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Le Numéro 1 du Grand Webze.

Ils voulaient une émission «décalée». Ils ? Les animateurs du Grand Webzé sur France 5, ce vendredi.

Les Invités, le trio d’animateurs.

1. Rythmée par un @Jcfrog dont le jingle ouvrait chaque séquence, BiBi vit apparaître des français bien anonymes, talents cachés du Web : un expert-comptable, une sculpteur-in-bouse-in-buzz ?, un allumé très scientifique se promenant dans la Voie Lactée, une chinoise donnant la leçon à trois pékins, un dessinateur, fils de Bernard Mabille. Pourquoi pas ? On est au Pays de la Télé démocratique, hein ? Tous pour Une émission. Une émission pour Tous.

2. En Maitres de séance : VinVin, François Rollin – qui doit être un écrivain (Amis-BiBi confirmez SVP) et Alexandre Astier ( sosie du judoka Thierry Rey).

Esprit d’Equipe.

Tout le long de l’émission, on resta dans l’Esprit démocratique du XXI ième siècle : coulisses et devant de la scène à égalité de chances visuelles. On se promena dans le studio dont le décor oscillait entre bar de prolo et atelier de bobo. On y montrait techniciens, amis de techniciens, maquilleuse et amies de maquilleuse, script solitaire ; on y remarquait Florence Porcel, tenante de la Time Line Twitter (Lire gazouillis-BiBi (1)). Voyez, comme on partage, disaient-ils tous, voyez ce magnifique Esprit d’Equipe. Manquait juste la pub de la Société Générale (2) sur les murs.

«Peu me chaut»

Alors ? Et cette émission ? Tint-elle toutes ses promesses, en particulier celle-ci : «réconcilier la Télé et le Web» ? BiBi, plutôt partisan de «la Bagarre», de l’Humeur rageuse et de l’Humour d’Enragé, répond en trois mots : «Peu me chaut». Laissons Alexandre Astier en Roi Artur traduire cette prose médiévale.

Se distinguer.

Ce qui frappe plutôt, c’est cette volonté obsessionnelle de vouloir faire décalé, c’est cette volonté, cette intention affichée, affirmée à tout va, de dire qu’on va faire du différent et qu’on n’est donc pas comme les autres (…comme les autres présentateurs, les autres émissions). C’est cette drague éhontée du téléspectateur par l’annonce d’un «Regardez-moi, écoutez-moi, vous sauvez pas, je suis pas pareil» qui évidemment gâche tout. On reste ainsi dans la ligne conformiste de tous les médias et de toutes les chaînes confondues (De Drucker France 2 à Canteloup TF1), tous enchaînés à la question «Comment se distinguer dans ce champ concurrentiel ?»

La Grande Frousse de l’Audimat à Zéro % (le GrandWebzero ?)

Derrière cette volonté de Distinction, derrière le temps de l’émission qui file, file, file, demeure corrélativement la Grande Frousse de voir le Téléspectateur se sauver. Au-delà du contenu, c’est évidemment cette présence en surplomb, cette présence surmoïque (restera ? Restera pas ?) qui empêche le rire libérateur. Ils ont beau tout vouloir nous montrer, se tourner dans tous les sens, il y a toujours ce Rideau derrière lequel se cachent les Puissances Tutélaires, le Pouvoir politique et économique qui nomme les Directeurs de Chaînes et donnent la Sentence de l’Audimat etc.

L’Axe basique, c’est l’Humour.

François Rollin est drôle. VinVin (Cyrille de Lasteyrie) carburant à l’eau-l’eau est drôle. Astier sort ses blagues-Kamelott. On rit ? Ben… Après une séquence fadasse sur «Burnes et XV de France» (pas d’essai transformé sur cet Humour Q), après les résultats du jeu SMS-SOS, toujours encéphalogramme plat, toujours pas de Fukushima du Rire.

Debout, de boue, Debouze.

