Category Archives: Pensées très politiques

BiBi décerne ses « Awards » politiques de l’été.

Awards politiques

Le plus gros mensonge de l’été.

Le blog : un lieu de transgression sans limites ?

RIMBAUD ou la TRANSGRESSION

Fanny Derrien, «journaliste» à Backchich.fr, a fait un compte-rendu de la réunion à la Comète du Kremlin-Bicêtre où un certain nombre de bloggeurs de France étaient au rendez-vous. Voir et lire http://www.bakchich.info/Le-Kremlin-des-blogs,08540.html

Elle y a repris une parole de Mtislav : «Le blog est un lieu de transgression où il n’y a pas de limites, j’y fais ce que je veux». La journaliste a rajouté en commentaire : «Chacun a un droit de vie et de mort sur son blog. Quitte à alimenter les pourfendeurs d’Internet, qui le considèrent comme une zone de non droit. A réguler au plus vite. Bref de l’eau apporté aux moulins des partisans de la loi Hadopi, favorable à une réglementation plus stricte».

Une pensée BiBi pour Denis Robert.


12-Denis Robert
envoyé par ParadisFJ. – L'actualité du moment en vidéo.

BiBi avait déjà eu une pensée (1) pour Denis Robert à propos de son passage à TéléLibre, invité qu’il était avec le mielleux Laurent Valdiguié aujourd’hui dans l’équipe du JDD. BiBi a suivi, livre après livre, les aventures de Denis Robert avec la Chambre de Compensation Clearstream. BiBi se retrouve un peu dans son parcours puisque dans sa biographie, Denis Robert avait commencé par travailler dans le Social. Aujourd’hui entre l’affaire Clearstream 2 et la bande dessinée, il a gardé son optimisme, faisant confiance à ses supporters contre cette énorme machine qu’est Clearstream. Batailleur, il a réussi à percer les secrets de la Haute Finance (Clearstream a changé de Président, de siège social). Aujourd’hui, en simple citoyen, il demande à ce que les opinions européennes aient un droit de regard sur les comptes de Clearstream. BiBi ne peut que l’approuver. Pour appuyer cette demande, BiBi reprend ici des morceaux choisis de son interview récent au Nouvel Observateur (2) :

Les listings de Denis Robert A publier

Les listings de Clearstream :
En mettant le nez dans ces interminables listes de comptes et de clients, on voyage beaucoup. On trouve des multinationales, des agents de change, des sociétés offshore, des banques évidemment. Le plus intéressant, je trouve, c’est la vision très concrète de l’univers financier. En lisant les noms des milliers de clients acceptés par Clearstream dans des paradis fiscaux – Caïman, les Barbades, les Antilles néerlandaises, Jersey… – on voit bien que les clients peuvent utiliser l’outil informatique pour émarger vers ses ailleurs. En valeur, voilà ce que cela représente : d’après une dépêche Reuters, dix TRILLIONS d’euros (10  000 000 000 000 €) étaient officiellement conservés chez Clearstream en janvier 2009.

Un concurrent à Clearstream ?
Barack Obama est en train de créer une chambre de compensation internationale pour les banques américaines qui va concurrencer les deux chambres de compensation européennes existantes : Clearstream et Euroclear. Ces deux multinationales ont le monopole du marché obligataire. Elles sont présentes sur toute la planète et dans tous les paradis fiscaux. Elles voient passer chaque année près de 150 trillions d’euros (150 000 000 000 000 000 000 €).

La Route du Paradis.
Les listes de l’OCDE ne sont pas assez radicales. Elles sont faites sous la pression des Etats. Les critères de sélection sont discutables. Les informations fournies par les paradis fiscaux restent floues et peu vérifiables. Tout se fait dans la précipitation. Mais c’est un début. Et on voit bien que contrairement à ce qu’on nous faisait croire – souvenez-vous de Jospin qui avouait sa démission face aux puissances économiques – les politiques peuvent avoir un réel pouvoir quand ils sont acculés (3).

La pression est possible.
Plus le public sera informé sur ce qu’on peut appeler «les circuits de l’argent invisible», plus la pression se fera sur les politiques et donc sur les banquiers. Les politiques ont laissé les banquiers s’autocontrôler depuis tant d’années. J’avais posé la question en 2002 à Jean-Claude Trichet alors gouverneur de la Banque de France du contrôle exercé sur les filiales des banques françaises à Vanuatu ou à Caïman. M’inspirant des listings de comptes de Clearstream, je lui avais livré des faits précis. Il avait répondu que ces filiales de banques françaises dépendaient des autorités judiciaires des pays en question. Le patron de la COB avait confirmé. L’hypocrisie du système est résumée dans ces réponses.

