Monthly Archives: octobre 2010

Le JDD, délicieux canard… laquais.

1. Gaston Lagaffe, l’ami-BiBi, est aussi descendu dans la rue. Il y a rencontré un UMPiste. Cette Une, vous ne la verrez pas dans les Canards-Laquais suivants : dans le JDD et Paris-Match du Frère Lagardère, dans les Echos de Bernard Arnault ou dans le Figaro de chez Dassault.

2. Titre jubilatoire du JDD : «Le Mouvement patine, les Ultras se mobilisent». Qui patine ? La réponse de BiBi montre que c’est plutôt Chouchou qui patine (et qui reste de glace). Quant au Mouvement populaire, n’en déplaise au JDD du Frère Lagardère, il garde son sang-froid.

3. Jusqu’à dimanche, BiBi ignorait l’existence de Laurent Hénart, député UMP. Le JDD, toujours à la pointe du combat de démolition des acquis populaires, lui a offert une demi-page pour fustiger les français toujours aussi fainéants. Rendez-vous compte : de travailler le lundi de Pentecôte a permis de gagner plus de 2 millions d’euros. Gagner ? On ne saura évidemment pas où sont passés les millions gagnés. Ongles manucurés, cravate rouge et chemise rayée, cet ancien secrétaire d’Etat n’hésite pas : «Il faudra demander un jour de RTT aux Français». Allez ! Au turbin ! Et que ça saute !

A la question «Qui va payer ?», la réponse est admirable : «Je pense qu’il faut demander un effort à tout le monde». Merveilleux détournement de sens : «tout le monde» veut bien entendu dire : «Tout-le-Monde-à-l’exception-de-mes-amis-du-beau-monde ».

23 pépites d’Or de Georges Haldas.

BiBi a déjà « présenté » Georges Haldas, auteur de nombreux ouvrages parmi lesquels on trouve des recueils de poésie, des chroniques ou récits autobiographiques, des carnets. BiBi ne tournera pas autour du pot : Georges Haldas, scandaleusement méconnu sur nos terres « littéraires » françaises, est l’égal des plus grands. Lisant cela, il se moquerait probablement de BiBi. Morceaux choisis.

1. Pas assez de patience. Pourquoi cette hâte d’en finir, au moment même où la parole arrive ? Comme si était insupportable, pour toi, ce moment d’écrire, que par ailleurs tu ne cesses d’attendre, sinon d’appeler ou de solliciter. Comme un type qui trop longtemps désire une femme. Et quand celle-ci arrive, tout heureuse, par angoisse et précipitation, il bâcle. Et il n’y a plaisir ni pour l’un, ni pour l’autre. Ni pour qui écrit, ni pour qui lit.

2. Il faut avoir écrit 300 pages d’un livre pour commencer à voir qu’on n’a pas dit l’ombre de l’ombre de ce qu’on aurait voulu dire. Bien qu’on se soit mis – du moins l’avait-on cru – tout entier dans ce qu’on écrivait. A quel point ce qu’on appelle le don de soi parfois nous trompe.

3. Les littérateurs : pour eux, le commencement et la fin de tout est ce qu’ils écrivent. De quoi en rire.

4. Quand on relit ce qu’on a écrit, c’est toujours ce qu’on a omis de dire qui apparaît essentiel. Qu’en voulant atteindre, précisément, on a manqué.

5. Bonheur de rencontrer des êtres avec lesquels on se comprend avant d’avoir parlé.

6. Reconnaître nos erreurs et nos fautes mais ne pas se laisser submerger par elles.

7. Ce mélange, la nuit, d’épouvante et de confiance inébranlable. Tout se mêle dans les insomnies. Et c’est en elles que l’on surprend le mieux, avec ces prodigieuses composantes, la substance même de notre vie et ce qui détermine notre destin. Évoquer un jour quelques-unes de ces insomnies. Aussi parlantes que les rêves.

