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Les détails qui tuent.

Freud disait qu’il avait forgé ses topiques et avait parfait son écoute en s’attachant aux détails. Robert Walser, l’écrivain helvétique, avait déposé superbement ses trois mots comme programme poético-littéraire : « Explorer l’anodin ». Ailleurs, on parle de « celui qui énerve à toujours chercher la petite bête« . C’est que derrière les banalités passées sous silence, derrière les manières de ces maniaques du détail, se glissent de bien intéressantes choses. Si intéressantes qu’elles révèlent des stratégies jusqu’alors tûes, des censures, des masques qui tombent, des parcours qui, tout d’un coup, reviennent à la surface.

NICOLAS BAYS.

En 2012, cet autre « Nicolas » avait démarré son parcours de politicard comme jeune socialiste. Pistonné par Fabius, il va se retrouver chef de cabinet de Jacques Mellick (celui qui couvrit Tapie) puis secrétaire départemental du MJS (Mouvement des Jeunes Socialistes). Chouchou de Manuel Valls, il se portera candidat PS (2012) et sera élu député du Pas-de-Calais.

Itinéraire typique de l’homme politique sans scrupules, Nicolas Bays va changer tranquilou de boutique et grandira chez Macron. C’est là qu’il rencontre la femme de sa vie : Agnès Pannier-Runacher. Comme sommets de la Crétinerie LREM, on entendra beaucoup les tirades de Madame, envoûtée par le si poétique travail à la chaîne dans les usines mais exhortant le commun des mortels à profiter du COVID pour faire « de bonnes affaires en Bourse« .

Monsieur et Madame se mettent donc en concubinage mais Madame, Ministre de l’Industrie, employant son concubin lors de la campagne des Régionales, est rappelée à l’ordre par le Conseil d’Etat.

Bah, tout cela ne gêne aucunement nos pigeons amoureux qui continuent de rou(cou)ler LREM. Monsieur est aujourd’hui nommé chef du cabinet chez Blanquer (Jeunesse et Sport) pendant que Madame trône toujours au Ministère de l’Industrie. Un couple très demandeur… Lisez, c’est hallucinant :

Bref, voilà un parcours d’un duo qui slalome entre copinage, opportunisme et pantouflage à haut salaire. Un parcours que Monsieur et Madame auraient voulu cacher. Hélas, il y a mon double qui traine sur les réseaux sociaux… mon double qui les affuble du méchant mot de Crevards. On ne peut lui donner tort.

ERIC NAULLEAU.

Dans un tweet, Eric Naulleau, le grand ami du facho Zemmour, se moque du français employé par le candidat à la Présidentielle, Anasse Kazib. Celui-ci – comme la destinataire de son tweet –  » ne parleraient plus français « .

Qu’est-ce que vient nous dire Naulleau ici… sans le dire ?

  1. Déjà, remarquons qu’il s’en prend à un type qui n’a pas un prénom français, hein ? On a là un aperçu des  » valeurs actuelles  » obscènes qu’il partage avec Eric Z. son alter ego.
  2. Cela dit aussi que ce pov’ Naulleau se décrète Top-Représentant de la Langue française, du Bien Ecrire, bref, que, lui, Eric Naulleau, parle souverainement le bon français.

Qu’est-ce donc qui cloche dans tout cela ?

Tout simplement le déni que toute langue vivante est une forêt plurielle où s’inventent sans cesse d’autres passages, le refus que le langage est à la fois notre errance, le labyrinthe où nous sommes perdus et qu’il est aussi le chemin pour en sortir, que c’est « une architecture d’échos » (V.Novarina). Langage à l’opposé bien entendu du langage-marketing parfait, de ce langage de traders reçu 5 sur 5 dont rêvent libéraux et néo-fascistes. « Crevards » qui n’écriront jamais une ligne poétique, qui ne nous offriront jamais « un livre qui nous soulève » (Calaferte). C’est que ce verbiage Naulleau, couleur brune, langue morte, rêve d’un impossible : celui de corseter la langue, de lui passer la corde au cou pour qu’elle obéisse.

MELENCHON / MELANCHON.

Mes  » amis  » de Checknewsfr de Libération, si prompts à délivrer de bonnes ou mauvaises notes dès qu’il s’agit de NEWS, se sont empressés de vouloir coincer Mélenchon pour la énième fois. Peu importe la raison. Notons simplement que, dans leur précipitation, ils ont écrit MélAnchon, affublant d’un A le nom patronymique du leader de la France Insoumise. Très exactement comme le fait continuellement l’extrême-droite.

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LE MONDE.

