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Sur Les Glières 1944-1968, un roman noir… très politique.

Après son Prix du Bourbonnais 2022 pour sa fiction historique « La Guerre N’Oublie Personne » (avec le Vichy 1940-41 en toile de fond), après son roman social 2023 (« Mi fugue mi Raison »), voilà qu’en cette année 2024, Madani ALIOUA fait un retour à ses premières amours : le polar, le roman noir. Il nous présente ici sa fiction à haute teneur politique « So Long Marianne (Les Glières 1944-1968) ».

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Pensez BiBi : Dans ta quatrième de couverture, ton livre est qualifié de «polar politique » ? Pourquoi cette insistance sur le « politique » ?

Madani ALIOUA : Parce que… (rires), le Politique est à la mode dans les fictions ! Ce matin, par exemple, j’apprends par la radio qu’Edouard Philippe a écrit un scénario pour une série politique qui passera à France 2. Telerama, lui, a fait sa Une hebdomadaire en titrant que « les Séries TV collent au plus près de la réalité politique ». Marlène Schiappa est embauchée par Bolloré pour confectionner sa propre comédie politique. Le « politique » est certes accepté, promu en tête de gondole mais seulement quand il se pare d’habits très consensuels. Lorsque ce sont des fictions à humeur plus politisée, avec couleur rouge dominante, tout change. Les Instances de promotion freinent, mettent alors la pédale douce. Mon avant-dernier livre (1), prix du Bourbonnais 2022, rare fiction à se dérouler dans Vichy, Capitale de l’Etat français, (période Pétain-Laval-Darlan) n’a pas vraiment interessé les journalistes, les professeurs d’Histoire. Et ce, jusqu’aux écrivain(e)s car ces dernièr(e)s préfèrent situer leurs fictions plutôt dans le Paris occupé. Mais heureusement, j’ai de fidèles lecteurs et lectrices, des citoyen(ne)s curieux et très ouverts qui gardent la pêche.

Pensez BiBi : C’est vrai que la fiction politique rencontre un grand succès mais on est toujours un peu dubitatif devant ces révélations sur les Puissants de ce Monde car les trames fictionnelles sont plutôt construites via le prisme de la Psychologie, du Comportementalisme, de l’Individualisme non ?

MA : Dans les fictions TV-Bolloré-CanalPlus, on entretient le suspense de jolie façon mais au fond, que veulent-elles nous dire ? C’est simple : dans ce nouveau Siècle, dans la période du Capitalisme délirant qui couvre les premières décennies de notre XXIème siècle, il faut raconter des histoires encore et toujours. Y compris le côté Politique qui a aussi un besoin vital de storytelling, de récit, de cet art de raconter des histoires. Ces séries fictionnelles et ces récits qui enveloppent toute décision politique ont besoin en permanence d’un horizon narratif pour justifier et imposer leurs mesures. Les médias, tenus par le grand patronat, sont les dispensateurs en continu de ces storytelling. Ils sont les voix porteuses de l’Histoire officielle via les thèmes de la Mort, de la Manipulation et du Mensonge. Trois fils rouges qui sont à la base de tout roman noir. Les médias l’ont bien compris : le lien est là. Et si l’on tire le fil de la pelote de laine, on a une bonne histoire, un bon fait divers. Sans ces optiques, sans ces choix, il n’y a ni pouvoir, ni gloire, ni audimat, ni, surtout, maintien de l’Ordre établi !

Pensez BiBi : Tu as des exemples de storytelling ?

MA : En voilà un de taille : Macron présenté comme un homme neuf en 2017, ni de droite ni de gauche. Autre pilonnage mensonger : la luttes de classes, c’est ringard. En corrélation avec les deux premiers cités : le RN présenterait un nouveau visage, désormais compatible avec la République. Et la pire des fictions, celle de l’immigré, de l’étranger (et, avec lui, tout opposant), qui seraient des délinquants. Dernière nouveauté : ils seraient aussi antisémites. D’autres générateurs de storytelling : le fait divers, je l’ai déjà dit mais aussi les scandales des Affaires. Une affaire succède à une autre et le Pouvoir en joue jusqu’à nous en saturer. Ce qui est visé c’est de nous empêcher de penser le Présent et ses tendances. Le but reste de nous persuader que nous vivons dans un monde qui ne peut pas changer et qu’il ne faut pas changer. L’imposition idéologique du There Is No Alternative laisse le lecteur et télespectateur sidérés, inertes, cloués au fauteuil. C’est avec cette storytelling inchangée, mille fois répétée que s’impose la roublardise quotidienne du Système.

