Petites phrases et gros chiffres.

 

A déguster sans talonnettes.

Martine Aubry : «Le principal défaut de Nicolas Sarkozy ? Il manque de hauteur».

Otage, Ô désespoir.

Nicolas Sarkozy aux familles des ex-otages Stéphane Taponier et Hervé Ghesquières : «Nous règlerons nos comptes avec eux quand ils sortiront».

Stéphane Bern au Front de Gauche ?

Stéphane Bern, commentateur mondain du mariage princier monégasque : «Je ne voulais pas verser dans l’insolence en raison des liens de confiance qui me tient à la famille princière». Maintenant que les festivités sont terminées, attendons avec impatience l’insolence de Stéphane dans la Famille RTL de Jean-Michel Aphatie. Sur que l’insolence ne sera pas cette fois en… bern.

Beigbeder, médaille en chocolat.

Charles Begbeider et Annecy ont recueilli 7 voix sur 100 lors de l’attribution de la ville olympique 2018. Une Mascarade qui aura coûté 25 millions d’euros. Le Grand Charles, n°2 du MEDEF, avait monté l’Opération Escalade du Mont-Blanc il y a un mois pour galvaniser les troupes : «La réussite de cette expédition est de bon augure avant le 6 juillet. Nous irons à Durban pour gagner». Ne rions pas trop fort, taisons nos sarcasmes, ça pourrait déclencher des avalanches.

Chiffres abracadabrantesques (Source : Le Lien social).

Un député gagne 21977,08 euros mensuels (salaire + indemnités de fonction + frais de mandat + crédit collaborateur).

Un sénateur gagne 20416,46 euros mensuels pour préserver son indépendance et résister aux pressions du lobbying.

Luc Ferry gagne 4499 euros mensuels en enseignant la Philosophie comme Mirage.

Bernard Arnault, patron de LVMH, a encaissé 240,1 millions d’euros de dividendes en 2010. Il a un salaire fixe de 1728399 euros, un bonus de 1200000 euros et 174233 euros (jetons de présence). Sa retraite ? 622000 euros annuels dès ses 65 ans.

Frank Riboud, PDG de Danone a touché 5,2 millions d’euros en 2010 et a encaissé 800000 euros de stock-options.

En 2010, les 50 patrons les mieux lotis ont touché en moyenne 3,4 millions d’euros (soit 40% de plus qu’en 2009).

Un bénéficiaire du RSA gagne 454,63 euros mensuels.

Huit pages.

C’est un mémoire de huit pages que Nathalie Kosciusko-Morizet a présenté le 31 mars 2011 devant la cour administrative de Marseille pour annuler le jugement du 22 décembre 2010 au sujet de la (troisième) maison provençale de Michel Drucker (293 m2 et pinède protégée). Si par malheur Sarkozy passe en 2012, on saura où se fêtera la Nuit du Fouquet’s-bis. A Eygalières, l’UMP de Sarkozy sera comme chez elle.

200000 euros.

En 2006, Jean-Pierre Pernaut, pilote de course TF1, avait reçu 200000 euros pour le Trophée Andros de la part du Conseil Général des Alpes-Maritimes. Jean-Pierre a un bon ami niçois qu’il a préservé lors de l’affaire du faux-témoignage diffusé sur sa Chaîne : Eric Ciotti, grand chef du 06. Nice is very Nice.

Bon app’.

Sur nos écrans de télé, ce fut Coluche par-ci, Coluche par là. Le 22 juin, la Commission Européenne annonçait « une coupe drastique des allocations d’aide alimentaire destinées aux plus démunis« . Cette enveloppe passe donc de 400 millions d’euros à 113. Pour la France : de 78 à 16. Pour le Secours Populaire, c’est par exemple, « 517000 personnes qui ne pourront plus accéder aux produits alimentaires». (Source : Le Canard Enchaîné).

Le dessin est de Christiane Favier. http://www.artmajeur.com/christianefavier/

La nuit tombe sur Hama.

L’an dernier, BiBi s’aventura sur les terres syriennes et en rapporta des billets de voyage. Il s’arrêta trois jours dans la ville d’Hama, vaste métropole de 700.000 habitants (4ième ville de Syrie), ville jusqu’alors inconnue de lui. Aujourd’hui, il pense aux Syriens rencontrés, à leurs silences parlants, à leurs combats du jour.

