Manuel Valls, couleurs estiVales.

M Valls

*

Il fait 61% dans les sondages, il fait la Une des journaux (Aujourd’hui, le Parisien, le Figaro, Le Point – «L’homme qui ose» etc), il travaille beaucoup mais il a quand-même le temps d’embrasser sa femme-violoniste et accessoirement responsable de l’orchestre symphonique qui accompagne Johnny, tout cela en pleine page du journal de Lagardère. Le bonhomme fait tant de jalouses (ah, que de soupirs), et tant de Français voient en lui le gendre idéal, on l’aime si fort pour la Sécurité qu’il nous procure, on le déteste aussi un peu mais l’important vous dira son Directeur de Com’ Stéphane Fouks, c’est qu’on parle de lui. Et on en a parlé – à l’extérieur – de notre bonhomme de l’Intérieur. Oui, c’est bien lui, vu, bien connu et bien reconnu : c’est l’ambitieux Monsieur qui valse de ville en ville , il Valls si bien notre Manuel. BiBi l’a suivi dans ses circonvolutions.

Signes médiatiques ostentatoires.

BiBi ne dira rien sur le fait que Manu demande aux musulmans – à longueur d’interviews – de «se réformer», de se présenter en un front uni et «convenable», c’est-à-dire sans extrémistes, niant par là la loi de 1905 dite de la séparation des églises et de l’État.

BiBi ne rappellera pas que le discours-Valls participe à cette idée frontiste que l’Islam est illégal, s’attardant sur le port du voile qui «signifie l’infériorité de la femme» mais trouvant très bien la kippa (qu’on peut «porter avec fierté»). Chapeau bas, Manu !

Religieusement vôtre.

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En septembre 2012, Manu, laïc positif, pieux homme politique, retrouve ses profondes racines chrétiennes et le fait savoir. BiBi se taira donc sur l’accueil que fit  le diocèse de Troyes à l’actuel ministre à l’occasion de la béatification du père Louis Brisson. Une première dans l’histoire de la République : un ministre de l’Intérieur se rend à ce type d’événement ecclésial en France.

Le 21 octobre, notre Pénitent se rendra au Vatican (du Sarkozy dans le texte ?) pour la canonisation de Jacques Berthieu, un missionnaire jésuite, chargé, au milieu du XIXe siècle, de «christianiser» des villages de Madagascar. Oubliées les protestations socialistes au voyage du même Fillon au même endroit («la France n’est pas la fille aînée de l’Église, c’est une République laïque» et bla-bla-bla).

Pendant que Valls fait sa tournée estivale des popotes et des potins, son Parti a engagé Florence Bonetti, nouvelle communicancante. Etats de service de Madame ? Elle a débuté à Publicis et au Cabinet A&A de… Jacques Attali. Les dossiers dont elle s’est occupée ? Réforme des Retraites, OPA d’Alcan/Péchiney, OPA de Sanofi/Aventis. Une belle vitrine qui promet.

Un formidable Trio.

Valls

Manu, lui, se repose sur son grand copain venu tout droit des bas-fonds rocardiens, Stéphane Fouks (Havas, ex-EuroRSCG) et sur l’homme de l’ombre qui bouffe aussi bien à droite qu’à «gauche» : Alain Bauer, vieux filou, pote des années de jeunesse, «acharné de la Sécurité dans sa version sarkozyste».

Avec ces deux lascars accrochés à ses basques, on comprend mieux comment un Valls si piètre homme politique, est devenu une icône (publicitaire). Avant d’être un élu politique, Valls fut Homme de Com’ lui-même : celui de Rocard et de Jospin à Matignon (n’oublions pas que notre Manu fut aussi l’homme de ce prestigieux 21 avril 2002).

Boites Com’ à plein régime.

Il va dès lors faire tourner à bloc les boites de Com’ : en juillet 2009, il lance avec Fouks son club «A gauche besoin d’optimiste» au théâtre Michel, habituellement lieu des comédies de boulevard; il fait «scandale» dans ses rangs – nous dit-on – en demandant qu’on n’accole plus le mot «socialiste» au Parti. Il «se fâche» avec Martine Aubry – nous dit-on. Grâce à la puissance d’EuroSCG (l’amour-Fouks toujours), il obtient une tribune dans le Financial Times SVP. Le quotidien El Païs met en Une une photo de lui avec un scotch en forme de croix sur la bouche. Il valse à TechnikArt, il multiplie les déclarations cataloguées de tonitruantes par l’ami Fouks pour faire du buzz («On ne sait plus parler au pays»).

Valls Prada

Comment pourrait-il cesser de faire le trublion ? Il a l’aval et la bénédiction de ses propres rangs. Imagine t-on aujourd’hui, Hollande (21%) se passer d’un homme qui fait, lui, plus de 60% dans les sondages et qui vient jouer au Sarkozyste jusque sur les terres du FN ? Indispensable travailleur Manuel.