Pensez BiBi : Venons-en à ton roman noir. Toi aussi, tu as faim de fictions ! Comme pour ta précédente sur Vichy 1940-41, tu y inclus des faits historiques avérés. Peux-tu nous résumer les principaux qui courent dans ton livre ?

M.A. : Il y a bien sûr l’épisode de l’attaque du Maquis des Glières en mars 1944 sur lequel je reviendrais. Je parle de la filière Odessa qui permit aux nazis et collaborateurs français de fuir impunément en Argentine. Je dresse aussi, en arrière-fond, un inventaire de ce qui se passa en mai 68 dans les pays d’où sont originaires mes cinq personnages principaux : l’Argentine, l’Italie, l’Allemagne (Berlin Ouest et Est), la Suisse (ses banques, sa Croix-Rouge) et enfin la France (usine Renault à Billancourt et Thorens-Glières). Je suis né politiquement en 1968, entre ruralité et moyenne urbanité.

Pensez BiBi : Ton sous-titre est « Les Glières 1944-1968 ».

M.A. : Personnellement, j’ai toujours eu envie de m’attarder en fiction sur l’épisode tragique des Glières et sur cette terrible répression contre les maquisards, une opération menée conjointement par la Wehrmacht et la Milice. Je me rends régulièrement au Rassemblement annuel des Glières depuis 2011 (où – si je me souviens bien – se trouvaient Stéphane Hessel, François Ruffin, Frédéric Lordon). J’avais surtout envie de construire une histoire qui se tienne à distance des calomnies historiques très réactionnaires sur ces combats où l’on veut ignorer les adversaires (nazis allemands et fascistes français de la Milice). Mon intérêt avait commencé avec le film de Gilles Perret sur « Walter Bassan en résistance » et avec l’obscénité du comportement de Sarkozy venu parader aux Glières tout de suite après son élection 2007. Il n’avait eu alors que de faire partager au public qui se recueillait sa… nouvelle compagne d’alors (Carla Bruni) !

Pensez BiBi : Un mot sur tes personnages.

M.A : Trois d’entre eux se sont donnés rendez-vous à Thorens-Glières vingt années après 1948. A cette date de 48, ils étaient à Gênes et deux d’entre eux s’embarquaient en catimini pour Buenos Aires.

En mai 1968, Jean De Vaginay (son vrai nom était Jean de Vaugelas), exilé à Bariloche (Argentine) est de retour à Thorens-Glières. Il y était responsable de la milice de Haute-Savoie et de la répression terrible de fin mars 44 contre les maquisards du Plateau. Nommé ensuite à la franc-garde de la région de Limoges, il fut décoré par Laval en juillet 1944. Un «personnage» qui a réllement existé.

Gino Monti Constanzo, lui, est un prélat du Vatican qui a aidé les vaincus de 1944 à partir pour l’Argentine. Le personnage est fictif mais l’aide du Vatican a été réelle, indiscutable.

Albert Jewee, chef de la Wehrmacht, présent aussi à Gênes, a finalement opté pour un retour tranquilou à Berlin post-1945, choix personnel préférable à un exil argentin. Il y a récupéré son poste de professeur, s’est inscrit au Zentrum. Ce Jeewe fut vraiment le chef du Greko, la Gestapo installée à Annecy en 1944. Très « actif » et dépendant des chefs nazis de Lyon et Paris.

Enfin, lien incontournable, ce banquier genevois, Hans Kastl, venu les rencontrer à Thorens, a navigué entre les banques argentines, US (JP Morgan) et suisses. Que viennent-ils faire ensemble à l’hôtel du Parmelan de Thorens-Glières vingt années après 1948 ? Quels liens les unissent ? Quels sont les raisons de leur retour à Thorens ? Pour le savoir, il faudra lire ma fiction (Rires). Je rajouterais enfin que ma fiction est une première à simplement évoquer les Glières et son drame.

Pensez BiBi : Dans tes personnages, il y a aussi ce trio.