En 1982, le père de l’actuel président, Hafez al Assad, avait réprimé une insurrection dans la ville qui avait fait 30.000 morts. Les habitants de Hama et les professeurs des Écoles d’ingénieurs que BiBi avait rencontrés s’en souvenaient encore.  Aujourd’hui, BiBi pensent à ces étudiant(e)s rencontrés sur une des jolies guinguettes de l’Oronte là où les forces militaires de Bachar Al Assad auraient jeté les corps de plusieurs manifestants.

Le 3 juin, des incidents sérieux avaient déjà fait des morts. Le premier juillet, une manifestation monstre avait rassemblé 150.000 personnes dans les rues pour réclamer le départ de Bachar Al Assad. Le lendemain, le gouverneur de la province avait été limogé et l’armée déployée tout autour de la cité. Des blindés seraient toujours stationnés autour de la ville où on aurait compté 22 morts.

Les Norias (photos), visibles dans le centre de la ville, servent à élever l’eau grâce au courant pour arroser les jardins qui surplombent le lit du fleuve. Espérons que la roue de la répression cessera et que la démocratie et le pluralisme pourront alimenter très prochainement les terres syriennes.

Une écriture débraillée.

En nous, le feu qui couve, en nous les tisons sous nos apparences cendrées.

En nous, les grands incendies qui détruisent nos certitudes et dévastent nos territoires.

En nous, les feux où l’on se réchauffe le cœur, les pensées, où l’on se brûle les doigts.

En nous, les petites flammes qui éclairent nos coins fragiles et les abords de nos tentes de nomades.

Témoigner par brûlures, par pensées incendiaires. Toutes têtes brûlées que nous sommes

que nous serons

que nous resterons.

*

Notre Vie condensée en un livre, en un chapitre. Mieux même : en une phrase, en une ligne, en un mot, en un instantané. Mieux encore : en un soupir, en un silence.

Et sans se préoccuper du reste, aller au bout de ce que nous aimons.

*

Je ne suis pas tombé au bon siècle, pas tombé aussi au bon endroit. Je suis l’étranger. C’est sous l’ombre des grands châtaigniers que je suis resté une bonne partie de cet après-midi. Chaud soleil d’été. Une heure plus tard, une voix m’a rappelé à l’ordre : « Non, tu n’es pas l’étranger. Tu as été au bon endroit, à la bonne heure ».

*

Ces premières heures matinales : valse hésitation, oscillation ténue entre deux souffrances. Celles inutiles, celles créatrices.

*

Sur leur Amour abstrait de l’Homme, ils pérorent des heures et des heures. Présentez-leur un être singulier : ils ne l’écoutent plus au bout de dix secondes.

*

Que dire des écrivaillons ? Cet aphorisme : « En cas de malheur, alpaguez le premier écrivain qui passe et demandez-lui de l’aide : il ne bougera pas, le couard, mais il vous tendra la main pour vous offrir son dernier livre. »

*

Écrire : c’est-à-dire ne pas commencer à blablater sur tout, à parler de tout, à se prononcer sur tout. Que celui qui écrit vienne plutôt s’expliquer sur son aventure personnelle, sur son trajet singulier dans l’écriture. Rien de plus déshonorant que les écrivains-sandwichs parlant de grande Cuisine et pérorant sur la Faim dans le Monde. Qu’ils nous disent plutôt, ces Pauvres cornichons où ils ont trouvé leurs Jambon-beurre : ça calmera peut-être notre faim.

*

Tant de choses, tant de Mondes nous échappent. « Tant de vers disparus. Je n’en note aucun. » disait la poétesse russe Marina Tsvetaeva. J’ai, moi aussi, la mémoire qui se trouble, qui me trouble.

*

La Vie ne se laisse pas enfermer : ni dans nos désirs conscients, ni dans nos projets élaborés, ni dans nos écrits, ni dans le laisser-faire, ni dans le laisser-aller.

La Vie ne se laisse jamais enfermer. Un point c’est tout.

*

Que Dieu, au milieu de tout ce Cirque, nous préserve du mensonge, de la jalousie, des pensées malveillantes, de sarcasmes secrets, des rires de mépris et de haine. Soit. Mais qu’Il nous préserve tout autant de ces masques d’amabilité, des sourires conviviaux, de ces révérences assassines et de cette hypocrite bonne humeur publique et privée qui est le fléau des Temps Présents.

