Monthly Archives: avril 2020

Nous sommes la Rage et le Courage.

« La Première dame ne sort guère plus. La plupart du temps, elle déjeune dans son bureau, sur la table de réunion, avec le conseiller présent ».

Quand tu lis ça, tu vois Marie-Antoinette à Versailles avant la fuite du Roi et avant son arrestation à Varennes. Sauf qu’aujourd’hui, tu n’as pas la conclusion : l’analogie s’arrête là. La tête de Macron, branlante certes, est toujours sur ses épaules. La différence est là : le confinement à moitié souhaité, à moitié décrié par le même Macron, interdit toute manifestation, toute protestation extérieure. Mais la rage est là. Elle se repère dans les réseaux sociaux consultés un peu plus que d’ordinaire.

Ailleurs, dans les Télévisions de la Honte, que voyons-nous ? Des «débats» autour des animateurs présents, omniprésents. Ils invitent des experts à la botte, dépolitisant tout problème. Enumérons-les : médecins, sondologues, infectiologues, onctologues, dermatologues, psys, sociologues qui tournent comme des girouettes, squattant les micros, envahissant nos images.

Verbiage de nos perroquets.

France Info se dit au plus près des soignants et des malades. La Radio démultiplie les témoignages autour des souffrances en nombre (autour du manque de sommeil, des animaux, des enfants confinés, de la solitude, de la promiscuité, des liens familiaux, des enterrements, des livres à lire, des musiques à écouter, des initiatives bienvenues etc). En a t-on entendu des paroles de ceux et celles qui vivent cette terrible épreuve qu’est le COVID19 ! Comment ne pas s’y reconnaître ? Il n’est personne qui y échappe – à des degrés divers.

De la mort, du mourir, de la chance et de la malchance, de la protection ou de l’exposition, du risque maximal au retrait qui préserve, les Médias en font leur soupe quotidienne. Ils répondent aux questions, ils donnent des réponses (approximatives ou précises), on remercie Paul et Tristan, on salue Pierre et Virginie pour leurs appels si émouvants. On remercie les auditeurs qui, à leur tour, remercient le Media si bon, si bienveillant. Merci pour votre fidélité, merci pour votre confiance en ces temps difficiles. On va jusqu’à clamer, chaque matin, les taux d’audimat, on s’enorgueuillie de détenir des informations inédites. Ecoutez notre expert du jour. Regardez nos chiffres du jour. Tout ne va pas si mal : regardez ailleurs... Habituelle propagande du « La Politique du Pire, c’est ailleurs. Du coup, hein, ce n’est pas si mal ici ».

Au Top de l’Obscénité de ma semaine.

Chritophe Barbier sur la Chaine de l’évasion fiscale plastronne en se faisant le… chantre de la solidité de notre Service Public et fustige les Vilains qui osent demander de la coordination, de la Planification. Les Vilains Collectivistes.

Jean Quatremer, l’imbécile de Bruxelles, solidement arrimé à Libération, hausse les épaules : «Pourquoi s’affoler ? Il n’y a que 100.000 morts». Gens de rien qui ne comptent pour rien.  Vous tous d’âge avancé, vous pouvez crever. Qui s’en souciera ?

Hubert Huertas, la journaille molle de MediapartExcusez le pléonasme» diront certains) sort ses couteaux aiguisés et les plante dans le dos des enseignants qui ne veulent pas reprendre le 11 mai. Avec l’odieux argument de la division : «Regardez les Caissières, les soignants, les éboueurs qui vont au charbon, est-ce qu’ils se plaignent ?».

Propaganda.

A France Inter, le summum de la Propagande se fait sous formes d’inserts sur le COVID19 avec toutes les pubs gouvernementales. Se laver les mains. Les masques. Ne pas se frotter les yeux. Distance à respecter. Avec une conclusion inéluctable, mille fois répétée aux heures de plus grande écoute: «Ceci est un conseil du Ministère que vous pouvez retrouver sur Gouv.fr ». Sans évoquer les autres inserts avec éloges de nos grandes Sociétés Humanistes. Grandes Sociétés d’Assurances. BNP Paribas. Etc.

Les questions des auditeurs, pourtant triées, laissent parfois passer quelques brèves remontrances sur la gestion de la Crise par le Pouvoir mais elles sont automatiquement reformulées par l’Animateur ou pire encore, elles sont suivies d’un rappel des paroles «fortes» de notre Président.

Indécrottable Stratégie de division. Diviser, voilà l’opération centrale et continuelle de la Propagande qui, sans paradoxe aucun, bannit les uns et glorifie le même jour les autres. Du bon côté les enseignants qui reprendront le travail le 11 mai. Du mauvais, ces odieux syndiqués qui – comme toujours – foutent le bordel.

Des radios, des TV ouvertes à tout. A tout ?

