Monthly Archives: février 2010

Les amnésies du Journal du Dimanche.

Askolovitch et Alzheimer.

Notre Journaleux squatte les pages deux et trois du JDD. Dans l’article central, il dote Eric Besson d’un «patriotisme romantique». Il juge que la Gauche contre Besson s’est libérée «jusqu’à l’odieux» car elle a comparé le «gourmand» Besson aux collabos Laval et Déat. L’édito du Toutou-Lagardère s’intitule… « Islam ». «Chaque jour qui passe, l’étau verbal se resserre autour des musulmans de France, sans cesse regardés comme infiniment étrangers, alors même qu’ils ne sont que de chez nous». Monsieur oublie que son journal dominical a participé à cet étau verbal. Il aurait du écrire : «Chaque Dimanche qui passe… ». La preuve de cette gigantesque Manip’ ? Sur la même page, une photo de femmes voilées, un titre : « A Tours, manifestation ou provocation».

Bad Story.

BiBi est souvent surpris par la tiédeur de certains estimés intellectuels français. Benjamin Stora, historien, est en effet bien indulgent avec Nicolas Sarkozy. Il en est encore à croire qu’il peut «acquérir une légitimité pour aborder les questions historiques». Cher Monsieur, il y en a qui ne pourront pas «acquérir» cette «légitimité», ce sont les élèves des Terminales S qui verront la suppression de l’Histoire à la rentrée prochaine. Pas un mot de notre Historien là-dessus : Bad Story et Bad Stora.

Jean-Baptiste Descroix-Vernier.

Ce Capitaine de la Nouvelle Economie a droit à une page trois. Si vous l’ignorez, ce cher JB est le créateur de Rentabiliweb, cette généreuse Société qui avait promis de distribuer des billets de banque gratuitement aux Parisiens. BiBi ramène en contrepoint deux extraits de journaux qui nous en parlent autrement que le JDD :

1. Le Canard Enchaîné (18 novembre) : «La Société Rentabiliweb dont les sites pour adultes réservent plein de surprises, compte pour associés Bernard Arnault, Stéphane Courbit, Jean-Marie Messier, Alain Madelin, le groupe AXA, HSBC, Natixis».

2. Alain Madelin, le Président du Fonds de Solidarité Numérique (FSN) aurait, selon La Tribune de Genève, des « liens d’affaires avec des sites pornographiques – via la Société Rentabiliweb qui regroupe en son sein des Sites adultes ». Les mauvaises langues – pas celle de BiBi – diront que JBDV a peut-être fait la distribution au JDD pour être ainsi en page trois. Le Monde est méchant, non ?

Etonnant et détonnant.

En page 8, BiBi apprend qu’il existe des «candidates à l’attentat-suicide» qui «pourraient utiliser des implants mammaires remplis de penthrite». Heureux BiBi qui adore les femmes explosives. Et pas que les blondes.

Brazil.

Paulo Nogueira Batista, responsable brésilien du FMI, a déclaré que l’Europe « montrait des signes du déclin » et qu’elle était « la principale force rétrograde dans les institutions financières internationales ». BiBi interpelle derechef Nicolas Sarkozy : «Dis-moi, Chouchou, tu l’as lu, là ? »

Ah les Polémiques !

A l’instar des débats contradictoires de France-Info entre le révolutionnaire Joffrin et la réactive Sylvie Brossolette, le JDD nous invente le sien avec l’éternel débat sur l’éternel féminin : Femme-Mère, Allaitement, Féminisme… avec deux figures : Edwige Antier, députée UMP et pédiatre et Elisabeth Badinter. Comme c’est curieux : le JDD n’ose pas donner les Titres de Madame Badinter. Heureusement, BiBi veille : Madame B. a contribué par ses grandes largesses au Davos des Femmes de Deauville en y engageant son entreprise (Publicis). Madame Badinter est la 61ième fortune française avec ses 460 millions d’euros. Voila, c’était la minute de pub(licis).

Tout Schuss.

Vertueux Jean-Claude Killy (page 23) qui a préféré les roubles sûrs des Jeux de Sotchi au désastre annoncé de la Mascarade Annecy-2018. Elégant Killy : il veut nous faire croire que le Champion Edgar Grospiron, plus habitué des boites de nuit que des arcanes de l’Olympisme, est un parfait porteur du Projet 2018. Suite du Conte haut-savoyard au prochain numéro du JDD ?

Sentences clandestines.

Peu de bruit et de protestation au sujet de Christiane Chocat qui a été condamnée à trois ans ferme. Son fils de 20 ans, a, lui, pris cinq ans. Ils avaient aidé des immigrés clandestins à passer en Angleterre. Putain, dans quel Monde vivons-nous ?