On sait l’importance du quotidien dans la bataille 2022. On connaît l’amitié qui lie Xavier Niel et Emmanuel Macron. On ne sera donc pas surpris du langage euphémisé utilisé dans l’article signalé ci-dessus. A l’incessante stigmatisation et aux insultes répétées d’Olivier Véran envers les non-vaccinés, le Monde, de son côté, a traduit cette haine de façon très LREM avec un indolore et si gentil :  » Olivier Véran met la pression… »

FRANK PROVOST.

Autre ami d’Emmanuel Macron : Frank Provost, mis en examen pour fraude fiscale. J’ai longuement cherché : je n’ai pas trouvé trace de cette formidable amitié entre Frank et Emmanuel. Ni à l’AFP ni à France Info. Alors, réparons l’erreur avec cette capture d’écran d’un Frank admirateur (elle date de… 2017).

LA JOURNAILLE DE FRANCE INFO.

Ô surprise, la radio du macroniste Vincent Giret s’est permise de déposer un tweet qui se gaussait de… Nicolas Sarkozy, le Sarkozy de décembre…2011. Un tweet qui rappelait quel menteur avait été notre ex-Président. Fort bien mais on aurait aimé que cette même journaille de France Info dénonce les mensonges sarkozystes non pas en décembre 2021 (soit 10 ans après) mais en décembre 2011.

Au fait, que faisait donc cette journaille en ce temps-là de décembre 2011. Cette photo imparable (voyez Hélène Jouan, Aphatie, Thomas Legrand présents et de connivence) avait déjà immortalisé leur insupportable allégeance.

MADAME PECRESSE.

Valérie Pécresse veut maquiller son passé. Aujourd’hui, elle parade dans le fief de Jacques Chirac. Mais, hélas pour elle, elle n’a pu dissimuler ses amours de La Baule. Difficile en effet de gommer ses liens avec Frank Louvrier, suppôt publicitaire des campagnes sarkozystes et surtout impossible de taire ses incalculables fréquentations du superbe manoir de Geoffroy Roux de Bézieux, le patron du… MEDEF.

TWIST SNCF.

Depuis toujours, les « crevards » de Droite et d’extrême-droite s’insurgent contre les soi-disant avantages dont bénéficieraient les cheminots. (Voir ci-dessus les insultes). Mais les voilà bien silencieux sur les policiers qui non seulement ont eu le droit de ne pas se faire vacciner (Ici Olivier Véran approuve et applaudit) mais bénéficient de pouvoir voyager en train gratuitement. En 2022, ce sera pour les trajets domicile-travail et en 2023 pour les trajets privés. Pour ces avantages, cela nous coûtera 100 millions d’euros (Source : Le Canard Enchaîné). Un sacré coup de pouce à leur train de vie, non ?

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SABINE WEISS.

Tristesse. Sabine Weiss, la grande photographe, est décédée à l’âge de 97 ans. J’avais eu le bonheur de la rencontrer lors d’une exposition en 2010 à Thonon-les-Bains. Ici mon clip et mon billet qui suivirent notre rencontre d’alors.

J- 50 : Interview de Sarkozy, l’agoraphobe.

C’est dans les endroits publics et espaces découverts que se manifeste l’agoraphobie, cette peur irrationnelle de la foule qui survient de manière imprévisible et qui suscite une inquiétude grandissante chez le sujet. 

Cela entraîne, dit-on, un comportement d’évitement. Par exemple, le Sujet fait tout pour ne pas voir les mouvements de foule, les grèves suivies (toute grève passe inaperçue pour lui), les cortèges etc. C’est tout cela qui pousse le sujet à l’accélération de son rythme cardiaque, aux tremblements, aux secousses musculaires (surtout aux épaules) et qui peut finir en malaise vagal. Parfois, précise la nosographie médicale, il y a une sensation de déréalisation, de dépersonnalisation : le Sujet se croit le Maître du Monde. Dans le calme de Bruxelles, voilà l’ interview n°5 du Candidat-Président.

Sarkozy de retour de Lille (interview à J-55).

Dans le TGV de retour Lille-Paris, BiBi a réussi à obtenir un interview à grande vitesse du Président-candidat Sarkozy qui avait, jusque-là, l’habitude de se déplacer avec son Air Sarko One (rappel du coût de l’engin aérien : 259,5 millions d’euros).

A J-55, BiBi s’est glissé subrepticement dans la peau d’un de ses Supporters. Chouchou s’est fait filmer  dans le wagon Seconde Classe par les télés avant de rejoindre BiBi en Première Classe (sans caméras) pour une interview-express. 

« La Droite, c’est la Mort ».