*

Écrire débraillé : voilà ma devise d’Homme qui écrit.

Les Educateurs : futures machines à Café ?

**

«Il me semble que les politiques au Pouvoir voudraient transformer les travailleurs sociaux en distributeurs automatiques de services, c’est-à-dire en machine à café fiables et performantes. Le mécanisme serait le suivant : on énumère des problèmes (emploi, chômage, handicaps, violence…). Pour chaque problème, on crée une catégorie ayant-droit. En vis-à-vis, on installe une cohorte de travailleurs sociaux distributeurs de solutions pour le problème particulier qu’ils sont chargés de traiter. Les travailleurs sociaux sont en train de se centrer sur la question du Problème et non sur la question du Sujet». Justes paroles de Paul Fustier, professeur émérite de psychologie à l’Université Lumière de Lyon 2.

Ce qui reste sur, c’est que cette question du Sujet – difficile à avaler mais incontournable – n’est pas soluble dans le café.

La Justice de Sarkozy : pressions et répression.

Le Pouvoir sarkozyste et ses Penseurs sortis de la Droite extrême n’ont que le mot de Répression à la bouche. Les lois qu’ils préparent portent une grave atteinte au fonctionnement des juridictions pour mineurs en alignant leur régime pénal sur celui des majeurs. De fait est occulté tout soutien éducatif possible.

Catherine Sultan, Présidente du Tribunal pour Enfants de Créteil et de l’Association française des Magistrats de la jeunesse et de la Famille, s’insurge à juste titre devant ce projet de loi qui instaure des jurés populaires et qui bouleverse la Justice des Mineurs. Elle s’arrête sur sa logique :

«Mettre les juges à l’écart, c’est donner le Pouvoir au Parquet, anéantir cette justice particulière attachée à la personne et détourner le travail éducatif (…). On entend élargir le placement en Centre éducatif fermé pour mettre plus facilement en prison alors qu’on avait surtout besoin de revitaliser les Foyers éducatifs, les Internats et les Services sociaux de Milieux ouverts renforcés» (Source : Politis du 26 mai).

*

Le 21 juin, un certain nombre de magistrats et travailleurs sociaux ont flairé que de graves dangers se préparaient en douce sur la législation des Mineurs. Ils lancent un cri d’alarme dans Libération :

«Le gouvernement s’apprête à faire voter en procédure accélérée la création d’un tribunal correctionnel pour mineurs. Exit la spécialisation de la justice des mineurs et mise à l’écart du juge des enfants chargé du suivi des mineurs auteurs d’infractions».

Le projet fait en effet quasiment disparaître le tribunal pour enfants où siègent – aux côtés du juge des enfants – deux assesseurs recrutés pour leur intérêt pour les questions de l’enfance. Ils sont ainsi congédiés au profit du tribunal correctionnel, augmenté dans certaines affaires d’assesseurs-citoyens tirés au sort et où le juge des enfants servira d’alibi.

*

« L’objectif avoué de la réforme est de renforcer la répression de la délinquance des mineurs en entretenant l’illusion que la crainte d’une sanction plus forte suffirait, de façon magique, à dissuader des adolescents déstructurés d’un passage à l’acte. Au contraire ces nouvelles dispositions vont affaiblir les moyens d’action éprouvés et efficaces de notre justice des mineurs» écrivent encore les signataires.

Aux violences repérées dans les Établissements Pénitentiaires pour Mineurs (EPM), voilà, en contrepoint, le constat de la Ligue des Droits de l’Homme de Midi-Pyrénées qui confirme cet objectif désastreux de renforcer à n’importe quel prix la répression.

«Aujourd’hui, certains de ces mineurs ne sont plus protégés de l’agressivité ambiante et les professionnels dépourvus de moyens et piégés par une mission impossible ne peuvent pas exercer leur métier dans le respect des règles. Au-delà des effets d’annonce démagogiques et martiaux, ce type de structures démontre à nouveau que tout enfermement des mineurs s’appuyant exclusivement sur la sanction et la contention est voué à l’échec, laissant entier le problème de délinquance». (Source : Lien Social).