Vichy : Hôtel du Parc, troisième étage.

VICHY

 

Les habitants de Vichy en ont assez que l’on confonde Vichystes et Vichyssois. Aussi la Mairie de la Capitale de l’Etat français entre 40 et 44 a décidé de mettre en place tous les mercredis une randonnée pédestre avec guide pour expliquer comment et pourquoi Vichy avait été choisi par les Maréchalistes. Une leçon d’histoire bienvenue.
La ville avait été choisie principalement à cause de ses capacités hôtelières exceptionnelles et de son Central téléphonique performant. En outre, Paris était à 4h30 par train, ce qui permettait les escapades d’Otto Abetz en Pays vichyssois. La ville comptait 35000 habitants et 300 palaces environ en 1940. Le Carlton avait déjà vu défiler le Shah d’Iran, le Glaoui de Marrakech et autres célébrités. Mais c’est l’Hôtel du Parc (depuis transformé en appartements), le plus grand des Palaces, qui reçut les hautes Autorités dont le Maréchal Pétain. Au rez-de-chaussée, on trouvait tout un parterre de boutiques chic (Restaurant Chantecler, Van Cleef et Arpel, Barclays, Christofle et… Louis Vuitton).

Le Maréchal occupait 3 chambres et un bureau (le 124) et avait son médecin particulier à proximité. Sa femme logeait tout à côté à l’Hôtel Majestic. Rappelons que la présence allemande jusqu’en fin 42 fut rare dans la ville. Il n’y avait pas de Kommandantur : les français zélés présents faisaient excellemment le travail. On voyait déambuler dans cette rue du Parc (anciennement baptisée Rue du Maréchal) les Xavier Vallat, les Darquier de Pellepoix, antisémites notoires, habitués de l’Hôtel Algéria tout proche ( on mettait la TSF à fond pour couvrir les tortures), Pierre Laval en chemise blanche, Philippe Henriot, la Voix de la Collaboration, Joseph Darnand qui organisa la Milice, la comédienne Danielle Darrieux et autres célébrités. Le dimanche, le Maréchal, très applaudi par les enfants, traversait le Parc pour se rendre à 11 heures à la messe dominicale. L’atmosphère était à la bondieuserie. Les partouzes se passaient hors la ville dans les petits châteaux des environs.

C’est dans ce funeste quartier du Parc thermal que siégeaient les fonctionnaires du Commissariat aux Questions Juives et à l’Aryanisation. En septembre 1940 en sortirent les Lois anti-juives. Ce fut encore là que fut décidée la rafle du 26 août 1942 qui vit 6500 juifs étrangers être arrêtés. Une stèle récemment posée nous rappelle cette ignominie. L’Hôtel de la Paix, lui, accueillait le Ministère de l’Information et de la Propagande.
Cette visite guidée nous emmène aussi au Grand Casino de 1500 places. Dans cette salle fut proclamée la fin de la Troisième République le 10 juillet 1940. Sur 666 parlementaires, 569 votèrent les pleins pouvoirs à Pétain. Il y eut 17 abstentions et 80 refus honorés par une stèle (dont Léon Blum et Marx Dormoy). Les absents (Daladier, Mendès-France, Mandel, Jean Zay fusillé dans les bois) avaient rejoint Casablanca par le bateau Massilia.
Un petit mot encore sur François Mitterrand qui s’y entendait pour boucher les trous de l’Ombre de son histoire. Il reçut à Vichy la Francisque (distinction maréchaliste). Lors de ses voyages de Président à Vichy pour y voir ses amis (Guy Ligier, Charasse etc), il évita soigneusement d’être pris en photo devant les bâtiments où il travailla pendant 16 mois. Il ne voulut probablement voir Vichy ni en peinture, ni en photos.

BiBi le Mouflon & BiBi Bloggeur : un air de famille.

 

BiBi le Mouflon

Les histoires de BiBi se ressemblent : d’un côté, Georges Sarliève (dit Jo) a recueilli et protégé BiBi le Mouflon chez lui, à Chambon-sur- Lac (Auvergne) alors qu’un aréopage de spécialistes avait décidé d’en finir avec l’animal. De l’autre côté, BiBi Bloggeur a failli être touché à mort par un pirate (pas forcément venu des Caraïbes). Ce dernier, nommé Immortal Brain, avait cadenassé la porte d’entrée de PensezBiBi.com. Fallait-il se résigner à leur disparition respective ?

Eh bien, non ! BiBi Bloggeur s’est en effet senti en empathie profonde avec l’aventure de BiBi le Mouflon qui a remué l’Auvergne et une grande partie du Net (Source : La Montagne du 23 juillet). «Des groupes « Sauvez BiBi » ont été créés sur le réseau FaceBook, des forums ont été assaillis de messages de soutien» souligne la journaliste. Pour BiBi Bloggeur, pas de FaceBook pour sauver son site hacké mais les durs-à-cuire Adrien et Julien, joliment armés pour batailler avec le Pirate.

