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ALEP, Mon Amour.

 

ALEP cette superbe ville (août 2010) est aujourd’hui une ville détruite (octobre 2014). Dans ma cosmogonie géographique et humaine, aucune autre Cité d’envergure ne saurait l’égaler (sauf Athènes).

On le disait jadis avec raison : «Rien n’est plus terrible que la destruction d’une Cité».

Ils détruisent le Souk d’Alep.

Photos-BiBi.

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«Au cœur des poèmes d’Homère se trouve le souvenir d’un des plus grands désastres qui puissent s’abattre sur des hommes : la destruction d’une Cité. Sa Cité détruite, l’homme est condamné à errer de par le Monde ou à vivre sur la terre nue, retournant ainsi dans une certaine mesure à la condition des bêtes ». Georges Steiner. Langage et Silence. Editions du Seuil. 1967.

Les Mains du jeune Tisserand syrien (clip-BiBi).

Dans la vie, il y a des carrefours, il y a des voies inédites qui s’entrecroisent pour se fondre en un point nodal. BiBi fut à la croisée du texte de Bernard Noël (1) et de l’instant qu’il passa avec ce jeune tisserand syrien (août 2010).

BiBi ne pouvait faire autrement qu’obéir à cette nécessité de faire du lien, de tisser un petit ouvrage sur sa chaîne de montage. A la croisée de ce clip-vidéo : un texte, une séquence-vidéo et la très belle musique de Titi Robin.


Cadeau de Noël pour les ami(e)s de BiBi qui pensent, eux aussi, beaucoup à la Syrie.

« Le spectacle de ces mains qui lancent le fil, qui le glissent, le passent, le nouent, toujours aériennes dans l’allégresse de leur propre maîtrise – ce spectacle déclenche derrière les yeux du visiteur une crise : rien ne va plus, ni le temps, ni le sens, ni la présence.

C’est que la main, ici et en ce temps, ne fait pas qu’une tapisserie : elle continue et elle projette – continue à inscrire le présent dans la chaîne de la durée ; projette la réflexion dans le geste de telle sorte que chaque point soit dans le voisinage de son avenir. Bien qu’indubitablement «manuel», ce travail ne saurait être défini par opposition à «intellectuel» et à «esthétique» : il inclut les deux et, de ce fait, dérange l’ordre des choses actuel réglé par la vitesse où, perpétuellement, viennent s’accélérer la production et la consommation.

La main introduit dans cet ordre-là un ralenti, qui est son rythme et sa justesse, et qui a pour effet final d’ajouter à l’œuvre terminé un contenu mystérieux».

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(1) Extrait de Bernard NOËL. La Castration Mentale (POL).

Syrie : photos d’hier et d’avant-hier.

Il y a un peu plus d’un an, BiBi s’est rendu sac à dos en Syrie. Damas, Homs, Hama, Palmyre, Alep. Il y a rencontré des Syriens dans une Syrie vivante, très silencieuse sur Bachar Al Assad. Hier, dans l’émission d’Envoyé Spécial et dans le reportage de Manon Loizeau, il a revu ces terres de poussière, ces combattants acharnés, ces enfants croisés, ces hommes et ces femmes si hospitaliers. BiBi renvoie ses lecteurs à ses premières impressions de voyage (Lien ici). Il rajoute quelques photos d’hier et avant-hier en pensant très fort aux combats sans merci que les Syriens mènent de Homs à Hama, d’Alep à Bosra.

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La nuit tombe sur Hama.

L’an dernier, BiBi s’aventura sur les terres syriennes et en rapporta des billets de voyage. Il s’arrêta trois jours dans la ville d’Hama, vaste métropole de 700.000 habitants (4ième ville de Syrie), ville jusqu’alors inconnue de lui. Aujourd’hui, il pense aux Syriens rencontrés, à leurs silences parlants, à leurs combats du jour.

En 1982, le père de l’actuel président, Hafez al Assad, avait réprimé une insurrection dans la ville qui avait fait 30.000 morts. Les habitants de Hama et les professeurs des Écoles d’ingénieurs que BiBi avait rencontrés s’en souvenaient encore.  Aujourd’hui, BiBi pensent à ces étudiant(e)s rencontrés sur une des jolies guinguettes de l’Oronte là où les forces militaires de Bachar Al Assad auraient jeté les corps de plusieurs manifestants.

Le 3 juin, des incidents sérieux avaient déjà fait des morts. Le premier juillet, une manifestation monstre avait rassemblé 150.000 personnes dans les rues pour réclamer le départ de Bachar Al Assad. Le lendemain, le gouverneur de la province avait été limogé et l’armée déployée tout autour de la cité. Des blindés seraient toujours stationnés autour de la ville où on aurait compté 22 morts.

Les Norias (photos), visibles dans le centre de la ville, servent à élever l’eau grâce au courant pour arroser les jardins qui surplombent le lit du fleuve. Espérons que la roue de la répression cessera et que la démocratie et le pluralisme pourront alimenter très prochainement les terres syriennes.