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MOTEL BLUES.

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Petit point de résistance. Ibis – Batignolles.

Dans le plus grand hôtel Ibis de France (Hotel Batignolles à Paris) depuis le 17 juillet, 28 femmes de chambre sont en grève et protestent contre leurs conditions de travail.

L’argent des écrans publicitaires de BFMTV et de la radio RMC transite du fonds offshore APEF 3 à Jersey aux Pays-Bas siège de NextRadio, la société créée par Alain Weill pour finir dans les coffres luxembourgeois de Patrick Drahi.

Dans les salons de cet hôtel Ibis précité, les postes de télévision sont ouverts sur BFMTV.

Faire du lien, donner résonnance aux correspondances. Dimension politique embryonnaire.

La Télé ne nous révèle jamais l’état du Monde même si, la Terre tourne sur elle-même dans le visuel d’ouverture du 20 heures. La télévision nous révèle la manière dont on interprète et dont on présente l’état du monde. Manière lamentable, écoeurante, révoltante. A mille lieues des combats et des protestations des 28 femmes de chambres de l’Ibis des Batignolles.

Café du Jour.

Au Café du Jour, tout était clair. Aux rayons du soleil brûlant la peau, Pierrot a lâché : « Aujourd’hui, c’est solaire » pour dire qu’il allait faire chaud. J’ai rajouté en marmonnant « Solaire, solitaire, solidaire ». Pierrot a trouvé ça joli, il a payé sa tournée. Du Soleil, vous dis-je.

Last Tweet.

Avant d’entrer dans la nuit où se mélangent une peur diffuse et une confiance inébranlable, je pose mon dernier tweet de la journée. Très souvent, c’est une pirouette, peut-être une politesse du désespoir. Dans l’insomnie qui pointe, tout se mêle. Flaubert parlait des temps en journée de la marinade. Mais la nuit tombe, l’écran bleuté s’éteint. En bordure du sommeil les pensées prodigieuses, les minutes heureuses (Baudelaire), viennent nous surprendre. Emerge alors la substance même de notre vie, advient ce qui détermine notre destin. Le dire, l’écrire ? Guère possible. On remet donc à plus tard.

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Virginia et Thomas.

Je pense à ma sœur, à Virginia Woolf, à sa tension dans son Journal. Soeur qui a su se passer de ses censeurs et qui s’en est tenue à sa philosophie de l’anonymat : « Je ne serais pas grande ou célèbre. Je continuerai à être aventureuse, à changer, à suivre mon esprit et mes yeux, refusant d’être étiquetée et stéréotypée. L’affaire est de se libérer soi-même : trouver ses vraies dimensions, ne pas se laisser gêner ».

Je pense aussi à cet autre diable : frère Thomas Bernhard honoré d’un Prix Littéraire, frère qu’on présente à la Confrérie des Littérateurs. Il s’avance devant l’officiel qui doit lui remettre le prix. Il écrira sur ce moment : « Une morgue véritablement indescrpitible se dégageait du visage fondamentalement stupide, insensible et béotien du Ministre de la Culture lorsqu’il me présenta à l’auditoire ».

J’ai peur.

En cherchant dans mon grenier, je trouve sept feuillets retenus par un trombone. C’est une nouvelle qui date de plus de vingt années, écrite à la va-vite pour un concours de nouvelles policières. Ce qui me fait peur, c’est que je suis persuadé n’avoir jamais écrit ce texte. Et pourtant, oui, pas de doute, c’est mon écriture, ce sont mes combinaisons de personnages, mon intrigue. J’ai peur subitement de ces vingt années passées en rafale. J’ai peur de trop comprendre cette incise de Georges Haldas : « Pas besoin de malheur pour être malheureux. Il suffit que le temps passe ».

Déçu par l’Humanité.

Nous avons tous croisé ceux qui se déclarent « déçus par l’Humanité », qui choisissent le retrait calculé, qui en restent au plongeoir des trois mètres au lieu de sauter, qui visent le banc pour touriste fatigué après le premier kilomètre de marche. Nous avons tous croisé ce déçu par l’Humanité puisque nous avons été l’un d’eux.

