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L’Art chez les Versaillais.

MUSEE AILLAGON

BiBi a découvert les drôles de pages du Figaro. Relooké récemment, le Journal à prendre dassault offre des articles calibrés en « publi-rédactionnels ». Aussi, lorsque BiBi les lit, il se dit que ce n’est pas très sérieux, qu’on se paye sa tête en déguisant cette propagande en info. Mais il s’est quand même arrêté sur l’interview de Jean Jacques Aillagon, Président du Château de Versailles, ex-Ministre de la Culture et ex-grand ami des Intermittents du Spectacle.

Jean Jacques Aillagon n’est pas un bonhomme insignifiant. Le 6 juin 2007, Chouchou l’a nommé président de l’Établissement public du musée et du domaine national de Versailles. Dans les vastes réseaux, dans les domaines des dépendances, JJA est un point important et stratégique qui influe sur l’Art et l’économie artistique. 

Il nous conte donc sa vision de l’Art fondée sur ce seul axe : encourageons le Mécénat, cette forme subtile de dépendance économique, de mise au pas idéologique (sous couvert de largesse artistique) et d’intimidation symbolique. Pour exemple : gloire à Total qui a préservé un grand tapis de la Manufacture de la Savonnerie de la Chapelle Louis XV pour la Maison versaillaise d’Aillagon. Mais c’est évidemment dans le créneau de l’Art Contemporain – cette forme d’Art-Passoire où tous les trous sont permis – que JJA place ses visées.

Dans un premier temps, JJA reconnaît avec aigreur la réalité historique : les Institutions publiques marquent la scène culturelle française. Deuxio : «On ne peut réduire la réalité de la vie de l’Art à ce dispositif institutionnel». Puis vient le dressage du Regard : «Les institutions privées, les Collectionneurs privés… c’est à travers leur regard que se produit le renouvellement du goût et la découverte de nouveaux talents». Icône magistrale : François Pinault, son pouvoir démesuré de consécration via ses expositions moscovites et son «bordel» vénitien.

Et le pire dans tout ça, c’est la vision surannée d’un Art pur, dégagé de toute matérialité, bien loin des combats contre le Monde tel qu’il est, bien loin de la formule de Courbet « L’art, c’est un combat ». Comme son Mécène adulé, JJA lâche que « l’Art est une protestation contre les Néants qui la menacent ». De ces Néants qui font bien dans le tableau, on n’en saura pas plus. Mais pour BiBi, l’un des néants qui menace l’art se nomme Jean-Jacques Aillagon qui lâche une dernière formule : «L’Art mérite mieux que le calcul». Bourdieu, en son temps, avait haché menu ses polichinelles de la Culture en analysant superbement ce déni, ce «désintéressement très intéressé».

BiBi avait déjà écrit sur les Têtes de l’Art :

Culture et Agriculture en appel.

Culture et Agriculture en appel.

On a entendu, l’un après l’autre, les Moutons de l’Elysée bêler à l’unanimité et réciter à l’unisson leurs leçons sur l’Enfer «politico-médiatique» qu’auraient entretenu les Organes de presse-TV. Les Spin Doctors de Chouchou, grassement payés par l’argent des contribuables, ont bien mérité leurs salaires (entre 10000 et 15000 euros de l’heure). Leur leçon du jour a porté sur l’expression « J’appelle…» (ou variante : « J’en appelle à… »)

Déjà, BiBi avait remarqué que Jean-Michel LeMétayer, le leader «syndical» de la FNSEA, l’avait employée (aurait-il suivi les mêmes cours ?) : « J’appelle le Président de la République à intervenir sur la politique agricole par un acte politique fort comme il a su le faire pour soutenir d’autres secteurs-clés de l’économie française». « J’appelle ! » : oh la belle incantation ! Propre, sans doute, à bouleversifier les populations rurales en lutte et à faire reculer le Pouvoir ! Avec de tels appels insipides, soyons sûrs que nos Gars de la Campagne ne creusent pas des sillons pour l’Avenir mais bien leurs propres tombes du Présent.

Lorsque BiBi entend ces appels, il pense évidemment au Grand Général du 18 juin 1940. Et si l’expression va faire fortune chez les Godillots d’aujourd’hui, c’est qu’elle glorifie (indirectement) celui qui la prononce. Seul contre tous, seul contre les grands méchants qui l’ont injustement cloué au pilori, se parant des vertus de Résistant, voilà Frédéric Mitterrand qui s’en empare. Avec son appel, il revient en force, en Insurgé, en Rebelle, en Mandrin, en Robin des Bois.

A propos du rappeur Morsay et de son clip «J’ai 40 moeufs», le Neveu de François en «appelle au sens des responsabilités des dirigeants de radio, de chaines de télévision et de sites Internet». Et ce Courtisan, donneur de Leçons de probité, n’en a pas fini : «J’en appelle également aux internautes pour qu’ils ne cautionnent ni n’encouragent de tels excès».

Pauvre Mitterrand : il y a quelque temps, il soutenait «les expressions artistiques» d’Orelsan («T’es juste bonne à te faire péter le rectum» et à te faire «avorter à l’Opinel») mais quelques mois plus tard, le voilà qui trouve «intolérable» le «Nique la Police» de Morsay. Finalement, BiBi va finir par en appeler à la démission de notre Ministre de la Culture.

A ce propos, il y en a un qu’on n’a pas appelé mais que le Figaro (numéro du 22 octobre)  bat en rappel : c’est l’ancien Ministre, ami des Intermittents du Spectacle, Jean-Jacques Aillagon. De son Château de Versailles où il fait office de Directeur, ce Reconverti très argenté en appelle, lui, au mécénat dans un article publi-rédactionnel (combien ont coûté ces lignes royales ?) de complaisance habituelle.

Jean-Michel LeMétayer, Frédéric Mitterrand, Jean Jacques Aillagon : BiBi ne les compte plus… ceux qui se ramassent à l’Appel.