Très touché par les témoignages, Jo, l’ami de BiBi, avoue : «Sauver BiBi n’est pas une histoire administrative mais une histoire de cœur». Même BB (Brigitte Bardot herself !) a soutenu BiBi. Elle a demandé une «autorisation exceptionnelle pour la garde de BiBi. Ce serait un bel exemple d’humanité». La Fondation 30 millions d’amis en fera une prochaine émission TV. BiBi Bloggeur, lui, n’a pas autant d’amis, juste 300… mais 300 qui en valent bien 30 millions !

La journaliste, Sandrine Thomas, fait dans le lyrisme et s’enflamme dans sa Montagne : «Le Comité de Défense a décidé qu’il fallait sauver BiBi comme il fallait sauver Willy. Ils ont été nombreux à vouloir renverser les tables de la Loi. C’est ainsi en transgressant les codes que les hommes déploient toute leur humanité». Des enfants ont pleuré en apprenant que BiBi risquait d’être abattu. Le Président du Clermont-Foot, Claude Michy, veut en faire désormais la mascotte de son club. Marie-Pierre Vincent, romancière briviste, envisage de faire un roman de toute cette histoire. Le Sancy-Mag en a déjà fait un écho dans ses colonnes. La brillante ferveur populaire a brillamment atteint son objectif : l’histoire des BiBi continue.

Il reste cette seule différence que BiBi Bloggeur ne pourra honorer. Les autorités demandent à ce que le Mouflon soit détenu dans un enclos fermé afin qu’il ne se trouve plus dans le domaine public. «Nous attendons, poursuit le Préfet du Puy-de-Dôme, que BiBi nous apporte des garanties : le Mouflon ne doit pas divaguer et ne doit pas être un danger pour autrui». Dissonance de taille naturellement, impossible à tenir, mais elle n’empêche pas BiBi le Bloggeur de saluer bien bas BiBi le Mouflon.

Le JDD, victime d’insolation.

Let's the Sunshine in and the JDD out

Let's the Sunshine in and the JDD out

Le Danger fait peur, le Danger fait vendre. Pour une fois, le JDD n’a pas honoré le Roi-Soleil (celui du discours de Versailles). Au contraire, il a voulu faire de l’ombre au… Soleil-roi. Danger de ses rayons, danger d’y être exposé. Gros titre : « Soleil : les Français inconscients ». Le journal veut donc nous confisquer la lumière solaire en jouant sur la Peur. Pour ça, le JDD s’y entend pour noircir le tableau, à croire que ses lecteurs adultes sont tous des froussards qui demandent à être protégés des Grands Dangers de Dame-Nature. Il n’y a pas si longtemps, le journal nous informait de la catastrophique Grippe, après les méfaits du portable, les annonces écologiquement correctes de Fin du Monde etc. BiBi en tremble toujours.
Cette fois, c’est le Soleil qui aurait notre peau. Et là-dessus, le JDD en connaît un rayon. Toujours le même procédé : 1. On gronde les Français «inconscients».2. On livre les statistiques indiscutables («augmentation de 4% par an depuis 30 ans des décès»).3. On fait intervenir les Spécialistes aux arguments indiscutables.
Pour ce numéro, on fait appel aux dermatologues («Les dermatologues lancent un cri d’alarme »). Les dermatos sont contents : ils font parler d’eux. Les chercheurs sont contents : on parle d’eux. Les Français sont contents : le JDD est leur rayon de soleil. Les Enfants toujours innocents et fragiles créatures seront contents d’avoir été protégés (Merci Papa JDD et Frère Lagardère). Les journalistes, eux, sont aussi très contents : ils font passer le JDD de l’ombre à la lumière. Seul mécontent : BiBi dont le gros titre aurait pu être : «  Laissez donc les Enfants jouer avec le Soleil, ils ne sont pas si têtes brûlés que ça ».
Mais en lisant attentivement l’article sur les mélanomes en page 3 («Au début, ce n’était qu’un grain de beauté…»), BiBi a eu un rire solaire devant l’éclairage du journaliste (sûrement frappé d’insolation). Ce dernier écrivit sans rire : « Les enquêtes du Docteur Mahé le confirment : la tâche est immense » !
Ce n’était pas du tout un jeu de mot car à la page suivante, le Soleil avait encore frappé plus fort. Sous-titre : «Clotilde Reiss n’est pas une tête brûlée». Enfin, à la page 11, le lecteur est carbonisé et repère qu’en foot, «Marseille est déjà chaud».
Aussi, BiBi adresse une dernière prière au divin Soleil : « « Ô Soleil, fais qu’entre BiBi et le JDD, ce torchon brûle ! »

Asphalt Jungle : Guy Pellaert, Tarzan et Jane.

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BiBi a préféré les  salles fraîches du Musée Maillol aux rives ensoleillées de Paris-Plage. Rue de Grenelle déserte, terrasse de café sous un soleil de plomb et là, tout à côté, le théâtre du Vieux-Colombier où Antonin Artaud fit sa célèbre Conférence devant un Tout-Paris médusé.

