Yearly Archives: 2010

Obstination de la poésie.

Dans Le Monde Diplomatique de janvier 2010, on trouve – c’est suffisamment rare pour être souligné – une intervention d’un poète, Jacques Roubaud. BiBi reprend ici le magnifique intitulé de son article : «Obstination de la poésie ». Ce beau titre enveloppe les deux lignes qui suivent : il faudrait, écrit le poète, «voir la poésie où elle se trouve, dans un tête-à-tête avec la langue ».

Jacques Roubaud poursuit en préambule de son article : « L’insignifiance économique de la poésie la condamne à l’obscurité ; pourtant les recueils, les revues, les sites qui lui sont dédiés continuent de fleurir. Et réservent de belles découvertes à ceux qui prennent la peine d’y accoutumer leur œil et leur oreille ».

L’attrait de la poésie est encore présent, note Jacques Roubaud, en particulier sur la Toile où «l’on doit constater qu’on trouve beaucoup de poèmes et que la poésie, de ce fait, atteint plus de lecteurs que ne le fait le livre ».

Vérité du constat.

Les gens ont faim d’écriture et de lecture. Pour peu qu’ils rencontrent une voix de récitant, le texte d’un témoin, le partage d’un passeur, les voilà armés de ces mots qui font bouger le Monde, de cette prose qui fait osciller nos représentations enkystées du Monde. Cette Cosmogonie nouvelle nous porte alors au-delà de ce qui nous fige et nous cloue au sol. Pour peu que la rencontre ait lieu en un minimum de disponibilité, la poésie fait la différence car elle parle au cœur de l’humain et de l’aventure humaine, elle parle aux dieux descendus sur terre et aux cieux, elle répond aux murmures du vent et repousse les assauts du cynisme, de la vanité, de l’aigreur et du désespoir perpétuel.

Jacques Roubaud a raison : «Obstination de la poésie».

Dernières Nouvelles de la Cour.

La Cour et ses Comptes.

A plusieurs reprises, Philippe Seguin, décédé ce jour, avait sévèrement taclé Chouchou sur sa tenue des comptes. Par exemple, il avait épinglé notre Président sur ses dépenses pharaoniques lors du sommet de la fantômatique Union pour la Méditerrannée. On aura droit aux sincères condoléances de Chouchou sur tous les écrans et toutes les Ondes. De sa part, on peut s’attendre à un rapide remaniement de cette Cour qui… compte et comptera beaucoup pour lui.

Anne Fulda, journaliste élyséenne.

Anne Fulda nous apprend dans son billet du Figaro que Chouchou «ne présente plus ses vœux à une Presse qu’il ne porte pas en très haute estime après l’avoir utilisé avec maestria et domptée durant des années durant ». Charmant non… lorsqu’on sait qu’Anna aurait pu être la Première Dame de France. « Utilisée avec maestria » et «domptée» : BiBi ne sait pas trop de qui, de quoi Anne Fulda parle ici. De sa Corporation ? Ou bien fait-elle, là, un retour sur son passé ?

Frédéric Mitterrand le Top du Courtisan.

On se souvient de sa phrase reprise par le JDD : «Je ne suis pas là pour être dans le moule». Un vrai rebelle que notre Freddy, bras en écharpe. Quand, au début de la réunion de rentrée 2010, Chouchou lui dit : «On abandonne le scooter quand on est ministre», Frédéric-l’Insoumis, se dresse fièrement, relève sa mèche rebelle et déclare à sa sortie aux journalistes : «Pour moi, le scooter, c’est fini». Encore un qui… même debout, se couche.

Un Courtisan de Campagne.

Oyez Hoyé, Braves Gens ! Bernard Hoyé (Maire de Gonneville-sur-Mer dans le Calvados), refuse de retirer un portrait du Maréchal Pétain affiché dans la Salle des Mariages de l’Hôtel de Ville. On attend les protestations d’Eric et de Brice contre cette offense à la République. BiBi, placide et de bon conseil, a déjà averti Monsieur Hoyé que le 6 juin prochain, les Américains débarqueront sur les plages et qu’il fera mieux, alors, de faire ses valises et de filer en quatrième vitesse. A Vichy par exemple.

Déjeuner chez MAM(my).