BiBi voyage dans les blogs.

Un début de soirée pépère.

BiBi a passé sa soirée de Vendredi à surfer sur des blogs, blogs amis et blogs proches. Il a visité plus particulièrement Rimbus, FalconHill, Mtislav et, une fois n’est pas coutume, Nicolas-premier au Hit Parade Wikio. Chez les premiers nommés, une intervention a retenu son attention. Chez Mtsilav, l’article portait sur l’Arnaque de Wikio. Le Classement Wikio parait chaque début de mois. L’article-Mtislav dénonçait un type relativement inconnu arrivé en première position (Catégorie Divers) et détaillait la Manipulation. BiBi y a déposé un commentaire.

Des articles qui méritent le détour.

Curieux de savoir légitimement où se situait son blog dans la blogosphère, BiBi est allé voir ce cher Nicolas, le bloggeur Force One de Wikio, pour lui demander précisément le nombre de ses visiteurs. Il a répondu – sans s’énerver – 25000. («Sarkofrance, le deuxième, fais au mos 50% de plus que moi. Intox2007 doit faire un plus que moi. Le Coucou, le quatrième, fait moins mais diffuse ses chiffres tous les mois. Marc Vasseur  fait comme moi »). Plutôt satisfait de sa réponse, BiBi s’en est allé visiter d’autres blogs. Celui en particulier de Rimbus qui défendait avec intelligence Denis Robert .

Autre blog suivi par BiBi dans cette soirée, celui de la Maison de Falcon avec un article hyper-intéressant. Falcon Hill rapporte en effet une enquête sur les blogs aux USA avec des chiffres qui interrogent. « Les chiffres sont terrifiants. Seuls 52% des ados lâchent des com’s, contre 76% en 2006. C’est la preuve ça coco ! Et pire que ça : en France, seul 45% des internautes de 12 à 17 ans lisent des blogs ! Et seuls 35 % en animent ! En 2007, une époque où Jacques Chirac était encore Président, y avait 72% de lecteurs, 37% de blogueurs ! » BiBi pose alors le commentaire suivant : « Aujourd’hui, il y en a certains qui trouvent que des articles à 10 lignes, c’est épuisant à lire. Aux USA, lors de la campagne présidentielle à la TV, l’argumentation moyenne d’une intervention, c’était… 7 secondes. Aujourd’hui, on pourrait expliquer la montée de l’extrême-droite et des pouvoirs populistes par la réduction de l’argumentation au Slogan.
Il n’est pas étonnant que des articles de blogs soient perçus comme trop longs pour les jeunes américains de la middle-class.Ils aiment l’humour à toute vitesse, la pensée (ou son absence) à toute vitesse donc ils choisissent FaceBook ( les Oh les Ah les Hue) et Twitter. BiBi a confiance en son blog et finira en Don Quichotte
 ».

L’Agenda-papier : l’Arme du Blogueur.

Petit sujet de cet article : les Agendas.

Petite nouvelle sur ce petit sujet : les Agendas en papier résistent à l’électronique.

Malgré la concurrence et les prouesses de la téléphonie mobile, les agendas traditionnels continuent d’être très prisés. Pour BiBi, l’objet chéri est indispensable : il en fait un usage quasi-quotidien avec des notes pour son blog : pensées cueillies des cerisiers, aphorismes abrupts, phrases pêchées au vol des perdreaux, propos de cafés crème, interpellations, commérages et dérapages, mots d’enfants et d’ados, relevés précis de revues, de journaux et autres feuilles de chou.

Un fouillis, une accumulation en vrac, une écriture serrée, un inventaire sans but : c’est l’Agenda – nommé par BiBi « Carnet de Bal » – investi comme un Nainain de Bébé, un objet transitionnel indispensable, un Carnet chéri, une réassurance sur la Vie (ou contre elle), un réconfort, un puits où se désaltérer. Bref, un rapport au Monde.

Ces agendas tracent souvent la chronique de nos jours. Pour le grand bonheur de BiBi, son utilisation n’est pas en perte de vitesse et ses ventes ne fléchissent pas. Il parait que ce sont les versions à anneaux rechargeables qui sont les modèles préférés.

Les agendas se chargent, s’alourdissent d’écritures, d’encres différentes, de pages sautées, de blancs sans raison, de paragraphes chaotiques, de parcours fléchés, de lignes serrées. Ils s’étoffent, ils grandissent, ils grossissent, ils changent, ils se salissent, ils s’écornent. Essayez de faire la même chose avec un Smartphone : impossible. Avec ses agendas, BiBi a ses petites habitudes. Ainsi, en le renouvelant, il cherche de préférence un élastique (comme pour ceux des journaux intimes), une couverture à la fois suffisamment solide et souple. Pas de petits carreaux, plutôt des lignes discrètes. Depuis deux ans de blogs, ses Agendas s’accumulent sur son étagère. Ils regardent BiBi d’un air malin mais plein de tendresse.