Comment ça marche ?
Les subprimes dont on dit qu’ils sont à l’origine de la crise sont – au départ – un crime financier. (…) Certaines banques font passer pour un service (prendre votre argent, le transformer en compte bancaire…) ce qui devrait être un devoir. Ces banques ont inventé un business : le commerce de notre argent. Il fonctionne sur des promesses et la gestion du temps. C’est un univers très complexe si on le prend par petits bouts, mais simple à comprendre si on prend du recul. Les banquiers vendent en chaîne des promesses de remboursements.  Qu’on appelle ça «obligation», «warrant» ou «hedge funds», cela participe du même esprit de spéculation. Plus ces banquiers vendent, plus ils s’enrichissent. Ils mettent en place un casino virtuel où ils sont les seuls joueurs à ne pas perdre.

L’Informatique et ses traces.
L’Informatique représente aussi un piège formidable pour les fraudeurs pour une raison que j’ai compris en enquêtant sur Clearstream. Il y a toujours des traces en informatique. Même les dissimulations ou les écrasements de fichiers laissent des traces.

Madoff.
Madoff avait des comptes chez Clearstream et Euroclear. La stratégie de Madoff était celle du joueur de bonneteau. Il cachait ses détournements dans ses comptes en les faisant voyager très vite. Pour ça, il avait besoin d’outils informatiques sûrs, rapides, discrets, efficaces.

(1) Non, Denis Robert n’est pas un personnage.

(2) http://bibliobs.nouvelobs.com/20090827/14188/denis-robert-le-proces-clearstream-sera-celui-dune-epoque

(3) BiBi rend justice à Bernard Bertossa.

L’impossible Une du JDD.

BiBi s’est mis à faire un impossible rêve, à toucher à l’inaccessible étoile : celle de voir dans le ciel de nos libertés, la Une impossible du JDD. Il est très vite redescendu sur terre pour analyser la construction de la hiérarchie de l’Info du Journal de Lagardère en regardant attentivement la Une de ce 28 août 2009.

Dans le cas de la Une de gauche ( celle du journal réel), la mort de Ted Kennedy – si importante soit-elle pour les Américains – occupe toute la place. La Une est immense et ramène les encarts afférents à la portion congrue. Subtile censure : nous ne sommes plus au temps de la Censure directe mais dans celui de la Manipulation maligne. Dans la seconde image (la Une rêvée à droite),  BiBi en présente une autre possible, évidemment très différente. Cette seconde Une engage une autre représentation du Réel et surtout un autre parti pris : celui de dire que cette Réforme de la Justice (avec la suppression du juge d’instruction) est importante pour la vie démocratique du pays. Pas plus, pas moins. Juste le minimum d’objectivité.

 JDD Les Unes.

La  censure douce du JDD se place, elle, à deux niveaux : le premier plan est de nous persuader qu’il y a des évènements beaucoup plus importants dans le Monde (La preuve ? La mort de Ted Kennedy) et, en 2, de nous dire qu’il y a même des choses beaucoup plus importantes en France. Cela légitime pour le JDD que le rapport Léger soit en page 10 et non en page deux ou trois ou quatre.

Enfin, petit plus à ne pas négliger : le JDD en profite pour se placer en journal au service des libertés citoyennes puisqu’il a eu… l’exclusivité du Rapport  Léger (Comment ? Pourquoi ? On n’en sait rien mais on nous laisse croire que sa Rédaction et ses journaleux se sont démenés pour se mettre à notre service). Le sous-titre en est : «Le JDD a eu accès à l’intégralité du rapport». Puisque ce grand Journal  nous livre le contenu du rapport, comment voir derrière tout ça une habile et diabolique manœuvre ? Sauf à être de mauvaise foi, sauf à chercher des poux là où il n’y en a pas, sauf à être très vilain et très méchant comme BiBi.

Quand on a connaissance des lois qui se préparent, de la réorganisation éhontée de notre Justice, on peut légitimement s’indigner des attaques contre nos libertés qui continuent et qui se préparent en douce. L’affaire Outreau vient ici pour servir de paravent et légitimer le pire recul des libertés publiques depuis des décennies. Nous entrons dans l’ère d’une concentration des Pouvoirs jamais vue. Jusqu’alors, on pouvait encore traiter (avec quelles difficultés ! -puisque le travail de journaliste d’investigation n’existe plus) d’affaires importantes. Demain, après-demain, il y aura un Parquet aux Ordres, des Procureurs aux Ordres. Ajoutons-y la volonté de dépénaliser le Droit des Affaires qui est dans l’œil du Cyclope depuis l’arrivée au pouvoir de Little Nikos et on aura une petite idée de ce qui se prépare.

