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Le Foot, ses Agents troubles et « Cash Investigation ».

 FIFA

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Le foot ! Le foot ! J’entends encore Guy Bedos répéter son sketch avec son accent inimitable. Justement, cette semaine, il fut question de foot sur FR2 avec l’émission d’Elise Lucet («Cash Investigation» ). Une très bonne émission qui décryptait «le Milieu» du Terrain de foot avec une insistance particulière sur l’exploitation des jeunes footeux (à partir de 8 ans) – avec l’aval de la FFF, sur le rôle des agents omniprésents et très puissants – avec l’aval de la Fédération et sur les tractations financières dans les contrats et pseudo-transferts.

M6, l’Euro 2012 et les Marchands du Temple.

L’EURO 2012 fait causer. On entend de tout sauf le principal. On désigne les boucs émissaires (les joueurs-racaille comme Nasri), on dilue les responsabilités des Chefs de la Grande Famille du Football, on appelle à la rescousse des entraîneurs qui veulent que l’on mouille le maillot mais qui ne se mouillent pas (Elie Baup), on blablate aussi sur la Jeunesse arrogante, bonne à rien, qui détruit nos Rêves de Bonheur footballistique. BiBi s’est arrêté sur la chaîne M6 et sur ses «débats» d’après-match.

Jean-Pierre Bernès ou la Glorieuse incertitude du Sport.

Cela faisait longtemps que BiBi n’en avait pas parlé : Jean-Pierre Bernès, agent numéro Un du Foot-Bizzness, est de retour.

Jean-Pierre, il est un peu comme les Patrons new-look, ces Capitaines d’Industrie fiers d’être médiatisés. Un moment discrets ( la discrétion de Jean-Pierre a duré 10 ans), ils piaffent d’impatience derrière la grande scène médiatique mais une fois devant, quelle joie et quelle fierté de retrouver la lumière des projecteurs!

Voilà que le Figaro (18 janvier) offre à Jean-Pierre Bernès une interview dans laquelle on revient sur les grandes souffrances endurées par celui qui truqua les matches de l’OM et qui retrouva rapidement sa virginité pour devenir l’Agent (euh… le Conseiller) le plus puissant du football français.

Oui, c’est que le bonhomme n’aime pas ce mot d’Agent : ça doit faire agent secret, homme de l’Ombre, ou ça doit évoquer le signifiant A(r)gent si proche. Comment savoir? Monsieur Jean-Pierre préfère donc le mot « Conseiller». C’est vrai, ça fait plus chic. Donc Monsieur le Conseiller Jean-Pierre, très grand ami d’Alain Miccigliano (autre conseiller fortuné – de Zidane) conseille. Il conseille Nasri, Ribéry, Rami ( récemment transféré à Valence – combien ta plus-value, Jean-Pierre ?), d’autres joueurs encore et aussi des… entraîneurs.

Comme Jean-Pierre ne fait pas les choses comme les autres, il est le Conseiller à la fois de Didier Deschamps (entraineur de l’Olympique de Marseille), de Jean Fernandez (entraineur de L’ AJ Auxerre) et de Laurent Blanc (entraineur de l’Équipe de France). Il s’est bien débrouillé surtout que BiBi comprend mal qu’il occupe cette place puisque les statuts de la FFF interdisent à toute personne qui a un casier judiciaire non vierge d’exercer cette « profession». Peut-être que Guy Roux, s’il lit le Blog à BiBi, pourrait répondre à cette question ?

Curieusement, ce mercredi, se jouait le match AJ Auxerre – OM en demi-finale de la Coupe de la Ligue. De méchantes langues ( pas celle de BiBi bien sûr) ont imaginé un abracadabrantesque scénario d’avant-match : « Tu veux que l’OM gagne ? Pas de problème : un certain conseiller conseille à l’entraineur de l’AJA de mettre la pédale douce. Tu veux que l’AJ Auxerre gagne ? Tu vas voir le Conseiller et il conseille à Didier de lever le pied». Simple comme bonjour. Surtout qu’avec les antécédents, le Conseiller s’y connait en football : rappelez-vous le match OM-VA qui dura plus qu’une heure et demie !

Heureusement, tout ça, c’est du Foot-Fiction. Les amis de BiBi exagèrent toujours : faut pas les écouter.