Non, Radios et Télévisions passent leurs énergies dans l’incessante esquive. Ecoutez une journée nos radios publiques (France Info, France Inter). On vous y abreuve de témoignages vrais, indiscutables, émouvants. Mais ces interventions ont toutes un point commun : il ne faut pas nommer les Responsables. Les pleurs, les souffrances, ça va mais pas touche au Politique, pas touche aux responsabilités d’un Pouvoir qui met la Mort En Marche. C’est l’ obsession de cette Journaille : taire, faire taire toute parole qui remettrait en cause ce qui nous crève les yeux : l’énorme, l’incroyable désastre qu’est la gestion de Macron sur cette Crise sanitaire.

Le Royaume des Crapules et Doyens Medias.

Nous sommes au Royaume des Crapules médiatiques. Non qu’elles n’existaient pas auparavant. Mais aujourd’hui, elles bénéficient d’une exposition maximale, jamais vue, jamais autant entendue. Nos héros des semaines de confinement s’appellent Pascal Praud, Jean-François Achilli, les Grandes Gueules de Truchot-Marschall, les Brunet à la chemise brune, les Pujadas et Yves Calvi, les Elkrief et Jean-Jacques Bourdin. Sans oublier nos Seniors en Or.

Atteints par la limite d’âge, ils ne sont pourtant pas confinés chez eux. Car leur chez eux, ce sont les Studios où ils dorment jour et nuit, squattant la Parole, couvrant inlassablement les méfaits d’un Pouvoir aux abois.

Le Pouvoir justement (1)

Macron préparé

Macron navigue à vue, débitant mensonges sur mensonges. Un jour il exhorte les Français à aller au théâtre (Il croit encore à l’infaillibilité du Libéralisme) et un mois après, il envoie Brigitte plastronner derrière les écrans de VisioConférences. Elle prêche les gestes barrière – avec force photos du Torchon Lagardère- Paris Match – à ces Vieux de 70 ans et plus qui, pour son Mimi Manu, sont bons à jeter dans la fosse commune.

Le Pouvoir justement (2)

Souvenez-vous des deuxièmes parties des Quinquennats précédents. Sarkozy 2, passée l’esbrouffe de ses premières gesticulations, en perte de popularité, convoqua ses larbins pour essayer de gagner une partie des Intellectuels (relire ici cet article de Raphaëlle Bacqué du Monde célébrant en Sarkozy un fabuleux personnage de roman !)

Rappelons-nous de cet autre Président, ennemi de la Finance, voulant quitter sa panoplie de Citoyen Français moyen pour endosser celle du Président aux Gros Bras, s’en allant-en-guerre au Mali.

Idem pour Macron II : le voilà qui veut se « réinventer », qui veut « préparer le Jour d’Après avec une France Unie », lui, le Destructeur, le Matraqueur, le Démolisseur de nos Services Publics. Pour se transformer en Caméléon, il appelle à la rescousse ses Chiens de Garde. Mais, rien à faire, malgré son nez poudré et son bronzage du Touquet, il reste scotché à cette place qu’il ne peut quitter : celle du ringard, du puceau de 14 ans, théâtreux de la 4ième de son Collège amiénois.

Le Pouvoir justement (3).

Ils savaient mais ils se sont tus. Aujourd’hui, ils s’inquiétent. Ils ont peur. Ils manoeuvrent. Mais ils ont des atouts. Ils misent sur notre silence et notre confinement. Ils misent sur la division. Ils insultent. Ils pommadent. Ils disent Oui un jour, le contraire un autre. Ils disent le 4 mai, puis le 11 mai. Ils sortent les drônes. Ils surveillent. Ils passent commandes de LBD et gaz.

Ils s’inquiétent. Ils ont peur.

C’est que nous sommes la cocotte-minute de la Résistance.

Et indéfectiblement, nous sommes la Rage et le Courage.

Casse-tête chinois.

Je ne sais si l’enfant demandait confirmation à sa question ou affichait son savoir : « Wuhan, c’est loin ». Personnellement, je ne savais pas. Quoi lui répondre? Bien sur, quand on ne connaît pas (Qui connaît Wuhan ?), on se dit que c’est loin, que Wouhan, Wihan, Wuan, ça existe peut-être, que là-bas, vivent des gens, des milliers, des millions, des milliards de gens. Des milliards, on peut le dire : normal, c’est la Chine.

Moi aussi j’ai été petit, on m’avait offert un premier livre, un grand livre sur les pays du Monde Entier. C’était à un Noël, je ne me rappelle pas l’année, j’étais petit. Pour la Mongolie, il y avait des visages de Mongols, des visages sévères avec de sévères moustaches. Sur la Chine, y avait un marchand ambulant qui tirait une charrette pour se rendre au marché surpeuplé de Pékin ou de Canton. Je ne me souviens pas ce qui était marqué sur l’Autriche (un dessin de Hitler petit ?), sur l’Allemagne divisée en deux (une photo stylisée de Hitler grand ?), sur la France (De Gaulle et l’OAS ?). Sur les Ricains, oui, il y avait Manhattan, une rue (Wall Street) et, sur la page suivante, le Grand Canyon, ça c’était sûr. Et c’était beau car je couplais ça avec les westerns du Ciné-Club (Papa y était projectionniste).

