Category Archives: Blogs et Revues de Presse.

Instantanés sur Le Monde.

Scandale.

Un lecteur écrit au Monde et souligne à juste titre ce scandale : «64726 personnes sont actuellement incarcérées (…) dont 26% de prévenus, qui ne sont pas définitivement condamnés. Cela veut dire que plus d’un quart de la population carcérale n’a rien à faire derrière les barreaux puisque tout individu est présumé innocent jusqu’à sa condamnation définitive». (Source : Le Monde du samedi 13 août).

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Gloire aux vieilles gloires.

BiBi a entendu des voix de «gauche» affirmer que l’Armée Française avait beaucoup changé et qu’elle ne servait pas uniquement à forger un idéal démocratique en Afghanistan. Dans Le Monde (article : «Une société américaine forme les militaires de l’Union Africaine») on apprend qu’une «quarantaine d’anciens militaires sud-africains, scandinaves et français, appointés par Bancroft Global Development – société US spécialisée dans la sécurité – entraînent les soldats africains de l’Amisom (force de l’Union Africaine en Somalie)». L’un des formateurs est français (Richard Rouget âgé de 52 ans). Il est présenté comme un «costaud, ancien officier de l’armée française». Tout à fait conforme au genre de bonhomme dont Ségolène Royal vante les mérites pour encadrer militairement les mineurs délinquants. (Source : Le Monde du 15 août).

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 Un écologiste-bonbon.

Stéphane Sitbon, 24 ans, est le conseiller politique de Cécile Duflot. Dans un article dithyrambique sur la capacité de travail du jeune Stéphane, Le Monde nous apprend que notre Stéphane est à l’affût de tout. Il inspecte tout ce qui concerne la vie politique de Madame Duflot. C’est «un travail de titan toujours dans l’ombre». On apprend aussi qu’il part souvent à toute vitesse «acheter des bonbons Haribo» à sa Cheftaine. Sans ces bonbons, soutient-il,«elle ne fait rien»! BiBi propose qu’on surnomme le Superman Vert : l’Inspecteur HarryBo. (Source : Le Monde du 13 août).

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ETG et Frank Riboud, le Boss.

Frank Riboud, Boss de Danone – qui a touché 5,2 millions d’euros en 2010 et encaissé 800000 euros de stock-options (Source : Le Canard Enchaîné) – a injecté généreusement 3,5 millions d’euros dans son Club de Foot. Le Patron de l’Industrie agro-alimentaire, n°1 mondial, ne veut pas qu’on accole à l’Evian-Thonon-Gaillard l’étiquette de  «Club Danone dépendant». Soit ! Mais souhaitons que les joueurs (anciens ou nouvellement arrivés) ne prennent pas trop le Club pour une Vache à lait et que, lors de cette saison de Ligue 1, ils ne joueront pas aux Ruminants sur l’herbe de leur terrain de football. Soyons justes : après 2 matches, ce sont eux qui font brouter leurs adversaires. (Source : Le Monde du 15 août).

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 BiBi ne sera pas premier.

BiBi pensait obtenir une Médaille de Stakhanoviste chez les Blogueurs mais il ne montera pas sur la plus haute marche du podium avec (pourtant) ses 997 articles sur trois ans et demi de blog. Le blogueur Manuel Dorne, dit «Korben» a écrit en moyenne 5 articles par jour et il a dépassé en 7 ans les 5000 articles (soit plus de 700 par année). Le bonhomme revendique 60.000 visiteurs uniques par jour (contre 350 à 400 à BiBi). Finalement, si l’on veut la médaille d’or, il n’y a plus qu’à ouvrir un blog «Pensez Korben». (Source : Le Monde du 13 août).

La traversée du Monde en Express, le JDD sous le bras.

Le JDD du 7 août : Sarkozy a rappelé François Baroin. Notre Ministre est revenu de sa Creuse estivale où il passait des vacances… à l’économie. Quant à sa compagne Michèle Laroque, ça fait longtemps qu’elle est revenue… de Las Vegas (où elle continuerait de payer ses impôts sans le vilain Canard Enchaîné).