Ainsi le match s’est joué (Victoire finalement de l’OM par 2 à 0). Voilà un des clubs de Bernès en finale. Les télés, l’Equipe, France-Info, la Fédération Française de Foot sont ravis. Ils gloseront une dernière fois sur le match passé et feront des pronostics à n’en plus finir sur la grande Finale du Sud (contre Montpellier) à venir… Une fois de plus, ils nous feront croire à la très Glorieuse incertitude du Sport.

L’affaire RIBERY : le cache-sexe du foot français (2).

Suite et fin de l’épopée Ribéry. Avec la Coupe du Monde qui se profile, BiBi recommande à ses lecteurs sportifs ou non le livre de Denis Robert (Le Milieu de terrain aux Arènes) et l’article de BiBi sur les Agents de joueurs.

On multiplie les transferts d’un même joueur.

Imaginons les sommes ponctionnées sur chaque transfert de joueur. Nasri de l’OM à Arsenal; Anelka du PSG au Real, de Manchester City à Chelsea ; Zidane de Bordeaux à la Juve et de la Juve au Real. Arrêtons-nous sur Ribéry qui « appartenait » à Bruno Heiderscheid avant de s’en dégager pour aller se réfugier dans le portefeuille de Jean-Pierre Bernès. Comptabilisons ses transferts (et commissions faramineuses qui les accompagnent) : Ribéry est passé de Metz à Galatasaray, de Galatasaray à Marseille, de Marseille à Munich.

Jean-Pierre, Alain, Zizou et Frank.

En Turquie, Ribéry n’a joué que 17 matches avant de résilier son contrat. Il débarque gratuitement à Marseille en juin 2005. Il casse alors son contrat avec Heiderscheid et choisit les amis de Zidane comme agents ( Alain et Jean-Pierre), Zidane jouant, lui,«  à la fois au poisson-pilote et au VRP » (Libération du 19 avril 2009).« Ce sont eux qui empocheront la commission bavaroise ». Libé rajoute : « Le 12 juin 2006, veille du premier match de Coupe du Monde des Bleus contre la Suisse, Zidane et Ribéry trottinent seuls sur la pelouse du Gottlieb Daimler Stadion de Stugart : « Ribéry est mon successeur » lâche Zidane. Quelques mois plus tard, Ribéry se fâche avec son agent pour filer avec celui de Maitre Zidane, Alain Miggliaccio ».

Les Joueurs ? Des Mercenaires.

Pour BiBi, savoir ce que gagne un grand joueur, se demander s’il est responsable ou non de malversations sont des questions secondes (mais non secondaires). Les joueurs sont des mercenaires. Demande t-on à des mercenaires d’avoir un quelconque sens moral ? D’avoir une éthique ? Bernès, lui, les voit comme autant de marchandises à valeur d’usage et à valeur d’échange : «  Il m’est arrivé, dit-il sans scrupules, d’intervenir dans le transfert d’un joueur sans le connaître, sans l’avoir rencontré une seule fois, sans même qu’il sache qu’il a été transféré grâce à moi ».

Les Joueurs ? Il faut les « protéger ».

Marc Roger, ex-Président du Servette de Genève et ex-agent international, a déclaré à l’EquipeMagazine : « Pourquoi les joueurs ne sont jamais inculpés ? La Justice a toutes les pièces en main et pourtant, ils ne sont jamais inquiétés. Qui les protège ? » En correspondance avec ces propos, BiBi relève ceux tenus dans le Libé du 14 avril dernier sur le procès des transferts frauduleux au PSG : « Le fisc (sous tutelle de Bercy) brille par son absence à la barre : avec un supporter du PSG à l’Elysée, ses joueurs peuvent dormir tranquille ».

Arroser les intermédiaires.

Marc Roger était l’agent de Claude Makélélé lorsque ce dernier jouait au Celta Vigo. Tous deux visaient le grand Real de Madrid. Mais comment s’y prendre pour y atterrir ? Marc Roger contacte Paulo Futre, star portugaise de l’Atletico et grand ami de Luis Figo qui vient d’être recruté au Real. Marc Roger lui versera la moitié de sa commission si l’ami Figo réussit à débloquer le Dossier Makélélé. On ne refuse rien alors au grand Figo et notre bon Claude signera au Real pour 18 millions d’euros. BiBi vous laisse calculer les commissions à 15 – 20%. Un joli coup, non ?

Une question-réponse.

Question à Marc Roger : Quel est le rôle  de l’agent d’entraineur ?