8. Le cri des hirondelles si intensément, si douloureusement lié à l’idée de bonheur.

9. Aller au bout de ce qu’on aime. Sans se préoccuper du reste.

10. Un Français ne peut pas se mettre à parler sans penser à l’effet qu’il va produire.

11. Les Français n’écoutent pas ce que vous dites. Attentifs seulement à votre manière de parler.

12. Ces embrassades et accolades entre «artistes». Une sorte de rite. Qui n’a rien à voir avec une fraternité véritable. N’en est même que la caricature. Gens de théâtre, de télévision, de radios. Leurs baisers de Judas. A de rares exceptions près.

13. Pas besoin de malheur pour être malheureux. Il suffit que le temps passe.

14. Certains êtres font, par leur seule présence, vivre ce qui les entoure. D’autres, au contraire, éteignent tout. Avec les uns, c’est la Fête continue. Avec les seconds, c’est le deuil continu.

15. N’est pas fait pour les fidélités celui qui n’est pas fait pour les ruptures.

16. Ce vide en toi, de plus en plus grand. Que nul effort, même celui d’écrire, ne parvient à combler.

17. Les souffrances inutiles et les souffrances créatrices.

18. L’Homme est une énigme que seule l’Eternité peut résoudre.

19. Des notations simples et précises. Plus efficaces que les «grandes pensées».

20. Loin de nous apaiser, écrire nous met la tête en feu. En ébullition. Une phrase en appelle une autre. Et celle-ci une autre encore. C’est comme les vagues de la mer. Mais aucune n’est ce qu’elle devrait être : assez précise ; assez solide à la fois sensitive ; assez organiquement reliée à l’ensemble. Bref à la fin de la journée de travail, on est plus dégoûté et las que si on n’avait rien fait. Ou si on veut : plus on a travaillé, plus on a le sentiment du devoir inaccompli. Triste chose. Mais quoi ? On a voulu écrire. On écrit.

21. Je rêvais que mes phrases soient des tisons enflammés mais elles se traînent comme des limaces.

22. Ce mot d’Hemingway : «Pendant le jour, il n’y a rien de plus facile que de jouer au type qui s’en fout, mais la nuit c’est une autre affaire».

23. [A ceux qui luttent] : Ouvrir les yeux pour regarder la réalité en face. Et les fermer pour reprendre courage.

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Réponses au QUIZZ-BiBi du week-end :

  • 1. Alain MINC. (Canard Enchaîné du 14 octobre).
  • 2. Eric De MONTGOLFIER dans l’avant dernier numéro de Bakchich.
  • 3. Xavier BEAUVOIS. Interview dans l’Express.
  • 4. Matthieu PIGASSE du Monde, des Inrocks, de Télérama etc. Interview dans l’Express.
  • 5. Xavier MATHIEU délégué CGT des « Conti » (Télérama du 16/22 octobre)
  • 6. Guillaume SARKOZY, frère du Président. (Source : Médiapart).
  • 7. Jean-Louis BORLOO  (Le Canard Enchaîné du 14 octobre).

Le Quizz-BiBi du week-end.

1. Ce jeudi, sur le France Inter de Val, Jean Claude Gaudin est venu nous intimider avec un rappel à l’Histoire. Il y eut un raz-de-marée pour l’UNR (parti gaulliste d’alors) à la sortie de Mai 68. Un autre ami de Sarkozy nous raconte les beaux moments de Margaret Thatcher : «Un mouvement dur est une chance pour Sarkozy. Face à une grève reconductible, il y a du monde dans ce pays pour soutenir une réaction à la Thatcher. Je rappelle tous les jours à Sarkozy qu’il y a toujours une majorité pour combattre la chienlit». A qui donc BiBi aimerait botter les fesses ?

2. Cet Homme de Justice nous livre ses états mélancoliques : «Quand la Droite, attaquée sur l’Affaire Woerth, répond à la Gauche en criant : « Mitterrand ! Mitterrand ! », qu’est-ce que cela veut dire ? Quel message fait-elle passer ? « Que vous l’ayez fait justifie que nous le fassions à notre tour ? » On fait aujourd’hui ce qu’on critiquait hier : mais dans ces conditions, on ne peut que régresser… ».Il l’a dit avec justesse, non ? Qui est-ce ?

