Un dimanche pas comme les autres (Bastille,18 mars 2012)

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C’est toujours ainsi : l’émotion vous prend. Vous sentez que ces vibrations, ces ondes, touchent à la fois à votre Intimité et à l’Extériorité, qu’il y a, qu’il va y avoir des Noces secrètes entre Vous et le Monde qui vous entoure. Ce fut ainsi en ce dimanche 18 mars, lorsque j’ai débarqué Station Nation vers 13h30.

J’attendais quelques bloggeurs/euses mais la rencontre ne se fit pas (Nouveaux rendez-vous au soir du second tour ? :-)) J’aime toujours ce grouillement de fourmis, ces petits groupes liés par le lien invisible d’une sourde Solidarité. Je suis heureux d’être là. Là et pas ailleurs.

Soudain, devant cette foule grandissante qui débouche des souterrains du Métropolitain, je comprends pour quelles raisons – modestement et fièrement – j’écris tant de billets sur ce blog : il faut nous débarrasser de cette honteuse politique, de ces mesures économiques prônées par la Grande Finance et soutenues par les Editocrates médiatiques.

Ma Solitude essentielle de Sujet vient s’aboucher à la grande Communauté de Combat. Plaisir, jouissance même. Et merde à ceux qui se défient de ces émotions, qui les goûtent avec réticence ou à reculons. Demain, je sais, je sais que la Solitude des Lendemains de Fête me rattrapera. Goûtons avec gourmandise et plus que jamais, notre plaisir du Jour.

Encore un mot sur ces grincheux que « le culte de la personnalité » mélenchoniste irrite. Ceux-là devraient s’interroger sur leur propre rapport à l’Idolâtrie. Peut-être attendent-ils justement que Mélenchon reste dans la vision a-politique de « grand orateur« , de « tribun« , d' »animal politique » qui, au fond, les fascinent ? BiBi sait trop bien ce que ces appréciations « positives » cachent : elles gomment toute l’importance politique des mesures que le porte-parole Jean-Luc Mélenchon avance et défend. Censure discrète mais rampante et à combattre.

Jean-Luc Mélenchon fut sobre, déterminé et son discours fut bien reçu. L’heure n’était pas à la joie et au délire mais à un plaisir discret d’être ensemble. L’heure était à la détermination, à l’écoute profonde, à l’attention et à l’attente d’un vote dont personne ne peut dessiner les tendances. Surtout pas, évidemment, ces pauvres sondeurs qui ne cessent de s’enrichir à vendre leurs pseudo-résultats objectifs.

Dans la foule de Nation à Bastille, on reconnaîtra la diversité française. Bonnets rouges de tous les départements – du Tarn à l’Ardèche – ballons rouges étiquetés « Front de Gauche« , ballons envolés dans le ciel gris vers les Camarades européens et les amis plus lointains encore,  musiciens de toutes régions, fanfares blanches et colorées, divers commentateurs (apprentis de BFM, de France 24, vieux briscards de TF1, associations alternatives), enfants jouant avec des drapeaux, avec des panonceaux rouges et verts, le tout au milieu des cris de Résistance.

Il y a trois ans, BiBi avait défilé de République à Nation. Nous étions 3 millions dans la rue. Ce dimanche, 80 à 90.000 bibis étaient en chœur autour de l’Opéra. Derrière ce grand rassemblement qu’on décrit comme « démonstration de force » (les Médias accolent toujours « force » à Mélenchon, avec le mot « violence » sous-entendu), BiBi y a vu plutôt le re-déploiement d’un courant indécrottablement présent, jamais mort mais toujours enterré par les Forces conservatrices, porteur à la fois de mesures concrètes, d’espoir (et aussi… de certaines illusions).

L’émotion-BiBi est aussi là : dans ces pulsations qui courent dans les drapeaux agités, dans les rires à l’intervention de Didier Porte, dans la présence discrète de Guy Bedos (1), dans cette profusion d’auto-collants rouges qui colorent manifestants et vitrines.

Aujourd’hui, lundi, retour au Réel mais d’un Réel enrichi d’un dimanche incontournable.

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(1) A BiBi le questionnant sur le « pourquoi n’êtes-vous pas avec Didier Porte sur le podium« , Guy Bedos répondit malicieusement : « Aujourd’hui, je suis ici, dans la foule, en homme comme les autres« .

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