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L’Histoire n’est pas un long fleuve tranquille.

BiBi fricote.

Dans le numéro de février du Monde Diplomatique, Eric Dupin a écrit un article intéressant «Pour les vrais libéraux, la meilleure défense, c’est l’attaque ».
BiBi fait sienne la conclusion du journaliste : «Jean-Jacques Rosa dit avec justesse : «Une crise n’est pas suffisante en elle-même pour renverser une évolution aussi profondément enracinée». Les adversaires des libéraux seraient bien inspirés de ne pas croire que le vent de l’Histoire a d’ores et déjà tourné. La crise actuelle ouvre certes une période d’instabilité des équilibres idéologiques mais l’issue de cette nouvelle bataille d’idées n’est écrite nulle part. Les libéraux ne sont, en tout cas, pas disposés à désarmer».
BiBi a remarqué l’enthousiasme non mesuré de nombreux bloggeurs de gauche et il s’interroge sur la personnalisation de leurs attaques sur la seule personne de Little Nikos. Relisant le livre de Norbert Elias sur «La Société de Cour», BiBi croit plutôt que la méthode la plus ajustée est de combattre cette idée de la Toute Puissance des intentions individuelles. Ce déferlement sur/contre la personne de Little Nikos ne lui dit rien qui vaille. En quoi traiter Little Nikos de «Chanoine de Saint-Jean-de-Latran», de «Nain pestilentiel», de «Roi fainéant» «Président bling-bling» peut faire avancer le Schmilblick ? BiBi trouve que les analyses qui prêtent le flanc à une personnalisation du Pouvoir sans regard sur le réseau de contraintes dans lequel la fonction de Président se trouve inscrite, est dommageable pour les Forces de résistance. BiBi – parfois – tombe lui aussi dans ce travers, l’alimente et il s’en veut (un peu).
Comme le soulignent Daniel Roche (professeur au Collège de France) et Christophe Carle (professeur à Paris I), «l’objet de l’histoire n’est plus le grand roi, le grand capitaine, le grand écrivain dont le catalogue varie d’ailleurs à chaque époque» (Le Monde du 8 février). D’ailleurs ces présupposés dans la lecture du Politique a un allié de taille : le JDD fait sa Une sur ces quatre hommes qui mèneraient le Monde (Obama, Browne, Merkel et Sarkozy) et engage, page 2, Max Gallo. Cet historien, soutien de Little Nikos, historien idolâtre, a blablaté sur ses Idoles (Louis XIV, Napoléon, Garibaldi, Victor Hugo, De Gaulle, Churchill et notre bon Président) et se situe dans la tradition individualiste et très réactionnaire de la recherche historique essentiellement axée sur «l’individu en soi». Il est le représentant de cette vision de l’histoire qui privilégie le Grand homme qui, à lui seul, infléchirait les tendances.
Alors, que faire (comme l’écrivait Vadlimir Illitch Oulianov) ? BiBi pense que les seuls remèdes sont les suivants : penser encore et encore ; donner à penser encore et encore.

Ingrid, BiBi & Christian du JDD.

Ingrid

Un internaute m’écrit : « Pourquoi lire le JDD ? ». La réponse de BiBi, c’est qu’il y a toujours beaucoup à apprendre des pensées de son adversaire. Et faut avouer que BiBi aime bien sonner les cloches du Frère Lagardère, sa tête de turc aperçue gigotant dans une loge de Wimbledon cette semaine, s’agitant en supporter de son enfant de cœur (le tennisman perdant Richard Gasquet). BiBi se réjouit évidemment de la libération d’Ingrid Betancourt qui – veut-il croire – n’est pour rien dans tout ce déferlement et ce fourbis médiatiques. Mais BiBi est quelque peu groggy : il n’y comprend pas grand-chose à ce bombardement d’informations, à cette accumulation et à cette overdose de reportages sur la franco-colombienne.
Il ne trouve cependant pas étonnant que le JDD en fasse sa Une. C’est qu’on a besoin d’une Figure sainte pour ouvrir la Messe dominicale et rassembler le troupeau tricolore. Le Royaume-Uni avait eu l’icône de Diana pour pleurer all together. Les Français avaient eu la Victoire de 98 pour rire aux éclats, ils ont Ingrid pour relever la tête dix ans plus tard. « La France, souligne l’édito savoureux, a besoin de victoires ».
Mais cette France, quelle est-elle ? C’est d’abord la France du Journalisme bien sûr. Discret satisfecit de la Corporation pour la Corporation et auto-promotion du JDD. Les medias ont fait « leur métier, c’est-à-dire, ont posé toutes les questions et polémiques » et ont surtout « raconté les faits ». Cette Une du JDD, chers lecteurs, n’est-elle pas là pour le prouver ? Ah, ironise BiBi, d’habitude, cette Presse ne le fait pas ? Elle n’exposerait pas toutes les questions et toutes les polémiques ?
Chaussons nos lunettes et ajustons-les : dans le cliché choisi d’Ingrid Betancourt, il s’agit déjà d’associer l’émotion (les mains jointes disent la surprise et la béatitude devant l’accueil de tout un peuple) à la prière (les mains jointes sont un indiscutable moment de ferveur religieuse). Ingrid Betancourt nous rappelle que le premier qui l’avait aidé avait été Dieu en personne et que sa libération tenait du « Miracle » (titre en pages 2 et 3). Plus fort que tout, le JDD va nous expliquer ce miracle dans son numéro spécial.