Arrive alors cette Femme-Sculpteur qui façonne ses animaux avec de la bouse de vache… Arrive, dans un même élan, la vanne centrale qui résume tout, la blague de potache qui restera dans les anals de l’émission. C’est Cyril qui, fiche en main, attend sa minute, il respire profondément, il la répète, ça y est, c’est le moment, il regarde ses acolytes, genre vous-allez-entendre-ce-que-vous-allez-entendre, il guette d’un œil la caméra, de l’autre œil sa fiche, hé caméra ! sur moi, sur moi, SVP, et voilà, hop, il lâche à la Sculpteur-de-bouse : «Et si vous faisiez Djamel, on dirait que vous faites du Djamel Debouze».

On rit.

On rit parce qu’on voit alors tout le décalage, le gouffre qui sépare cet humour préparé, répété, prédigéré, prérédigé, prédirigé, calculé, démultiplié par la TV (et le Net) de l’humour par exemple d’un Devos (Ou du jeu sur les mots d’un Vincent Roca). Ici, on rit mais hélas d’un rire qui ne rit pas. Un rictus plutôt. Et nous revient alors ce mot en pleine figure : le célèbre mot de Cambronne.

RDV le 25 novembre pour le n°2.

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(1) Voili-voilà les 13 twittos-BiBi de la Réconciliation (Émission à voir ici).

1. Je suis comme une vache qui regarde passer les trains. Je regarde donc #LGW

2. @LeGrandWebze compte sur un expert-comptable pour enrichir l’émission.

3. Séquence : la leçon de chinois. Trois pékins pour présenter.

4. Manque de rythme ? François, t’es pas très Rock and Rollin !

5. Invité de LGW: Pierre Billon, fils de Patachou. C’est la Crème !

6. J’aimeuh beaucoup cette Sculpteur.

7. Oui, c’est vrai, les vaches sont souvent maltraitées.

8. Sur le jeu de mots «bouse» et «Debouze», glissons.

9. A @Donjipez Tout se résume dans la (pauvre) blague sur Debouze : préparée, annoncée, enveloppée, présentée, citée, récitée, appuyée etc.

10. A @FlorencePorcel Je ne suis pas un troll. D’ailleurs j’ai beaucoup aimé François Trollin.

11. Problème de son : l’émission mériterait un bon… direct.

12. @philippesage Hélas cette émission est dans la Promo du « décalé ». C comme les blagues appuyées : même l’inattendu en devient fade.

13. @philippesage C’est qu’il faut beaucoup de gentillesse et beaucoup plus de perfidie (politique entre autres) pour faire rire BiBi.

Van Morrison l’irlandais.

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Tout le monde ne connaît pas Van Morrison. On connaît beaucoup plus son homonyme Jim Morrison des Doors. L’irlandais de Belfast a bourlingué sur tous les continents, lancé dans la « carrière » par la grande chanson (« Gloria ») qu’il écrivit à Belfast. Van Morrison, 20 ans, ouvrit un petit club (Le R&B Club) à Belfast et forma les Them. Repéré par Bert Berns, le groupe eut une ascension fulgurante dans les charts britanniques avec «BaBy, Please don’t go», «Here Commes the Night» et le célébrissime «Gloria».
Cette dernière chanson devint un classique qui fut repris par les plus grands (les Doors, Jimi Hendrix, Patti Smith et tant d’autres). Dans l’extrait présenté, Van Morrison nous offre un G-L-O-R-I-A juteux à souhaitavec John Lee Hooker.

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En 1966, les Them firent alors une tournée sur la West Coast où ils donnèrent des concerts avec un groupe inconnu alors : les Doors. On rapporte même qu’au concours de beuverie entre Jim Morrison, Eric Burdon (leader des Animals) et lui, c’est Van qui restait debout le dernier. Sous contrat avec Bill Graham, Van Morrison et les Them se produisirent entre autres au Fillmore East Auditorium de San Francisco, temple de la musique de ces années.

