Tag Archives: Nietszche

Camarade Nietszche.

Nietszche  (re)vient souvent au secours de BiBi pour qu’il apprenne à voir, pour qu’il apprenne à parler, à lire, à penser. C’est qu’il faut à BiBi sans cesse apprendre et réapprendre à voir, habituer son œil à laisser venir à lui les choses, les gens, les parfums. C’est cela la première préparation à la Pensée. Eviter les écueils du Jugement immédiat, souvent grossier. Se méfier comme de la Peste des réactions instantanées à une séduction.

Apprendre à voir, c’est ce que le Langage nietzschéen appelle la Volonté forte : l’essentiel étant précisément de ne pas « vouloir », de pouvoir suspendre la décision… « L’art de penser doit être appris comme la Danse, comme une espèce de danse », écrit le génial Friedrich. « Savoir danser avec les pieds, avec les concepts, avec les mots », insiste t-il en rajoutant : « Faut-il que je dise qu’il est nécessaire de le savoir avec la plume, qu’il faut apprendre à écrire ? »

Il est là, ce Jeu électrique de l’écriture où les mots au courant (fou) oscillent entre Vitesse de la lumière et Déplacements d’escargot. Nous y sommes dans ce Monde, dans ce Monde (im)mobile avec sa charge quasi-muette de convocations ( «Que fais-tu ? Qui es-tu ? Où vas-tu ?»), avec ce fracas insistant d’interpellations («Poètes et non-Poètes, vos papiers ! ») et de garde-à-vue («Mets-toi là et ne bouge pas, on t’a à l’oeil !»).Tout nous pousse à nous tenir à l’écart d’une écriture qui rendrait compte de ce qui est, de la Vie dans sa Beauté illégitime, de la Vie dans son exaspérante lenteur.

C’est vrai qu’il y a une impossibilité de penser, qu’il y a une impossibilité conjointe de parler et d’être entendu (là est la Violence sourde) mais cela ne signifie en rien qu’il n’y aurait rien à dire. Ce « Rien à Dire », laissons-le aux piteux Loquaces qui remplissent les écrans télévisuels, aux Spécialistes du Bavardage sur l’Indicible, aux Fogiel, aux Ruquier, aux Philippe Val du Monde entier.

BiBi et ses Amis ont, eux, plutôt un Trop-à-Dire. Ils sont plutôt sommés de tout dire. Ou si ce n’est de tout dire, de faire en écriture, l’expérience et l’épreuve des Limites, des leurs comme celles du Monde.