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Lectures et relectures.

En ces temps troublés où l’épisode quinquennal de Macron n’est pas fait pour nous rassurer, on peut quand-même prendre provisoirement la tangente. Et ainsi trouver un petit coin où feuilleter nos livres déjà lus, où tourner laconiquement les pages de ces quotidiens qui veulent nous façonner le Monde à leurs mauvaises manières.

Lire donc, pour retrouver un moment de paix, un moment, car il ne durera pas. C’est qu’avec ces cinq années qui s’ouvrent, c’est une guerre qui nous attend. La guerre économique, pas de doute. La guerre aux plus pauvres, aux sans-dents, la guerre aux migrants, aux fonctionnaires, aux retraités et à tant d’autres.

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Lettre d’un Gaulliste à Nicolas S. (1)

On a beaucoup à apprendre des gens qui ne sont pas d’accord avec soi. Il y a des personnes très éloignées de l’Univers de BiBi et de ses convictions qui lui écrivent. BiBi les lit très attentivement pour comprendre pour quelles raisons une partie de l’électorat de Sarkozy se délite. Avec ce témoignage de A., gaulliste accroché à ses fortes convictions sociales et droitières (genre gaulliste désabusé), BiBi a une photographie en trois volets très instructive d’un moment important du quinquennat.

Cher BiBi,

Je crois qu’avec ce qui suit, tu pourras te faire une idée très précise de ce que je vis et j’espère que ces quelques mots arriveront sur la table présidentielle de Nicolas. Il saura – à la signature un peu longue – que c’est son vieil ami A. qui se languit de le revoir avec Marie-Do à son bras et de boire avec lui un « Casa » au « Café Paoli » de Vico comme avant avec « Tonton Charles » et « Tonton Achille ». Après 2012, au train où ça va, A. pense qu’il reverra son ami Nicolas, que la Princesse Italienne s’éloignera et que les choses reprendront là où elles s’étaient arrêtées le 10 août 1984 quand le jeune Maire de Neuilly célébrait le mariage de Cécilia et Jacques. Merci à toi, BiBi, pour m’avoir ouvert ton espace.

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Cher Nicolas,

1. LE POPULO RETOURNE CHEZ MELENCHON

Dans les 15 jours qui ont suivi ton élection, tu as montré le fossé qui te séparait des électeurs de gauche qui avaient voté pour toi, ceux qui se lèvent tôt (quand ils ont du boulot), qui prennent leurs voitures (quand elle n’a pas brûlé dans la nuit) et qui vont à l’usine (quand elle n’a pas fermé). A ceux là, tu promettais qu’ils pourraient se lever tôt, que leur voiture serait toujours là et que leur usine ne fermerait pas (y’en à même à qui tu as dit qu’elle rouvrirait…) Ceux là, quand ils t’ont vu sur le yacht de Bolloré, ils ont compris. Tu as beau leur dire un an après que tu as changé, tu peux les oublier dans ton arithmétique électorale : ils se recasent en partie, très à leur place, chez Mélenchon.

2. L’ENA.

Il y a ceux qui, tout comme moi, sont attentifs aux détails et qui t’avaient entendu tacler François Hollande en début de campagne avec ces mots : « Vous les Enarques, vous avez une arithmétique particulière. Je n’arrive pas à vous suivre dans vos calculs… ». Comparé à « l’Illuminée du Poitou », qui annonçait en prime-time qu’elle n’était pas aussi tarte qu’on le disait puisqu’elle avait « réussi le concours d’entrée à l’ENA », c’était pas mal et je ne me suis pas opposé à ton élection. Seulement voilà, quand tu as publié la composition de ton Cabinet, de tous tes conseillers, chacun avait l’ENA dans son CV. Chacun ? Sauf Guaino bien entendu, ta « plume » le seul à n’être pas dans le moule, celui dont l’ENA n’a pas voulu à 3 reprises, celui que tu utilises pour faire vibrer les foules au son de ses sincères accents Gaulliens.
Si l’arithmétique de François Hollande t’échappait, j’espère que tu comprends mieux celle de Claude Guéant, Raymond Soubie, Xavier Muscat, Emmanuelle Mignon, Christian Fremont, Cédric Goubet, Grégoire Verdeaux, Olivier Biancarelli, etc.

