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Calme ta joie : Sarkozy bouge encore.

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  1. Sarkozy gagne encore 3 points dans les sondages.
  2. Sarkozy a obtenu que Villepin se couche. Celui-ci a éteint sa lumière à La Lanterne.
  3. Sarkozy a proposé à Villepin un plan pour la députation Outre-Atlantique (BiBi avait prévu la Réconciliation)
  4. Sarkozy a atomisé Borloo et a fait place nette.
  5. Sarkozy se fout bien de diviser les Français.
  6. Le but de Sarkozy-le-Protecteur est de rallier à lui 50,001% des français. Le reste est absolument sans importance.
  7. Putain, on va morfler vilain dès le premier jour après le second Tour.
  8. On peut voter pour un candidat qu’on déteste.
  9. Peu importe qu’il soit haï : Sarkozy sait faire comprendre son impopularité.
  10. BiBi n’aime pas du tout du tout l’optimisme béat de certains bloggeurs.
  11. Les valises de Bourgi resteront fermées pour la Justice. Désolant : ni Mélenchon, ni Hollande n’ont pris ces bagages en main.
  12. Les Valises de Bourgi font dix lignes dans le Monde. Les fraudes à la Sécu trois pleines pages.
  13. Ce matin : Bayrou à France-Culture, Copé à France-Info, Bertrand à France-Info. Philippe Val, Jean-Luc Hees et Rémy Pflimlin ont bien écouté la remontée de bretelles du Chef (Elyséen).
  14. A gauche, on pense encore à la Journée de la Gentillesse alors que nous sommes en Guerre.
  15. Malgré la Crise, Victoire de la Droite en Espagne. Comprendre, penser, en tirer les leçons.
  16. Enfoncez-vous ça dans le crane : il n’y a pas d’automatisme entre les conditions de vie qui se dégradent et le vote à Gauche.
  17. Les puissants Médias, les Editocrates, les Intellectuels médiatiques, les Présentateurs de JT sont aux bottes. Pas vraiment d’imposition élyséenne à l’Ancienne. Ils ont été choisis et sont à cette place pour ça : être aux bottes.
  18. Il n’y a pas que le Mox dans la vie : il y a le chômage, la perte du pouvoir d’achat, la rue, le froid. Et la rage.
  19. BiBi comprend pourquoi Hollande n’élève pas la Voix : il a peur de perdre les Voix du Centre. Putain de stratégie.
  20. François Hollande ne gagnera pas les doigts dans le nez. Il faut qu’il se fasse grande gueule.
  21. Le Peuple a de la mémoire : il n’oublie pas Juppé 1995 mais il n’oublie pas aussi la terrible Politique-Jospin des années 2000.
  22. Sarkozy a encore toutes ses dents. Et elles sont longues. Qu’on se le dise.

Dans les Eaux troubles de la République (2).

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BiBi se félicite de voir une telle série (1) passer sur les écrans de télévision (France 5). Lorsqu’on sait de quelle façon sont corsetés les Médias pendant cette guerre 2012, on peut considérer qu’il y a là un vrai exploit. Reste que BiBi, en citoyen naïf et curieux, a relevé des manques et des blancs qui lui paraissent pourtant dignes d’intérêt.

Il a noté six points hélas éludées dans le documentaire.

Retenons pourtant :

1. Eric Woerth est salarié du cabinet Arthur Andersen en 1997. Il est donc au courant de tout ce qui se trame dans la Chambre de Compensation Clearstream (grâce à l’audit de Florian Bourges, salarié d’Arthur Andersen – dont parle Denis Robert dans le film). Peu ont relevé cette coïncidence.

2. Eric Woerth promu Secrétaire d’Etat embauche, en février 2005, Anne-Gabrielle Heilbronner, femme d’Imad Lahoud. Rappelons que le père d’Anne-Gabrielle, François Heilbronner, a été Directeur de Cabinet chez Jacques Chirac, qu’il a un joli carnet d’adresses et beaucoup d’«amis» sur le terrain. Notons encore qu’à propos du mariage Gaby/Imad, beaucoup se sont interrogés sur ce couple/couplage étrange.

3. Elections présidentielles en vue (2007). Sarkozy n’a qu’un concurrent redoutable : Dominique De Villepin. Eric Woerth, «un honnête homme», va s’occuper de son côté, du Premier Cercle et collecter l’argent des sponsors sarkozystes. Nous sommes dans la période post-Edouard Stern ( un des supporters fortunés de l’UMP). Aussi, ne dites pas à BiBi que Nicolas et Eric ne sont pas «amis» (politiques), il ne vous croira pas.

