétillant journal des bloggeurs.
    C’est grâce à lui que les Flèches de BiBi ont pu être décochées sous l’œil goguenard d’une partie de la Blogosphère et de désormais fidèles lecteurs 🙂

    Tu as complètement raison : »DSK ne sert plus à rien et à personne ». Demain, dans mon billet sur le JDD, j’asticote les deux (ex)amis-journaleux de DSK (Claude Askolovitch et Oilivier Jay) avec cette phrase de conclusion : « Cher Dom, ton compte est bon. Ciao, Dom! Ciao ! »

  5. Tony dit :

    Bibi, tu confonds Tristane et Nafissatou Diallo.
    Je trouve l’histoire de Tristane assez crédible, et si elle est vraie, DSK lui a tendu un vrai guet-apens. Seulement après, elle a fait un vrai choix de carrière :
    « Je ne voulais pas être la journaliste qui a eu un problème avec un homme politique ». Rien à voir avec Victor Hugo, Cosette, Jean Valjean et les Misérables.
    Quand à Maman, c’est le moment qu’elle choisit pour rejoindre le PS… Là, je te le concède, à défaut de Cosette on a déjà Thénardier.
    Et même si DSK pouvait sortir des griffes de Vance Jr, le coup de grâce est [déjà] venu de son propre camp, d’une candidate aux primaires PS.
    Surtout Bibi, ne pas oublier que le débat n’est pas de savoir si DSK reviendra en politique mais s’il sera libérable sur parole en 2020. Si la version de Nafissatou Diallo est crédible (pour l’instant on en sait rien), il va en prendre pour 15 à 25 ans.

  6. BiBi dit :

    @Tony
    Mon sentiment, c’est que pour la Politique, DSK (c’) est fini.

    Non je ne confonds pas TB et ND car – femmes toutes les deux – leur appartenance de classe les distingue. L’une a le choix de pouvoir vivre dans la France d’En haut, l’autre n’a que le choix de survivre dans l’Amérique d’en Bas.
    L’une se tait après passage chez Ardisson.
    L’autre a déposé plainte après passage à la NYPD.

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