Tag Archives: Juliette Binoche

Arrêt sur Image : le Dîner de la Biennale vu par Paris-Match (2)

TTTTT

 *

Le 9 septembre 2014, de prestigieux invités firent partie du grand Dîner de la Biennale de Paris. Biennale des Antiquaires à Paris où BiBi croisa Bernadette Chirac, Laurent Fabius et sa femme, Juliette Binoche, de grands antiquaires et de célèbres joailliers (Dior, Piaget, Bulgari, Cartier, Chanel, Boucheron, Van Cleef & Arpels, Wallace Chan). Ajoutez-y des «tas d’autres milliardaires» comme l’écrit la Chroniqueuse du Canard laquais de Lagardère (Paris-Match). Voici donc la deuxième partie dans laquelle BiBi présente ce plateau de haute volée, de haute valeur (je n’ai pas dit de «hauts voleurs» mais n’en pense pas moins). Entrechoc : à peine mon second billet terminé que – sans gêne et sans honte – un Socialiste de haut rang, Monsieur Rebsamen, se désole de l’augmentation du chômage.

Arrêt sur Image : la Biennale vue par Paris-Match (1)

prom_biennale_2014

Avant de vous informer de ce qui se passa ce mardi 9 septembre 2014, j’expliquerai dans quelles circonstances m’est venue l’idée de ce double billet. J’attendais patiemment mon tour dans la salle d’attente de mon cher Docteur. Pour tuer le temps, je me suis mis à feuilleter distraitement les magazines people sur la petite table (remarquons au passage que les instances médicales ne s’abonnent jamais à Fakir, l’Humanité-Dimanche ou à Politis et préfèrent étaler les n° du Figaro Madame, de Voici ou de Paris-Match). Et c’est justement l’hebdo Lagardère, le Paris-Match du 18-24 septembre qui attira mon attention. Et plus particulièrement la dernière page avec la rubrique d’Agathe Godard. 

Au retour, en plus des médocs soignant ma toux, je continuais de penser à cette dernière page de l’hebdo (mise en ligne ici) qui célébrait – à sa façon pipolitique – le Dîner de gala de la Biennale des Antiquaires, le 9 septembre de cette année.

Double billet dont voici la première partie.

Godard, Kiarostami : cinéastes singuliers.

Ils sont apparus furtivement dans nos lucarnes, tard le soir, fuyants, toujours aussi énigmatiques. Jean-Luc Godard a laissé son petit monde cannois en plan fixe et Abbas Kiarostami s’est réfugié derrière Juliette Binoche, la laissant s’expliquer avec les journalistes présents au Festival (elle finira par adopter le style Kiarostami : se taire tout en -se- donnant à voir).

BiBi se souvient avoir visionné un documentaire sur le réalisateur iranien et il avait admiré son intelligence dans ses tentatives d’explication (moins sur ses prises de vues que sur ses… points de vue). Aujourd’hui, BiBi a retrouvé d’autres traces dans les pages de la revue Politis du 20 mai :

«Toutes les souffrances, toutes les pathologies humaines prennent leurs racines dans une absence de regard. C’est parce qu’on n’est pas vu que l’on souffre. C’est aussi pour cette raison qu’on crée. L’art, comme la vie, a besoin d’être vu. S’il n’est pas vu, l’art est une chose morte. La seule façon d’insuffler de la vie à une œuvre, c’est de poser son regard sur elle ».

Un extrait qui fait écho à cette autre interview de Kiarostami réalisée par Shahin Parhami (Hors-Champ. juin 2004) :

« Il faut déjà avoir digéré ce que l’on a lu ou appris avant même de débuter un projet artistique. Si l’on a vraiment compris une théorie, un concept ou une philosophie, ils vont apparaître subtilement dans notre travail. Une réaction rapide et émotive contre un événement social ou politique réduit le film au niveau d’un journal avec une date de péremption. Quand ces mêmes événements complexes se transforment ou finissent, le film devient sans valeur aucune. Si le cinéaste crée un film avec des idées crues, non digérées en tête, le film devient un slogan animé. Je crois que le véritable art doit être éternel » Clap, clap, clap ! Voilà BiBi qui applaudit à deux mains.

De Jean-Luc Godard, BiBi retiendra ces quelques phrases qui ne font effet qu’une fois la revue refermée (Les Inrocks du 12-18 mai) :

«L’œuvre dans son ensemble, le Grand Œuvre, ça ne m’interesse pas. Je préfère parler de cheminement » ou encore… dans ses rapports conflictuels à Truffaut (dont il n’aimait pas beaucoup les films) : «Vous savez, le plus difficile, c’est de dire à un ami que ce qu’il fait n’est pas très bon. Moi, ça me manque ». En conclusion très touchante, le voilà qui avoue : «Quand on est vieux, l’Enfance revient ».

Pour ce qui concerne plus directement les aspects socio-économiques du Cinéma, les deux réalisateurs ne seront pas surpris d’apprendre que dans certains pays (comme la Norvège), la disparition des projections classiques sera complète à la fin de l’année. Il y a été calculé que, très vite, 2 voire 1% des films occuperont… 99 % des écrans (Avatar et sous-avatars). Dans le journal Le Temps, le journaliste Thierry Jobin précise que «le Numérique ne va absolument pas militer pour la diversité». Écran totalement noir sur nos prochaines nuits blanches ?

En tous les cas, BiBi espère  que les deux films («Copie Conforme » et «Film Socialisme») viendront quand même s’échouer sur ses écrans.