4. Petit, notre Imad ? «Les policiers de la Division nationale des investigations financières (DNIF) ont recensé les frais de réception et de restauration remboursés à Lahoud par EADS en 2004 et 2005. Un véritable Bottin mondain». Un Bottin auquel il faut ajouter toutes les connaissances du Papa Heilbronner et de sa fifille. Dans la liste, on comptabilise – accrochez-vous – des déjeuners avec Bernard Squarcini (jamais inquiété même en écoutant les journalistes) et «quinze fois» avec son ami François Pérol entre février 2004 et juillet 2005. Ce François Pérol était alors directeur adjoint de cabinet de Nicolas Sarkozy au ministère de l’Economie.

5. L’Affaire Clearstream a déjà éclaté. Le 5 mai 2005 : Lahoud invite chez L’Ami Jean le secrétaire d’Etat Eric Woerth. Le Blog Camarade.over-blog écrit avec justesse :

«Selon Mediapart, c’était en effet très clair : Sarkozy avait été mis au courant AVANT Villepin du dossier Clearstream, et la dame qui le confirme, c’est la femme de l’accusé principal : «Je tiens à préciser par ailleurs qu’Eric Woerth était à l’époque trésorier de l’UMP, et qu’il voyait pour cette raison très régulièrement Nicolas Sarkozy, il avait donc la faculté, s’il désirait évoquer ce sujet avec Nicolas Sarkozy, de le faire très facilement. Je pense qu’il l’a fait, car Eric Woerth m’a dit que Nicolas Sarkozy n’en voulait pas du tout à mon mari à cette époque, puis il me l’a redit à l’été 2006». Elle en avait trop dit. Le vendredi 23 mars 2007, discrètement, Anne-Gabrielle Heilbronner-Lahoud rejoignait… la SNCF !»

6. Fiction impossible, évidemment.

Retenons au final cette fiction impossible : «Sarkozy aurait été mis au courant AVANT Villepin du dossier Clearstream via Eric Woerth pour monter la machination. Villepin, appâté par la (fausse) perspective de trouver le point faible de Nicolas, aurait plongé dans le piège». Tout cela n’est évidemment qu’une fiction mensongère.

Des preuves indiscutables ? 1. En mai 2007, c’est bien Dominique De Villepin qui a gagné les Présidentielles et 2. c’est évidemment Dominique Strauss-Kahn qui gagnera celles de 2012. Mais comme le dit le journaliste de France Info dans ses chroniques amusantes : «Mais… vous n’êtes pas obligés de me croire! »

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(1). Première partie de l’article : « Dans les Eaux troubles de la République ».

(2). Pour visionner la 1ère partie de « Manipulations »cliquez ici.

 

Dans les eaux troubles de la République (1).

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Intéressantes les pages Télérama qui plongent dans «les Eaux troubles de la République». L’article contient une interview de Jean-Robert Viallet, réalisateur du film «Manipulations, une histoire française» (1).

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BiBi relève les propos du réalisateur qui voit en l’histoire d’Imad Lahoud «celle d’un petit bonhomme qui sort de prison et qui a assez de brio pour embarquer des énarques, des généraux, des agents du renseignement, des politiques dans son incroyable embrouille». Pierre Péan, lui, qualifie le Manipulateur de «diseuse de bonne aventure géniale». Bref, voilà le brave Imad élevé en héros fascinant. Certes mais encore ?

BiBi conteste.

Imad Lahoud n’est pas du tout un petit sortant de prison. La famille Lahoud ? BiBi n’en relèvera que la partie qui concerne les deux frères. Marwan-le-doué, frère d’Imad, fait Polytechnique avant de devenir directeur de la branche missiles d’EADS (sous les ordres de… Jean-Louis Gergorin !). Pendant ce temps, Imad-le-petit-besogneux est au Lycée… Janson-de-Sailly en «prépa». Pas précisément le destin d’une triste famille du 93.

Anne-Gaby de Janson-De-Sailly.

Mais ce qui suit est capital. Détails hélas passés sous silence dans le film : Imad y rencontre sa future femme, Anne-Gabrielle Heilbronner, fille de très très bonne famille puisque le papa d’Anne (François Heilbronner) est un proche de… Jacques Chirac (jusqu’à en être Directeur de Cabinet !) avant qu’il ne bifurque vers la Présidence du GAN. Pas non plus une petite famille provinciale.