Ce n’est évidemment pas la Une de droite que le lecteur du JDD ( journal dont le propriétaire est Frère Lagardère) aurait pu trouver dans son kiosque aujourd’hui. Et dimanche prochain, le ciel du Journal sera le même : chargé de très, très lourds nuages.

Le Parti Socialiste enfin à gauche ?

Le PS enfin à gauche

Dans Le Monde du 27 août, Rémi Lefebvre, professeur à l’Université de Reims, décrit avec justesse le PS d’aujourd’hui. Il reprend un peu de ce que BiBi écrivait ici-même sur la composition sociologique du Parti (élément nécessaire à connaître mais non déterminant pour expliquer ses difficultés).(voir article de BiBi : 2012 : les cris de victoire de Little Nikos.) Même si la dernière enquête interne remonte à 1998, voilà ce que Rémi Lefebvre en retire : «Ce qui ressort toutefois, c’est qu’il s’agit d’un parti vieillissant qui compte un grand nombre de retraités et beaucoup de fonctionnaires des collectivités locales ». (BiBi rajouterait là une caractéristique importante : une frange des adhérents socialistes est encore relativement bien protégée de la Crise et de ses effets dévastateurs. A vérifier cependant).

On sait aussi que «la moitié de ses membres sont des élus absorbés principalement par la gestion locale (et par leur réélection, rajoute BiBi). C’est ce lien essentiel et professionnel qui les retient à l’organisation».

Autre précision avancée : «La professionnalisation des militants du PS est un phénomène plus récent. La filière de recrutement n’est plus le syndicalisme ou les réseaux associatifs. Un nombre de plus en plus important de ses adhérents vivent de et pour la politique (…). Ce système fonctionne en vase clos, dans un milieu social fermé, entre personnes liées par des intérêts professionnels et politiques qui se confondent. Loin en tout cas des groupes sociaux que le Parti est censé représenter ou défendre ».

A propos des enseignants, Rémi Lefebvre – preuves à l’appui – dit que le PS a lâché ses supporters numéro Un, ex-courroie de transmission, ex-relais d’opinion et ex-composante stratégique au cœur du Parti jusqu’à récemment ( disons : 2007). Toute cette «désidéologisation» a entraîné «les luttes de position actuelles», ces luttes qui «n’ont de sens que pour les dirigeants» (1).

L’intervention de Rémi Lefebvre ne vise pas qu’à rappeler quelques vérités tues et dérangeantes du haut d’une chaire. Elle distille des conseils plutôt bienvenus et salutaires (Mais cela intéressera t-il les Socialistes ?) : «Le PS doit réfléchir à a reconstruction d’une alliance de classes entre les catégories populaires et les classes moyennes» car «on ne sait plus qui le PS représente, qui il défend, quel est son adversaire. Il y a un déficit de conflictualisation, or la Gauche ne peut faire l’économie du conflit dans une société profondément inégalitaire ».

Rappelons à l’appui de l’argument qu’un récent sondage rapportait que les couches populaires dans leur désarroi trouvaient que le PS ne s’opposait pas assez aux attaques du Pouvoir sur les acquis sociaux.

Les forces droitières et centristes ont encore beaucoup d’influence et la partie d’un PS à gauche n’est pas gagnée. Lorsqu’on lit les propos de Pascal Lamy (Le Monde du 27 août) ou les arguments de l’historien Michel Winock qui nous dit où est l’ennemi, on est en droit de désespérer : «S’il veut être un parti de gouvernement, l’alliance du PS avec les Verts et le Modem est aujourd’hui la voie la plus logique». Ce grand historien veut que le PS se «libère de son Surmoi marxiste». Il nous prend à témoin de la Grande Politique menée en son temps par Lionel Jospin, une politique glorifiée et qualifiée non pas de « socialiste » mais de «sociale»…

C’est vrai qu’elle était très sociale la politique du Premier Ministre trotskyste… achevée brutalement par la grande claque sociale de 2002.

(1) La photo de Madame Royal avec Patrick Devedjian à l’Usine d’Heuliez au moment où se tenait la réunion Peillon à Marseille n’aurait-elle eu pour but que de montrer aux autres dirigeants qu’elle est sur le terrain des luttes et non dans la parlotte ? Naaan ! C’est juste une mauvaise pensée-BiBi. (voir l’article Patrick & Ségolène : the French way of life ?)