Le simple fait de les toucher, d’en feuilleter les pages à toutes vitesse rend le Temps visible. Les feuilleter : comme si BiBi déshabillait l’être aimé (Un effeuillage)… Dans cette subtilité tactile, dans ce toucher recommencé, l’équivalence imparable d’un geste amoureux.

Blagues de potaches autrichiens.

L’extrême-droite autrichienne a relevé la tête lors des dernières élections législatives. Les Pays européens – pays frères – avaient parlé sanctions puis restrictions, puis mesures inamicales. Dix ans après, du vent et des silences coopératifs.

La Hypo Alpae Adria, banque basée à Klagenfurt, a été la banque du Politicien à la chemise brune, Jörg Haider. Le Monsieur est mort mais son argent bouge encore. Avec l’aide de la banque allemande – la BayernLB – et le club local de foot, ses amis ont blanchi l’argent sale du défunt. La liste est longue : voyages en Lybie, cadeaux aux électeurs, crédits accordés, bilans retouchés, flots d’argent engloutis dans les Balkans, délits d’initiés.

En 2000, le Gouvernement Chirac-Jospin criait «haut et fort» : «On va vous isoler. L’Autriche va le payer cher». On échafaudait des «mesures inamicales», on parlait à voix très basse de «sanctions», de «restrictions». Bilan dix ans après ? Du vent.

Avril 2009 : des lycéens viennois sont expulsés d’Auschwitz pour paroles déplacées. Plus récemment, lors de la Cérémonie de commémoration de la libération du Camp de Mauthausen, d’anciens déportés français et italiens ont été agressés par des adolescents défilant au pas de l’oie et imitant le salut hitlérien. «Des blagues de potaches» a lâché en souriant Heinz-Christian Strache, patron du FPÖ.

Aux dernières élections législatives, l’extrême-droite, divisée en deux Partis (le FPÖ et le BZÖ) est sortie renforcée du scrutin. On est loin des cris d’épouvante d’hier : aujourd’hui, les Pays frères se taisent, s’habituent, banalisent, réservent leur indignation contre Chavez et contre l’Iran. En Italie, Berlusconi s’est acoquinée à l’extrême-droite. En Slovaquie, les chemises brunes sortent dans la rue. En France, on supprime les Cours d’Histoire et on offre des tribunes télévisuelles à Marine LePen. Et BiBi ne compte pas sur William Goldnagel, nouvel élu du CRIF, pour protester.

Le bonheur n’est pas un bon sujet pour le Poète.

Trois extraits, trois diamants. L’un de Robert Walser. Les deux autres de la poétesse russe Marina Tsvetaeva.

«  Le bonheur n’est pas un bon sujet pour le Poète. Il se suffit trop à lui-même. Il n’a pas besoin de commentaires. Il peut dormir replié sur lui-même, comme un hérisson. En revanche, la souffrance, la tragédie et la comédie sont bourrés de forces explosives. Il n’y a qu’à savoir y mettre le feu au bon moment. Alors, elles montent au ciel comme des fusées pour illuminer tout l’espace ». (Robert Walser) 

« [Sur l’écriture]. J’obéis à quelque chose qui, sans cesse, mais de façon discontinue, résonne en moi, qui tantôt me dirige, tantôt me commande. Quand cela dirige – je discute, quand cela commande – je me soumets ». (Marina Tsvetaeva).

« Mon but, lorsque je commence à écrire, n’est de réjouir personne, ni moi-même, ni un autre, c’est de créer l’œuvre la plus parfaite possible. La joie vient plus tard, après l’achèvement. Le chef d’armée qui engage le combat ne songe ni aux lauriers, ni aux roses, ni aux foules, – il ne pense qu’au combat et moins à la victoire qu’à telle ou telle position qu’il faut conquérir. La joie vient plus tard et elle est grande. Vient aussi une grande fatigue. Cette fatigue, après l’achèvement de l’œuvre, je la respecte. Elle signifie qu’il y avait quelque chose à vaincre et que l’œuvre ne s’est pas donnée pour rien. Donc cela valait la peine de livrer le combat. Je respecte aussi la fatigue du lecteur. De lire mon œuvre t’a fatigué – donc tu as bien lu et tu as lu quelque chose de bien. La fatigue du lecteur n’est pas dévastatrice, elle est créatrice, co-créatrice. Elle fait honneur au lecteur et à moi-même ». (Marina Tsvetaeva. Le poète et la critique).