Tapie, Guéant & Co : le Carnaval des Affaires.

Credit Lyonnais Carnaval

Bon, je ne vais pas jouer au Tintin-Enquêteur mais à reparler de Tapie, il me vient tout de suite une ribambelle de noms : Valenciennes, Marseille, je repense au pognon du footballeur caché dans le jardin, à Michel Coencas et à… Borloo. Oui, au grand oublié Jean-Louis Borloo.

Borloo ! Dans le livre de Fabrice Nicolino («Qui a tué l’Ecologie?» Editions Les Liens Qui Libèrent. 2011) on suit l’ascension de ce type mal rasé, mal peigné, à la dégaine d’un looser (pages 29 et suivantes).

Rappels.

1. Au tournant des années 1980, Borloo a 30 ans. Jeune avocat, il connaît très bien le Droit des Affaires… « Les faillites commencent et l’avocat va aider les patrons à sauver ce qui peut l’être. En 1982 (les Socialistes sont arrivés au pouvoir), Borloo loue un lien décisif avec une banque. Elle s’appelle SdBO (ou Société de banque occidentale, une filiale du… Crédit Lyonnais».

2. But du jeu ? «Réindustrialiser» les entreprises en difficulté. Son directeur général, Pierre Despessailles, a été avant cela Président de chambre du Tribunal de Commerce de Paris… Cet excellent homme est l’excellent copain d’un certain Bernard Tapie (qu’il présente à Borloo, alors avocat plein de promesses).

jean-louis-borloo et tapie

3. Fabrice Nicolino poursuit : «Alors commence une période d’euphorie. La banque banque – prêts, facilités de toutes sortes – et le duo Tapie-Borloo rachète à tout va devant les Tribunaux de Commerce que connaît bien Pierre Despessailles, des ruines industrielles (dont certaines seront des purs joyaux)… L’argent rentre à flots. Le Magazine Forbes classe Borloo parmi les avocats les mieux payés au monde, Tapie (et l’ami Coencas) deviennent milliardaires».

*

Tout le monde des Médias s’y met.

Des Affaires ? En veux-tu, en voilà. Toutes ces infos données en vrac (avec révélations à la minute) vous donnent le vertige. Derrière cette accumulation, on peut légitimement s’interroger s’il n’y a pas là – par contiguïté – de la Censure souterraine. Une fois encore, les ciseaux ne sont plus dans le «On n’en parle pas» mais dans le «On ne cesse plus d’en parler». Pour dire plus clairement, c’est le flux ininterrompu du Parler sur les Affaires qui est censé tout expliquer (mais qui cache l’essentiel).

L’essentiel ?

Je pense l’avoir trouvé dans un article du Monde Diplomatique intitulé «Le Carnaval de l’Investigation». Un très riche billet signé du sociologue Razmig Keucheyan et de Pierre Rimbert, billet qui réfléchit sur le mot un peu barbare d’Antonio Gramsci «Subversivisme».

«C’est ainsi qu’Antonio Gramsci qualifierait peut-être l’humeur politique qui monte en Europe à la faveur de la crise. Pour le penseur marxiste italien, ce terme désigne les formes de rébellion privées et inorganisées. Celles qui reposent sur un fort ressentiment à l’égard de l’Etat, déplorent ou moquent le spectacle donné par les puissants, mais intériorisent en même temps la position de subalternité».

Et voilà la conclusion que je partage :

«Le subversivisme peut être de gauche ou de droite. Mais en temps de crise, il penche irrémédiablement vers le conservatisme. Pour qu’un autre débouché lui soit offert, la mobilisation politique ouvre plus de perspectives que les révélations médiatiques ».

*

A méditer pendant que moi aussi, je participe au Carnaval avec ce montage-photo partagé sur Twitter. J’y avais rajouté cette légende-BiBi :

« Je cherche un bouquin sur l’Affaire du Crédit Lyonnais… Aidez-moi à choisir lequel ? »

4 Responses to Tapie, Guéant & Co : le Carnaval des Affaires.

  1. lediazec dit :

    Je FAIS SUIVRE ! Super !

  2. BiBi dit :

    @LeDiazec
    T’as raison, Ruminance de faire suivre ! J’aimerai pas ruminer ça tout seul ! 🙂

  3. admin dit :

    Bien vu/lu, Bibi!

    Une piste pour ouvrir des perspectives…

    « Subvertivisme » ou « rébellion apolitique », rappellent Razmig Keucheyan et de Pierre Rimbert.

    On sait comment ccette « rébellion » a fini dans les années 30.

    Apolis est le plus dangereux des hommes selon Sophocle, un brandon de discorde, selon Aristote, il respire la guerre, incapable de toute union comme l’oiseau de proie.

    Mais les Grecs reniaient ce à partir de quoi le politique authentique pouvait seulement (re)naître: la production…

    Rien de moins que ce à quoi appelle l’Internationale:

    Il n’est pas de sauveurs suprêmes
    Ni Dieu, ni César, ni Tribun
    Producteurs sauvons-nous mêmes,
    Décrétons le salut commun.

  4. Un partageux dit :

    Tu vois le mal partout. Voilà juste un p’tit avocat courageux qui a écouté avec pas mal d’années d’avance le slogan de Sarkozy « Travailler plus pour gagner plus ».

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