« Déçu par l’Humanité » ? Une bien absurde position. On n’a pas à être déçu de l’Humain puisque c’est de s’être fait soi-même des illusions sur les Hommes qu’il faudrait personnellement s’interroger. Faire retour sur cette croyance à l’intelligence de l’Homme, à sa marche en avant. Grotesques que nous sommes. Fort heureusement, il y a ce rire empreint de méchanceté et de grâce (c’est selon) que l’on pose sur nous-mêmes et sur nos aberrantes (et nécessaires ?) illusions. Saluons donc ce rire qui nous sauve et qui va redoubler, perdurer, en nous faisant à nouveau croire aux miracles des Humains.

A propos d’une photo D’H.Clinton et d’un tweet de Raphaëlle Bacqué du Monde.

clinton

J’aime bien répéter les commentaires et analyses de Georges Didi-Huberman à propos de l’image : «Il n’y a pas d’images qui, en soi, nous laisseraient muets, impuissants. Une image sur laquelle on ne peut rien dire, c’est en général une image qu’on n’a pas pris le temps — mais ce temps est long, il demande du courage, je le répète — de regarder attentivement. De se ré-inquiéter à chaque fois».  

C’était hier sur Twitter, j’y ai découvert cette photo d’Hillary Clinton avec ses supportrices, cliché accompagné d’un tweet et commentaire de Raphaëlle Bacqué, journaliste au Monde.

Histoire d’un tweet… (à propos de Valérie Trierweiler et d’Augustin Trapenard)

Trierweiler 2

Le 2 septembre c’est l’événement : Valérie Trierweiler va sortir son livre détaillant sa passion tumultueuse pour François Hollande. Avec cette sortie (ou rentrée… «littéraire») qui va sûrement écraser tous les autres livres, on sait d’ores et déjà à quoi Médias (presse du Grand Capital, radios – y compris publiques, réseaux sociaux) vont être occupés ces prochaines semaines.

L’histoire de ce genre – inaugurée par John Fitzgerald et Jackie – continue de faire fureur. L’ «actualité» vue à travers le prisme des émotions conjuguées (Pouvoir + Sexe) est devenue un élément incontournable de la vie politique. On avait eu droit à Nicolas-Cécilia-Carla. Nous voilà devant François-Ségolène et Valérie.

Ce 2 septembre donc, je tombe alors sur le Grand Journal du jour sur Canal Plus …

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Canal Plus, Bayrou, Valeurs Actuelles : leur foutre la honte.

Bayrou

Abonnés ou non, vous êtes déjà tombés sur les émissions en clair de Canal Plus.

Vous avez  déjà vu par exemple les interviews de Jean-Luc Mélenchon. C’est moins le leader du Front de Gauche qu’il faut alors regarder (et écouter) que ceux qui l’apostrophent. Voyez comment au bout de dix secondes, ces derniers, censés être la crème des journalistes/animateurs se transforment. Prenons le cas Jean-Michel Aphatie : le voilà se métamorphosant aussitôt en teigne, coupant la parole et – détendu, ironique, rictus aux lèvres – savourant son triomphe d’Aristocrate des Médias.
Tout se lit sur ses lèvres : «T’es que de la merde, petit Père du Peuple, tes arguments je les connais, tes trucs ne sont que de l’esbrouffe et du mensonge stalinien. Ouais, on t’a fait venir ici mais je t’avertis,  si tu veux t’expliquer sache qu’avec moi, tu ne réussiras jamais à finir tes phrases».

Mais ce mardi, il n’était pas trop question de Jean-Michel Aphatie étonnamment discret ni de Jean-Luc Mélenchon mais de François Bayrou.

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Incipit-Twitter (3) : « Elle me disait… »

Elle

On croit souvent que le dialogue se fait à deux mais c’est oublier l’Instance qui fait trois, cette circulation entre l’Un et l’Autre. Les mots sont cet entre-deux, mots qui disent la nostalgie de l’homme regardant le soleil couchant, le rire aux éclats féminins, la rage de l’enfant au seuil de son état d’adulte.

Ici, dans ce troisième épisode de l’Incipit-,  (« Elle me disait… »), viennent à nouveau s’inscrire (au choix) l’éclair, le grondement des Dieux derrière les montagnes, la pluie qui fouette nos visages, le soleil qui tanne nos peaux. Tweets en méli-mélodrames qui – je l’espère – chasseront les nuages pour faire éclaircie.

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