BiBi est venu voir les œuvres exposées de Guy Peellaert au second étage. BiBi avait beaucoup apprécié les planches du touche-à-tout belge dans les vieux numéros de Rock&Folk. Il retrouve là l’originalité et la singularité de Guy Pellaert, décédé il y a peu. La planche se situe dans un entre-deux : entre la photographie et le dessin, entre l’encre et le grain argentique. Les 30 planches de l’album «Rock Dreams» paru en 1973 avaient touché à vif BiBi et ses amis, fans de Rock and Roll première et seconde génération. Les oeuvres sont exposées dans une double salle avec des mesures de Rock en fond sonore.

Un tableau touchant : Ray Davies, leader des Kinks, pousse un landau dans la banlieue ouvrière de Londres. Est-ce Chrissie Hynde à ses côtés ? Dylan (il y avait mieux à faire), Ray Charles ( magnifique, à la façon du Belmondo de Godard en voiture), Cochran qui mate trois jolies filles dans la rue, Paul Anka, Chuck Berry chez le barbier. Les Stones à l’entrée, propriété de Jean-Bernard Hebey et les Beatles façon Strawberry Fields for ever complètent l’expo. Toutes les planches exposent les Stars dans un embryon de fiction. A chaque visiteur de poursuivre l’histoire esquissée. Et ces visiteurs sont potentiellement nombreux car, rappelons qu’entre 60 et 75, il était très difficile d’«échapper» aux mythes musicaux américains.

Au premier étage, BiBi esquissera de petits sourires aux dessins et aux tableaux de George Condo. Le programme de l’entrée dit que les œuvres de ce peintre américain sont autant de «gifles au Consensuel». BiBi pense que le cynisme, le j’men foutisme, l’apolitisme des créateurs d’aujourd’hui s’accommodent parfaitement de l’humour-dérision, façon «Trois Nickelés» de Condo. Cela mérite t-il pour autant deux étages ?

Tarzan et Jane

Pour assouvir sa fringale, BiBi sauta dans le métro, direction Musée du Quai Branly pour l’expo (décevante) sur Tarzan. Seul intérêt, l’épisode retracé de la Censure d’une Jane dénudée. La Revue française «Tarzan» publia les dessins de Rex Maxon en 1947 mais elle tomba bien vite sous le coup de la loi de 1949 qui réprima tout écart. Dans les Commissions de contrôle d’alors, il y eut unanimité : les Catholiques aidés des Communistes arrivèrent à leurs fins. On rhabilla Jane puis on fit interdire la revue. Tarzan, lui, n’eut pas les mêmes problèmes de censure puisqu’il n’ôta jamais son slip-panthère…
L’expo délivre très peu de renseignements sur le créateur de la créature, Edgar Burroughs, presque rien sur la vie et la mort de Johnny Weissmuller. A tout prendre, pour vous éviter une entrée à huit euros cinquante, la gratuité vous attend dans les deux articles de BiBi :

De Charleville au Jardin du Luxembourg.

De Charleville au Jardin du Luxembourg.

Paris, mardi 4 août, Jardin du Luxembourg.

De retour du local de l’hebdo «Vendredi» où tous sont en vacances aoûtiennes, BiBi a passé son après-midi à lire le Libération du jour et à fureter dans les boxes des livres d’occasion, boulevard Saint-Michel. Il a trouvé et acheté pour un euro «Ego Surf», journal de l’an 2000 d’Arnaud Viviant.

Au Jardin du Luxembourg, BiBi a tiré une chaise à l’ombre d’un cyprès nain, tout près du grand bassin. A la page «Rebonds»du quotidien, il a suivi l’indignation d’Emmanuel Terray, rédacteur de l’article : «Enfants internés : la honte». Eric Besson, copie conforme de Brice Hortefeux, amplifie sa politique d’internement des enfants en Centre de rétention à Metz et ailleurs. BiBi ne connaît ni la famille albanaise Isufi résidant à Charleville, ni les trois enfants Tatli de Lure, arrêtés à leur domicile.

BiBi relève la tête, regard perdu sur la façade du Sénat éclairé par un chaud soleil. Les paroles feutrées des badauds contiennent à grand-peine sa colère. Autour du grand bassin, un môme court à droite, fait demi-tour, repart une nouvelle fois en sens inverse. Armé d’un bâton au bout ferré, il tente de diriger le bateau en modèle réduit que Papa et Maman lui ont loué pour un petit quart d’heure. Toutes joies que ne connaîtront ni Zandale, ni Godge, ni Guriezm.

Replongé dans le livre d’Arnaud Viviant, BiBi regrette dès les premières pages son euro pas symbolique du tout. Les photos noir et blanc sauvent la mise. BiBi imaginerait bien la sienne : des enfants à Charleville et Metz se taisent, à l’ombre. Noir. D’autres, à Paris Sixième, pépient au soleil. Blanc.