M.A : Julien Farge vingt-deux ans, chômeur, prolo descendu de Billancourt, vient aider sa tante Gisèle, tenante de l’hôtel Parmelan de Thorens-Glières. Son idée fixe ? Ecrire. C’est le seul de mes personnages qui parle à la première personne. Peut-être parce que j’en suis le plus proche. Marianne Jeewe, elle, est tout juste arrivée d’une Allemagne encore nazifiée avec son Chancelier Kiesinger au passé hitlérien. Il y a enfin Roger Andrieu, le retraité, ancien chauffeur de car de la ligne Thorens Annecy. Tous ces personnages se croisent à Thorens et logent à l’hôtel Parmelan qui a vraiment existé puisqu’en 1944, il était le siège de la Milice. Nous sommes en mai 68 : l’hôtel existait encore mais aujourd’hui, il a été transformé depuis en appartements.

Pensez Bibi : « So Long, Marianne ». Tu peux nous expliquer ton titre ?

M.A. : Nous sommes en avril-mai 68 et les chansons d’un chanteur canadien inconnu viennent aux oreilles de mes personnages via le transistor. Cet inconnu s’appelle Léonard Cohen. L’émission du soir « Campus » d’Europe 1, animé par Michel Lancelot, passe son premier album en boucle avec ces deux chansons « Suzanne » et « So Long, Marianne« . Cette voix grave, éraillée, lancinante, cette nudité musicale furent autant de chocs pour moi qui n’écoutais alors que du rock. Son premier 33 tours, qui m’est toujours une relique, m’avait touché au cœur. Le titre de ma fiction est donc un hommage. J’insère d’ailleurs quelques-unes de ses paroles pour rythmer et soutenir mon texte. Enfin, le prénom de Marianne, figure emblématique de la France, prénom donné par un Allemand à mon héroïne, n’est pas un élément anodin.

Pensez BiBi : Tu nous a expliqué qu’il y a un va-et-vient, un entre-deux mouvant entre Fiction et Réel quand il s’agit de tes personnages. Comment as-tu préparé ta fiction et quelles sont les formes que tu as choisies pour construire ton histoire ?

M.A. : Autant sur Les Glières que pour mon livre précédent sur Vichy 1940-41, j’ai été sidéré du silence fictionnel autour de ces événements, de cette répression. Dans mes travaux de recherche sur les Glières, je me suis appuyé sur des livres d’Histoire, jamais sur des romans. Et pour cause : ils n’existent pas. Quant à mon choix littéraire, il a été de trouver des formes nouvelles, différentes à chaque fois : sur Vichy, j’avais opté pour le journal intime qui se dédoublait en intrigue. Ici, j’ai choisi le puzzle avec une attention sur un personnage / un chapitre. Julien Farge restant le seul à parler à la première personne. J’espère aussi que la forme choisie pour le dénouement sera perçue comme « originale ». Mes livres sont des tentatives d’écriture. J’essaye, je tente, en espérant – à chaque livre – me bonifier. (2) Dans mon livre, Julien a cette réponse à Roger Andrieu que je reprends à mon compte.

Roger : – Et toi, mon garçon, c’est quoi ton style ? 

Julien : –  Style peu original. Dans la vie diurne, doux comme un agneau mais, en écriture de nuit, boucher de Chicago et vraie teigne. Enfin, j’essaye.

Pensezbibi : Donc, un essai de vraie teigne que les habituelles Instances de consécration continueront probablement à ignorer mais heureusement, il y a les lecteurs et lectrices du blog, les 8300 abonné(e)s du compte Twitter (@pensezbibi) et tous les Citoyen(ne)s inquiet(e)s de voir monter l’extrême-droite. Ceux-là, celles-ci continueront de te soutenir.

M.A. : Je ne jouerai pas au faux-modeste en laissant croire, en pseudo-désintéressé, que l’importance du nombre de lecteurs ne compte pas mais – a contrario – dans mes fictions, je ne choisis pas de leur dérouler le tapis rouge. Rien d’une séduction à tout prix mais un clin d’œil de connivence et de solidarité, avec cet exergue léniniste : « Prendre un livre, c’est prendre une arme ».

(1) Edité chez L’Harmattan, « La Guerre N’Oublie Personne – Vichy 1940-41 » a obtenu le Prix du Bourbonnais 2022. Ici entretien avec l’auteur en deux billets.