13 ministres à table pour un déjeuner à l’initiative de MAM. Comme d’habitude, Chouchou s’est invité à l’apéritif. Bizarre pour quelqu’un qui ne boit pas d’alcool. Monsieur s’est éclipsé au bout d’une heure. Avec son… Verdeaux ?

« L’ambiance était chaleureuse » a dit Fadela Amara. La rebelle féminine, ni pute, ni soumise, a impressionné son monde. Pleine de courage, magnifique de bravoure, elle a osé interpeller le Chef Suprême : «Il faut plus de femmes politiques, Monsieur le Président !» Un Frédéric Mitterrand au féminin, non ?

Roselyne Bachelot, elle, a vécu ce déjeuner comme «un petit oasis en début d’année». Probablement qu’elle n’a été prise en grippe par personne.

BiBi remet le couvert pour ses amis-lecteurs : Tartare de Saint-Pierre accommodé de quelques grains de caviar/ dos de bar grillé avec sa fleur de courgette farcie au plat/ fromage/ gratin de fruit rouges. MAM a ensuite offert un cadeau à chacune : une « bougie au thé vert de Baccarat ». Dans son compte-rendu, le Figaro minimise l’importance du présent en rappelant que nous sommes en «disette budgétaire». Soit. Mais si MAM a offert ces cadeaux en sortant son propre porte-monnaie pour quelle raison le Journal de Dassault précise que le cadeau ne coûte pas cher et parle de «disette budgétaire» ? Alors, s’interroge BiBi, Argent public ou cadeaux aux frais de MAM ? Que MAM vienne nous éclairer sur ces 14 bougies, les commentaires-BiBi lui sont ouverts.

Pas de potage mais des Papotages.

Le Figaro rapporte que «les femmes-ministres ont papoté pendant plus d’une heure». Elles ont parlé des sports qu’elles pratiquent (lorsqu’elles sont probablement invitées aux Sports d’Hiver par les Stations de Ski huppées), elles ont causé des boutiques chics de la Place Vendôme (Certaines ont du voir Valérie Hortefeux au bras de Charlotte Rampling). Mais ce n’est pas tout : entre le poisson que MAM adore et le fromage, la conversation a oscillé entre le «sérieux et le frivole». On y a parlé des… « Hommes séduisants du Parlement ». Secrets d’alcôves pour 13 ministres et Secret-Défense pour Madame Alliot-Marie.

Pizzas Nestlé et Nicolas Chocolat.

Le Chocolat de ces fêtes de fin d’année a marqué les esprits helvétiques et l’estomac de notre Président.

Un Président de choc.

On se souvient que Le Figaro avait révélé que les bourrelets de notre Président devaient beaucoup à sa manie de croquer du chocolat entre les repas. Fini tout ça, avait dit Carla Bruni Sarkozy très en colère lorsqu’on comptabilisa 4000 boites de chocolat reçues par Chouchou après son malaise vagal. Notre Président  n’est certes plus chocoolique mais ce n’est pas pour autant qu’il peut nous présenter aujourd’hui de parfaites tablettes de chocolat.

Notre Nicolas Chocolat devrait peut-être s’adresser au spécialiste de la Chirurgie esthétique, Ivo Pitanguy, celui-là même qui suit son épouse (dixit «Le Point»). Il pourrait lui demander de faire fondre son embonpoint. C’est que, paraît-il, les corrections-photos de Paris-Match ne suffisent plus.

Y’a bon avoir été Premier Ministre.

Un autre connaisseur en chocolat, c’est Jean-Pierre Raffarin. Il se rendra au Premier Salon du… Chocolat à Shangaï (du 20 au 23 janvier) avec une délégation d’une trentaine de chefs chocolatiers. Les mannequins qui défileront, filles probablement à croquer, se présenteront avec des robes en chocolat. Veinard que ce Raffarin mais BiBi est persuadé qu’il n’attendra même pas que leurs robes fondent au soleil.

Quand Nestlé en croque.

En Suisse, Nestlé ne se (mor)fond pas. Le Consortium helvétique est très content d’avoir fourgué ses produits ophtalmologiques Alcon à Novartis (géant bâlois de la Pharma, vendeur de nos vaccins à brader). Achetée 280 millions de dollars, Alcon à la vente a rapporté 28,1 milliards de dollars à Nestlé (soit 140 fois sa mise). L’entreprise suisse a passé de très bonnes vacances de fin d’année sans maux d’estomac. Nestlé lorgne maintenant sur le Chocolat Cadbury, géant du choc britannique, sur KitKat et surtout sur les chocolats Lindt. Voilà ce qu’on appelle, en Suisse, des traitements de choc.