Restons encore sur Anne-Gabrielle, non évoquée dans le film. C’est par cette omission que BiBi trouve le documentaire de Jean-Robert Viallet faiblard. La femme d’Imad Lahoud (ils se marient en 91 – retenez l’année) a en effet fait l’ENA (of course). Elle se dirige vers une carrière à l’Inspection des Finances… pendant que le cher Imad monte l’Opération Volter (faillite en 2000) qui l’amènera à faire 108 jours de prison. Madame «Super Nanny» (surnom donné par le Nouvel Obs ) a des amis haut-placés : François Pérol, Nathalie Kosciusko-Morizet, Jean-Pierre Philippe (mari de NKM, un ancien d’EADS), Douste-Blazy (pour qui elle travaillera). Mais n’allons pas trop vite en besogne.

Des questions-BiBi très anciennes.

Relisez ce passage-BiBi de novembre 2010 :

«Peut-être que les Lecteurs du Blog vont aider BiBi à comprendre ces correspondances «incroyables» ? «En 2001, Florian Bourges, jeune informaticien enquête dans le même cabinet sur Clearstream la Chambre de Compensation après la parution de Révélations de Denis Robert/ En 2005, Anne-Gabrielle Heilbronner est au cabinet Woerth promu Secrétaire d’Etat / Anne-Gabrielle est la femme d’Imad Lahoud/ De Villepin est l’empêcheur de tourner en rond pour l’élection 2007/ Edouard S., banquier de l’UMP, « décède » le 28 février 2005/ Imad Lahoud déjeune 15 fois avec François Pérol grand ami de Sarkozy/ Imad dîne avec Eric Woerth le 5 mai 2005/ L’Affaire Clearstream 2 éclate/ Novembre 2010 : c’est via Clearstream que – peut-être – a navigué le bateau des rétro-commissions. Quelqu’un pour mettre tout ça en ordre ?»

(A suivre)…   _________________________________________________

(1) Pour visionner le 1er numéro de « Manipulations » cliquez ici… et pour la suite et fin du billet (part II), c’est ici…

21 ans déjà : le N°1 de L’Autre Journal.

L’Autre Journal : mai 1990.

On ouvrait avec une joie à peine contenue la page 1 sur l’éditorial de lancement du Mensuel. Michel Butel y écrivait : «Avec peu de tremblements, une voix dit la nouvelle phrase générale et la nouvelle phrase intime. Et elle écrit ce journal. Mais qui parle ? Et que dit cette voix ? Et ici, qu’est-ce qui est écrit ?»

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On était quelques-uns à se réjouir de cette voix nouvelle, multiple, aux écrivants de qualité. Il faut croire que dans la Jungle du Marché, cela ne fut pas suffisant. Le Numéro Un comptait 355 pages. Peu de pub. Des billets très denses, très informés. Des Contes. Des chroniques. Une page débat. Celle, 110, où on peut lire les réflexions lucides ô combien de Gilles Deleuze sur 4 pages : Les Sociétés de Contrôle.

«On nous apprend que les entreprises ont une âme, ce qui est bien la la nouvelle la plus terrifiante du monde. Le marketing est l’instrument du nouveau contrôle social et forme la nouvelle race impudente de nos maîtres. Le contrôle est à court terme et à rotation rapide, mais aussi continu et illimité, tandis que la discipline était de longue durée, infinie, discontinue. L’homme n’est plus l’homme enfermé, mais l’homme endetté. Il est vrai que le capitalisme a gardé pour constante l’extrême misère des trois-quarts de l’humanité, trop pauvres pour la dette, trop nombreux pour l’enfermement : le contrôle n’aura pas seulement à affronter les dissipations de frontières, mais les explosions de bidonvilles et de ghettos».

Rien que par cet extrait, on était heureux de débourser 30 francs par mois.

Innombrables étaient les rubriques : Enquête/Dossier/Entretien/Vies (à Tchernobyl)/Affiche/Mémoire/Destin/Voix/Œuvres (avec des dessins et une longue conversation avec Fellini, un article sur le premier amour de Van Gogh)/Almanach/Lieux (sur l’OM)/Lecteurs/Pêle-Mêle/Epilogue.

Et aussi cette phrase terrible de Lioubov Kovalevskaïa, journaliste soviétique, irradiée à Tchernobyl, témoin condamnée qui avait prédit, un mois avant, la Catastrophe nucléaire. Lioubov, privée de tout moment amical et convivial… Elle parlait de sa vie d’autrefois mais tout avait changé, tout avait basculé après le désastre nucléaire de mai 1986  (Article de Basile Karlinski ici).  :

«Où aller ? Tous mes amis en ville avaient des enfants pour qui la poussière radioactive dont j’étais couverte était dangereuse».

