Séjour et sept nuits à Paris.

BiBi est allé faire un tour à Paris.

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 Il est retourné à l’Opéra de Paris, visite qu’il effectua il y a très longtemps, enfant émerveillé. Le rouge velouté, la dorure des encarts, le silence feutré, les machinistes au travail sous la coupole dessinée par Marc Chagall font de l’endroit – encore aujourd’hui – une petite merveille.

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A l’opposé, non moins magnifiques, les photos d’Yves Marchand et de Romain Meffre à la Galerie Wanted Paris (23 rue du Roi de Sicile) invitent à la pensée avec la dégradation de la ville de Détroit. Ainsi, les grandes photographies de hauts lieux de la capitale de General Motors nous offrent – in visu – le déclin de l’Empire américain. Elles traduisent avec émotion l’agonie de la Ville, l’abandon de ses bâtiments (grands escaliers aux trois-quarts désolés, opéra et salle de spectacle rongés, piano devenu jetable etc). Nous sommes de plein pied dans ces lieux désaffectés, terriblement désaffectés. On sent cette désolation silencieuse, on est triste devant ces déserts citadins, on est révolté devant la logique industrielle d’un Capitalisme délirant, féroce et sans pitié. Ici, nulle place pour les habitants délocalisés eux aussi vers la périphérie, obligés de fuir le Centre en ruines.

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Au Onze Bar, 83 rue Jean-Pierre Timbaud (Paris 11ième), les soirées et les nuits sont empreintes de relents de bières, de chuchotements et de chants. Au fond de la salle, on entendit les mélopées douces et folkeuses des Buskers. Dans la tiédeur de la nuit de ce jeudi, BiBi apprécia le service de Ben et de Nathan, gardiens de but du Onze. Jazz, Soul, Blues, World Music : ne demandez pas le programme, il est sous vos yeux.

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Hôtel de Ville avec les Indignés, Puces de Saint-Ouen le samedi (Un livre sur William Blake à deux euros) et Vide-Grenier d’Avron le dimanche. Les photos des Indignés sont de Pauline A. Les autres sont nées des Click-Clak de BiBi.

17 octobre 1961: Meurtres pour mémoire.

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Par ses gouvernants, la France se fait arrogante donneuse de leçons d’Histoire. Sarkozy, le dernier en date : il vitupère les Turcs sur le génocide arménien mais nul doute qu’il a oublié les meurtres perpétrés le 17 octobre 1961, jour où la Police française – sous les ordres d’un certain préfet de la Seine du nom de Maurice Papon – jeta dans la Seine des opposants algériens qui venaient protester contre l’injuste couvre-feu qui, seul, les concernait.

Nous étions dans la guerre d’Algérie, à cinq mois des Accords d’Evian. Le massacre du 17 octobre 1961 s’inscrivait dans un long et féroce cycle de répression policière. Selon les archives judiciaires, on compta 246 décès d’algériens de mort violente en 1961 dont 105 en octobre. Encore aujourd’hui, il y a des falsificateurs qui présentent ces évènements comme des règlements de compte entre Algériens.

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BiBi eut connaissance de ces évènements lorsqu’il tomba dans les années 90 sur le livre de Didier Daeninckx («Meurtres pour Mémoire») paru en Série Noire. Les deux premiers chapitres du numéro 1945 de l’édition noire racontent le massacre en plein cœur de la Capitale. A partir de ce fait occulté par presse et médias, Daeninckx construisit une intrigue qui nous amène à Toulouse vingt ans après. L’inspecteur Cadin va mener l’enquête. Pour BiBi, ce polar restera un de ses meilleurs souvenirs de lecture de la Série Noire.

Lumières et Obscurité du Monde.

Quatre morceaux extraits du livre du cinéaste Jean-Louis Comolli («Voir et pouvoir» chez Verdier). Le livre a déjà 11 ans mais il dit présentement les choses.

1. Toutes les lumières du spectacle ne mettront pas fin à l’obscurité du monde, et je dis cela comme un espoir pour ce qui vient, qu’un peu de cette précieuse obscurité résiste dans la part du cinéma réfractaire au spectacle, que l’on cède aux grâces de l’ombre, aux beautés de l’inconnu, aux coups du sort. (…) Que reste t-il de nos jours s’il s’agit de tout éclairer, si le mot d’ordre (de tous les ordres) est d’y voir toujours plus jusqu’à la nausée ?

2. Nous en sommes arrivés à ce point de perfection, à ce brillant, que la loi de l’Information rejoint celle de la Marchandise : que toute chose devienne visible, que tout le visible devienne chose. «Transparence» était le nom d’un trucage cinématographique : c’est devenu celui d’une idéologie qui prétend percer tous les trucages. Cette sorte d’éclairage général qui commande à tout se propage à partir de la télévision (l’ombre, elle, rôde encore au cinéma). Comment en effet oublier que c’est au cinéma, dans les films par exemple de Feuillade, Hitchcock ou Jacques Tourneur autant que chez Edgar Poe, Lacan ou Debord que nous avons appris combien montrer c’était cacher ?

 

 3. Nous sommes dans l’idéologie de la transparence – ce mot depuis dix ans s’est montré le maître mot des pouvoirs politiques, le slogan publicitaire majeur, le régleur des consciences ; il était déjà la forme ultime et triomphante de la communication ; il nous assurait de ce que, entre «émetteur» et «récepteur» (comme entre spectacle et spectateur), il n’y avait point d’altération du message, aucune résistance, aucune perte, rien qui «travaille», au sens où l’on dit d’un souci ou d’un problème qu’il nous travaille. La Com’ comme bonheur impeccable. Réussite enchantée. La Communication, c’est la Grâce.

4. Trop lourdes, l’histoire intime et l’expérience vécue. Trop lourds, trop encombrants les corps réels. Trop résistants les Signifiants. Trop contraignantes les écritures. Il faut qu’il y ait à la fois du «plein» (l’illusion, le spectacle) pour conjurer la peur du vide de toutes ces vies vécues dans l’aliénation et la Soumission. Et il faut qu’il n’y ait pas trop de Sujet en jeu, car le Sujet, c’est la crise et la révolte. Entre ces deux écueils tente de passer l’économie libérale dominante.

« La Course de Ma Vie ».

Il y a trois ans, BiBi et son collègue A. furent à l’origine d’un premier court-métrage réalisé avec les enfants et adolescents du Centre où ils travaillaient. Petite caméra en poche, logiciel Final Cut et générique conçu par un professionnel, ils se lancèrent dans cette expérience éducative aux contours incertains. Ils ne savaient où ils posaient les pieds mais avaient quelques idées sur l’endroit où ils pouvaient déposer leurs regards. Des images s’ensuivirent : ce fut «La Course de ma Vie». Au sortir de la Maternité, l’enfant va grandir. Il ne cessera de courir, toute sa vie durant. Aujourd’hui, poursuivant leur expérience éducative A. & BiBi ont grandi eux aussi : ils achèvent un second court-métrage, mieux rôdé, qu’ils présenteront à des festivals. Celui de Frangy (Haute Savoie) par exemple, le 5 novembre. En attendant, ils vous offrent leur premier petit travail.

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Les petites phrases de Sarkozy et de sa basse-cour (un clip-BiBi)

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BiBi a fait la collection des petites phrases de notre Président et de ses Courtisans. Toutes les paroles élyséennes, celles de Nicolas Sarkozy comme celles des autres, sont certifiées conformes sur les quatre ans de règne. Une Pensée-BiBi en un clip guerrier pour la Campagne 2012. BiBi fait, en somme, sa Révolution d’Octobre.