3. LA MESSE DE JEAN-MARIE.

Il y a aussi cette droite traditionnelle, sociale et paternaliste, celle qui va à l’église le Dimanche matin et fait l’aumône à « ses » pauvres pour pouvoir entrer au Paradis. Ceux là, tu les as laissés à l’entrée du Fouquet’s, ils se sont perdus dans tes histoires de Rolex et de Show-bizz et ils t’ont tourné le dos suite à tes histoires de braguette. Ceux là sont retournés écouter la Messe en latin de Jean Marie.

4. COPENHAGUE.

Copenhague, consistait à demander au Tiers-Monde de se priver des quelques points de croissance (…) C’est là que tu as perdu les Ecolos, les vrais (2%) ceux qui, aujourd’hui, te carbonisent avec leur Taxe.

5. JEAN-JEAN, FISTON à PISTONS.

En voulant bombarder « Prince Jean » patron de l’EPAD, tout en faisant simultanément un discours dans lequel tu précisais que, « désormais, c’était le mérite qui prévalait et plus du tout la Naissance », tu as fait rire la presse Africaine (surtout celle d’Ali Bongo). Tes fidèles lieutenants se sont couverts de ridicule en venant nous expliquer à quel point il était légitime de coller un gamin de 22 ans en première année de Droit à un poste pareil. Ce fut tellement surréaliste que tu es devenu ce jour là un vote par défaut, celui pour lequel on vote quand il n’y a personne d’autre.

(A suivre).

Pour lire la suite, cliquez ici :  Episode 2 et Episode 3.

Grégoire Verdeaux, l’Auvergnat de la Maison Carla (1).

La Présidente et son conseiller

BiBi aime bien esquisser des portraits. Surtout ceux qui passent, repassent, défilent dans les Allées du Pouvoir. En se penchant sur ce Microcosme, il a découvert toute une flopée de Courtisans qui se croisent, s’enhardissent, se tournent le dos, se haïssent, s’allient, se réconcilient. Tous mus par l’intérêt supérieur de l’Etat, l’Etat étant ici le Représentant des Forces économiques supérieures, l’Etat étant ici le Personnel politique solidaire.

BiBi examinera à la loupe un de ces jeunes loulous, sortis du sérail des Grandes Ecoles, petit protégé de la Grande Dame de l’Elysée : un certain Grégoire Verdeaux. Ce petit Spin Doctor a été engagé par Nicolas Sarkozy pour mener à bien une Opération idéologique de belle envergure : il s’agit de faire oublier Carla-la-Bombe-sexuelle pour, dans un même élan, la promouvoir en Femme-BoBo, ouverte à «gauche» et refermée sur ses deux Combats généreux (contre le Méchant HIV d’une part et contre les Odieux internautes d’autre part). Une Princesse séductrice en somme, joli piège pour attendrir nos Intellos de Salon (Louis Bertignac, Julien Clerc, Juliette Gréco, Gérard Miller, Pierre Arditi, Philippe Val, etc). Pendant ce temps-là, les basses besognes se poursuivent : Besson charge les charters d’Afghans, MaM cadenasse les minots, Xavier licencie en silence, on applaudit Barroso et Angela et Chouchou maudit toujours Obama qui tient assez bien la baraque USA.