Bref, la Chine, c’est grand, c’est toujours grand et c’est loin, c’est peuplé bien entendu de Chinois. Mais pas que. Il y a aussi – pas croyable, hein – des Américains là-bas. Si, si, je vous assure.

Ici, on dit encore que ces Chinois, ils sont tous pareils, on cause encore – pour les plus vieux connards d’entre nous – de Péril Jaune et de Drapeau Rouge. Tous pareils ? Non, ce n’est pas vrai. L’an dernier, j’ai reçu chez moi deux Chinois et une Chinoise. Leur seule vérité commune, c’est qu’ils étaient au taquet. Harassant boulot d’étudiant la journée. Révisions jusqu’à une heure/deux heures du matin et lever à six heures et demie. Ils s’endormaient sur la table de la petite chambre de l’Université, bras croisés, tête lourdement fatiguée. Quand j’ai demandé à Sue qu’est-ce qu’elle entendait par «Collège dangereux», je m’étais imaginée harcèlement pour ses beaux yeux mais non. Dans un parfait anglais (là-bas, les cours de langue commencent tôt, très tôt) «C’est dangereux parce qu’il y a du travail, trop de travail, trop de devoirs après l’Ecole. C’est pour ça que je vais en changer l’année prochaine».

L’un des deux Chinois était de Shangaï . Ses parents qu’il voyait une fois l’an était à 1600 kms, paysans, ils avaient applaudi un jour Mao. C’est pour ça que, lui, voulait adhérer aux Jeunesses Communistes mais, j’ai ri : il ne savait pas qui était Lénine. Quant à Marx, il était soi-disant informé. Il me dit « Mark ? Oh, yes ! ». Puis j’ai compris, oui, ils n’ont pas FaceBook mes trois Chinois mais Mark Zuckerberg, ils connaissent. C’est qu’à Shangaï la métropole (plus d’habitants que la France), on est très informé, j’avais pas idée, très informés qu’ils sont, même si il y a de la censure. Mais censurer Facebook, est-ce vraiment un truc anti-démocratique (je pose la Question, hein) ? Wuhan et Shangaï, on ne sait pas vraiment où c’est. Proche de la mer ? Oui et non. Y a la mer mais on ne s’y baigne pas.

Autrefois – cours de géographie de fin du dernier siècle – on étudiait la Corn Belt, on s’arrêtait sur les Andes, le Brésil, la Pampa et l’Amazonie (rapide, rapide), on avait aussi un mot sur l’URSS, le côté Russie européenne. On s’arrêtait à la barre du Caucase. Au-delà, c’était – on rigolait là-dessus avec notre Prof, un gros con – la barbarre.

Mais, abrégeons les divagations, c’est de Wuhan et du Virus COVID19 dont je voulais vous parler. Là-bas, au loin, c’était parti dès le mois de décembre. Au début janvier, le Doc Philippe Klein qui travaille à la Clinique Internationale de Wuhan, lâchait : « Au 23 janvier, le chiffre est vérifié : 56 millions de Chinois sont confinés« . En France, au 30 janvier, la Ministre informe le grand Duduche de Philippe de la gravité de la situation sur ce Nouveau «Péril Jaune». Mais, Duduche et Manu, de leur Supériorité historique, culturelle, idéologique, ils ont pris ça de haut. Mais déjà en février, dans la gente populaire, on commençait sérieusement à s’inquiéter. Les colossales Certitudes s’effritaient, les murs de notre incommensurable Vanité se lézardaient. Début mars, les USA détournaient en douce des masques destinés aux Frenchies. Les Frenchies volaient les masques suédois destinés à l’Espagne. On riait de l’Italie, on était prêts à lyncher les ritals d’ici, comme lorsqu’on avait pillé leurs maisons en juin 40, à la belle époque où on avait appris que le Mussolin s’était allié au Moustachu de Berchtesgaden. Mais revenons à 2020. Le 15 mars, 17 millions de Français se déplacent pour un Vote. 17 millions. Et petit bilan : au deuxième jour d’Avril, masques, tests, machines respiratoires, médicaments manquent.

Et encore encore encore encore encore aujourd’hui, ça manque.

L’enfant trépignait derrière moi. Il est revenu à la charge, avec cette deuxième question : « Le Jour d’Après, c’est loin ? ». J’ai froncé les sourcils, hoché la tête comme un imbécile.

Ai juste répondu, bêtement, très bêtement : « Casse-tête chinois ».