La première fois que BiBi lut cette phrase qui fait encore bondir les lampistes umpistes (tant mieux), ce fut en lisant l’interview de Marie N’Diaye dans une interview aux Inrocks. Elle était à peu près d’accord avec l’affirmation de Marguerite Duras (Relire le court billet-BiBi ici).

Cette phrase avait été prononcée en 1988 à l’approche de la Présidentielle au cours de laquelle Marguerite Duras soutenait son candidat, résistant tardif, François Mitterrand.

Traversant avec dégoût les effets-propaganda de la Communication Louvrier, rageur devant l’arrogance du Petit Chef et la veulerie de ses Courtisans, BiBi, lui, reprend la formule entièrement à son compte. Et c’est avec le dessinateur Ghertmann qu’il traduit et conjugue sa méchante humeur.

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Quand Nicolas (Sarkozy) défend son pote Eric (Woerth)

Il est juché sur une petite estrade. Il est amaigri, presque en mauvaise santé. Lorsqu’il parle, il baisse les yeux et il baisse la tête : il regarde certes les caméras mais à la dérobée. On sent que ses tics peuvent resurgir à tout moment. Se contenant à peine, il lâche : «Est-ce que je maintiens ma confiance à Eric Woerth ? Si vous me reposez la même question demain matin, je ferai la même réponse». C’est donc «oui».

Chouchou a quand même du mal à avaler cette affaire Woerth. Peut-être n’est-il pas vraiment au courant des frasques de son ami, trésorier de son propre parti ? ( BiBi le reconnait : hypothèse absurde). Il a fallu pourtant à notre Président convoquer de toute urgence la Pool Connection (Guaino, Levitte, Louvrier and Co. Guéant, lui, intervenant à New York) et, dans le même temps, ménager François Fillon et ses amis râleurs.

Chouchou est à Huntsville, en Ontario et fait donc sa Conférence de presse. Carla n’est pas venue avec lui, elle qui adore les voyages (elle prépare probablement de nouvelles rengaines). Il se sent seul, humainement seul, mais chacun sait que, pour lui, «humainement» ne veut rien dire. Eric son ami, Eric qui en sait long, trop long sur les ramifications financières du Grand Parti, est bien entendu indéboulonnable. Pas question de le démissionner, de sacrifier cet homme-clé qui ouvre toutes les serrures du quinquennat.

Seule stratégie possible : il faut jeter de la confusion, il faudra cravacher en montant sur ses grands chevaux – et au galop s’il vous plait. Il faudra remettre en selle tous ces journaleux – grands ânes de chez Dassault et de chez Lagardère. Les hommes du JDD, par exemple. Le Journal du Frère Lagardère s’est déjà remobilisé ce dimanche pour définir la Stratégie de défense d’Eric : le bonhomme attaque le verbe haut,il  joue les offensés, il garde son calme dans la tempête. Un homme bien, un homme intègre qui, contre vents et marées,se bat,  fait front. Magnifiquement.

Énumérons les subtils détours de ces manœuvres : faire silence sur Florence, éviter de rappeler qu’Eric est l’homme (le mari) qui l’a nommée (pistonnée) chez Clymène, réduire l’affaire au très vilain Patrice de Maistre. Pour exemple, dans l’article de Laurent Valdiguié, le nom de Florence Woerth n’est cité que par la bande (une seule fois). Pas d’interview, pas de billet retraçant sa carrière, pas d’investigation : c’est que la solidarité de caste Patrice-Flo doit être soigneusement gommée. Sur Patrice, on peut lire : « A écouter les enregistrements, il semble au centre de la fraude fiscale ». Vous voudriez que l’on parle de Florence ? Florence-Qui ? Que ? Flo qui ? Florence quoi ?

Le cher Louvrier et son Équipe veulent jouer aux plus malins : déplaçons donc l’Affaire Woerth-Bettencourt en la couvrant avec cette enquête sur les lingots de Robert Peugeot. La Stratégie de Défense de Monsieur Éric est en marche : Dans l’article page 3 sur Peugeot, le journaleux Laurent Valdiguié fait passer Éric pour… «un hystérique du contrôle fiscal» (Bravo Lolo !).

Et qu’on n’attende pas que, dans un article en page 2, Laurent Fabius vienne s’époumoner et hurler au scandale. Laurent Fabius, vous connaissez? Ex-premier ministre, il couvrit, le premier, l’Affaire des Frégates de Taïwan du Secret-Défense. Juste ciel, BiBi ne s’ennuie pas le dimanche. Très guilleret, il chanterait presque l’air plagié d’Enrico : «Ah qu’ils sont jolis les scandales de mon pays, la, la la, la… »