Pour faire passer le tout ( BiBi, lui, est écoeuré), Nestlé a annoncé l’achat des Pizzas surgelées de Kraft Foods pour 3,7 milliards de dollars. Grace à cette Pizza Connection, Nestlé devient donc le Numéro Un de la Pizza surgelée au Monde. Et comme Nestlé ne se sent plus, l’entreprise a dévoilé sa prochaine OPA : le rachat programmé de l’Oréal qu’il possède déjà à 29% (en cosmétiques).

Un article à inscrire dans les tablettes, non ?

Premier JDD 2010 : le Défi du Bonheur.

Dans le petit éditorial du JDD de ce premier dimanche 2010, Christian de Villeneuve nous promet que « le JDD continuera d’analyser sereinement cette réalité bouillonnante », qu’il le « fera – à tête reposée – afin de faire de chaque week-end un moment de réflexion, de culture et pourquoi pas… de bonheur ! » Le vrai défi dominical de ces donneurs de leçons est donc magnifiquement lancé avec ce projet, avec cette promesse de « rendre foi et enthousiasme aux Français ». Cela n’empêche pas d’y retrouver une pointe de mépris envers un Populo ingrat : «Les Français [seraient] trop facilement résignés alors qu’ils ont été pourtant moins atteints par la crise que leurs voisins»).

Dans le sillage du JDD, BiBi, lui aussi, «analysera sereinement la réalité bouillonnante », celle plus terre-à-terre du tentaculaire Frère Lagardère. Un rappel à tout berzingue : le Monsieur tient l’Edition (Hachette Livres, Grasset, Stock, Lattes, Fayard, le livre de jeunesse, le tourisme, l’éducation et les dictionnaires Larousse) ; il est le N°1 de presse magazine grand public dans le monde (260 titres, dont 200 à l’international, 41 pays touchés) ; son groupe possède des journaux (Elle, La Provence, Le Journal du dimanche), des magazines (Télé 7 Jours, Paris Match, diffusé chaque semaine à 700.000 exemplaires), il détient une participation de 25 % dans le Groupe Amaury (Le Parisien et L’Equipe), il contrôle 20 % de Canal + France et 16 sociétés de production (GMT Productions, DEMD Productions, Angel Productions), il possède les radios Europe 1, Europe 2, RFM, 17 radios à l’étranger et 11 chaînes thématiques (dont MCM), il tient la Distribution via Hachette Distribution Services (Librairies Payot, les Magasins Virgin, les Relay) etc, etc. Voilà pour la Scène et les Coulisses.

Pour le JDD, ce qui compte – au-delà de l’appui à Chouchou – c’est de consolider son lectorat bobo et populaire en n’escamotant rien du Réel, c’est de rentabiliser l’aventure des numéros du Samedi/Dimanche et de leurs suppléments. Au nom de la proximité avec ceux qui le lisent, il lui est donc vital de ne pas nier le Réel du Désastre (Chômage, réduction du Pouvoir d’achat, Taxes etc) qui frappe à notre porte. Mais la subtilité de sa Propagande n’est pas dans cette présentation, elle réside plutôt dans la façon dont ce Journal envisage «la France». Ce sont Claude Askolovitch, Marie-Christine Tabet qui s’y collent (avec Jacques Marseille, expert libéral). En gros et en détails, leur vision du Pays, c’est : «Sarkozy et/contre les Autres».

Les « Autres » ? Mot passe-partout, Concept-maitre de la Manipulation.

La Gauche n’est jamais nommée sauf par ces deux minuscules détours «La gauche va manger son pain blanc avec les régionales puis découvrira les ambitions contradictoires et les divisions» (page 2) et «opposition inconséquente, Verts radicaux» (Claude Askolovitch, page 3). De la méchante gauche, circulez, il n’y a rien à en attendre. Habile et jolie censure non ?