Réponse de M.R. : « La plupart du temps, il faut convaincre un intermédiaire qui a la confiance des dirigeants ou de l’entraîneur. Si un agent souhaite placer un joueur en ce moment à l’Inter de Milan, tout le monde sait qu’il faut d’abord s’adresser à Jorge Mendès, l’agent personnel de José Mourinho ».

Avec la qualification du club italien en finale de la Champion’s League, les commissions vont atteindre les sommets. Comme quoi, les commissions et les rétro-commissions n’existent pas seulement du côté de Karachi.

RIBERY : le cache-sexe du football français (1).

Les Médias aiment les Légendes de pacotille.

Ce qu’il y a d’extraordinaire avec le Monde du Football et les médias qui le glorifient, c’est la façon dont on monte en épingle une Affaire. Pour occuper le terrain, la Presse, solidaire des radios et télés, a construit, affiné, amplifié une légende de pacotille avec un parfum de tragédie grecque : la Saga-Ribéry.

Citons les Héros : Frank-le-Balafré comme, en son temps Œdipe boiteux, bouc-émissaire à la fois fascinant et repoussant. Ajoutons-y le duo de l’Innocente et/ou de la Perverse Zahia, un peu Hélène de Troie, l’épouse fidèle malgré les tempêtes (Pénélope) puis en lieu et place du Chœur Antique : les managers troubles, les médias voraces, les journalistes en pseudo-observateurs.

Une Affaire peut en cacher une autre.

Les Affaires dans le Foot  sont comme les trains SNCF : attention un « Scandale » peut en cacher un autre, il est même là – hypothèse-BiBi – pour un cacher un autre. En l’occurrence, la plastique et les formes de Zahia cachent la forêt épaisse des Transferts frauduleux du PSG (BiBi en reparlera). Ce n’est évidemment ni dans le Grand Journal de Canal Plus – BiBi attend de pied ferme qu’Apathie et Michel Denisot tirent leur penalty en pleine lucarne TV – ni dans le Petit Journal de Yann Barthès ( pourtant des caméras au sortir du Tribunal auraient pu nous faire beaucoup rire…) qu’on entendra parler de tout ça. Le PSG était à l’époque une entreprise sous-traitante de Canal Plus.

Autre subtile façon de censurer : on s’empare de l’Affaire et on la noie sous une avalanche de qualificatifs : « obscure » affaire, « insondables » méandres, histoire « complexe » et « très opaque« . On répète ça à l’infini, on questionne beaucoup sur filières inconnues et tours de passe-passe en les effleurant. Magic Médias.

Coucou, revoilà Jean-Pierre !

BiBi rapporte ici une Nouvelle passée inaperçue : dans les tribunes du match-aller Bayern de Munich – Olympique Lyonnais, on y repérait l’épouse de Ribéry et aussi une vieille connaissance-BiBi : Jean-Pierre Bernès, l’Agent des Agents très argentés du Footbll français. Les plus jeunes supporters de l’OM n’ont pas connu le bonh(OM)me : bras levés, poings serrés, il se promenait fier comme Artaban dans les travées du Stade-Vélodrome de Marseille, il y a vingt ans avant d’être condamné par la Justice et rayé de la carte du Football français. Ensuite, au grand étonnement de BiBi, il bénéficiera des largesses de la Fédération. Jen-Pierre allait redevenir comme par enchantement l’Incontournable du Milieu de terrain.

Bernès-Ribéry : le Temps des Belles affaires.

En 1999, Jean-Pierre Bernès connaît une grave dépression mais il se soigne : cures, remises en forme sur la Costa del Sol, farniente à Marbella et hop ! Coucou le revoilà ! Il se relance comme agent de joueurs alors qu’il ne devrait pas selon les règlements de la Fédé (son casier judiciaire n’est pas vierge). Il a comme double parrainage celui de la Fédération qui le remercie d’avoir témoigné à charge contre le pesant Bernard Tapie et celui d’Alain Miggliaccio. Sans le copain Alain, rien n’aurait pu être possible à nouveau. Alain, l’Agent numéro Un, le pote omnipotent, lui aussi condamné dans les affaires des comptes de l’OM en 1998 est l’Agent qui conclut l’Affaire du Siècle : le transfert de Zidane au Real.

Voilà donc notre Jean-Pierre dans les plus hautes sphères du Marché français et européen, avec, sous contrat – excusez du peu – Samir Nasri, Frank Ribéry (comme joueurs), Laurent Blanc, Alain Perrin ( comme entraineurs) et de tant d’autres. En février 2005, l’agent de Ribéry n’est pas encore Jean-Pierre Bernés… (A suivre).