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Le « MoonDance » fut le morceau de l’année 68 et resta dans les Charts (Hit-parade) jusqu’en aout 1970. Dans cette chanson, la voix de Van Morrison a gardé ce timbre rocailleux, imparfait et souple à la fois qui a toujours emporté l’adhésion-BiBi.

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L’aura du groupe déclina alors. Van Morrison débuta une carrière en solo, délaissa les hits et mit sa voix au service d’une musique plus noire, plus R&B. BiBi le vit seul à Newcastle en 1973 puis plus tard au Festival de Lucques en Italie, toujours au sommet de sa forme.
Un des albums préférés de BiBi restera toujours le «Saint Dominic’s Preview» avec ces deux fabuleux morceaux que sont les lancinants et troublants «Almost Independence Day» et (surtout) «Listen To the Lion» (présenté ici dans sa version live). Avec Shane MacGowan (les Pogues), Rory Gallagher et Van Morrison, l’Irlande restera toujours au Top.

DSK en visite chez Michelle et Barack Obama.

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Dans cette affaire du Carlton, le début d’enquête a permis de pêcher de gros poissons… Probablement des Rouget de Lille.

Bon, alors notre DSK ? Hé bien, il fait ce qu’il veut avec sa queue de poisson : BiBi n’est pas là pour faire de la Morale et écailler gratuitement les personnalités ou les Divas sur divans.  Qu’il (se) paye des prostituées, je suppose qu’avec l’argent qu’il a (ou avec ce que lui prête sa chère Anne), il est comme un poisson dans l’eau (à New York, sur la Seine ou sur l’Escaut). Qu’il n’ait pas réussi à faire de l’Elysée un lupanar, ça ne fait rien : Courtisans et Courtisanes du moment y font déjà du très bon travail.

Restent quelques pensées de BiBi qui, lui, n’a pas perdu le Nord :

1. DSK se permettait de faire visiter le siège du FMI aux protégées de Dodo la Saumure… Voilà qui ne manquait pas de sel.

2. La Société Eiffinage a gagné l’appel d’offres pour la construction du Grand Stade de Lille. Qu’en pense Martine Aubry du haut de sa tribune officielle ?

3. Le Commissaire Jean-Christophe Lagarde, patron apprécié de la Sûreté Départementale, participait aux réunions de travail de la Fondation Terra Nova à l’Assemblée Nationale. Euh… à l’Assemblée Nationale ? Là où on trouve Députés qui vendent leurs voix à bon marché ?

4. Jean-Jacques Urvoas, Monsieur Sécurité du PS, a de l’humour. Il dit que le sieur Lagarde, mis en examen pour proxénétisme aggravé, est «quelqu’un de franc du collier».

5. Dans le Libé du jour, le Journaleux Luc Levaï défend le Journaleux Ivan Levaillant (à moins que ce ne soit l’inverse : Ivan Levaï et Luc le Vaillant). Épinglé par Sébastien Fontenelle (Lire ici son article dans Politis), Luc La Vaillance se fait fort de régler ses comptes à «la Gauche vertueuse», au «Féminisme punisseur» et à «la Jeune Garde qui braille ses «qu’ils s’en aillent tous». Il y a vraiment des coups de pied au Luc qui se perdent !

6. La photo originale date du Sommet de Pittsburgh en 2009. (Voir ici).

Sarkozy, The GoodFather 4.

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Hier, BiBi s’est attardé sur l’intervention télévisée de TF1 Pictures.

Quelle ne fut pas sa surprise de voir un Président, Parrain mal aimé des Français, paré d’un impeccable veston bleu Marine et tiré à quatre épingles. BiBi a beaucoup apprécié la discrétion de ses deux gardes du corps (Calva et Pernod), il a admiré la belle table et, dessous, bien entendu, les dessous de table. Un Président cependant, sans la moindre valise derrière lui. Autour de son poignet, une montre dont BiBi n’a pas pu hélas deviner la marque.

