Attali, Minc, Labro, Cusset : les Salonards du Livre.

Les Salonards du Livre.

Au dernier jour du Salon du Livre parisien, BiBi s’est arrêté sur quelques livres exposés et il a tiré les couvertures à lui. Désolation.

Livres.
– Jacques Attali vient de sortir un énième ouvrage : «La Crise et après ?». Dans « Ripostes » de Serge Moati, Alain Minc avouait son amitié pour celui qui fait le bonheur conjoint de Sarko et des Bobos-gauchos : «Jacques qui est un aussi vieil auteur qu’un vieil ami, sait qu’il faut annoncer le malheur pour bien vendre». Les deux amis, amis des banquiers, vont peut-être finir par nous dire que le Bonheur est dans le prêt.
– Pour ne pas être en reste, Philippe Labro se félicite de la sortie du livre d’Alain Minc («Dix jours qui ébranleront le monde» chez Grasset) en attendant qu’Alain Minc félicite la sortie du livre de Philippe Labro («Les Gens» chez Gallimard). BiBi va attendre avec impatience que Serge Moati leur lance des invitations à blablater Littérature et Politique dans son émission. La boucle sera alors bouclée.

Catherine Cusset et le Bonheur.
BiBi avait lu son quatrième roman «Jouir» qui passait assez bien la barrière de son plaisir. Aussi, s’est-il plongé dans la Chronique qu’a offert le JDD de ce 22 mars à la gagnante du Goncourt des lycéens. Triste et désolant de voir des auteur(e)s accepter ce genre de proposition écrite plutôt que de la refuser. Catherine Cusset, la new-yorkaise, nous dit tout son bonheur parisien «de n’avoir rien à faire» sauf à pique-niquer face à la Seine, sauf à s’amuser de «son oisiveté d’écrivain qui n’a rien d’autre à faire qu’écrire ce texte sur le bonheur de n’avoir rien à faire».Elle se balade en vélib’, délaissant la marche, elle va faire un tour au Temple de sa Religion (le Salon du Livre). Les lieux communs sont en nombre : «Heureusement qu’il y a les livres», «En temps de crise, le livre comme valeur sûre» nous dit-elle. Triste et désolant là encore : BiBi se demande comment on peut encore faire cette généralisation hâtive : le Livre, les livres. En 1933, on brûlait des livres (ceux de Thomas Mann, de Kafka), on en glorifiait d’autres («Mein Kampft»). Et les livres d’Attali, Labro, Minc, des valeurs sûres ? Au secours !
Edmond De Rothschild connaît la Crise.
La petite Entreprise Libération semble avoir des soucis financiers. Mercredi dernier, BiBi se promenait dans les allées du Salon du Livre de Paris. Il s’est arrêté au Stand du journal dirigé par Laurent le Magnifique. Stupéfaction, BiBi constate que le quotidien du jour est vendu 1 euro (au lieu des 1,30 euros habituels). Stupéfaction (bis) : au stand d’à côté, La Croix est plus généreuse et plus charitable car, là, les hôtesses distribuent gracieusement les numéros du jour.
Ni People, ni peopolitique, ni politique.
Au stand de France-Culture, BiBi interpelle une journaliste de la radio publique pour tenter de savoir si Jean-Paul Cluzel allait être reconduit dans ses fonctions ou éconduit par Little Nikos. La journaliste ne sait pas. BiBi demande si elle sait qu’en toute indépendance, ce même Jean-Paul Cluzel est parrain d’un enfant d’Alain Juppé. Elle ne sait toujours pas. A France-Culture, on fait dans la Culture, pas dans la Politique.

Les lectures d’Isabelle Huppert.

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BiBi a trouvé correspondance entre les lectures d’Isabelle Huppert et les siennes ( Robert Bober « Berg et Beck » chez POL) Dans le Progrès du 6 mars, Isabelle Huppert, invitée du journal et des lectrices, touche au coeur, comme toujours, par son intelligence :

« Welcome » de Philippe Lioret.

