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Rentrée littéraire et sortie musicale.

Pardonnez ma fatigue. Aujourd’hui, je n’écrirai rien. Rien de rien. Fatigue physique. Fatigue psychique. Saudade, marinade selon le beau mot de Flaubert. Je laisserai juste retentir en moi les voix lointaines d’auteurs lointains, éclairer des morceaux d’histoires perdues, ignorées mais qui redeviennent si proches. De Pessoa à l’incontournable Thomas Bernhard en passant par le polar de Thierry Bertin et le merveilleux musicien Titi Robin. C’est que tout esprit se doit de danser et que tout, absolument tout doit finir en chansons.

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Laurence Rees. Ils ont vécu sous le nazisme. Editions Tempus.

« En novembre 1932, Hjalmar Schacht, ancien président de la Reichbank, avec d’autres financiers et industriels (…) signèrent une pétition adressée au Maréchal Hidenbourg pour lui demander de nommer Hitler chancelier. La lettre était respectueuse mais clairement influencée par le fait que les élections de novembre 1932 avaient montré une nouvelle montée du vote communiste ».

« Pour certains observateurs extérieurs, comme les Britanniques, la rancoeur des nazis à l’égard de la Tchécoslovaquie et leur soutien aux Allemands des Sudètes étaient fondés. Le 7 septembre 1938, un éditorial du Times appela même à la cession des Sudètes à l’Allemagne ».

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Gilbert Badia. Clara Zetkin, féministe sans frontières. Les Editions ouvrières.

« Mais le coup le plus dur lui fut assené le 4 août 1914 quand elle [Clara Zetkin] apprit au téléphone que le groupe parlementaire social-démocrate [Allemand] venait de voter les crédits de guerre. «J’ai cru devenir folle et j’ai pensé me suicider. Pendant un mois j’ai été gravement malade et encore aujourd’hui je ne vais pas bien» écrira t-elle quatre mois plus tard ».

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Alfred Wahl. La seconde histoire du nazisme dans l’Allemagne fédérale depuis 1945. Armand Colin.

« La pression sur le chancelier Adenauer continua, venant d’Erich Mende et des organisations d’anciens militaires. Ce qui conduisit Adenauer à faire une nouvelle déclaration totalement inadmissible pour les pays voisins : « Les hommes de la Waffen SS étaient des soldats comme les autres […] Je sais depuis longtemps que les soldats de la Waffen SS étaient des gens convenables (anständige)« .(p.88)

« Au long des années 1949 à 1958, on affirma que la Wehrmacht avait mené une guerre conforme aux normes. Adenauer ayant érigé cette affirmation en vérité d’Etat au Bundestag. Et il faudra deux décennies avant que l’on ose mettre cette «vérité» en cause » (p.89)

Madani Alioua. La Guerre n’oublie personne. Vichy 1940-41.L’Harmattan.

« Dans le jardin, la neige scintille tant qu’elle m’aveugle.

Elle recouvre tout.

J’essaie de tout oublier. Tout oublier.

Mais la guerre, elle, n’oublie personne ».

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Claude Chossat. Repenti (Un ancien de la brise de mer raconte). Fayard. 2017.

« La justice française m’a refusé le statu de repenti après avoir exploité de fond en comble mes confessions sur la Brise de mer. Elle n’a voulu m’apporter aucune garantie minimale sur une protection minimale. Elle n’a pas respecté le deal tacite de départ. A ce moment précis, je ne sais même plus si je dois m’en plaindre, au fond.

Je sais juste que, aussi longtemps que je vivrai, je continuerai à mener ma vie d’homme traqué, mais à l’air libre ».

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Thierry Grosjean-Bertin. Dégâts des eaux. Polar. Librinova.

Thomas Bernhard. L’Origine. Folio.

« Mes plus beaux souvenirs sont ces promenades avec mon grand-père, des marches de plusieurs heures dans la nature, et les observations faites au cours de ces marches, observations qu’il a su peu à peu développer chez moi en un art de l’observation. Attentif à tout ce que mon grand-père me faisait remarquer, à toutes les relations qu’il me faisait voir, je peux considérer ce temps avec mon grand-père comme la seule école utile et décisive pour ma vie entière car ce fut lui et nul autre qui m’a enseigné la vie (…) Toutes mes connaissances doivent être ramenées à cet homme, décisif en tout pour ma vie et mon existence qui lui-même est passé par l’école de Montaigne comme moi je suis passé par son école ».

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Eternel Fernando Pessoa. Le Livre de l’Intranquillité.

« En cet âge métallique des barbares, il nous faut rendre un culte méthodiquement exagéré à notre capacité à rêver, à analyser et à captiver, si nous voulons sauvergarder notre personnalité et éviter qu’elle ne dégénère, soit en s’annulant, soit en s’identifiant à celles des autres ».

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Titi Robin. Patchîv.

A la nuit tombée d’aujourd’hui comme au rideau du dernier jour, grandissent les échos de ce « Patchîv » si envoutant, si consolant.

#Radioblogueurs 2012 : « Fandangos Maures » (Titi Robin)

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C’est sur le Blog de Lolo. Voilà la saison 3 de la Radio Blogueurs. Pour les blogueurs et blogueuses invités, il s’agit  de choisir une chanson estivale. C’est en effet l’été qui s’ouvre: puisse le choix des blogueurs vous en mettre plein les oreilles. Ne s’agit-il pas – encore et toujours – de «vivre musicalement» comme l’écrivait Vincent Van Gogh à son frère Théo ?

BiBi a choisi un Fandango de cet artiste injustement ignoré en France et qui connait de beaux succès partout où il se rend. TiTi Robin, pur autodidacte, fait jouer la Solidarité musicale sur tous les autres continents avec une ferveur et une beauté que je vous invite à partager… Le titre choisi s’appelle « Fandangos Maures » et le merveilleux chanteur s’appelle Farid Saadna.

Les Mains du jeune Tisserand syrien (clip-BiBi).

Dans la vie, il y a des carrefours, il y a des voies inédites qui s’entrecroisent pour se fondre en un point nodal. BiBi fut à la croisée du texte de Bernard Noël (1) et de l’instant qu’il passa avec ce jeune tisserand syrien (août 2010).

BiBi ne pouvait faire autrement qu’obéir à cette nécessité de faire du lien, de tisser un petit ouvrage sur sa chaîne de montage. A la croisée de ce clip-vidéo : un texte, une séquence-vidéo et la très belle musique de Titi Robin.


Cadeau de Noël pour les ami(e)s de BiBi qui pensent, eux aussi, beaucoup à la Syrie.

« Le spectacle de ces mains qui lancent le fil, qui le glissent, le passent, le nouent, toujours aériennes dans l’allégresse de leur propre maîtrise – ce spectacle déclenche derrière les yeux du visiteur une crise : rien ne va plus, ni le temps, ni le sens, ni la présence.

C’est que la main, ici et en ce temps, ne fait pas qu’une tapisserie : elle continue et elle projette – continue à inscrire le présent dans la chaîne de la durée ; projette la réflexion dans le geste de telle sorte que chaque point soit dans le voisinage de son avenir. Bien qu’indubitablement «manuel», ce travail ne saurait être défini par opposition à «intellectuel» et à «esthétique» : il inclut les deux et, de ce fait, dérange l’ordre des choses actuel réglé par la vitesse où, perpétuellement, viennent s’accélérer la production et la consommation.

La main introduit dans cet ordre-là un ralenti, qui est son rythme et sa justesse, et qui a pour effet final d’ajouter à l’œuvre terminé un contenu mystérieux».

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(1) Extrait de Bernard NOËL. La Castration Mentale (POL).