Le Magasin des Mots, le Cul des Choses.

 

Petites choses du quotidien

 Chaque jour, jour après Jour, des pensées nous traversent dont on ne sait d’où elles viennent, d’où elles partent, où elles vont mourir, chez qui – au mieux – elles continuent de vivre. Des pensées personnelles, proches, avec, au loin, les canons de la Guerre, des cris perdus, des chants retrouvés, des citations hagardes. Visites donc dans le Magasin des Mots et dans le Cul des Choses.

  Invitation au Voyage dans le Territoire-BiBi des petites choses quotidiennes.

LA FOLIE DES CITATIONS.

 Rassemblées, tirées de tous les horizons, elles font  patchwork, kaléidoscope. A les retrouver, à les relire, elles me donnent le vertige. Une manie prolongée qui n’est pas loin de devenir une (petite) folie, une addiction sans retour.

 En voici deux, tombées en arrêt à mes frontières, deux pensées-bibi retranscrites sur ma page Twitter, parfaits résumés de mes brumes matinales : «Mieux vaut tourner autour que tourner en rond». Et inconsciemment, pensant à la Syrie (visitée il y a trois ans) et aux péroraisons présentes d’une possible Guerre, cette autre ligne : «Les hommes salissent les verbes et sortent les couteaux».

DEPÔT SUR TWITTER.

 Ce matin, comme s’il s’agissait d’une nécessité vitale, j’ai déposé des lambeaux de textes, de courts aphorismes sortis-de-je-ne-sais-d’où sur Twitter : ceux-ci sont Georges Haldas, je crois : «Ne jamais nommer ce qu’on aime. Le suggérer. Le mot enferme, la suggestion rayonne. Je vire au loin pour écrire au plus près», «Deux folies : se prendre pour une lumière. Ne plus la rechercher».Et puis encore, deux qui me sont apparues, dont je ne saurais dire qui les a écrits (BiBi ?) «Crocheter et fureter dans le magasin des mots, dans le cul des choses» «Il nous faut les digressions, les divagations. Il nous faut en revenir aux sauts et aux gambades».

NINA SIMONE.

 Adolescent, j’ai tout de suite été attiré par la voix singulière, incontournable, chaude et tremblante, rocailleuse et lancinante à la fois de Nina Simone. Hier, continuant de lire le Journal de Charles Juliet, j’ai trouvé en reprise ce beau morceau composé par Georges Harrison qui fut autre chose – artistiquement – qu’un Beatle à la traine. Avec «Isn’t it A Pity», l’impression est toujours aussi forte. J’ai été heureux, qu’après avoir signalé cette interprétation de Nina Simone sur Twitter, plusieurs ami(e)s inconnu(e)s l’aient retweetée. Heureux de deviner qu’il y a toujours des petites veilleuses pour éclairer le fond de nos Nuits.

UN TITRE COMME REMINISCENCE.

 Il y a longtemps, moment d’une certaine jeunesse, je voulais écrire un roman mais je me suis arrêté à l’ébauche, au titre (plutôt bien trouvé) : «La Terre-me-Tourne». Oui, un bon condensé de la Terre tourne et de la Tête me tourne. Le titre disait tout. Du coup, j’ai oublié d’en écrire la suite, tout occupé à ma Plongée silencieuse dans les seuls quatre mots. «La Terre-me-Tourne» ou comment être au plus intime en virant au plus lointain.

Pour le roman entier, ce sera dans une autre vie.

JONCTION.

 J’aime ces points d’attouchements, ces points d’eau, oasis où l’on se croise et échange. Ici, en trio : le lecteur (moi), le cinéaste Abbas Kiarostami et Charles Juliet, relevant au 8 mars 1995 dans son Journal :

«Au Travers des Oliviers», du cinéaste iranien Abbas Kiarostami. Un film prenant où sont montrées des choses très simples. L’extrême beauté de la fin. La subtilité de la réponse donnée à la question posée par l’intrigue».

Un film «prenant» ? L’expression est en deçà, fait plutôt euphémisme. Un film bouleversant, renversant, incroyable, à en pleurer, à vous chambouler jusqu’au trognon. Et, là, je réalise que ce long métrage, couplé avec le magnifique «Et la Vie continue», est sorti en 1995.

Dieu du Ciel, tous ces jours enfuis, évanouis, perdus derrière moi. Reste cette joie via cette lecture. Reste cette brûlure d’avoir marché à nouveau – quelques dix huit ans après – au travers des oliviers.

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