Monthly Archives: août 2009

Asphalt Jungle : Guy Pellaert, Tarzan et Jane.

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BiBi a préféré les  salles fraîches du Musée Maillol aux rives ensoleillées de Paris-Plage. Rue de Grenelle déserte, terrasse de café sous un soleil de plomb et là, tout à côté, le théâtre du Vieux-Colombier où Antonin Artaud fit sa célèbre Conférence devant un Tout-Paris médusé.

BiBi est venu voir les œuvres exposées de Guy Peellaert au second étage. BiBi avait beaucoup apprécié les planches du touche-à-tout belge dans les vieux numéros de Rock&Folk. Il retrouve là l’originalité et la singularité de Guy Pellaert, décédé il y a peu. La planche se situe dans un entre-deux : entre la photographie et le dessin, entre l’encre et le grain argentique. Les 30 planches de l’album «Rock Dreams» paru en 1973 avaient touché à vif BiBi et ses amis, fans de Rock and Roll première et seconde génération. Les oeuvres sont exposées dans une double salle avec des mesures de Rock en fond sonore.

Un tableau touchant : Ray Davies, leader des Kinks, pousse un landau dans la banlieue ouvrière de Londres. Est-ce Chrissie Hynde à ses côtés ? Dylan (il y avait mieux à faire), Ray Charles ( magnifique, à la façon du Belmondo de Godard en voiture), Cochran qui mate trois jolies filles dans la rue, Paul Anka, Chuck Berry chez le barbier. Les Stones à l’entrée, propriété de Jean-Bernard Hebey et les Beatles façon Strawberry Fields for ever complètent l’expo. Toutes les planches exposent les Stars dans un embryon de fiction. A chaque visiteur de poursuivre l’histoire esquissée. Et ces visiteurs sont potentiellement nombreux car, rappelons qu’entre 60 et 75, il était très difficile d’«échapper» aux mythes musicaux américains.

Au premier étage, BiBi esquissera de petits sourires aux dessins et aux tableaux de George Condo. Le programme de l’entrée dit que les œuvres de ce peintre américain sont autant de «gifles au Consensuel». BiBi pense que le cynisme, le j’men foutisme, l’apolitisme des créateurs d’aujourd’hui s’accommodent parfaitement de l’humour-dérision, façon «Trois Nickelés» de Condo. Cela mérite t-il pour autant deux étages ?

Tarzan et Jane

Pour assouvir sa fringale, BiBi sauta dans le métro, direction Musée du Quai Branly pour l’expo (décevante) sur Tarzan. Seul intérêt, l’épisode retracé de la Censure d’une Jane dénudée. La Revue française «Tarzan» publia les dessins de Rex Maxon en 1947 mais elle tomba bien vite sous le coup de la loi de 1949 qui réprima tout écart. Dans les Commissions de contrôle d’alors, il y eut unanimité : les Catholiques aidés des Communistes arrivèrent à leurs fins. On rhabilla Jane puis on fit interdire la revue. Tarzan, lui, n’eut pas les mêmes problèmes de censure puisqu’il n’ôta jamais son slip-panthère…
L’expo délivre très peu de renseignements sur le créateur de la créature, Edgar Burroughs, presque rien sur la vie et la mort de Johnny Weissmuller. A tout prendre, pour vous éviter une entrée à huit euros cinquante, la gratuité vous attend dans les deux articles de BiBi :

De Charleville au Jardin du Luxembourg.

De Charleville au Jardin du Luxembourg.

Paris, mardi 4 août, Jardin du Luxembourg.

De retour du local de l’hebdo «Vendredi» où tous sont en vacances aoûtiennes, BiBi a passé son après-midi à lire le Libération du jour et à fureter dans les boxes des livres d’occasion, boulevard Saint-Michel. Il a trouvé et acheté pour un euro «Ego Surf», journal de l’an 2000 d’Arnaud Viviant.

Au Jardin du Luxembourg, BiBi a tiré une chaise à l’ombre d’un cyprès nain, tout près du grand bassin. A la page «Rebonds»du quotidien, il a suivi l’indignation d’Emmanuel Terray, rédacteur de l’article : «Enfants internés : la honte». Eric Besson, copie conforme de Brice Hortefeux, amplifie sa politique d’internement des enfants en Centre de rétention à Metz et ailleurs. BiBi ne connaît ni la famille albanaise Isufi résidant à Charleville, ni les trois enfants Tatli de Lure, arrêtés à leur domicile.

BiBi relève la tête, regard perdu sur la façade du Sénat éclairé par un chaud soleil. Les paroles feutrées des badauds contiennent à grand-peine sa colère. Autour du grand bassin, un môme court à droite, fait demi-tour, repart une nouvelle fois en sens inverse. Armé d’un bâton au bout ferré, il tente de diriger le bateau en modèle réduit que Papa et Maman lui ont loué pour un petit quart d’heure. Toutes joies que ne connaîtront ni Zandale, ni Godge, ni Guriezm.