3. Cet Homme de cinéma y va de ses tendres paroles : «Nicolas Sarkozy est apparemment très intéressé par le (mon) sujet. Il en parle régulièrement dans ses discours. D’ailleurs, pendant le film, il n’a pas bougé, ni passé un coup de fil ! [Incroyable, non ?] Dans la salle, il y avait aussi Frédéric Mitterrand, Rémy Pflimlin [Raison de sa présence ?], Carla, Costa-Gavras». Il en devient même intarissable : «Le Président m’a dit que je m’ intéressais avant tout aux hommes qui vivaient sous leur uniforme… Il a tout compris à mon cinéma». Qui est celui qui, visiblement, de son côté, n’a rien compris à l’uniforme du Président et à ce qu’il cache dessous?

4. Quel est ce patron de presse, roi de ces banalités? «La meilleure façon d’assurer la redistribution et l’égalité entre les individus, consiste à favoriser le risque contre la rente [comme Kerviel à La Société Générale ?], à donner à chacun la possibilité de changer sa vie. C’est cela la gauche : donner à chacun sa chance» ou encore : «Je crois qu’il est encore trop tôt pour faire le bilan de Nicolas Sarkozy. Il a été confronté à une crise sans précédent».

5. Il a été au centre de la Grande Querelle de la semaine entre Jean-Luc Mélenchon, Revel, Aphatie et Mougeotte dans l’émission de RTL. Il dit avoir aimé le film de Gérard Mordillat «Les Vivants et les Morts». Un film qui – espère BiBi – va tout casser… Que Pujadas soit ou non d’accord. Qui est cet inconnu qui a connu une audience continentale  durant son combat?

6. C’est Médiapart qui nous révèle cette partie d’échecs jouée dans l’ombre. «Il a engagé son entreprise dans une politique visant à en faire un acteur majeur de la retraite complémentaire privée. Et il a trouvé des alliés autrement plus puissants que lui, en l’occurrence la Caisse des dépôts et consignations (CDC), le bras armé financier de l’État (elle gère le Fonds de réserve des retraites) et sa filiale la Caisse nationale de prévoyance (CNP), présidé par le Copain-coquin, François Pérol. Ensemble, tous ces partenaires vont créer, le 1er janvier prochain, une société commune qui rêve de rafler une bonne part du marché qui se profile. Cette société n’aurait jamais vu le jour sans l’appui de l’Élysée». Citez le nom de ce bénéficiaire au nom célèbre et au prénom très conquérant.

7. Avec qui Anne-Marie Idrac, la sous-ministre du Commerce Extérieur a partagé son dîner ? «Nous avons passé en revue toutes les grandes questions pendant une heure et demie, c’est toujours très agréable. Cela se passe autour d’un verre de vin blanc et d’un paquet de cigarettes».

Plus besoin de retourner votre ordinateur… Les réponses vous seront données dans le prochain billet !

1980/81 : Bashung et Gainsbourg à l’interview.

BiBi s’est replongé dans ses vieux numéros de Rock et Folk et pour ce premier article Interviews, il s’est arrêté sur Alain Bashung  (les extraits d’interview datent de mars 1981) et sur Serge Gainsbourg (janvier 1980).

_________________________________________________ ALAIN BASHUNG.

En mars 81, Bashung a trente trois ans. Il sort de son grand succès « Gaby » (Un million de disques vendus).
« Je ne sais pas si c’est une question de philosophie mais moi j’ai toujours besoin de laisser des petites portes ouvertes ».

Sur le fait de rester en studio.
«J’ai besoin de surprises. Des fois, on me dit que des mecs comme Eagles restent des mois et des mois en studio. Je me demande comment ils font ! Au bout d’un moment, tu « n’entends » plus rien. Ou alors il faut LE producteur qui voit ça de loin, qui garde ses distances mais pour moi ce n’est pas le cas. Je m’occupe tout seul du truc».

De travailler sans producteur :
« J’ai l’idée d’un certain son et aussi l’idée que je veux raconter. Tout. Alors, si je dois passer cinquante pour cent de mon temps à l’expliquer à quelqu’un… pfff…le temps de l’expliquer, j’ai déjà changé d’avis. Je pense déjà à autre chose : ça ne m’avance à rien».