Le JDD du 7 août : Stéphane Richard affirme, péremptoire : «Bernard Tapie n’a jamais rencontré Christine Lagarde avant la décision des arbitres». Voudrait-il nous faire croire que, pendant tout ce temps-là, Nanard était resté tapi.

Pulsions intertextuelles : Télérama, Montaigne et Laurent Bigorgne.

BiBi aime s’apercevoir que, par delà les siècles, des écritures sont comme des wagons. En les rapprochant, en les raccrochant, on se trouve embarqué dans des trains incroyables. En les mettant bout à bout – Ô surprise – voilà que ça roule ! Imperceptiblement les mots, les phrases et leurs sens retrouvent des couleurs semblables, un rythme commun. Voilà qu’elles finissent par dire les mêmes choses, des choses éternellement et terriblement humaines.

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Télérama et Montaigne.

Ainsi, lisant cette lettre tirée du courrier de Télérama, BiBi découvrit une analyse inédite, très juste et très fine, sur le rapport à l’autre (envisagée ici dans le cadre d’interviews de journaleux).

Les liens chez BiBi se font plus rapides encore que chez les Premiers des Classements Wikio. Il s’en alla derechef tirer le tome des Œuvres Complètes de Montaigne, se souvenant que le génial écrivain (dont l’Institut de Claude Bébéar, roi des stock-options, n’a guère eu de scrupules à s’affubler de son nom) avait aussi écrit là-dessus :

Montaigne et le Directeur de son Institut.

L’aventure-BiBi de sa pensée continua lorsqu’il lut cet article du Monde (page 3 entière SVP. Le Monde du 4 août) sur Laurent Bigorgne, directeur de l’Institut Montaigne. Ce sortant de Science-Po nous détaillait son carnet noir. Il s’offrait en modèle de travailleur infatigable… au service du libéralisme (pardon, bien sur, au service de la «Gauche libérale»), et paradait en exemplaire et vertueux stakhanoviste, bossant plus de 24 heures par jour (pauvres fainéants que nous serions).

Le petit coq du Think Thank au service des Puissants et de leurs idéologies, cherchait dans Le Monde un embryon de capital de notoriété. Cette magnifique vanité – sous couvert de modestie et de réserve –  fera très bien, à n’en pas douter, dans la Cour de Versailles et dans ses alcôves (de droite comme de «gauche»). Félicitations-BiBi à notre Étoile montante.

En échos aux méchantes pensées-BiBi, continuaient de se manifester avec force les «sauts» et les «gambades» de Montaigne. Les aphorismes de Michel Eyquem répondaient sans complaisance à la fringale de Laurent Bigorgne, enchaîné à sa science :

«Et combien ai-je vu de mon temps d’hommes abêtis par téméraire avidité de science ?» Ou encore :

«Combien d’honnêtes hommes ont rejeté tout leur certain à l’abandon, et le font tous les jours, pour chercher le vent et la faveur des rois et de la fortune».

Tout s’emballait : on quittait ce sinistre Laurent et l’esprit-BiBi vagabondait toujours.

Montaigne, Freud et Théophile Gautier.

Montaigne parlait à présent «peinture » : «Il en est de même en la peinture, qu’il échappe parfois des traits de la main du peintre surpassant sa conception et sa science, qui le tirent lui-même en admiration et qui l’étonnent». Conjonction étonnante avec le concept de pulsion chez Freud ou encore rapprochement avec ce qu’écrivait Théophile Gautier en arrêt devant l’œuvre de Rembrandt :

«Heureux l’artiste qui n’écoute pas les mauvais conseils de la prudence et redouble d’audace à l’heure où les plus fougueux deviennent sages, et, soutenu d’une conviction inébranlable, pousse son originalité même jusqu’à la furie et jusqu’à l’extravagance ! Nul peintre, nul poète n’a dit son dernier mot».

Montaigne, Freud, Théophile Gautier, Rembrandt : la Joie, la Rage, la Beauté novatrices, par delà les repères temporels.

Joie, Rage, Beauté contre tous les Rentiers, tous les Chiens de Garde et les sinistres Serviteurs des Maitres.

22, v’la Claude Guéant !