«Manuel Valls n’est rien» clame Juan. A tort : dans la stratégie politique (électorale), Hollande a besoin d’un type qui joue l’autorité (autoritarisme), qui laboure les terres du FN, un type sur lequel le PS s’appuie pour grappiller les voix qui pourraient lui manquer à sa gauche (voix du FdG, abstentions). On rejoindra par contre Juan dans sa conclusion : «Ce ministre a choisi de gouverner à droite. Finalement, il est presque (pourquoi «presque» ?) la caution de droite d’un gouvernement d’union nationale en période de très grande crise».

Et tout cela, en chemise blanche, collection BHL.

Valls à la plage

Toujours pendant l’été, le voilà en chemise blanche façon BHL, le grand ami : voilà qui fait sérieux (+ volontaire + photogénique) lors de ses tournées. Il se saisit des micros pour de drôles de chansons qui ne nous font pas particulièrement rire : «La surpopulation va «nous obliger d’ici à dix ans à repenser notre politique migratoire… La démographie est très importante en Afrique notamment, cela change le rapport à ce continent avec qui il faut réinventer un partenariat » ou encore : «la question du regroupement familial pourrait être revue». Voilà comment – avec l’aide de l’ami d’Havas – on veut nous faire passer notre Manu pour un «réaliste» très actif, un qui-n’a-pas-peur-de-soulever-les-tabous. Réaliste, très actif, cette storytelling autour du bonhomme ne vous rappelle t-elle pas celle d’un certain Nicolas ?

L’Amour Fou(ks).

Manuel-et-Anne

Il manquait un maillon à la chaîne publicitaire. Quoi de mieux que d’introduire la Femme, de faire le Couple, de glorifier l’Amour, de mettre la Politique en Musique ? Elle est arrivée pianissimo puis mezzo forte : Anne Gravoin. La Storytelling continue donc de battre son plein avec cette photo, celle de Paris-Match du 8 août (notre photo). Le photographe   – naïf ou professionnel, c’est selon – ajoute son chapitre en niant toute mise en scène : « Manuel Valls était en vacances, dans de bonnes conditions, il savait qu’il y avait des photographes autour de lui (….). Ce n’est pas très compliqué de photographier des politiques même si les moments d’intimité sincère sont finalement assez rares». Défense de rire, les ami(e)s !

La couleur d’un Gouvernement.

V et H

Sur Twitter, j’avais rappelé la phrase de Jean-Luc Godard : «Toujours valable cette phrase lancée par Godard : «Tu veux savoir la couleur d’un Gouvernement ? Regarde son Ministre de l’Intérieur». L’ami Zgur est revenu à la charge, me gâchant la journée en me rappelant les Ministres de l’Intérieur qu’a connu notre doux et beau pays :

«Poniatowski, Marcellin, Defferre, Pasqua, Debré, Chevènement Sarkozy, Villepin, Alliot-Marie, Valls. Ah, la belle brochette! »

«Merde», me suis-je demandé, pourquoi ai-je besoin d’écrire de tels billets ? Pourquoi que je me fais tant de mal à faire un tour de Valls, hein ?»

*

 On peut lire encore chez BiBi :

  1. Sur Stéphane Fouks (1)
  2. Sur Stéphane Fouks (2) 
  3. Sur la Com sportive : Havas.
  4. Sur la Com de Sarkozy et celle de DSK 

8 Responses to Manuel Valls, couleurs estiVales.

  1. Robert Spire dit :

    Cher Bibi, à un moment donné il nous faudra bien envoyer « valser » toute cette classe politico-affairiste!

  2. BiBi dit :

    @Robert Spire
    Ce « moment donné » c’est aussi le temps de nos illusions (perdues). Il reste que cette classe médiatico-affairiste est là pour longtemps longtemps encore.
    En attendant,un petit billet vengeur me fait du bien 🙂
    Sur la méthode, je reprends ce qu’écrivait l’ami Van Gogh dans mon précédent billet :
    « Comment doit-on traverser ce mur, car il ne sert à rien d’y frapper fort, on doit miner ce mur et le traverser à la lime, lentement, et avec patience à mon sens».
    A bibientôt, Amigo.

  3. Robert Spire dit :

    J’aime bien la phrase de Van Gogh qui a du inspirer Noam Chomsky; il emploie souvent ce type de métaphore pour encourager le travail de sape des militants anti-système étasunien. Cela donne des gens déterminés comme Snowden, Manning, etc…

  4. Arthurin dit :

    *ramasse les illusions perdues*

    T’as fait tomber un truc BiBi.

    On ne va pas baisser les bras après deux siècles de défaites tout de même (on préfèrera partir de 1792 parce que c’est déjà super chaud d’expliquer dans les repas dominicaux que la république c’est une entube ; je sens pas nos familles prêtes pour remonter le temps plus avant, si il faut démarrer de 1751 on va tous les perdre ; d’ailleurs n’hésitez pas à commencer en 1871 si vous sentez votre public peu réceptif et puis ça fait qu’un siècle à mourir sous les coups de l’oligarchie, ça nous épargne un peu)(oui, je fais des parenthèses plus grandes que le corps du texte, c’est normal)(et des enchainements de parenthèses aussi).