BiBi n’a pu s’empêcher de prendre quelques photos : ce n’est pas tous les jours qu’on peut admirer un Good Father sur nos écrans.

Le seul moment désagréable fut celui où il fut question de ses Affaires et des Amis de ses Affaires (Edouard et Nicolas). On vit alors notre GoodFather se crisper, se pencher en avant, un peu raide sur ses avant-bras, agité et secoué à nouveau de spasmes renaissants.

So Good Father : Oui, de son statut de Bon Père, il n’en fut question qu’une seule fois. Que les Méchants se le disent : la petite Giulia se porte merveilleusement bien. Tous auront remarqué à ce moment-là combien le sourire du Padre Padrone fut attendrissant. La relève est assurée.

Sarkozy veut nous réveiller en nous endormant.

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Pour une fois, BiBi a trouvé une confidence d’importance dans le JDD. C’est Bruno Jeudy qui la rapporte mais – évidemment – sans s’en offusquer. Qu’on en juge : Maître Sarko s’avance devant le Peuple de France et lâche (en prélude à ses cancanneries télévisées de Jeudi) : «La crise est là. Je vais dire la vérité aux Français. Il faut qu’ils se réveillent. Ils doivent entendre la vérité. J’y suis prêt». Toujours ce paradoxe manipulateur avec la même conclusion-BiBi : Sarkozy veut nous réveiller en nous endormant.

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Un mot sur «la crise» : BiBi renvoie à l’article d’Alain Accardo (1) dans le dernier numéro de La Décroissance et mis en ligne chez Agone. Ecoutons les politicards UMP, aidés de leurs économistes : que nous serinent-ils ? Les sempiternels et très ingénieux refrains qui leur permettent de s’en laver les mains : «C’est la crise !» La Grèce, le chômage, l’austérité, la fuite des capitaux, c’est LA CRISE, les Bourses qui s’affolent, le petit qu’on vaccine, la femme qui se barre, la Royal qui pleure, c’est LA CRISE.

Donc, pour Chouchou : «La crise est là». Sa pensée, qui prend appui sur la soi-disant science économique (libérale bien sûr), a l’aval de tous nos Jeudy des Médias.

«Je vais dire la vérité aux Français» : Sarkozy prépare bien sa potion magique. Il remet son breuvage du lundi à jeudy. Comme toujours dans ce Monde délirant, celui qui vient vous dire la vérité (ou qui balance son discours dominant) se présente comme celui qui l’incarne. Et voilà notre Nicolas qui  joue au Grand illusionniste des Temps présents avec son tour de passe-passe bien éventré : Celui qui «dit la vérité» se prend (se donne) pour la Vérité.

«Il faut qu’ils se réveillent». Notons cet oukaze («Il faut»). Façon de dire : Fais gaffe, mon Citoyen, si tu ne te plies pas à cet Ordre de mes Gens d’Ordre, il t’arrivera des bricoles. Il y a peu, les Français étaient des fainéants (les chômeurs), étaient des privilégiés (les fonctionnaires), étaient des victimes à secourir (les travailleurs qui se lèvent tôt), de bien pauvres brebis égarées (ceux dont on parle dans l’intervention de béni-oui-oui du Puy-en-Velay). Pour le Discours de ce Jeudy, le Français sera désormais un Dormeur à la force de travail honteusement en sommeil. Pas étonnant de la part de ce Français roupilleur, il a probablement trop lu Lénine qui écrivait : «Il faut rêver».

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(1). Extrait : « »La Crise », c’est une nouvelle vertu dormitive, pseudo-explication purement verbale qui a pour effet de masquer que toute crise, économique ou autre, est fondamentalement l’état d’un système dont les contradictions internes (Capital vs Travail en l’occurrence) ont atteint un degré d’acuité indépassable, un blocage irrémédiable dont on ne peut sortir que par la rupture et la mise en place d’un système obéissant à une rationalité différente».