Dans l’entourage des élus UMP, il se dit en catimini que la Première Dame de France a déjà fait assez de dégâts et qu’elle serait «responsable de la plupart des ennuis du Chef de l’Etat en cet automne agité». Il va de soi que ce n’est pas l’ex-Mannequin, insupportable aux yeux de beaucoup d’UMP, qui, seule, a pu causer tant de dommages. BiBi se demande si ces dernières semaines n’ont pas mis en évidence les Troisièmes Couteaux, ceux qui, tapis dans l’ombre, œuvrent pour le bien – du moins le croient-ils – de la Grande Famille du Pouvoir, tous ces membres des Cabinets, experts en Com, qui entourent Chouchou et s’agitent autour de Chochotte.

Tout gonflé de sa récente notoriété, il en est un, stratégiquement important, marionnettiste et pantin à la fois (c’est le lot des Troisièmes Couteaux) qui se nomme Grégoire Verdeaux. Il a été ex-avant-centre de l’équipe de foot de Saint-Flour (pas de l’équipe 1 quand même !), il a toujours été un admirateur inconditionnel d’Edouard (Balladur) et  – Chouchou ne le sait probablement pas – mais il se moquait alors avec ses camarades de promo d’un Petit-qui-allait-vouloir-un-peu-plus-tard-devenir-Président. Bon, passons, mais comme disait le copain à Chouchou et Chochotte, Michel Drucker : «Chouchou, si tu nous regardes… »

Ce Greg, stratège de Com aux petits pieds (il est, lui aussi, petit), alterna sa tenue de foot (transfert dans l’Equipe des Men in Black de Sciences-Po en 95) avec le gilet trois-boutons cher à son idole Edouard B. Il se disait même qu’il courait en tous sens le tout Saint Germain des Prés pour en trouver un, parfaitement semblable à celui du Touriste de Karachi.

Depuis sa nomination en octobre 2008 comme Chef de Com de l’Elysée catégorie Femme, Grégoire accompagne partout l’Artiste-qui-se-rêve-en-grande-figure-musicale (Madame Carla). De son discret bureau Rue de la Boétie, des locaux du Quai Branly ou encore du 40 de l’Avenue Hoche, il organise les programmes de Chochotte, il lui donne quelques idées (lorsqu’il en trouve), il commande le Champagne pour les réceptions (celui du Carlyle à NYC, c’était lui), il reste avec elle lorsqu’elle est interdite de Kazakhstan. C’est aussi lui qui lui écrit ses discours (pas encore ses chansons), elle qui peut à peine aligner deux mots dans les interviews qu’elle accorde. Pardonnons à Chochotte : ce n’est évidemment pas dans les cabines d’essayages de l’Agence City Models qu’on peut apprendre à parler, et ce n’est pas non plus avec Mick Jagger ou Eric Clapton qu’elle a pu réciter ses leçons.

C’est encore ce Grégoire-là qui lui a confectionné le premier Discours que notre First Lady tint devant sa Charity new yorkaise, fondation nouvellement créée pour recevoir les dons des riches Dindons en faveur des pauvres Séropositifs. L’Appel à l’action contre le Sida du 23 septembre dernier devant les responsables internationaux de l’ONU, c’était lui. Et c’est encore grâce à Monsieur Grégoire, spécialiste de la Santé publique et Grand Humanitaire devant l’Eternel, si soucieux de l’épanouissement de chacun et surtout de chacune, que Chochotte peut continuer son œuvre empreinte de piété et de grande humanité.

Notre Greg est bien évidemment sorti tout droit et bien fier des Grandes Ecoles (IEP Science-Po/stage à l’ENA). Il s’amusait d’ailleurs moyennement dans ses soirées-promo. De méchantes langues rapportent que le Sanflorain n’eut guère de succès auprès des Demoiselles – même auprès de la plus naïve d’entre elles – restant même en plan jusqu’à aujourd’hui. Le bonhomme grandissant va ensuite connaître l’itinéraire classique de ceux qui rêvent de grandeur, de ceux qui finissent Troisième Couteau (et qui ne peuvent guère porter leur arme plus haut, plus loin, plus fort).

(A suivre). (2) et (3)