Replongé dans le livre d’Arnaud Viviant, BiBi regrette dès les premières pages son euro pas symbolique du tout. Les photos noir et blanc sauvent la mise. BiBi imaginerait bien la sienne : des enfants à Charleville et Metz se taisent, à l’ombre. Noir. D’autres, à Paris Sixième, pépient au soleil. Blanc.

BiBi, témoin des Jehovah.

BiBi, témoin des Jehovah.

Dimanche soir, Tour Eiffel.
Toujours la grande foule sur le parvis du Trocadéro, avec cette évidence : bien peu de visiteurs parlent français. BiBi a eu envie de revoir cette Tour Eiffel qui clignote à 23heures : il criera sûrement de joie lorsque toutes les lumières se mettront à danser. Mais tout à coup, drôle d’impression, il se sent cerné. Il remarque les badges sur les poitrines de belles polonaises, les mêmes encarts bleutés accrochés aux vestons des patriarches mexicains, américains et les inscriptions (avec nom et adresse) sur les tissus colorés de très chics hindoues. Sur les jardins du Champ-de-Mars, des cantiques attirent  la foule. BiBi découvre alors qu’il s’agit d’un rassemblement important de Témoins de Jehovah. On les estime à 60000 sur Paris.
BiBi n’a rien contre les religions, il se pencherait même avec gourmandise sur la vieille Bible et les textes sacrés. Il pense que la lecture (et non l’ânonnement) des textes sacrés est une belle invention humaine pour se consoler d’être mortel. Là où, par contre, BiBi décroche, c’est lorsqu’il suit leur raisonnement et leur façon d’appréhender le Réel. Ainsi, Gilles Pinheiro, conseiller en Com de nos Témoins, lâche dans Libération : «Le thème «Veillez» a été choisi par rapport à l’état du Monde actuel. Nous devons vérifier si les évènements planétaires récents correspondent aux Prophéties avancées dans les textes sacrés (…). Ce pourrait être prochainement l’avènement du Royaume de Dieu».
Avec ces Prophètes (mineurs ou majeurs), l’Avenir est déjà écrit. Ils le veulent conforme à leurs interprétations. Le Malheur ( la Joie parfois, jamais la Jouissance – toujours maudite) est leur pain quotidien.
BiBi aime sentir le Monde palpiter et il estime qu’il faut du temps et de l’ignorance pour en saisir les vibrations et les secousses. Les messages de ces Témoins (quel beau mot pourtant) ne laissent jamais de place à l’improvisation, à l’inattendu, à la Confusion, à la violence des Sentiments  et à la douceur d’en jouir.  BiBi espère encore que jamais le Paradis ne descendra sur Terre (Le Paradis, ce Temps de perfection, doit être d’un ennui mortel), il croit que la lutte entre le Bien et le Mal (pour aller vite) restera un processus inachevé et une énigme. Et il sait plus que tout qu’il ne sera jamais un petit Ange docile (trop de pulsions et d’impulsions incontrôlées).

Bernard Arnault fait son marché.

Bernard et Laudonia

Bernard Arnault a déclaré «compter sur l’efficacité de ses équipes pour poursuivre ses gains de parts de marché». (Figaro du 28 juillet) Il fait le bilan de cette dernière année : chute dans l’horlogerie, la joaillerie, assèchement dans le champagne, dans son pôle vins&spiritueux mais gros bonus pour Sephora, Go Voyages, Louis Vuitton et surtout pour les parfums Dior.
LVMHhmmmmh : ça sent toujours aussi bon.

L’amie de Bernard, Laudonia Pucci, fille d’Emilio Pucci (inventeur du prêt-à-porter italien) a eu droit à un beau portrait dans le Figaro du 29 juillet. Gardienne du Temple de son papa, elle avait vendu 67% de ses parts à Bernard en l’an 2000. Cette année, elle n’a pas voulu passer ses vacances à Capri pour des raisons bien compréhensibles : «Avec trois enfants, monter et descendre le chemin de cette île escarpée, ce n’est vraiment pas très pratique. Je préfère partir aux Philippines».
BiBi s’étonne que le généreux Bernard et sa belle Hélène (surement un peu triste de n’avoir pas très bien vendu son dernier livre) n’aient pas invité, sur leur yacht Amadeus (30 millions d’euros) qui mouille près de Miami Beach, cette «fine femme d’affaires», cette «vestale contemporaine». BiBi souhaite un bon séjour à Manille à celle qui porte loin la griffe de son père et pour qui «les vacances sont faites pour m’apporter la Paix mentale».