Lance, Heins & Little Nikos : les Rois du Vélo.

Deux Velos ou la fin d’un cycle

Dans l’Equipe du jeudi 25 septembre, interview sans vagues de Lance Armstrong, bien ménagé sur le coup. On était loin des anciennes accusations du même journal sur l’Ami américain. Une page entière où il fait des déclarations tonitruantes qui ont laissé BiBi abasourdi : «J’adore le vélo ! » ou encore en garçon très sensible : « Si on me demande si j’ai changé, je répondrais oui parce que… j’ai vécu ». Enfin, plus que jamais propre, têtu et déterminé : « Il a été prouvé dans un rapport très sérieux qu’il n’y avait rien de tout ce qu’on me reprochait ».
Aujourd’hui, il nous aime ce vieux briscard, il adore la France ce copain de G.W.Bush. Mais Lance n’est pas que l’ami du Président américain. A l’heure où, avec son Equipe, il veut mettre la main sur le Tour de France, il a rencontré un grand amateur de cyclisme à New-York, notre Président à nous, Little Nikos.
Lors de cette soirée, notre septuple vainqueur du Tour, notre fer de Lance était bien là, slalomant entre  Jean-Marie Messier, Ralph Lauren, Henri Kissinger et nos inénarrables Bernard Arnault et Serge Dassault. Il était présent parmi les mille convives à 1000 dollars l’invitation. La salle de bal de l’Hôtel Waldorf Astoria avait été réservée par la Fondation Appeal of Conscience pour l’acclamation de Little Nikos qui allait apparaître en retard de dix minutes, flanqué de Carla et Madame Zeta-Jones. Entre deux coupes de champagne et des toasts au caviar, Little Nikos parut singulièrement absent (absorbé par son discours de Toulon ?) mais parla quand-même vélo avec Lance. Lance lui a probablement parlé de son ancienne passion : les billets verts sans taxe écolo.
Un autre qui en connaît un rayon en Tour de passe-passe, c’est Heins Verbruggen. Ce vieux Monsieur a décidé de raccrocher. C’est la fin d’un… cycle.
Vice-Président de l’Union Cycliste Internationale (UCI) depuis trois ans après en avoir été le Président pendant 14 ans ( la belle épopée du Dopage 1991-2005), il a annoncé qu’il démissionnait « parce qu’il avait 67 ans «  et qu’il voulait « partir en vacances ».
Ce que l’on sait moins, c’est que Monsieur Heins fut un de éléments-clés du CIO dans l’attribution des JO à Pékin et qu’il en fut le premier observateur. En effet, il fut agent de liaison entre le CIO et les organisateurs locaux de Pékin 2008. Bien entendu, il ne faisait pas de politique, claironnant que les athlètes n’ont pas à exprimer leurs opinions dans les stades et que l’arrestation d’un dissident « relève de la loi chinoise et ne concerne ni les Jeux ni le CIO« . En brave lieutenant apolitique, il a laissé à son président, Jacques Rogge, le bénéfice d’exiger timidement, très très timidement plus d’ouverture aux dignitaires communistes.
Petit détail biographique amusant : ce cher Monsieur Heins fut bizarrement recalé pour l’accès à des études supérieures de sciences politiques en raison de ses notes calamiteuses en chimie. Cette maudite chimie qui, via le dopage, lui a empoisonné sa fin de carrière. Interrogé sur l’affaire Festina, il avait déclaré : « Jamais je ne pouvais imaginer l’ampleur du dopage ».
Pédalez, il n’y a rien à voir.
Rien à voir non plus sur le fait que le directeur financier de l’UCI, Jean-Pierre S. en personne, apparaissait un temps dans l’une de ses sociétés. Les bons comptes font les bons amis, non ? Mais Monsieur Heins n’a rien à se reprocher. On parle pourtant de 13,2 millions de dollars distribués à des fantomatiques Sociétés irlandaises sous forme de dividendes et de commissions. Mais Monsieur Heins a tout payé, rubis sur l’ongle, même ses repas à la Cafétéria. Pour un peu, il ferait la Manche pour sa Société Norse Consultants.
Monsieur Heins veut partir en vacances non sans avoir démenti la rumeur : on a murmuré qu’il voulait racheter le Tour de France avec… Lance Armstrong. « C’est ridicule » clame t-il innocemment. Dommage ! Une association Verbruggen-Armstrong ! On aurait pu l’appeler La Grande Boucle !
Un peu amer, Monsieur Heinz en a beaucoup voulu à la Société du Tour de France mais il reconnaît sa défaite : « Oui, j’ai perdu, mais c’est moins ma défaite que celle du cyclisme. » Victoire totale du Tour ? « Oui, renchérit le vénérable Daniel Baal, car les partenaires paient pour avoir de la visibilité et, qu’on le veuille ou non, la seule visibilité c’est le Tour qui l’offre. »
Les Temps changent. Dur, dur de laisser son maillot jaune, Monsieur Heins. Enfin… passez de bonnes vacances et n’oubliez pas de faire un peu de vélo.

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