(2) Le roman noir « So Long, Marianne » peut se commander dans toutes les librairies de France. La fiche auteur est visible sur le site de L’Harmattan (ici) avec, pour un avant-goût de votre future lecture :-), les 10 premières pages en extrait. Et ici sur la page Amazon (choix de l’éditeur)

Laurent Joffrin, le Rock et les Eléphants.

Rock and Roll

Tous les Vieux de la Vieille ont lu Vladimir Ilitch Oulianov dit Lénine. Dans une des tavernes zurichoises pleines d’émigrés russes, ce jeune et fringant Révolutionnaire d’Octobre avait lâché devant son absinthe  : « Il faut rêver! ».

Presque cent ans plus tard, un Amateur de Rock, un Rebelle de la Gauche-Caviar, un Barbu français très Hip nous sert ses œufs d’esturgeons avec cet indéfinissable air kitsch d’Intello-Complice. «Il faut rêver» : nous sommes évidemment censés tous connaître cet Oukase mythique et d’avoir dans nos bagages d’Homme de gauche cet impératif distingué et terriblement révolutionnaire. Car comment pourrions-nous comprendre le formidable Samizdat de Libération de ce vendredi 16 mai 2008 et déchiffrer le titre de ce premier « Rebonds » (« PS : le réformisme n’interdit pas le rêve ») si nous ne partagions pas ce même air révolutionnaire (d’autres écriraient le même « habitus de classe ») avec ce Branché de la Gauche tiède ? Car ce « Rebond » est une réponse. Ah oui ! Répondre à Vladimir Ilitch Oulianov et à ses ouailles, ça en jette, n’est-ce pas ?

Derrière sa Barbe bien taillée de Bobo, notre éditorialiste nous la joue fine et délicate. Il veut nous prendre à rebrousse-poil. Ah ! enfin ! nous dit-il, la Gauche (le PS évidemment) a enfin opéré sa mue ! Fini et répudié le marxisme ! Vive la critique essentiellement morale du capitalisme contemporain. Nous voilà enfin soulagés devant cette rupture avec la théorie de la lutte des classes. Nous voilà conquérants réalistes et batailleurs rebelles dans le cadre de l’économie de marché. Avec cette confirmation philosophique définitive : «L’individu libre est à la base de l’édifice intellectuel socialiste et non ces structures lugubres impersonnelles désignées par les marxistes ou par un Pierre Bourdieu comme l’ultima ratio déterminant la vie humaine ». Libres que vous êtes, journalistes précaires, retraités à 600 euros par mois, libres les étudiants qui dorment dans de miteuses caravanes, libres les marins-pêcheurs qui sentent le gas-oil et si libres les licenciés de Gandrange, consciences libres que tous ces chômeurs fainéants, ces Immigrés profiteurs et trop chouchoutés…

« Ultima ratio » : remarquons aussi l’emploi kitsch de la formule latine qui remplace le sel et soulignons l’absence de Majuscule pour Individu, Intellectuel, Socialiste qui aurait fait trop poivre exotique. Un beau et bon fumet, à rebours des plats réchauffés des Grandes Cuisines idéologiques d’antan, non ? BiBi soupire encore devant cette propension de ces Intellectuels-Caviar à dénier toute analyse sur leur propre position et trajectoire sociales ( «Consciences libres» que ces Messieurs !) mais pas les derniers à vouloir classer l’Autre («Marxistes, Bourdieusiens, Sociologues lugubres et embêtants, absurdes Rêveurs du Grand Soir, Orthodoxes et Bien-Pensants» etc)

Relevons encore : l’article n’est pas publié en seconde page comme les ex-interventions du Grand-père July. Il est situé à une place stratégique de débats et d’ouvertures : la page « Rebonds », page censée être le nec plus ultra du Journal (Hé, Laurent ! BiBi aussi sait jouer de sa langue latine !). Ce jour-là, l’intervention de Laurent voisinait celle de Pierre Marcelle (on est décidément magnanime et ouvert à toute la Maison de Gauche, n’est-ce pas ?).