Avec Boris Bergman :
« On ne peut pas dire que l’un ou l’autre fait la musique, les paroles. En fait, « on » fabrique des chansons. Ensemble. On ne sait pas d’où ça vient. On passe des journées entières à ça. C’est à la virgule près ! Six heures pour trouver un mot. Remarque, des fois, on fait la chanson en… je ne dis pas dix minutes, mais une heure. Il y a même des morceaux qu’on fabriquait carrément en studio ».

Sur le son mélancolique, triste :
« Pour moi, si on est parfois triste, ça ne veut pas dire qu’on est malheureux ! Et par ailleurs, raconter un truc gai, tra la la, ça ne m’a jamais fait rire vraiment. A part les tartes à la crème dans les vieux Laurel et Hardy. Là c’était génial. Mais faire de la tarte à la crème pendant cent ans… c’est pas très drôle ».

_____________________________________________________ SERGE GAINSBOURG.

Gainsbourg est interviewé par Thierry Ardisson et Jean-Luc Maître. La rubrique s’appelle «Descente de Police». Nous sommes en janvier 1980 et «L’Homme à la Tête de chou» a 52 ans. Il lui reste encore 11 ans à vivre.

Le prénom Lucien. « Lucien… Maintenant, ça passe mais il y a trente ans, c’était un prénom de garçon-coiffeur. Je voulais m’appeler Julien à cause de Julien Sorel le héros de Stendhal. Après je suis tombé sur Lucien Leuwen, autre héros du même : ça m’a réconcilié un temps avec mon vrai prénom puis j’ai choisi Serge. C’est important le prénom, c’est la pulsation sonore que l’on entend le plus souvent. Par exemple, ma fille s’appelle Charlotte, c’est un prénom rigolo, eh bien, c’est une rigolote ! »

Au hasard. « J’ai habité Rue Chaptal. Face à la SACEM : c’est un signe, non ? »
« Une sœur. Jumelle : Liliane ! »
« J’ai eu une éducation athée. Très hâtée aussi
». «Les gens ont fini par admettre ma gueule mais pas moi. Je voulais ressembler à Montgomery Clift»

Avec les filles :
«ça allait, je me faisais jeter par les putes parce que j’étais trop jeune. C’était le seul problème».

Le mariage : « J’ai été marié. Je crache ma pension tous les mois, personne ne la connaît. Je ne dirai pas qui c’est : ça je ne peux pas».

Les disques : « J’écoute Cochran, Parker, Otis Redding : j’écoute les morts ».

Travail : « Il faut penser au peintre japonais qui regarde une fleur pendant trois mois et qui la croque en trois secondes. Et puis, après vingt ans de métier, j’ai assez de technique pour cracher mes chansons dans les trois heures qui précèdent la séance (…) De toute façon, je travaille vite, c’est pas un mythe ! Sauf pour mon bouquin : sept ans!»

La cigarette. « Je fume parce que je ne sais pas quoi faire de mes dix doigts ».

Les Copains. «J’en ai très peu, à part Jacques Dutronc et Wolfsohn. Le reste, ce sont des rencontres de boîtes. J’ai toujours été déçu par les amitiés… Je compte mes amis sur les doigts de la main gauche de Django Reinhardt. Quand j’avais 15 ans, je voyais des gens de trente ans, quand j’avais 30 ans, je voyais des gens de cinquante ans; alors maintenant que j’en ai cinquante…».

Thonon les Bains : la Manif’ du 12 octobre 2010.

Les manifestants furent plus nombreux qu’à l’ordinaire. Les lycéens ont apporté leur soutien à ceux qui s’inquiètent des retombées de cette réforme inique.
En réponse au Président, ce défilé du 12 octobre 2010 à Thonon les Bains fut encore plus coloré et plus bruyant que d’habitude.
L’a t-il entendu cette fois-ci ?
L’a t-il même vu ?
On remettra donc ça le 16 pour lui déboucher les oreilles et lui ôter ses Ray-Ban.