Une fois la relecture du Mensuel achevée, on se surprend à fredonner, un peu désabusé : «Que sont mes Journaux devenus /Ceux que j’avais de si près tenus ?»

Aujourd’hui, on a Politis, mince comme une feuille de papier à cigarettes, on parcourt les Inrocks avec indifférence, on lit La Décroissance, le Sarkophage en une heure, on cherche des pépites dans un  Zélium bien lourd.

Et on reste sur sa faim – attendant sans trop y croire – un Autre Journal.

 

Victor Martin, résistant belge.

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Drôle d’impression que celle de connaître en un temps record la destinée d’un être jusqu’alors inconnu de vous et définitivement disparu. Jeudi 10 novembre, paraît le numéro de l’hebdomadaire Le Messager et dans ses pages internes, BiBi est attiré par un article : «A la Mémoire de Victor Martin, envoyé en «mission de reconnaissance» à Auschwitz». (1).

Revint alors en mémoire de BiBi son voyage à Auschwitz-Birkenau avec le Train des Justes en avril-mai 2001. Un train aux 14 wagons qui portaient, chacun, le nom de Justes parmi les Nations. BiBi se souvient de cette conversation avec Jeanne Brousse qui fit son simple devoir en fournissant de fausses cartes d’identité à ceux et celles qui fuyaient l’Oppresseur nazi.

Mais qui est Victor Martin ? Quel homme fut-il ? Pas un Juste. Un non-juif, de nationalité belge, sociologue de profession, né en 1912 (il a donc 30 ans en 1942). Le bonhomme se distingua durant la Seconde Guerre Mondiale en ramenant d’une mission en zone allemande les premières informations fiables sur le destin des Juifs déportés en Allemagne et sur le fonctionnement du camp d’Auschwitz.

Sitôt entré en résistance, il intéressa ses compagnons qui virent en sa maîtrise de la langue allemande un atout. On lui proposa aussitôt une mission secrète en terrain ennemi mais sa mission fut autre qu’il ne l’avait imaginé. A la demande du responsable du «Comité de Défense des Juifs», il fut en effet chargé de récolter des renseignements à propos des trains de la déportation des Juifs de Belgique.
Sous couvert de préparer un mémoire sur la «psychologie différentielle des classes sociales», il obtint non seulement des rendez-vous avec le sociologue Léopold Von Wiese à Cologne et un autre confrère de l’université de Breslau (ex-ville de Wroclaw) mais aussi la permission de se rendre entre le 4 et le 20 février 1943 à Francfort, Berlin et Breslau.

À Katowice, dans un bistrot non loin d’Auschwitz, Victor Martin rencontra des ouvriers français du STO qui lui décrivirent l’élimination massive des Juifs et leur incinération.

Il écrivit : «Ici tout le monde sait et tout le monde se tait». Il constate «qu’on tue à l’arrivée tous ceux qui ne peuvent travailler» et griffonne dans un bref message : «Femmes et enfants exterminés, hommes esclaves travaillant jusqu’à l’épuisement, ensuite supprimés».

Arrêté par la Gestapo, il fut emprisonné le 1er avril 1943 au camp de Radwitz où il servit d’interprète. Il s’en échappa le 15 mai de la même année. Rentré clandestinement en Belgique, il fit rapport à ses amis résistants du Front de l’Indépendance qui transmirent le résultat de ses investigations à Londres. Arrêté une seconde fois, il s’évada du camp de Vught en Hollande.

Après la guerre, Victor Martin travailla au Bureau International du Travail (BIT) de Genève avant de prendre sa retraite à Féternes en Haute-Savoie. Il s’installa au lieu-dit «Le Creux» en 1977 et mourut dans l’anonymat en 1989.

A l’heure où certains Européens se félicitent de la nomination de Lucas Papademos («Une bonne nouvelle» selon Jean Quatremer, le correspondant de Libération) qui fait entrer 4 chemises brunes dans son gouvernement, il n’est pas inutile de rappeler l’itinéraire de Victor Martin, résistant belge né non loin de la Capitale européenne.
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(1). L’article mis en ligne est paru dans le journal «Le Messager» (10/11/2011). Il est signé de Marie Selex. Pour lecture, cliquez sur la photo 1.

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La mission de Victor Martin par La_Huit