Ce pseudo-égalitarisme colle tout à fait à la Stratégie du nouvel Esprit du Capitalisme : foin des Patrons (de Presse) intransigeants à la Lazareff, foin de la hiérarchie. On vient d’un 68 libertaire que diable ! On est à hauteur égalitaire de ses Opérateurs (on ne dit plus : employés). Piège évidemment grossier que BiBi démonte avec son aisance aristocratique coutumière. Il en déduit adroitement que  :

1. la raison d’être de cet article est de dire l’agacement de notre BoBo barbu qui n’a pas encore digéré le numéro-anniversaire de Libération du 21 mars 2008 où un petit rebond fit faire un grand Bond à l’Humanité. Il était intitulé vachardement et justement : « Libération d’aujourd’hui n’aurait pas fait mai 68 ».

2. qu’en gommant le fait que Laurent barbu est aussi « Directeur du Directoire », la tenue de cet article s’adresse – sans le dire – à sa propre équipe de journalistes. « Je suis comme vous ! Je suis comme on était avant ! Je suis avec vous contre tous les Pouvoirs etc etc. » Contenu manifeste banal et gentiment discret mais lorsque BiBi gratte dans le contenu latent… il trouve là, de la fermeté et de l’autoritarisme dans un rappel à l’ordre genre : « Messieurs et Mesdames les journalistes, n’essayez pas d’avoir d’autres idées que la mienne. D’accord pour jouer aux vilains petits canards à la petite récréation mais dès qu’on rentre en classe, vous obéissez au Maitre-qui-n’en-est-pas-un etc etc ». Arabesque managériale bien connue des Petits roitelets.

Cette nouvelle remise en Ordre s’accompagne de soutiens politiques que Laurent le Barbu voudrait d’envergure. Avec l’appui des Editeurs du Livre, il a aidé à ouvrir les portes pour les dénommés Huchon et Valls. Oh ! Ah ! Oh ! Quels magnifiques livres d’entretiens ! Tiens, tiens, Entretien, quand tu nous tiens !

Personne ne va croire BiBi et pourtant : oui, oui le Laurent barbu va lui aussi le sortir des presses incessamment sous peu, son livre. BiBi ne va pas ici en faire de la pub (il ne sera guère difficile pour le lecteur-lambda de voir, d’entendre Laurent dans les circuits habituels de L’Info-libre) mais avouons que le petit livre rouge d’entretiens de Laurent le Barbu arrive au poil.

BiBi conseillerait à Laurent-le-Bobo de former un groupe avec Valls à la batterie ( il a « du sang catalan » le bougre !) et Huchon au maxi-micro ( un formidable « amateur de rock cosmopolite »). Un beau trio qui ferait du bruit. En avant-première au Congrès de Novembre ? En Vedette américaine ? Ils remplaceraient si aisément – héritage oblige – les Eléphants des Eighty’s !

Alors pourquoi un tel article alors que cette Gauche de la Gauche ( BiBi aura prochainement des mots très hard-rock pour ces Incapables) est résiduelle, insigne et quasi-absente ? C’est qu’au-delà de ce faible poids, il y a les faits et les faits – comme disait un autre Barbu – sont têtus. Pas si simple de jeter les restes au panier, de se débarrasser des déchets.

Là-dessus, il faut faire comme BiBi, avec ce numéro de Libération trouvé sur le bateau le menant à Mykonos : en débarquant, il le tendit au premier pêcheur grec vendant son poisson à la criée. Même s’il ne lisait pas le français, le marin sut immédiatement quoi faire de ce cadeau impromptu.

La page « Rebonds » de Libération enveloppant son poisson-rebelle fut du plus bel effet.

Finalement, se dit BiBi, ça sert toujours un numéro de Libé.

(Dé)gommer Mai 68.

Qu’elle est jolie la couverture noir et blanc de Télérama ! Cohn-Bendit  regard clair veste à chevrons dévisageant ironiquement un CRS. Mais le plus amusant c’est la «légende»… : « Oubliez Mai 68 ! »

Lorsqu’on s’attarde à la page 15, BiBi  jette le même regard ironique sur ce cher Daniel. Pour ce dernier, rien ne l’énerverait plus que «d’être enfermé dans un cadre». BiBi, toujours en alerte maximale,  reconnaît là tout l’art subtil de l’Intelligentsia française toujours prompte à classer les gens, à  les réduire à ci et à ça, à les ignorer aussi mais toujours ô combien rétive à être elle-même classée, à être elle-même analysée. BiBi s’amuse encore plus lorsque le journaliste confirme que l’Image de 68 colle toujours à la peau de notre Invité du jour.