Du côté de BiBi, on aimerait bien entrer dans une Maison de la Presse et trouver les hebdos ou revues sans avoir à les chercher. Si on veut trouver «Le Sarkophage», il faut faire le tour des allées et des présentoirs, jeter un œil derrière, écarter des tonnes de revues, d’hebdos. Puis on dégote enfin le sésame, le numéro 25 : on ouvre à la page 6 et nous voilà direct sur le billet de Laurent Paillard.

Sa rubrique habituelle s’appelle : «Le Coin des Sophistes». Le journaliste politologue y a décidé de prendre son temps pour réfléchir aux propos tenus très récemment par un «gredin» :

«Je peux vous assurer qu’entre la justice et la police, nous allons vraiment unir nos efforts pour que les voyous payent. La place des voyous, elle est en prison».

L’auteur ? Claude Guéant, notre actuel Ministre de l’Intérieur. Tout ça rappelle à BiBi la réponse du cinéaste Jean-Luc Godard. A la question «A quoi reconnaît-on un régime politique ?», l’homme de cinéma répondit : «A son Ministre de l’Intérieur».

Pas surprenant : Claude Guéant nie toute approche éducative vis-à-vis de ces adolescents en rupture de ban. Ce n’est pas nouveau : nous sommes dans une logique ultra-sécuritaire (demandez à l’UMPFN Eric Ciotti qui veut faire appel aux Militaires-Mercenaires pour les «dresser»). C’est vrai ça : à quoi bon la Justice ? Hiérarchiser les infractions en lien avec la gravité des faits ? Pffftt, que de temps de perdu !

Les propos de Claude Guéant rapportés ici concernaient l’Affaire de Sevran où l’on avait affaire à un règlement de comptes.

«Notre Ministre, rapporte Laurent Paillard, adopte exactement la posture des criminels. Il ne dit pas ici que l’Etat doit restaurer la paix en jugeant les auteurs des faits, mais il dit qu’ils doivent «payer». Ainsi, il ne fait pas de différence entre le travail de la police et de la Justice et celui des hommes de main de n’importe quelle mafia. Il place l’Etat dans la logique de la vengeance, celle-là même des auteurs des coups de feu à Sevran. Or, c’est précisément cette logique qui nourrit la violence, contrairement à celle de la Justice qui est censée y mettre un terme en arbitrant de façon impartiale les conflits. En effet, il promet une nouvelle agression, pour faire «payer» et non un acte de justice qui doit se conformer à la loi pour être légitime».

Prêter attention minutieuse aux mots, voilà peut-être le premier des combats. Le magistrat Serge Portelli en a fait une magistrale démonstration sur son blog. Les mots ? «Première dérive, premier combat», écrit-il justement. Et Laurent Paillard de lui emboiter le pas :

«Dans les propos de Guéant, nous avons à faire à une négation du principe de la séparation des pouvoirs puisque, d’une part, c’est le Ministre de l’Intérieur qui dit ce que doit faire la Justice et, d’autre part, il gomme la différence entre le travail de la Police et celui de la Justice, différence permettant justement à ces deux institutions de ne pas sombrer dans la violence en empêchant leurs agents de ses comporter comme des justiciers».

Voilà, c’était le coup-de-pouce-BiBi du jeudi au Sarkophage, un bi-mensuel qui fait honneur au journalisme. Pour le prochain numéro, il nous donne RDV le 18 septembre prochain.

Un dernier Coucou.

Nous ne nous connaissions pas de visu. Nous n’étions pas toujours d’accord (il était socialiste du PS et moi, je… je…) mais il y avait un feeling, une tonalité dans nos quelques échanges qui nous ont fait du bien. Il tenait le blog du Coucou de Claviers et s’appelait Jean-Louis Fraysse. Début de 2010, je lui avais écrit pour lui dire une certaine lassitude de mon écriture sur blog et je l’avais questionné sur les deux écritures qu’il menait de front avec un certain bonheur. D’un côté le blog, de l’autre son écriture littéraire. Face à ma lassitude, il avait répondu lucidement en pointant aussi son «découragement» momentané.

Mais nous savions tous deux que la Vie l’emporterait.

Sache cher Coucou que, tout là-haut, nous poursuivrons notre conversation inachevée.