    Bref.

    niant par là la loi de 1905 dite de la séparation des églises et de l’État.

    Conviendra tu alors avec moi BiBi que la loi de 2004 sur le port du voile est également en complète contradiction de celle de 1905 ? Et de là pouvons nous affirmer comme je le dis ici à propos de la loi sur la laïcité :

    Cette manière de dire que la seule façon de respecter les religions est de les accepter aussi longtemps qu’elles ne troublent pas l’ordre public est très réductrice, c’est presque de la novlangue. Une négation de la portée morale des religions.

    Et je garde en tête ce pays nordique (la Suède je crois) où ils sont vachement plus proche d’une laïcité telle que notre loi la définit avec des heures de piscines particulières, des signes ostentatoires, des repas spéciaux dans les écoles, etc. Je trouve l’exemple intéressant mais je ne peux m’empêcher que non, ce n’est pas ce que nous voulions pour notre pays mais le contraire.

    PS : politique et religion, le cocktail idéal pour animer vos soirées 😉

  5. BiBi dit :

    @Arthurin

    Du côté des religions, du religieux,j’ai été comme un extraterrestre plongé dans les 3 Monothéismes ( lire mon billet « BiBi sort son tapis de prières » (http://bit.ly/S93Cwg)

    Pour le reste, ce sont les textes sacrés et les mythes qui y sont accrochés qui m’intéressent. Job, Abraham, les textes bibliques. Bon je ne m’enferme pas dedans mais ce sont des textes chauds-brûlants, très proches d’Eros et de Thanatos.
    Enfin, pour le reste (bis), j’aime cette histoire – juive – très courte, concise qui résume en quoi je crois (si, si, j’ai des croyances) : « Dieu soit loué! ».

    Il me plaît de souhaiter que, partout dans le Monde, Dieu soit effectivement, concrètement…loué. Autrement traduit : que nul humain, nul groupe – terroriste ou non – n’en devienne propriétaire.
    Le drame c’est lorsqu’on commence à proclamer que Dieu nous appartient.
    Le meilleur commence lorsqu’un Etat garantit le Droit que Dieu soit en location. Pour tous, pour quelques-uns, pour chacune, pour chacun.

    Voilà pour mon… cocktail ! 🙂

  6. Julie Kertesz dit :

    Je ne contains pas presque rien a la politique française maintenant,
    J’ai mieux aimée la première photo que la dernière

    Merci de ta visite a mon blog!
    Dans mon enfance BIBI était ma livre préférée, Michelis, une écrivaine Dannoise a écrit plusieurs livres de la vie de BIBI, je m’en souviens encore si bien!

  7. Arthurin dit :

    Pour BiBi, la grande question n’est pas de dire si l’on croit ou non en Dieu (et ainsi partir de l’intime, de l’individu) mais d’être assuré que toute la Puissance étatique laissera s’exprimer et préserver toute croyance. A cet égard, la France et ses combats historiques pour la Laïcité sont formidables.

    Limiter la religion à l’intime, c’est ne pas considérer ce que peut représenter la foi pour l’individu fervent croyant puisque Dieu lui préexiste et s’impose à lui dans tous les aspects de la vie, la conviction intime qu’il se forge part de cette réalité.

    Tel que je le comprends tu serai carrément plus pour une laïcité telle que définie dans la loi de 1905 et partiellement appliquée par nos amis nordiques (et reniée par nous).

    N’est-il pas à craindre que par prosélytisme cela entraîne à terme plus de tensions que de solutions ?

    Si on ne nie pas la portée morale des religions il est évident que toutes les morales différentes ne peuvent cohabiter et les religions l’ont démontré bien des fois.

    Cette question de la moralité est centrale, je le redis :
    « La laïcité, en réalité, c’est l’acceptation des religions aussi longtemps qu’elles ne portent pas atteintes aux positionnements moraux de l’État. »

    (il faudrait peut-être remplacer « acceptation » par « préservation », je te le concède volontiers)

    État qui se compose majoritairement d’athées, d’agnostiques et de gens que la question n’intéresse pas. Les positionnements moraux de l’État ne sont pas plus compatibles avec les religions que leurs positionnement respectifs, c’est à mon sens la limite intrinsèque de la puissance étatique dans sa volonté de préservation (Ssi volonté de préservation il y a).

  8. Robert Spire dit :

    @Arthurin
    « Politique et religion »: la loi de 1905 et la convention des droits de l’homme sont pourtant trés claires pour savoir où se situe les libertés des uns et des autres. Seule la mauvaise foi de certains politiciens embrouille l’opinion commune sur le sens du mot « public »! Les religions sont interdites uniquement dans la « Fonction Publique » (c’est à dire les services de l’Etat).

    Article 9 de la Convention européenne de sauvegarde des droits de l’homme: « Toute personne a droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion ; ce droit implique la liberté de changer de religion ou de conviction, ainsi que la liberté de manifester sa religion ou sa conviction individuellement ou collectivement, en public ou en privé, par le culte, l’enseignement, les pratiques et l’accomplissement des rites. »

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