Welcom

Vous avez donc appris pas mal de choses sur la manière dont les immigrés sont traités en France ?
– Philippe Lioret : Oui. Il y a même une compagnie entière de CRS qui ne s’occupent que d’eux, qui font tout pour obtenir leur départ volontaire du territoire. En France, il y a une loi scélérate. Si on l’applique à la lettre, les Citoyens qui aident les immigrés risquent la mise en examen, voire pire.

Militante bénévole de l’Association Salam à Calais, Sylvie Copyans a guidé Philippe Lioret sur son film. Elle parle des réfugiés dans une interview à La Montagne :

«Ils vivent un peu comme des animaux, dans la Jungle (les bois autour de Calais) ou dans les squats insalubres. Aujourd’hui, ils sont environ 700. Il y a des femmes africaines, des mineurs afghans qui ne sont pas protégés». Quant à la répression, ce n’est pas du cinéma : «Elle s’exerce sur les milieux associatifs. Le Vice-président de Salam a écopé d’un mois de prison avec sursis il y a quatre ans pour… propos racistes à l’égard d’un CRS. Le fait que le CRS ait reconnu en appel que c’était faux n’a pas changé la peine. Ces procès ont pour but de nous faire peur pour que nous arrêtions notre action». Sur les passeurs : «On voit les passeurs qui font du business sur le port mais on ne voit pas beaucoup de filières démantelées. La Police a assez de moyens pour les arrêter mais ce n’est pas ce qui se passe. Pourquoi ?» Un pourquoi adressé à Monsieur Besson.

BiBi comprend que la Droite et ses appuis médiatiques ne supportent pas le succès naissant du film «Welcome». On y met en images les lois insupportables qui mènent un jeune homme de 17 ans à faire la Manche. Film nécessaire, film militant, film avec un impeccable Vincent Lindon.
Subsistent pourtant des anachronismes pour BiBi.

People et Peopolitique.

People & Peopolitique

OMAR BONGO.
La saisie opérée sur les comptes français d’Omar Bongo a provoqué un coup de sang du bon Président. Au Gabon, la presse aux Ordres accuse les responsables politiques français d’ingratitude car «à chaque élection présidentielle, ils bénéficient des largesses d’Omar Bongo». Ce dernier, première personnalité reçue par Little Nikos après l’élection présidentielle, menace de faire des révélations embarrassantes. Cher Docteur K., soignez-le. Donnez lui calmants, sédatifs, somnifères avant que le bon gars Bongo ne dise trop de bêtises.

EVIDENCE.
Alain Juppé sera l’invité des Grosses Têtes.

Le Capitaine Proglio et les 11 marins.

Capitaine Proglio et ses 11 marins.

Voila une jolie « Histoire d’Eau« .

Dans le numéro de l’Expansion (mars 2009), la journaliste Chloé Hecketsweiler nous offre un portrait d’Henri Proglio, Capitaine de Veolia (leader mondial de la Propreté et de la Distribution d’eau). Le titre de son article ? «Henri Proglio, touché mais pas coulé». La métaphore marine va être son fil rouge jusqu’au Final où Chloé rapporte un souvenir de jeunesse de Dear Henri.
«Pendant mon service militaire, je déjeune un jour avec un Pacha qui me raconte qu’une voie d’eau s’est déclarée sur son navire. Le Pacha a ordonné le cloisonnement du compartiment inondé, condamnant à mort les 11 marins qui s’y trouvaient». La belle leçon d’humanisme du Pacha lança la carrière d’Henri qui conclut l’épisode ainsi :«Quelle que soit l’estime, l’amitié que l’on porte aux gens, il faut être capable d’assumer ses responsabilités».
Notre grande journaliste ne fait évidemment pas de lien entre le titre qui ouvre son article et l’anecdote qui la ferme. Elle veut continuer à mener le lecteur en bateau. BiBi a gardé les pieds sur terre. Il fait la conclusion à sa place «en assumant ses responsabilités» :
«Pour que Dear Henri puisse continuer à faire le brave et le fier Capitaine d’Industrie, noyons tous les Marins-Chômeurs, débarrassons-nous des Prisonniers des courants libéraux, gardons haut et fiers la devise de l’Internationale de la Finance : « Au Royaume du Laisser-Faire, laissons couler».