La lettre d’un ami brésilien.

 Ami brésilien

Cyrille Verdeaux m’a envoyé ce billet sur la situation au Brésil tel qu’il l’a ressentie ces dernières semaines. Il m’a autorisé à mettre sa lettre en ligne.
Cyrille Verdeaux est musicien indépendant, (on peut trouver son cheminement musical ici ). C’est un globe-trotter assidu mais depuis 2002, il a élu domicile au Brésil (à Brasilia plus précisément) et y travaille comme musicien et musicothérapeute.  Son nom vous sera peut-être familier puisqu’il compte dans ses proches un certain Grégoire Verdeaux qu’il considère – de par ses options politiques – comme «la honte de la famille». Si vous voulez lui passer un mot, son compte FaceBook vous est ouvert. Il se fera un plaisir de vous répondre.

Bonne lecture.

«Les gens sont soudain sortis par millions dans les rues des villes, essentiellement parce qu’ils veulent des services publics dignes de ce nom au Brésil, notamment pour l’Education, le Transport, les infrastructures et la Santé. Ils sont en colère car ce qui commence à sérieusement les énerver c’est que leurs centaines de députés et sénateurs se goinfrent presque ouvertement au lieu de laisser l’argent des impôts des travailleurs aller vers l’amélioration des services publics.

Pour le moment, l’argent est disponible pour construire des superbes stades. Cependant les budgets initialement prévus ont tous – mystérieusement – doublés. Le déficit s’est creusé et sert d’excuse pour ne pas prendre en compte – alors que tout pays émergeant et devenu riche devrait le faire – le bien-être des habitants, des gens pauvres principalement (pour survivre et mettre de la bouffe sur la table familiale, beaucoup sont portés sur le trafic de drogue et le trafic d’armes, faute d’autres choix).

Brazil

Lula avait bien commencé le processus de démocratisation et ça avait porté ses fruits durant les premières années en amenant des millions de gens qui étaient dans la pauvreté et/ou le chômage dans la classe moyenne. Il a favorisé les crédits gratuits sur un an, ce qui a permis à des millions de gens d’investir dans des biens de consommation qu’ils n’auraient pas pu se payer autrement. Ces initiatives ont relancé l’économie intérieure et créé des millions d’emplois.
Seulement, les vieilles habitudes ont perduré. La corruption a continué à être partout et à interfèrer fortement avec l’Ordre et le Progrès, formule pourtant mise en exergue sur le drapeau brésilien.
C’est un peu comme notre formule républicaine «Liberté Egalité Fraternité». Quand on voit ce qu’en ont fait nos élites dans les faits et dans les décisions de la vie quotidienne…

Avec l’arrivée de Dilma Roussev, l’ancienne «terroriste d’Extrême-Gauche lesbienne et athée, d’origine bulgare» (élue par le peuple le plus catholique de la Planète), les électeurs Brésiliens ont voulu donner une bonne leçon de laïcité et de maturité au Monde – notamment musulman.

Avec la sélection brésilienne qui a gagné la coupe de la Fédération (et qui devient favorite de la prochaine Coupe du Monde) les choses se sont un peu «calmées» car la victoire contre l’Espagne a transporté de bonheur, d’espoir et de fierté nationale ce même peuple qui hurlait au scandale la semaine précédente. Je n’oublie pas que dans certains quartiers, les gens sont toujours en ébullition et en colère.

Pour le moment, les Députés cherchent un moyen de limiter les dégâts et font tout pour pouvoir continuer à s’en mettre plein les poches (je parle d’argent public). Ils songent à organiser un plébiscite qui serait une sorte de préambule à une réflexion sur une Réforme des Institutions afin de limiter leurs pouvoirs et privilèges etc, etc. Mais tout ceci est très «difficile» pour ces pauvres sénateurs, faut les comprendre : on leur demande de scier la branche en or sur laquelle ils sont assis.

Dilma dit qu’elle leur met la pression. Madame ne veut pas d’une Grande Insurrection Populaire. Aussi les Députés vont être obligés de venir avec des propositions décentes et socialement acceptables… Tout cela va peut-être remettre les gens sur la bonne voie du travail et de la consommation. Faisons une prière, mes amis… Amen ! »

Cyril Verdeaux

One Response to La lettre d’un ami brésilien.

  1. Un partageux dit :

    Permettre aux pauvres de manger à leur faim ! Et comment on va se payer un nouveau yacht si on doit acquitter des impôts ? Arrêtons la demagogie ! ;o)

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