La gauche (petit G) évacuée, déconsidérée, que reste t-il face à celui que le Journal appelait il y a peu «le Maitre du Monde» ? Eh bien, en face de Sarkozy, il y a «la France » et «les Français». Tellement commode, ces deux entités ! On peut tout y fourrer : d’abord les grands Contestataires… de droite bien sur ! (On reste en famille). Enumérons-les : le Conseil Constitutionnel, les ambitieux (Copé, Juppé, De Villepin, Baroin), certains membres du Clan (Guaino, Soubie). En point d’appui, on a droit à l’avis de l’expert en économie libérale, Jacques Marseille. Lui aussi analyse cette « réalité bouillonnante », lui aussi nous sert de « la France » et des « Français » en veux-tu, en voilà, avant de délivrer son verdict, merveilleux résumé de ces trois pages de Propagande : «Je ne pense pas que le quinquennat soit « perdu ». Au fond d’eux-mêmes, les Français, même ceux qui sont déçus, se disent : « Mieux valait quand même Nicolas Sarkozy que sa rivale aux élections présidentielles».

Merci Monsieur De Villeneuve. Merci cher Claude. Du Bonheur ! Rien que du bonheur !

Stéphane Fouks : le Roi de la Tambouille (2).

«Dans le gouvernement Fillon, on retrouve des petits Fouks un peu partout» note Le Point. Reconnu comme incontournable sur la place,  le Boss d’Euro RSCG va placer ses petits pions publicitaires sur l’échiquier politique Droite-«Gauche». Qu’on en juge : Florence Depret et Glawdys Huré (ex-consultantes de la Boite) deviennent les DirCom de la Maison UMP ; Marie-Emmanuelle Assidon, de la Maison Fouks, fait désormais les beaux jours de Martine Aubry, rue de Solférino. Fouks et ses ouailles suivent Valérie Pécresse, Frédéric Mitterrand, NKM, Laurent Wauquiez, Benoist Apparu et Bernard Kouchner (Fouks lui est précieux pour son lobbying africain) etc. En 2008, Xavier Bertrand remet au Fils de Pub la… Légion d’Honneur (probablement méritée pour services rendus à l’UMP).

Le carnet d’adresses de Fouks est incomparable. En lettres majuscules, les Patrons du Cac 40 : Michel Pébereau et Baudoin Prot de BNP Paribas, Henri Proglio d’EDF-Veolia, Henri de Castries (AXA), Stéphane Richard (France Télécom), Saint-Geours (UIMM) ou encore Noël Forgeard (Airbus) et Paul Hermelin (Cap Gemini).

C’est évidemment depuis l’apparition et l’installation de ces Consultants en Com’ que la Vie politique française s’est dégradée. Mitterrand avait ouvert la voie. Chirac ne fut pas en reste pour lui sucer les roues. Aujourd’hui, les méthodes de Chouchou et Chochotte sont ciselées à l’aune de ces Travailleurs de l’Ombre. Cet abâtardissement de la Politique, rabaissée à une promotion de tête de gondole, a aussi envahi et gangréné les espaces de la «Gauche». L’archétype du jeune loup de demain, sorti de la tanière Sciences-Po, porte par exemple le nom de Manuel Valls, conseillé – comme par pur hasard – par l’ami Stéphane. Comment expliquer et comprendre autrement la mise en avant régulière de ce piètre homme politique ?

BiBi ne saurait quand-même finir ce tour d’horizon sans redonner au bonhomme Fouks d’Euro RSCG un peu d’humanité. Il nous parle de son dépucelage, de cette «première fois» : «Lorsque j’ai vu notre premier spot publicitaire en zappant par hasard chez moi sur ma télé, j’ai éprouvé une grande émotion». Dire qu’il y a des gens qui vivent pour ça : pour cette étincelle d’extase, pour ce grand «bonheur» de pacotille !

A l’instar des Grands de ce Monde (Arnault, Pinault), le Caméléon Fouks est aussi un grand spécialiste et un amateur très éclairé d’Art contemporain. Ce qui est moins repéré chez lui, c’est son indicible joie de vivre (Il dira : «La Vie est un enchantement») et ce sont aussi ses remarquables et remarquées dispositions pour la… Cuisine. Tous les mercredis, il sert par exemple la soupe au Frère Lagardère. Reconnaissons deux qualités supplémentaires à notre Stéphane : le bonhomme a prouvé qu’il savait depuis belle lurette mettre ses plats à toutes les sauces (à droite comme à «gauche») et qu’il est passé Maître à préparer (et vendre) ses salades indigestes au gros gratin.